Le miroir du damné de Frédéric Livyns et JB Leblanc

Séma Editions

Collection : Séma’lsain

Sortie : 14 avril 2017

Nombre de pages : 502

Prix : 22 €

ISBN : 978-2-930880-21-1

Couverture par Floating Fantask

4ème de couverture

Au cœur du massif des Maures, le petit village de Tarsac est le cadre de meurtres sauvages qui font ressurgir la peur et la paranoïa.

Qui est cet assassin particulièrement retors qui ne laisse aucune trace et semble connaître parfaitement ses victimes ?

C’est ce que devront découvrir le lieutenant Courtas du SRPJ de Toulon et Martin Fabre, le chef de la police municipale. Cette enquête les confrontera à des croyances révolues sur fond de sorcellerie et à un étrange miroir qui semble être le cœur de l’énigme.

Mais, dans cette cuvette infernale écrasée par la chaleur, les morts se succèdent à un rythme effréné, et le temps leur manque…

Mon avis

Le lecteur découvre d’abord Lucy, une vieille dame, qui semble habiter Tarsac depuis toujours. Elle est en train de faire un malaise cardiaque et ses pensées dérivent vers Henri et sa culpabilité dans les événements qui ne manqueront pas de survenir vu son état…

Henri, un brave homme, que l’on retrouve en 2004, quelques années auparavant, et qui s’occupe du mieux qu’il peut de son fils Lucas atteint d’une malade aussi rare que grave. Son fils vit isolé et Henri commence à ne plus le supporter. Que pourrait-il bien faire pour alléger la peine de son petit garçon  ?

Kalvyn Brimac a tiré un trait sur son passé, enfin presque. Parce qu’il étouffait à Tarsac le village de son enfance, il a déménagé, il vit avec son amie Susan et gagne sa vie comme agent immobilier. Tarsac se rappelle à son souvenir, quand un des voisins de son père l’appelle pour lui annoncer le décès de ce dernier. Dernier membre de la famille Brimac, Kalvyn va devoir s’occuper de la succession. Il doit revenir pour un temps à Tarsac.

Tarsac où il n’y a pas un souffle de vent l’été. Où le temps s’écoule comme au ralenti. Où les gens vivent au rythme des vignes et des moissons. Où l’on se perd dans le dédale des rues qui se ressemblent toutes. Où le réseau téléphonique a bien du mal à passer. Où les jeunes n’ont que le bar de Phiphi pour s’amuser un peu le soir…

Kalvyn revient au moment où des morts étranges se produisent dans le village. Et l’angoisse liée à d’anciens souvenirs douloureux resurgissent dans le village… La tension monte peu a peu…

Une excellente lecture.

Les deux auteurs réussissent un roman prenant, dense et machiavélique.

< p dir= »auto » style= »text-align: justify; »>Les deux plumes s’accordent parfaitement et font de ce récit une réussite.

Le miroir du damné c’est l’oscillation entre fantastique et réel, le thriller et le style horrifique, présent chez des deux auteurs. Je ne pense pas me tromper en disant qu’on retrouve de JB Leblanc la précision des enquêtes policières et la psychologie torturée des personnages. Et de Frédéric Livyns les scènes qui vous donnent la chair de poule et font monter la tension nerveuse.

Le style est fluide et c’est très bien écrit.

<pdir= »auto »>Le petit bémol, pour moi, c’est le rythme. Parfait pourtant au debut et la fin mais au milieu de lecture j’ai trouvé que les personnages mettaient un peu trop de temps à bouger. Toutefois, ce bémol n’enlève rien à l’intrigue très bien ficelée et prenante. Les événements montent crescendo et la tension est palpable. Il faut dire que Tarsac est un village à l’atmosphère irrespirable en plein été et le lecteur ressent très bien cette touffeur et le malaise qui va avec. Mêlée aux événements qui arrivent, fantastiques, on ne peux qu’y être sensible nous aussi.

Le miroir du damné, c’est aussi l’histoire d’un flic du srpj de toulon qui débarque pour mener l’enquête sur les décès étranges qui ont eu lieu et qui se retrouve dans un milieu très éloigné du sien et pas très bien accueilli par les villageois. Il va faire équipe avec le chef de la municipale Fabre. Une figure importante de Tarsac.

La relation entre les deux sera tendue.

< p dir= »auto »>J’ai beaucoup apprécié le flic Courtas. On s’attache à lui. C’est un personnage très bien travaillé qu’on prend plaisir à suivre. Je me suis aussi attachée de façon plus étrange à ceux qui ont disparus et qu’on ne voit pas aussi longtemps que les autres  :  Henri, Lucas et Grégory. En toute cas, plus qu’à Kalvyn ou Lucy encore que pour cette dernière mon ressenti est plus ambigu. Car j’ai  beaucoup apprécié ce personnage mais j’ai été beaucoup moins en empathie.

Quand à la fin, il faudra que j’en discute avec les auteurs. Je ne suis pas restée sur ma faim contraire mais je m’interroge au sens de la dernière scène.

En bref, j’ai adoré, j’ai étouffé dans Tarsac, j’ai ressenti parfois le malaise des personnages, j’ai frissonné d’horreur… Un titre parfait pour découvrir la plume et le style de Frédéric Livyns et JB Leblanc.

Un autre petit bémol le poids du livre… 850g presque 1kg… Pas pratique à lire dans le métro ni même allongée dans son lit si on veut pas l’abimer…

L’Asch Mezareph de Jean-Pierre Favard

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Editions Lokomodo, 9,90€, 529 pages

4ème de couverture

1223, les évêques de Bethléem, en Palestine, fuient la Terre Sainte et trouvent refuge à Clamecy, dans la Nièvre.
1307, des centaines de Templiers sont arrêtés sur ordre de Philippe le Bel. Officiellement, l’Ordre du Temple n’existe plus.
1382, Nicolas Flamel parvient à changer le plomb en or.
1789, deux ouvriers du marquis de Chastenay mettent à jour un intrigant coffret en pierre à Essarois, en Côte-d’Or.
De nos jours, d’étranges parchemins refont surface en même temps que le corps sans vie d’un notaire. S’engage alors une formidable course contre la montre mêlant Histoire occulte et officielle, sociétés secrètes et alchimie. Ou lorsque la légende rencontre la réalité…

Mon avis

Mitigée

J’ai enfin sorti de ma PAL ce livre acheté aux Imaginales en 2013. C’est le thème de l’Alchimie qui m’a beaucoup intéressé et qui a motivé mon achat.
Le prologue nous transporte au temps des croisades auprès de Guillaume de Nevers qui vit ses derniers jours. Puis, de nos jours dans la Nièvre, un corps est retrouvé dans une rivière. Il s’agit d’un notaire de la commune. Émilie et d’autres jeunes lycéens ont décidés de faire l’école buissonnière. Émilie s’est laissée convaincre par son amie Priscilla, et par la promesse que William pour qui elle craque sera là. D’ailleurs, il ne tarde pas à les rejoindre et à la prendre à part. Ils échangent alors leur premier baiser. Le petit groupe de jeunes gens se trouve non loin de l’endroit où les pécheurs ont retrouvé le corps sans vie. Certains curieux s’approchent William, Priscilla… Cette découverte macabre va les marquer. Surtout Priscilla qui s’est aperçu que le mort avait les mains attachées dans le dos. De retour chez elle, Émilie découvre son père et sa mère déjà averti de la nouvelle. Entre coup de fils à Priscilla et sa relation naissante avec William, Émilie n’est pas très attentive mais le soir elle retrouve son père devant des manuscrits et ce dernier lui confie que la mort de Khan le notaire n’était pas accidentelle. Il dispose de parchemins qui les mettent en danger…

Lors d’une soirée chez un ami Romain, Émilie ne se sent pas le cœur à la fête, contrariée par William, elle trouve refuse au bruit dans une pièce de la maison où elle va faire la connaissance du père de Romain amateur de livres. C’est plus fort qu’elle, elle va le questionner que les parchemins que son père a en sa possession, sans tout lui dire. Et elle s’aperçoit qu’il connait pas mal de choses que la période où auraient été rédigé des parchemins avec des rameaux d’amandiers… Il lui raconte alors un passé mystérieux qui remonte aux croisades.

Le lecteur va alors plonger dans une histoire de sociétés secrètes telle la commission des 25 et d’alchimie en compagnie de Nicolas Flamel notamment. Émilie, William et Priscilla vont se retrouver embarqués dans une histoire et une sorte de course poursuite qui les dépassent.
Le roman est découpé en plusieurs parties permettant notamment aux lecteurs de découvrir la commission des 25, le mystérieux coffret d’Essarois ou encore l’Asch Mezareph.

Comme indiqué au début de ce billet, je suis mitigée sur cette lecture. Il y a des choses que j’ai beaucoup apprécié et d’autres moins. J’ai aimé découvrir les théories et les faits historiques autour des templiers et de l’alchimie. La partie sur Nicolas Flamel est celle que j’ai préféré, elle est très prenante et intéressante. L’auteur a réalisé un véritable travail de recherche et cela se ressent beaucoup. Il parvient également à ne pas faire trop de répétition puisque l’action est découpée en plusieurs époques et points de vue, ça n’est pas évident de ne pas perdre le lecteur mais ne pas redire trop de fois la même chose. J’ai aussi apprécié le retournement de situation qui arrive au cours de l’intrigue dans le présent. La place de l’alchimie se fait un peu attendre mais une fois abordé on apprend plein de choses, allant même jusqu’aux références dans notre culture contemporaine.

Par contre, j’ai trouvé toute une partie de l’intrigue trop rapide. La façon dont Émilie se retrouve embarquer dans une histoire incroyable ne m’a pas vraiment convaincue, trop précipitée pour assurer une cohérence. De plus, par rapport au reste du récit, la fin est trop abrupte.
Même si les faits historiques sont très intéressants, ils sont parfois donnés trop rapprochés les uns des autres, trop d’information d’un seul coup peut dérouter le lecteur. Un petit problème d’équilibre du récit m’a aussi un peu ennuyé dans ma lecture, j’ai trouvé certaines parties se déroulant dans le passé un peu trop longues pour le peu d’intérêt qu’elles apportent à l’intrigue générale.

L’Asch Mazareph est une lecture sympathique mais un peu trop inégale. Le style est simple, fluide, la lecture est rapide. Le travail de recherche et les connaissances de l’auteur sont l’atout principal de ce roman. Si vous voulez vous procurer ce livre, on ne le trouve plus que d’occasion par contre.

Bienvenue à Dunkerque de Maxime Gillio

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Editions Ravet-Anceau, 9€, 222 pages

4ème couverture

Inspecteur de police stagiaire, Stéphane Marquet a préféré s’éloigner de sa famille, quitter Nice et demander sa mutation à l’autre bout de la France. A Dunkerque, le jeune Niçois se retrouve sous les ordres de l’inspecteur Dacié, ancien prof de lettres entré dans la police par dépit. A son contact, Marquet va devoir oublier ses a priori et ses idées préconçues. Dacié est un homme seul, volontiers cassant, brisé par la mort de son fils. A ses côtés, Marquet découvre l’ambiance de Dunkerque, à travers une série d’attaques de pharmacies, la profanation d’une église et le meurtre d’une militante d’extrême droite.

Mon avis

Un homme visiblement sous l’influence de médicaments ou de drogue s’est caché dans une église. Il semble devoir accomplir certaines choses. Il profane l’autel, crée une mise en scène et ressort de l’église. La police est convoquée pour rechercher qui a bien pu agir de cette façon et pourquoi.

Stéphane Marquet, niçois, est fraichement arrivé à Dunkerque où il a demandé sa mutation. Il doit supplier le commissaire Dacié. Une rencontre qui fera des étincelles entre l’ancien prof devenu commissaire, natif de la région, au passé douloureux et le jeune niçois qui a demandé explicitation la localisation la plus éloignée de sa ville et de sa famille.

En parallèle, les deux flics sont amenés à enquêter sur la mort d’une CPE d’un collège difficile de Grande Synthe, corps sans vie découvert à son domicile. En creusant la vie et le passé de cette femme, les policiers vont découvrir qu’il s’agit d’une militante d’extrême droite en opposition avec des collègues de travail… S’agit-il d’un crime politique ?

Bienvenue à Dunkerque est un roman court certes mais qui réussit à allier de bons personnages auxquels on s’attache, une intrigue bien développée même si elle n’est pas retord, une cohérence dans la manière dont l’enquête est menée avec les différentes pistes, les latences d’une enquête policière, un style rapide et efficace et enfin une plongée dans la ville de Dunkerque, crédible entre industrialisation et patrimoine. L’auteur évite en plus les clichés sur le Nord ou les gens du Nord, ou alors pour les railler un peu.

Le lecteur s’attachera à ce commissaire un peu particulier, dont on apprend le passé au fil du récit. Il est touchant mais aussi assez tranchant avec son personnel. On se pose pas mal de questions sur Marquet. Leur duo fonctionne très bien. L’écriture de Maxime Gillio est fluide, pas rébarbative et il se dégage un certain humour très appréciable.

L’intrigue est bien menée et intéressante. J’ai bien aimé le mélange des thèmes politique, religion, espoir et mélancolie. Le roman est court mais on y trouve plein de choses. Je ne peux pas en dire beaucoup plus, au risque de trop en dire. En tout cas, c’est agréable de lire un roman qui se passe dans sa région, j’ai (re)découvert des choses sur la ville de Dunkerque, patrimoine culturel ou historique.

Je relirai avec plaisir un roman de Maxime Gillio et peut-être retrouver un jour Dacié et Marquet, le dernier n’ayant pas je pense révélé tous ses secrets.

L’anneau de Moebius de Franck Thilliez

moebiusPocket, 608 pages, 8€20

4ème de couverture

Pour sa première enquête, Victor Marchal aborde son métier de flic par sa face la plus noire : une actrice du porno torturée, une plongée dans le monde des déviants sexuels et des monstres de la nature.
Depuis toujours, Stéphane Kismet est hanté par des images prémonitoires, mais cette fois elles obéissent à une terrifiante logique. Dans ses rêves, Stéphane possède une arme, il est recherché par la police, une petite fille est morte…
Les trajectoires de Victor et Stéphane vont se rejoindre.
L’un n’a encore rien vu, l’autre ignore qu’il sait déjà tout…

Mon avis

Vic est un jeune flic qui vient de prendre sa première affectation à la criminelle. Il vient de s’installer avec sa femme enceinte en banlieue à Boulogne-Billancourt. Sa carrière démarre sur les chapeaux de roue, cela ne fait pas quelques semaines qu’il est là, qu’il est appelé par son supérieur sur une scène de crime, la victime, une ancienne star du porno, a été torturée et la mise en scène est particulièrement macabre. Vic arrive en retard, se fritte avec son commandant, laisse son collègue Wang lui exposer la situation. Il tente bien de poser des questions mais elles semblent stupides aux oreilles de son partenaire. Le moins qu’on puisse dire c’est que Vic n’est pas vraiment à l’aise, il a du mal à se faire une place dans son équipe. Moqué et raillé par ses collègues, il a hérité du doux surnom de V8, lui jeune homme qui a fini dans les premiers n’arrive pas à leur faire admettre qu’il n’a pas été pistonné. Comment pourraient-ils le croire, il est fils de flic et pas n’importe lequel. Du coup, sa hiérarchie ne lui passe aucune erreur.

En parallèle, Stéphane Kismet, artiste, travaillant pour le cinéma, se réveille très perturbé. Il se souvient de son rêve, ce qui ne lui est jamais arrivé de toute sa vie. Et ce dernier était particulièrement intense, si réel. Lui dans sa maison, comme en train de fuir quelque chose ou quelqu’un, qui se voit avec un oeil au beurre noir, en pleurs et le visage griffé. Que lui est-il arrivé ? Pourquoi arpente-t-il les couloirs et les pièces de son sous-sol comme si sa vie était menacée? Et pourquoi, se met-il soudain à tout noter à la craie sur les murs comme s’il avait un message urgent à délivrer ?

Les rêves ou cauchemars de Stéphane sont de pire en pire. Il cherche alors à savoir si ces derniers pourraient être prémonitoires. La jeunesse de Stéphane a toujours été différente des autres et il a bien peur que ses rêves contiennent des vérités qu’il aimerait empêcher. Sa femme Sylvie, elle, ne voit dans les rêves de Kismet et dans les découvertes qu’il fait ensuite que de simples coïncidences ? Mais est-ce vraiment le cas?

Dans l’enquête sur la mort de la jeune femme, les policiers piétinent, aucun indice sur le coupable, sur ses raisons. Ils découvrent néanmoins que la victime avait des penchants particuliers. Dans un de ses rêves, Stéphane va voir des photos de jeunes femmes torturées, on comprend alors qu’il y a un lien entre les deux pans de l’intrigue.

Comment les deux personnages, si opposés, vont-ils être amenés à se croiser ?  Les songes de Stéphane et l’enquête criminelle sont-ils liés ?  Qui est donc Stéphane ? Le lecteur découvre son passé et s’interroge de plus en plus sur cet homme, des drames parsèment sa vie, le comportement de sa femme est étrange….

L’intrigue est une nouvelle fois bien menée, tambour battant. L’engrenage dans lequel les protagonistes osnt pris semble inextricable. L’histoire jongle entre les cauchemars de Stéphane et l’enquête de Vic. Entre présent et futur ? Entre fantasme et réalité ?
Les thèmes abordés sont ici encore une fois différents de autres livres de l’auteur. C’est ce que j’apprécie chez Franck Thilliez, on sent un renouveau dans ses one-shots, l’envie de ne pas toujours raconter la même chose et d’explorer de nouvelles facettes scientifiques et/ou de l’âme humaine. Ici, on évoque donc, comme le titre l’indique, l’anneau de Moebius, le temps, la douleur, les rêves et les impressions de déjà-vu. Il y a des questions sous-jacentes : Peut-on défier le temps? Peut-on agir sur un enchainement d’évènements ?

Le rythme est effréné, l’écriture efficace. Le lecteur n’aura pas le temps de s’ennuyer, les 600pages défilent à toute vitesse. La vulgarisation de théories scientifiques, d’évènements historiques, passent toujours aussi bien.
Il y a des personnages auxquels je me suis attachée, on a envie que ce qui semble tout tracer puisse changer. Et il y a des personnages qui m’ont fortement agacés. Antipathiques à souhait.

J’ai beaucoup apprécié cette intrigue et j’ai encore une fois passé un super moment de lecture avec M. Thilliez. J’ai hâte de continuer à découvrir ses romans. Je ne devrais pas tarder à retrouver Hennebelle et Sharko, je crois que le prochain que je dois lire est Le syndrome [E].

Les Dossiers Dresden – T1 : Avis de Tempête de Jim Butcher

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Milady, 7,00€, 384 pages

4ème de couverture

Tous les bons magiciens s’appellent Harry, et Harry Dresden est le meilleur. Techniquement, c’est même le seul dans sa  » catégorie  » : lorsque la police de Chicago est sur une affaire qui la dépasse, c’est vers lui qu’elle se tourne. Car notre monde regorge de choses étranges et magiques… et la plupart ne s’entendent pas très bien avec les humains. La magie, ça vous flingue un gars en moins de deux !

Mon avis

Une lecture détente mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.

Harry est magicien, il est aussi le seul qui officie régulièrement pour la police de Chicago, complément de son boulot de détective privé. Boulot qui ne paie pas fort, et faut reconnaitre qu’Harry a bien du mal à payer son loyer et ses factures. Pour la police, il bosse sur les affaires étranges et complexes, des affaires sur lesquelles elle bute face au paranormal. Surtout, que seule Murphy, croit vraiment à la magie, aux dons d’Harry, du moins c’est la moins septique de son équipe. C’est d’ailleurs pourquoi, elle doit gérer son service et subit énormément de pression de sa hiérarchie. Une relation tendue mais amicale unies les deux personnages.

Les affaires semblent repartir quand il reçoit un appel d’une femme qui souhaite l’engager pour retrouver son mari. Et qu’ensuite, il reçoit un appel du lieutenant Murphy. Cette fois-ci, Harry doit se rendre au plus vite dans un hôtel, où deux personnes ont été assassinées, de façon peu banale. Voire même sans équivoque, il y a de la magie là-dessous, un sort très puissant. Murphy demande alors à Harry de se renseigner sur la façon dont ce sort a pu être jeté et par qui. Cependant, Harry ne peut pas promettre à la flic de lui venir en aide, il est tenu de respecter les lois de la confrérie blanche, et sent que ce cas va le mener trop loin. Or il a une malédiction de Damoclès au dessus de sa tête et ne peut pas se permettre un pas de travers.

Il va alors devoir jouer serré, dans les deux affaires, car il a bien besoin de l’argent qu’il va pouvoir récupérer. Mais cela ne s’annonce pas facile, à peine sorti de l’hôtel, il est confronté au parrain du coin… Lors de son rendez-vous avec sa cliente, il sent qu’elle ne lui avoue pas tout… Harry aurait-il mis le pied dans un nid de guêpe ?

Une lecture en demi-teinte pour moi. D’abord, j’ai bien aimé la magie et la façon de la faire d’Harry, avec des petits riens, des choses basiques, c’est vraiment sympa. Harry a beaucoup d’humour, d’auto-dérision, se parle à voix haute. Il semble vraiment très puissant mais lutter pour ne pas sombrer vers la magie noire.
Dommage, cependant, on s’attache peu à ce personnage. Il n’est pas assez creusé, on a que des pistes sur son passé mais aucun développement. Forcément, c’est une saga, donc si le lecteur veut savoir ce qu’a vécu Harry pour devenir qui il est,  pourquoi il est sous le coup d’une malédiction, … et bien, il faudra lire la suite. Je ne suis pas forcément contre l’idée mais il reste qu’on a bien peu de billes pour s’attacher à lui.

La lecture est rapide mais toutefois, je n’avais pas une envie folle de me jeter sur le livre pour continuer. Le style est sympa mais pas transcendent. Toutefois, l’humour distillé par l’auteur rattrape la simplicité de l’écriture. Certaines scènes sont assez cocasses. Je reconnais avoir souri plus d’une fois. C’est ce qui permet, je pense, de sortir cette histoire du lot.

L’intrigue est bien menée, beaucoup d’actions et de rythme. On ne se repose jamais en fait, enfin, Harry. Il vit une véritable course contre la montre à la seconde moitié du roman. De ce fait, la lecture est dynamique. C’est dommage que l’auteur ne nous livre pas lus d’informations sur Harry et son passé, parce que du coup, je suis restée en attente et je n’ai vu que le côté « je vais toujours m’en tirer ». Alors que creuser un peu, l’aurais peut-être rendu plus attachant mais plus faillible aussi. J’aurai moins eu cette impression que tout est trop facile.
Pour l’histoire, on se doute vraiment vite de qui est le coupable. Mais, il est intéressant d’apprendre pourquoi et comment. De plus, j’ai été surprise par certains liens entre les personnages. De ce côté-là, c’est plutôt bien fait.
En tout cas, le personnage et les « dossiers » se prêtent bien à un approfondissement, je ne suis pas étonnée qu’une série ait été faite. Je suis assez curieuse de voir ce que ça a donné.

Un roman fantastique avec du bon et du moins bon, pas suffisamment original pour qu’il me marque plus que ça toutefois. Je ne pense pas lire la suite sauf si une opportunité se présente mais comme j’ai déjà plein de livres qui m’attendent, ça ne serait pas pour toute de suite de toute façon.

Orages d’Estelle Tharreau

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Editions Taurnada, 9,99€, 268 pages

Merci aux éditions Taurnada pour l’envoi et la découverte de ce roman

4ème de couverture

Si vous éleviez seule une fille de seize ans et que votre petit ami devenait trop encombrant, refuseriez-vous un travail et une belle maison dans un village de carte postale où tout le monde semble prêt à vous aider ? Il est probable que non. Pourtant, vous auriez tort !
Les nuits d’orage peuvent s’avérer mortelles pour qui ne sait pas lire entre les lignes du présent et celles d’un passé enfoui depuis plus d’un siècle dans un cahier d’écolier jauni et écorné.

Mon avis

Béatrice est tombée enceinte assez jeune et a décidé contre l’avis de ses parents de garder son enfant. Mise à la porte, elle trouve refuge chez une tante un peu hippie qui l’aide à reprendre le cours de sa vie. Béa réussit ses études et devient comptable. Elle élève donc seule sa fille Célia. Sa vie professionnelle se déroule bien même si elle y consacre beaucoup de temps, au détriment de sa fille, contrairement à sa vie amoureuse. Là, c’est la catastrophe, elle enchaîne les mecs qui s’enfuient dès qu’ils comprennent qu’il faut composer avec la petite. Le dernier en date est l’éternel mari qui doit bientôt quitter sa femme, … depuis 5ans….

Bien décidée à reprendre sa vie en main, consacrer du temps à son ado de 16 ans et fuir les mecs comme la peste, Béatrice choisi de mettre de la distance entre son ex et sa nouvelle demeure. Elle a accepté un poste à Sauveur, petit village de montagne où tout le monde se connaît. Les deux femmes s’installent dans la ferme qui sert aussi de bureau. Sauveur, c’est le village de l’amitié, tout le monde dépanne tout le monde. La nouvelle expert-comptable se sent bien dans ce petit coin de paradis. Si ce n’est l’étrange comportement agressif du boucher à son encontre, qui la menace d’un malheur si elle et sa fille ne quittent pas le village rapidement. Ou encore, une vieille de la maison de retraite qui l’apostrophe devant chez elle et qui l’effraie en la prenant pour quelqu’un d’autre.

Béatrice et Célia découvre vite la rivalité entre le maire du village et la famille du boucher. Un soir, Célia tombe sur un ancien journal intime. Marthe à la fin du 19ème y raconte sa vie, difficile, avec un mari violent, à la ferme. L’ado n’y aurait prêté plus d’attention si au lycée deux de ses camarades de classe, ne l’avaient pas mise en garde que quelque chose allait se passer, sans qu’ils puissent lui dire quoi… Des révélations glanées par la mère et la fille vont finir par leur faire douter de la gentillesse des gens du coin et du calme de Sauveur.

J’ai beaucoup aimé ce roman qui se lit très vite et dont on a irrémédiablement envie de savoir la fin. Le mystère qui plane sur le village et que ressente les deux femmes est épais et les éléments de compréhension sont livrés par la plume maladroite d’une fille de ferme dans un vieux cahier. Il me tardait de retrouver Célia et sa lecture afin de connaître la vie de Marthe et des autres protagonistes et surtout de comprendre le lien avec ce qui se passe pour Célia et Béatrice arrivées depuis peu à Sauveur. Entre deux parties extraites du vieux cahier, Béatrice raconte au lecteur ce qu’elle vit et ce qu’elle découvre peu à peu sur le village et ses habitants. Un narrateur omniscient lui nous apprend que Célia et ses amis se posent beaucoup de question également sur la disparition d’une mère et sa fille, qui étaient elles aussi dans la situation de Célia et sa mère : résidentes à la ferme, sans famille, dans le besoin d’un travail au calme. Les enquêtes parallèles de la mère et la fille finiront-elles par se rejoindre?

Le récit alterne donc habillement passé et présent, le suspense est ménagé jusqu’au bout. Orages est très bien construit, comme un véritable orage, ça commence par un grand calme et un beau ciel bleu et progressivement; il fait trop chaud, l’atmosphère s’alourdit, la pluie (les révélations) commence à tomber, le vent forcit (les événements s’enchainent à un rythme effréné) et l’orage éclate (la révélation finale). Ce thriller est bien dosé, mystère, suspense, fausse piste, indices, LA révélation inattendue. L’intrigue est bien ficelée, l’histoire efficace.

Les personnages sont bien pensés. Je regrette un peu de ne pas avoir réussi à m’attacher plus à Béatrice, mais assez toutefois pour être porté par l’histoire et ce qui lui arrive. Les personnages sont bien croqués, tellement bien, tellement crédibles, qu’à un moment, j’ai même versé des larmes de frustration. La fin est pour moi un peu rapide mais on a les réponses à nos interrogations et on s’imagine aisément la vie des personnages après le mot « fin ».

L’écriture d’Estelle Tharreau est efficace et son style fluide. Mes passages préférés sont ceux du cahier de Marthe et la réaction de gens de Sauveur même si je m’en suis toujours pas remise ^^ La psychologie de tous les personnages n’est pas extrêmement développée (en moins de 300 pages, ça serait compliqué) mais suffisamment pour qu’on arrive à se poser des questions sur un ou une tel(le), pour qu’on apprécie ou qu’on déteste certains personnages et surtout pour comprendre tout ce qui s’est passé  jusqu’au moment où Béatrice arrive à Sauveur et pourquoi. L’auteure réussit à créer une atmosphère pesante et un climat lourd, pour un premier roman c’est une jolie réussite.

Je vous conseille cette histoire prenante et haletante, qu’on a du mal à quitter pour dormir son compte d’heures !

Encore merci à Tournada Editions pour sa confiance renouvelée et cette belle découverte.

Les enquêtes de l’inspecteur Higgins – Tome 20 : Justice est faite de Christian Jacq

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J Editions, 221 pages, 13,5 €

4ème de couverture

Pour un juge londonien de premier plan, un assassin est un homme comme les autres et, quelque soit l’atrocité de ses crimes, il faut songer à le réinsérer dans la société. Malheureusement pour lui, quelqu’un n’est pas de son avis et considère qu’il est temps de mettre un terme à la carrière de ce magistrat.
Sa brutale disparition risquant de provoquer de sérieuses perturbations, qui d’autre que l’inspecteur Higgins pourrait éteindre l’incendie ?
Mais découvrir son auteur ne sera pas aussi facile que prévu.

Mon avis

Cela faisait un moment que je voulais découvrir un des romans policiers de Christian Jacq. J’avais vu que sous le nom de JB Livingston il écrivait les enquêtes d’un inspecteur de Scotland Yard et je fus intriguée. La dernière masse critique de Babelio proposait Assassinat chez les druides, un thème qui me plait beaucoup, j’ai donc tenté ma chance…. Chance et pas de chance, l’éditeur s’étant trompé de titre, je découvre le héros de Christian Jacq, Higgins avec Justice est faite, dont le thème me tentait beaucoup moins. C’est une lecture qui fut rapide, sympathique mais qui ne restera pas, cependant, gravé des années dans ma mémoire.

Le juge Fichter est un juge convaincu que chaque homme, qu’il soit voleur ou assassin, a le droit à une seconde chance et il plaide en faveur de soins médiaux et d’une réinsertion rapide dans la société. C’est ainsi que ce juge parvient à remettre rapidement en liberté un tueur de fillettes. Quelque temps plus tard, quelqu’un se présente au domicile du juge alors qu’aucun domestique ne s’y trouve. Cette personne a quelque chose à confier au juge. Ce dernier bien que fatigué et d’humeur peu cordiale accueille cette personne et lui offre à boire. Alors qu’il part en quête de glaçons, le visiteur empoisonne le breuvage du juge qui meurt peu de temps après. Il le quitte sur ces mots « Justice est faite ».

Le superintendant Marlow est chargé de l’enquête. Il décide de contacter l’ex inspecteur Higgins, qui a à son actif de nombreuses enquêtes résolues, pour le seconder. L’inspecteur qui avait déjà décidé de prêter main forte au Yard accepte d’enquêter avec Marlow. Qui bien pu s’en prendre au juge ? De nombreux suspects viennent allonger la liste des inspecteurs. Un journaliste qui tente par tous les moyens de discréditer le juge ?  Les parents des pauvres victimes du tueur en série ?  A moins que ce ne soit le tueur de fillettes lui même ?

L’inspecteur Higgins est un mélange de Colombo et d’Hercule Poirot. Raffiné, patient, préférant la déduction, l’intuition, aux interrogatoires musclés et aux courses poursuites. Ce style que ne renierait pas Agatha Christie, charme anglais fait de cottage, thé et vielles dentelles est agréable. Cependant, on est quand même loin de la grande dame qui en général, fait se torturer beaucoup plus et plus longtemps les méninges de son lectorat ^^

Pendant une partie du livre ont est balloté d’une hypothèse et d’un coupable à l’autre mais les allusions sur le vrai coupable sont trop tôt distillées, les alibis trop vites confirmés, tout cela oriente trop rapidement le lecteur vers  la solution de l’énigme. La lecture, bien qu’agréable, n’est pas franchement surprenante. L’intrigue est bien ficelée mais reste classique. Le livre est court, les chapitres aussi, ce qui donne du rythme, c’est vraiment vite lu. C’est parfois agréable mais c’est aussi un peu dommage, moi j’aurai préféré plus de détails sur les affaires du juge, sur celle du tueur en série, sur les fausses pistes, … que ça soit plus dense, les personnages plus creusés et que cela dur plus longtemps.

J’ai apprécié la réflexion sur la Justice et sur les hommes qu’amènent la lecture et le sujet. Il faut défendre les criminels mais jusqu’où aller? Parce que le juge représente un extrême, surtout quand on obtient des informations sur le tueur en série. Qui rend la justice finalement ? Peut-on lui faire confiance ?  Peut-on comprendre et accepter le geste du meurtrier du juge ? Qui est le véritable assassin ? Etc. etc.

En tout cas, pas besoin de lire les 19 premiers pour comprendre, on ne creuse pas la vie du personnage suffisamment pour qu’il manque des clés de lecture ni pour s’y attacher à lui en fait. J’ai trouvé d’autres personnages plus attachants notamment du côté de la famille des victimes que cet inspecteur. Mais son style m’a bien plu.

Peut être qu’à l’occasion, je relirai un autre titre pour voir si toutes les enquêtes d’Higgins sont construites ou non de la même façon. Je reste intriguée par les premières enquêtes de l’inspecteur et Assassinat chez les Druides. Un jour peut-être.

Merci à Babelio et à J Editions pour cette découverte.

Le lecteur de cadavres d’Antonio Garrido

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Le livre de poche, 761 pages, 8€60

4ème de couverture

Ci Song est un jeune garçon d’origine modeste qui vit dans la Chine du XIIIe siècle. Après la mort de ses parents, l’incendie de leur maison et l’arrestation de son frère, il quitte son village avec sa petite soeur malade. C’est à Lin’an, capitale de l’empire, qu’il devient fossoyeur des « champs de la mort » avant d’accéder à la prestigieuse Académie Ming. Son talent pour expliquer les causes d’un décès le rend célèbre. Lorsque l’écho de ses exploits parvient aux oreilles de l’empereur, celui-ci le convoque pour enquêter sur une série d’assassinats. S’il réussit, il entrera au sein du Conseil des Châtiments ; s’il échoue, c’est la mort. C’est ainsi que Cí Song, le lecteur de cadavres, devient le premier médecin légiste de tous les temps. Un roman, inspiré par la vie d’un personnage réel, captivant et richement documenté où, dans la Chine exotique de l’époque médiévale, la haine côtoie l’ambition, comme l’amour, la mort.

Mon avis

Ci est un jeune garçon qui va jouer de malchance pendant une grande partie du récit mais qui va vivre une aventure extraordinaire qui va l’amener à exceller dans le domaine de la science légale, la « lecture de cadavres », déterminer à partir des blessures, indices, modifications post-mortem, etc. la cause des décès. Inspiré de la vie d’un personnage réel mais romancé pour la majeure partie, le lecteur va suivre Ci dans la Chine du Moyen-âge.

Au début du récit, un crime est commis dans la province du Fujian, dans les champs cultivés de de la sous-préfecture de Jianyang. C’est dans cette province que vit Ci, avec ses parents, sa jeune soeur malade Troisième, chez son frère Lu, avec qui il a du mal à s’entendre. Lu possède son exploitation agricole. Il a accepté de s’occuper de sa famille, avec qui il était pourtant fâché, pendant le temps du deuil familial rendu aux aïeux et qui ont éloigné Ci et son père de la grande ville Lin’an. A Lin’an, le père est dans l’administration au service de l’honorable Feng,  juge spécialiste de la résolution de meurtres, morts suspectes et d’autres crimes, tandis que Ci étudie sous l’aile de Feng, en tant qu’assistant. Pour Ci le retour à la campagne est difficile et l’entente avec son frère houleuse. Pourtant, il l’aide du mieux qu’il peut même si son esprit est resté en ville. Alors qu’il travaille dans la rizière, il découvre un corps sans vie, qui a été enterré là. Ce dernier a été décapité.

Le juge Feng de passage dans la région se rend chez les parents de Ci. Ce dernier voit là l’occasion de demander à nouveau à son père de rentrer plus tôt à Lin’an avec Feng mais il accuse un refus cinglant. Son père lui fait même comprendre que lui n’y retournera jamais. Ci espère ensuite que le juge s’occupera du cadavre retrouvé dans les champs, même si le juge n’est pas dans sa juridiction. Cela lui donnera au moins l’occasion de renouer avec son rôle d’assistant, comme avant. Le juge fait les premières constatations et finira même par désigner avec une méthode originale, le coupable de l’assassinat. Malheur pour Ci, le juge désigne son frère Lu. Ce dernier est arrêté et torturé. Il finira par avouer le crime. La honte s’abat sur la famille de Ci. Mais comble du malheur, la nuit suivante, la maison de Lu part en fumée et cendres, et ne survit que Troisième qui s’était cachée et Ci qui n’était pas présent dans la demeure cette nuit-là. Après quelques jours de confusion, Ci tente de vendre les terres de son frère mais il se fait arnaquer par les personnalités les plus hauts placés du village. Son frère et ses parents disparus, il ne reste plus à Ci que l’exil avant d’être recherché et arrêté par ceux qui se sont joué de lui lors de la vente des terres de Lu. Ci et Troisième, de plus en plus souffrante, partent donc vers la grande ville…

L’histoire et le récit sont denses et pas simple à résumer. Là, ce ne sont que les grandes lignes du début mais elles annoncent déjà la malchance que rencontre Ci tout le long du récit. Parce qu’il n’en pas pas fini de fuir et de tenter de survivre. On découvre un jeune homme un peu (voire beaucoup) naïf, cependant débrouillard mais bien souvent à côté de la plaque. Par contre, il se révèle extrêmement doué pour trouver des indices sur un corps, déduire ce qui a pu arriver, d’abord grâce à son enseignement auprès de Feng, puis à force de côtoyer certaines personnes dont le personnage étrange de Xu, un fossoyeur et enfin par les études qu’il aura la chance de commencer à l’académie Ming. Enfin, il développera lui même certaines techniques et un certain savoir. Même si à chaque étape, il se fera avoir par les uns et les autres. Certains lecteurs auront l’occasion de s’attacher à Ci et d’autres pourront être énervés par son attitude. Moi, je me suis plutôt attaché à lui, j’avais envie de le voir réagir parfois mais j’avais aussi de la peine pour lui. Les lecteurs découvriront pléthores de personnages pour le moins antipathiques ce qui, moi, m’a conforté dans mon attachement au jeune homme.

Par contre, on peut regretter que le récit ne comporte pas assez de « lectures de cadavres » dans sa première partie, on assiste plutôt aux malheurs de Ci.  Qui cumule il faut bien le dire. Et ça peut même finir par être « trop », en devenir agaçant. Cependant, j’ai quand même beaucoup apprécié cette lecture, qui tourne ensuite en intrigue plus policière, dans la partie où Ci doit découvrir qui a tué plusieurs personnes au sein ou dans l’entourage de l’empereur. Il n’a pas droit à l’erreur d’ailleurs, sinon, c’est la mort assurée. Dans cette partie-là, donc, il est passionnant de voir comment il découvre les choses et déduit certains faits.

A partir d’un moment, on se doute de qui est le coupable, même si l’auteur arrive habilement à nous faire douter en introduisant un personnage ambigu. Et si finalement le lecteur faisait fausse route ? Il a du très bon dans ce récit comme du moins bon faut le reconnaître, mais dans l’ensemble, l’histoire de Ci se lit vite, et devient de plus en plus prenante. L’auteur a fait beaucoup de recherche sur la Chine du 13è siècle et sur le véritable Ci Song qui était a établit le premier traité légiste en 5 volumes, abordant des procédés et des caractéristiques légistes qui devaient être assez ardues, et pour d’autres tabous pour l’époque. Époque où la médecine était une discipline négligée voire répudiée et où les arts, la littérature et le droit étaient les sciences absolues. Au début, j’ai eu peur que ça soit très théorique et compliqué, mais ce n’est pas le cas, on peut même regretté un peu que la vie de Ci soit si romancée. De même, j’appréhendais beaucoup le côté Chine moyenâgeuse, une période que je n’apprécie pas du tout en général et qui ne me donnait absolument pas envie. Alors même si effectivement ce n’était pas une partie de plaisir de vivre à cette époque, la lecture n’en est pas trop lourde. Elle est peut-être un peu sombre, tellement, parfois, la misère et la cruauté de certaines pratiques nous sont narrées. Mais ce côté historique apporte un plus au roman et j’ai appris plein de choses. Finalement, ce ne fût pas une épreuve si terrible.

Dans son ensemble, j’ai beaucoup aimé cette lecture même si ça partait mal (Chine, 13è siècle, succession de malheurs). Et puis j’aime beaucoup les histoires de légistes, anthropologues, sciences légales, … ici ancêtre de la police scientifique. Ce fut donc une bonne lecture pour moi.

Caver Den de Xavier Portebois

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Editions Voy’[el], collection e-court, ebook, 1,49€

4ème de couverture

Après un accident causé par un fouisseur devenu fou, Linh se réveille amputé du bras droit dans la ville minière de Caver Den. Afin de rembourser sa prothèse, il va devoir remonter les traces du fouisseur et comprendre les raisons de sa démence.

Mon avis

Merci aux éditions Voy’el, Manon et Tesha pour ce nouvel e-court dans le cadre du partenariat entre la collection et le blog 🙂

Je dois l’avouer, je n’ai pas été très emballée par le résumé, envoyé quelques temps avant Noël. Je n’avais pas le temps de le lire en décembre, mais ce mois-ci, oui, alors je me suis lancée et je ne regrette pas ! En effet, ne jamais se fier entièrement à son impression parce que Caver Den est une très bonne lecture, une novella très bien écrite et avec une histoire prenante !

Linh traverse une partie d’une des nouvelles planètes, à moto pour rejoindre le lieu où il pourra prendre une navette pour quitter cet endroit où il trouve avoir déjà passé assez de temps. Terre minière, aride et sèche, il a hâte de la quitter mais avant il doit faire une halte dans la ville minière de Caver Den, qui semble plus sure que l’itinéraire qu’il avait prévu de prendre et que sillonnent des bandits. La route Nord qui mène à la cité est en très mauvaise état et malgré sa prudence, Linh a un accident et se retrouve éjecté de sa moto.

Il se réveille dans une pièce médicale et découvre avec stupeur que le docteur et maire de la ville n’a pu sauver son bras arraché semble-t-il dans l’accident et lui a posé une prothèse dernier cri. Afin de payer les soins, les réparations de sa moto et la prothèse, hors de prix, il accepte de passer un marché avec le toubib. En effet, un fouisseur de la cité minière semble devenu fou et dévaste tout sur son passage et a déjà tué des mineurs. Linh est un animalier et peut communiquer avec les animaux et insectes, le maire lui demande donc de l’aider à capturer l’animal dément et ainsi sa dette sera payée. Cependant, au cours de son enquête, Linh va découvrir que les habitants de Caver Den ne lui ont pas tout rapporté sur l’animal et sa démence…

Un récit très bien monté et ficelé, j’ai apprécié suivre Linh dans cette aventure. Un récit SF avec un petit côté film des années 80. Linh est attachant surtout grâce à sa faculté de comprendre puis communiquer avec les animaux et les insectes grâce à des accessoires technologiques et les exosquelettes dont sont équipés les animaux. L’enquête de Linh est intéressante et comme lui, le lecteur comprend progressivement que quelque chose cloche. Mais Linh est bien déterminé à ne pas se laisser faire ni manipuler. Une tension monte à la fin du récit et on se demande comment tout cela va se terminer.

Caver Den est très bien écrit, très visuel, je n’ai eu aucune difficulté à me représenter la ville, la mine et les animaux. L’ambiance à la fois polar et SF est maitrisée et il y a juste assez d’éléments technologiques pour lier l’ensemble. Et puis, les familiers du héros sont eux aussi attachants notamment la pieuvre sylvestre trop mignonne. Je vous conseille la découverte de cette novella vraiment réussie.

Encore merci à Voy’el et la collection e-court pour cette découverte ^^

Sorcières associées d’Alex Evans

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Auto-édition, ebook, 243 pages, 2,99€

4ème de couverture

Envoûtement de vampire, sabotage de zombies et invasion de gremlins font partie du quotidien du cabinet Amrithar et Murali, sorcières associées. Dans la cité plusieurs fois millénaire de Jarta, où la magie refait surface à tous les coins de rues, les maisons closes sont tenues par des succubes et les cimetières grouillent de goules, ce n’est pas le travail qui manque! Mais tous vous le diront: les créatures de l’ombre ne sont pas les plus dangereuses…

Résumé

Tanit et Padmé sont deux associées dont la spécialité est les enquêtes se rapportant au Pouvoir, à la magie, aux créatures surnaturelles. Elles sont installées depuis quelques temps dans un cabinet de Jarta, la cité millénaire où le commerce et l’argent sont rois. Quand se présente un vampire dans la salle d’attente du cabinet, Tanit reste maîtresse d’elle-même et accepte de le recevoir. C’est la première fois qu’une créature vient demander de l’aide contre un humain. Malgré les risques, Tanit accepte de s’occuper de son affaire. Puis se présente un industriel fortuné qui désire une enquête sur son usine, régulièrement sabotée. Il pense à une malédiction. Tanit n’en est pas convaincue mais l’appât de l’argent facile la pousse à accepter. Les sorcières vont se pencher sur ces deux affaires dont les enjeux risquent de les dépasser…

Mon avis

Merci à Alex Evans pour la confiance accordée et la découverte de ce roman auto édité.

J’ai beaucoup aimé cette lecture, un vrai moment de détente.

Les sorcières Tanit et Padmé travaillent ensemble dans un cabinet depuis quelques années. Elles commencent à bien se connaître et leur affaire fonctionne bien. Parmi les missions qu’elles réalisent pour leurs clients : exorcisme, enquête sur les malédictions, recherche d’objets magiques, etc. Elles sont chacune leurs talents et leurs caractères et  c’est un duo qui se complètent bien.

Les deux sorcières sont amenées à travailler sur deux nouvelles enquêtes, une des plus surprenantes, aider un vampire à trouver celui qui l’a amené dans notre dimension et se sert de lui comme d’une arme. Et une autre demande, qui va mettre les deux enquêtrices mal à l’aise, celle d’un industriel qui a remplacé ses employés par une main d’œuvre gratuite et…. particulière.

Chacune des sorcières enquête à sa façon, pour Tanit, l’ancienne agent spéciale, c’est l’action qui prime, pour Padmé, c’est plutôt l’investigation, les recherches, les entretiens.  Chacune à son style dans le travail comme dans la vie privée. Car non seulement, nous les suivons dans leur enquête mais nous les accompagnons aussi en dehors de leur travail. Tanit est plutôt du genre à ramener des hommes chez elle, Padmé plutôt du style à préserver sa vie privée et à s’occuper de sa fille. Cependant, elles pourraient bien cacher leur jeu toutes les deux. Elles sont en tout cas très attachantes. J’ai beaucoup aimé les suivre et découvrir leur passé. L’auteur en donne assez pour que le lecteur les découvre avec intérêt et pas trop, peut-être, pour nous préparer une suite ?

J’ai trouvé l’intrigue bien ficelée, les informations glanées le long de l’enquête, les recoupements, les recherches, c’est vraiment très sympa. Jarta est une ville avec un gros potentiel, il peut s’y passer plein de choses étranges. L’auteur a créé un univers très intéressant, avec des peuples différents et amenés à s’affronter. Le récit est émaillé de vielles rancœurs, de tentions, du retour inexpliqué et inattendu de la magie. Jarta est la ville du commerce où très peu de choses sont interdites, ce qui donne une atmosphère singulière, faite des extrêmes, pauvretés et richesse, débauches et croyances,… Un mélange hétéroclite où tout peut arriver. Ajoutez à cela les créatures surnaturelles, les goules, les zombies, les gremlins, les succubes, … et vous obtenez un mélange détonnant !

Il y a beaucoup de rythme dans le récit, de l’action, des rebondissements. J’ai beaucoup aimé la double narration. Être tantôt avec Tanit , tantôt avec Padmé qui apprennent des choses différentes. On découvre ainsi deux fois plus la vie en ville, les habitudes, les traditions, le passé des personnages et des territoires. J’ai beaucoup aimé aussi la « morale » de l’utilisation de la magie. Comme un effet boomerang si on ne la prend pas au sérieux. J’aurai toutefois bien aimé un peu plus de « mythologie », l’origine du Pouvoir, un peu plus de développement sur les circonstances de son retour. Peut-être dans une suite. En tout cas, il y a matière pour.

Personnellement, je ne comparerais pas le récit à Conan Doyle et son univers.Il n’y peut-être pas assez de détails tordus, d’addiction et de déductions tireparlescheveuxmaispasvraiment pour ça mais Sorcières associées est rondement bien mené, porté par des héroïnes qui se prennent en main et ne se lasse pas marcher sur les pieds. Un gros plus pour l’ambiance steampunk très bien rendue. Très bien fondue dans l’histoire. Ni trop ni trop peu. C’est assez imagé pour qu’on se fasse une idée des inventions, du fonctionnement de certaines machines et pas trop détaillé pour ne pas alourdir le récit et laisser une place à l’imagination du lecteur.

Un bémol toutefois, les coquilles et fautes.  Je ne suis pas trop sensible à cela, elles ne m’ont pas empêchée de savourer ma lecture. Je pense que certaines, signalées, seront corrigées rapidement. Il serait vraiment dommage de s’arrêter à cela. Même si ce type d’aventure peut fleurir ces temps-ci, le récit et l’histoire sont originales. Il y a de l’humour, de l’action, du fond. Alex Evans est une auteur à suivre ^^ Et j’espère qu’il y aura une suite, ça me plairait beaucoup de replonger dans Jarta en compagnie des deux sorcières.

Dernier point, la couverture est superbe ! J’aime beaucoup.