Le joueur d’échec de Stefan Zweig

Le livre de poche, 3,60€, 125 pages

4ème de couverture (attention spoiler)

Qui est cet inconnu capable d’en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu’antipathique ? Peut-on croire, comme il l’affirme, qu’il n’a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer.
Le narrateur y parviendra. Les circonstances dans lesquelles l’inconnu a acquis cette science sont terribles. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l’isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.
Une fable inquiétante, fantastique, qui, comme le dit le personnage avec une ironie douloureuse,  » pourrait servir d’illustration à la charmante époque où nous vivons « .

Résumé

Le narrateur effectué la traversée de l’Atlantique vers l’Argentine sur un paquebot,  quand lors d’une discussion avec un autre passager, il apprend la présence à bord du champion d’échec Czentovic. Ce dernier a un caractère bien spécial, bourru, il est quasiment inculte. Notre narrateur est intrigué et il voudrait l' »étudier », du moins pouvoir discuter avec lui mais Czentovic n’accorde aucune interview. Le narrateur se rend compte que pour l’approcher, rien de mieux que le faire jouer aux échecs, mais une partie en compagnie de ce champion est payante. Le narrateur rencontre vite un autre joueur amateur lui très arrogant qui va payer pour jouer avec le champion. Lors de leur partie, quelque chose va arriver…

Mon avis

Il sera court, car il s’agit ici d’une nouvelle écrite par Zweig, donc histoire assez courte. Zweig l’a écrite en septembre 1941 quelques mois avant son suicide en 1942. Cette nouvelle a été publiée à titre posthume en 1943 par la maison d’édition suédoise de l’auteur.

Tout d’abord si vous avez l’occasion de lire cette nouvelle évitez de lire la quatrième de couverture et la préface. Car malheureusement elles en disent beaucoup trop sur l’histoire et comme c’est très court (94 pages, 125 avec la biographie de l’auteur), et bien on est vite spoilé.

Du coup, je ne dirai pas ce qu’il se passe, juste qu’une intrigue inattendue sur ce bateau va prendre le pas sur l’histoire de Czentovic. Cette nouvelle est riche d’enseignement. Elle est courte mais forte et on est touché par les événements racontés.

Je conseille, comme c’est court, de la lire d’une traite. Parce que moi j’ai du couper à la moitié et j’ai perdu un peu cette impression d’être absorbé par l’histoire, comme ceux qui l’ont lu m’en ont parlé. Du coup, j’ai presque eu l’impression de passer à côté, alors évitez de faire comme moi je pense.

Si vous êtes curieux de l’histoire, il y a plein de chroniques sur internet qui vous raconteront tout en détail, personnellement je n’aime pas, quand il s’agit d’une nouvelle ou d’un livre court parce qu’en plus de ne plus avoir de surprise, on ne réfléchit plus sur le thème abordé par soi-même finalement.

Concernant les échecs, je vous rassure il n’est pas nécessaire d’y jouer et d’y comprendre quelques choses pour apprécier le livre. C’est l’élément porteur à un récit plus important.

C’est un livre fort, qui marque, malgré son nombre de page réduit, qui fait réfléchir et nous apprend des choses. Un parallèle peut être fait avec son auteur, la biographie accompagnant l’ouvrage est très intéressante et permet de faire la lumière sur le passé de Zweig pour mieux comprendre le livre.
Je vous conseille cette lecture. Un classique à connaitre. Je pense que je relirai avec plaisir d’autres écrits de Zweig. La traduction en tout cas laisse voir que la plume est excellente.

*******************************

Confessions d’une accro du shopping de Sophie Kinsella

Pocket, 7€20, 371 pages

4ème de couverture

Votre job vous ennuie à mourir ? Vos amours laissent à désirer ? Rien de tel qu’un peu de shopping pour se remonter le moral… C’est en tout cas la devise de Becky Bloomwood, une jolie Londonienne de vingt-cinq ans. Armée de ses cartes de crédit, la vie lui semble tout simplement magique ! Chaussures, accessoires, maquillage ou fringues sublimes… rien ne peut contenir sa fièvre acheteuse, pas même son effrayant découvert. Un comble, pour une journaliste financière qui conseille ses lecteurs en matière de budget ! Jusqu’au jour où, décidée à séduire Luke Brandon, un jeune et brillant businessman, Becky s’efforce de s’amender, un peu aidée, il est vrai, par son banquier, qui vient de bloquer ses comptes… Mais pourra-t-elle résister longtemps au vertige de l’achat et à l’appel vibrant des soldes ?

Résumé du début

Rebecca Bloomwood reçoit sa facture de carte bancaire, et stupéfaction, elle ne s’attendait pas à avoir dépenser autant en si peu de temps ! L’occasion pour elle de faire le point sur ses dépenses, malheureusement rien ne cloche, elle est juste accro au shopping. Rebecca, dite Becky, est journaliste financière, boulot rébarbatif et peu intéressant, où elle a l’impression de ne faire que recopier les brochures de presse que lui envoient les banques, les assurances, …
A une conférence, elle papote avec une amie journaliste sans faire attention le moins du monde à ce pourquoi elle est là, obsédée par l’écharpe en solde qu’elle n’a pas pu payé faute d’avoir oublié sa carte bancaire au bureau. Son sauveur sera Luke Brandon, un patron de Brandon Communication, qui lui prêtera la somme qui lui manque en billet pour acheter cette écharpe après l’avoir entendu se morfondre de ne pas avoir assez d’argent liquide sur elle pour cet achat important.
Seulement, la facture de carte bancaire n’est pas la seule que Rebecca reçoit, elle a aussi des relances d’autres banques, pour d’autres cartes impayées, le loyer, … Comment va-t-elle s’en sortir…

Mon avis

Je cherchais une lecture légère d’été et je n’ai pas été déçue, c’est  léger, très léger, … malheureusement trop léger à mon gout.

C’était mon premier Sophie Kinsella, j’ai bien aimé son style, c’est fluide, ça se lit vite. J’ai apprécié les insertions des lettres de banques qui réclament les paiements et qui indiquent les excuses qu’utilise Becky pour ne pas régler la totalité de ses factures. Ces lettres et certains passages ou situations dans le livre sont très drôles par contre, j’ai trouvé le reste très agaçant.

Becky est une jeune femme fraiche, pétillante, qui est accro aux achats, aux bons plans mode, aux produits de beauté,… Elle s’y connait hyper bien parce qu’elle passe beaucoup de temps dans les boutiques. J’aurai pu m’attacher à elle, parce que parfois, je me suis reconnue dans certains passages : une contrariété, un passage à vide, hop, un tour dans une boutique, dans une librairie et ça va déjà mieux niveau moral. A la différence que souvent flâner me suffit, elle, elle achète toujours mais surtout elle a toujours une bonne excuse à fournir pour faire passer la pilule de la dépense.  Et encore pire, quand elle est à court d’arguments et de bonnes excuses, elle a comme par hasard, la capacité extraordinaire d’oublier ce qui l’angoisse ou la contrarie ! Comme c’est pratique !
Et puis on peut être accro au shopping (je suis bien accro aux bouquins, j’en ai plus que je ne peux en lire pour deux vies! et mon armoire de fringues, suit le même chemin que de ma bibliothèque, elle déborde !) et avoir un peu de cervelle ou de l’amour propre (le pôvre Tarquin quand même) ! Faut reconnaitre que certains passages sont limite affligeants !
Donc voilà, Becky, m’a plus agacée que charmée. Attention, je ne suis pas contre les achats (compulsifs, ça m’arrive d’en avoir), de choses et d’autres (souvent inutiles, je me fais avoir aussi),… ça arrive de ne pas savoir gérer correctement ses dépenses, ça ne fait pas de ces gens de mauvaises personnes, ce qui m’a gêné c’est la manière dont ça se passe pour elle. C’est trop facile, ça se veut trop léger alors la résolution de ses problèmes financiers vont lui tomber tout cru dans l’bec ! Même pas besoin de réfléchir, d’assumer un petit peu sa situation, … Y a quand même une légère prise de conscience, mais attend ! il fait beau là, c’est les soldes, pfut, envolée la prise de conscience.

Je n’ai pas détesté ma lecture, mais c’est quand même trop léger, trop facile, … On sait très vite comment elle va s’en sortir, très vite avec qui elle va finir.

On sent derrière tout ça, une dénonciation de la société de consommation (la banque qui vous propose une carte avec un gros découvert, à peine sorti de la fac, alors que vous ne bossez pas encore), de faire attention à ses placements, etc. Mais comme, on reste dans la légèreté et bien les situations s’arrangent vite, personne n’est malheureux, n’est triste, n’est pauvre… Un peu à l’image de la couverture, ça reste beaucoup trop rose même pour une lecture détente ! J’ai déjà lu des livres chick-lit où c’était quand même plus creusé. Après, je peux comprendre qu’on aime ou adore ça, mais pour moi, il manque quelque chose pour vraiment m’accrocher.

Du coup, à moins de tomber sur la suite à 20 cts ou au kilo, je ne pense pas poursuivre les aventures de Becky. Par contre, j’ai apprécié le style de Sophie Kinsella, alors peut être qu’un jour je me pencherai sur un autre de ses écrits.

*******************************

La prime de Janet Evanovich

Pocket, 6,10€, 319 pages

4ème de couverture

Plus de boulot, plus de voiture et un compte en banque dans le rouge cramoisi. Stéphanie Plum troque sa TV contre une vieille carlingue déglinguée pour se rendre chez son cousin Vinnie. A la clé : un job de classement minable et sous-payé. Quand elle ressort du bureau, elle est chasseuse de primes.  Enfin, à l’essai. Et sa première proie n’est autre que Joe  Morelli, accusé de meurtre. Un cachet de 10000 dollars pour elle si elle lui met la main dessus. Joe Morelli, le type qui, à intervalles réguliers, débarque dans sa vie pour la lui bousiller. La dernière fois, qu’elle a croisé sa route, il y a laissé une jambe…

Résumé du début

Dès le départ, le tableau est posé, Stéphanie nous parle de Joseph Morelli, un garçon de son quartier. Plusieurs fois au cours de sa jeunesse, elle eu « affaire » à lui et ne s’en est pas encore tout à fait remise. Les années ayant passé, Stéphanie est actuellement au chômage, contrainte de se trouver vite un job bien payé, pour ne pas finir à la rue. Elle accepte alors le conseil de ses parents, aller trouver son cousin Vinnie, il aura peut être un boulot de classement pour elle. Mais arrivée à son bureau, Stéphanie apprends que le job est déjà pourvu. Connie, la secrétaire de Vinnie, lui parle alors d’un poste vacant dans la boite, le type étant à l’hosto, ses dossiers s’entassent. Et il y a de l’argent rapide et facile à se faire ! C’est ainsi que Stéphanie Plum se retrouve… chausseuse de prime ! Et son premier dossier n’a rien de simple, un flic accusé de meurtre. Joe Morelli, la poisse suivrait-elle Stéphanie ?

Mon avis

Il s’agit du premier d’une série sur Stéphanie Plum, ancienne vendeuse de lingerie, devenu Chasseuse de prime, du jour au lendemain. C’est une bonne entrée en matière. Ce premier roman permet de poser les bases. A la fois policier et un peu chick lit (mais pas trop), on découvre Stéphanie, comment elle en est arrivé là et comment elle va se débrouiller dans ce job pour le moins particulier.

C’est pas mal du tout, écrit avec beaucoup d’humour, on retrouve souvent Stéphanie dans des situations cocasses. Mais dangereuses la plus part du temps, parce que le monde des chasseurs de prime c’est pas DU TOUT le même univers que la vente de lingerie bon marché.

Ce roman se lit très vite et est agréable à lire. L’histoire n’est pas des plus originales cependant (juste le sujet l’est), c’est donc le traitement humour + policier qui fait beaucoup dans ce livre. Toutefois, la chasse à l’homme, la manière de procéder de Stéphanie, d’être aidée, les événements connexes liés, sont très bien traités et ce n’est pas mauvais du tout concernant le côté policier.

J’ai quand même eu du mal parfois, à ne pas m’agacer, j’ai refermé plusieurs fois le livre en me disant « ce n’est pas possible, je vais la secouer !!! ». Mais Stéphanie est attachante et ce Morelli aussi, alors on continue facilement; on a envie de savoir comment cela va finir, et on passe sur le fait qu’on aimerait bien expliquer à Stéphanie qu’on ne met pas un tailleur et des chaussures à talon pour enquêter dans les quartiers chauds !

Autant, il y a des passages vraiment très drôles, autant il y a de la noirceur et de la violence dans d’autres passages, ça reste une histoire policière, mêlant prostitution, boxe et délinquances.

Stéphanie entretient une relation conflictuelle avec Joe Morelli qu’elle doit rechercher et ramener au poste de police. On ressent bien la tension entre les deux personnages, le jeu du chat et de la souris, avec des piques bien sorties et des situations complexes. C’est bien fait et on se laisse prendre à leur jeu. A la lecture, je comprend pourquoi il a été adapté en film, c’est construit un peu comme une série policière. Il ne me restera plus qu’à voir le film avec Katherine Heigh que je n’ai pas encore vu.

Une très bonne lecture pour l’été, détente, pas de prise de tête mais cohérente, et avec une intrigue bien faite. Pour ce qui est de continuer à suivre les aventures de Stéphanie Plum, peut-être, si je tombe sur une bonne occasion.

**************************************

7ème lecture réalisée dans le cadre du Challenge  La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel

 

Hunger Games de Suzanne Collins

Pocket Jeunesse, 18,15€, 379 pages

4ème de couverture

“Dans un futur sombre, sur les ruines des États-Unis, un jeu télévisé est créé pour contrôler le peuple par la terreur.

Douze garçons et douze filles tirés au sort participent à cette sinistre téléréalité, que tout le monde est forcé de regarder en direct. Une seule règle dans l’arène : survivre, à tout prix.

Quand sa petite soeur est appelée pour participer aux Hunger Games, Katniss n’hésite pas une seconde. Elle prend sa place, consciente du danger. À seize ans, Katniss a déjà été confrontée plusieurs fois à la mort. Chez elle, survivre est comme une seconde nature…”

Résumé

Katniss Everdeen se réveille le jour de la Moisson. Elle a 16 ans et vit dans le district 12 avec sa mère et sa sœur Prim, 12 ans. Son père est mort il y a 5 ans dans la mine. Le district 12 est spécialisée dans l’extraction minière. Comme tous les matins depuis 5 ans, Katniss part en forêt chasser et trouver de quoi se nourrir et vendre pour acheter ce qui manque à elle et sa famille pour survivre. Car dans la Veine, c’est la misère et la famine le tableau quotidien des habitants. Dans les bois, elle retrouve Gale, son ami depuis quelques années avec qui elle chasse, c’est plus efficace et rassurant d’être en binôme, car cette activité est interdite et la peine encourue des plus dissuasives. Plus tard dans la matinée, dans tous les districts, tous les jeunes entre 12 et 16 ans sont réunis sur la place de la ville. C’est aujourd’hui que 2 tribus, une fille et un garçon sont désignés pour participer aux Jeux de la Faim imposé et mis en place par le Capitole pour montrer aux 12 districts de Panem qu’ils ont tout pouvoir et que la révolte n’est pas une bonne idée. Quand Prim est choisie pour être tribut, Katniss ne peut le supporter et se porte volontaire. Le garçon choisi est Peeta Mellark, le fils du boulanger. Après de brefs adieux, ils sont emmenés au Capitole, où va débuter leur entrainement et coaching. Comme la Moisson, la préparation et les jeux de la faim sont retransmises dès lors en direct dans l’ensemble du pays et le but est simple, 12 tribus, 1 seul vainqueur qui devra riche et permettra à son district d’avoir plus d’avantages et de nourriture lors de l’année…

Mon avis

Merci NyrA de me l’avoir prêté !!!!!

Je l’ai dévoré ! Je pensais trainer parce que je connaissais l’histoire pour avoir vu le film avant au cinéma et en fait non, pas du tout, je l’ai lu super vite, tellement c’était bien et que j’avais plaisir à retrouver Katniss et Peeta et surtout à en apprendre un peu plus sur l’histoire, le contexte, etc.

Le récit est fait par Katniss, du coup, par rapport au film, on a beaucoup plus de détails sur ce qu’elle ressent, comme elle vit certains événements et sa relation avec Peeta ou avec Gale. Cela m’a permit d’éclaircir quelques ombres du film. Le film est, j’ai trouvé, finalement plutôt bien fidèle au roman, sauf deux/trois détails plus sombres qui ne sont pas dans le film (ou alors je ne m’en souviens plus) et des propos donnés au producteur des Jeux de la Faim et au président de Panem qui ne sont pas dans le livre ou du moins pas explicité du tout, puisqu’on suit le récit à travers Katniss.

Mon impression qu’une révolte est possible, du moins, qu’elle commence à germer dans quels esprits, est confirmée par ma lecture. Je ne me souviens plus si c’est dit dans le film, mais j’ai été surprise de découvrir un 13ème district et d’apprendre ce qu’il lui est arrivé, et d’avoir des détails sur les technologies et avancées qui sont utilisées par le Capitole (les geais, les guêpes, les chiens,…). Cela donne encore plus de sens et de poids aux messages sur le totalitarisme et le pouvoir du Capitole sur les districts.

Comme pour le film, c’est dommage que ça soit si vite passé sur les morts et les jeux en eux-même. Est-ce que c’est parce qu’il est plus destiné à la jeunesse (à partir de 13 ans) à la base? Pour ne pas les terrifier, les horrifier? Si c’est pour ça, je comprends mais c’est vrai que parfois, je me suis dit que les émotions ne sont pas assez développées. On peut imaginer qu’on deviendrait fou ou très perturbé de devoir tuer pour survivre et j’ai trouvé que ce n’est pas vraiment indiqué (on voit bien que les survivants aux jeux ne seront plus jamais les mêmes) pas très développé, peut être dans les tomes suivants ?

De même, c’est un peu dommage que l’horreur dans les actions et le régime autoritaire du Capitole ne soit pas plus mis en lumière, on retrouve effectivement des références dans le récit mais ça manque quand même de détails sur les tenants et les aboutissants. Ce qui est bien montré par contre c’est l’omniprésence des caméras, de la Moisson au retour du vainqueur, d’apprendre que les districts sont obligés de regarder, que l’école est même arrêtée pour certains événements ayant lieu dans l’arène des Jeux,… On voit presque aussi bien que dans le film que les Jeux sont « truqués », que les organisateurs mettent en place des obstacles, des mises en scène, etc.

En ce qui concerne les personnages, j’apprécie vraiment Katniss (même si parfois, elle ne voit rien, ça m’énerve, j’avais envie de la baffer!), je trouve que la manière dont elle vit les Jeux finalement cohérente, puisqu’elle n’a peut-être pas un entrainement de fous pour les combats mais elle sait survivre dans la forêt, plus ou moins soigner, chasser, se nourrir, etc. Les détails qu’elle donne tout au long de l’histoire sont essentiels pour comprendre pourquoi elle veut et peut gagner. Et puis, elle et Peeta, montrent dans certaines de leurs attitudes qu’ils n’acceptent pas le monde dans lequel ils vivent, misère, famine, pauvreté; n’acceptent pas les tribus et les Jeux; n’acceptent pas de devenir quelqu’un d’autre…

J’ai eu les mêmes personnages préférés que dans le film : Cinna le préparateur de Katniss, dont c’est la première année et qui a explicitement demandé à s’occuper du District 12 et Haymitch Abernathy, ancien gagnant des Jeux de la Faim et coach de Katniss et Peeta pour le District 12. Ce sont vraiment des rôles forts et des personnages de caractère qui se révèlent au cours du récit et qui sont très importants.

En tout cas, c’est un très bon premier tome, bien écrit, fluide et rythmé. J’ai vraiment envie de lire la suite et de savoir comment la situation des districts va évoluer. ça n’est pas un coup de cœur parce que je trouve que la réflexion n’est toutefois pas menée assez loin et puis je connaissais l’histoire mais c’est quand même une lecture prenante, agréable et intéressante et on reste pas indifférent au sort de Katniss, Peeta et les autres tributs, voire même des habitants de tous les districts.

C’est ce genre de livre que je voudrais voir lire mes futurs ados, si un jour j’en ai.

**************************************

6ème lecture réalisée dans le cadre du Challenge  La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel

La Chambre des morts de Franck Thilliez

Pocket, 6,70€, 342 pages

4ème de couverture

Imaginez… Vous roulez en pleine nuit avec votre meilleur ami, tous feux éteints. Devant vous, un champ d’éoliennes désert. Soudain le choc, d’une violence inouïe. Un corps gît près de votre véhicule. À ses côtés, un sac de sport. Dedans, deux millions d’euros, à portée de main. Que feriez-vous ? Vigo et Sylvain, eux, ont choisi.

Résumé

Prologue : en 1987, dans le Nord de la France, on assiste impuissant au quotidien d’une petite fille de 9 ans, « coincée » dans un endroit sordide, et à sa délivrance par un policier.

Licenciés il y a 6 mois par leur société, les informaticiens Vigo et Sylvain, cumulent les entretiens infructueux, les galères financières et matérielles. Un soir, pour se venger et passer leurs nerfs, ils partent taguer les murs de leur ancienne entreprise. Après leur forfait, Vigo décide que rien ne vaut une belle montrée d’adrénaline, au volant de la voiture de Sylvain, il fonce à plus de 100 km/h dans un champ d’éolienne, tout feux éteints. Soudain, le choc, ils ont percutés quelqu’un !

En parallèle, Mélodie a été enlevée par la Bête, le Monstre lui dit que si elle est sage, elle reverra ses parents. Mais pour le moment, la voilà forcée à subir de drôles attentions de la part du Monstre, obligée de sourire pendant qu’on lui brosse les cheveux aux sangs, assise dans une position inconfortable. Mélodie sent bien que quelque chose ne va pas, sa perception des choses à changer, la nuit l’envahie… pour toujours.

Vigo et Sylvain découvre un sac de billets verts à côté du corps. L’espoir d’une vie meilleure, même si elle nait du chaos s’offre à Vigo et Sylvain. Ils décident de nettoyer leurs traces et de se débarrasser du corps. Et de s’enfuir avec le magot.

A proximité du lieu de l’accident, la Bête rôde, elle a tout vu et compte bien récupérer ce qui est à elle.

Mon avis

Il s’agit de mon 2ème Thilliez et il est plus sombre, plus glauque que Fractures mais pas moins réussit !

L’intrigue est très bien menée, tout s’enchaine avec cohérence, l’action progresse comme l’enquête et le suspens monte progressivement. On évolue dans un univers très sombre, souvent glauque, dans le cerveau « malade » de la Bête,  l’alternance avec les scènes plus faciles de l’enquête permet de souffler entre deux scènes assez dures. Et ces scènes ne concernant pas que le tueur ! Ce livre permet une réflexion sur le comportement humain. Les hommes normaux peuvent être aussi horribles et avoir des comportements égaux voire pires que les monstres qui tuent. Pourquoi les monstres agissent-ils ainsi ? Et si un événement s’était déroulé différemment, comment tout cela aurait-il tourné ? Mais si certaines choses n’avaient pas eu lieu, comment d’autres auraient-elles été découvertes ?

Je me suis laissée portée par l’intrigue et je n’ai pas toujours tout vu venir, certaines actions ou décisions sont faciles à entrevoir mais il y a de très bons retournements de situations ou des passages surprenants.

On suit à la fois Vigo et Sylvain depuis la fameuse nuit de l’accident, la Bête et l’enquête de police qui débute suite à la découverte du corps de la petite Mélodie. On découvre Lucie Hennebelle brigadier, pas habituée au terrain, accompagnée du Lieutenant Norman. Jeune maman, Lucie est fascinée par les tueurs en série, leurs méthodes, la psychologie, la traque, elle a beaucoup de livres sur le sujet, lit et fait beaucoup de recherches, elle essaie d’avoir une stratégie de profiler pour résoudre cette enquête, de se mettre à la place du meurtrier de Mélodie. C’est quelqu’un de déterminée qui a ses mystères et ses secrets. C’est un personnage que l’on retrouvera dans d’autres romans de Franck Thilliez. J’ai beaucoup aimé ce personnage, sa sensibilité de maman, lui permet de déduire facilement plus de choses que ses collègues masculins. Elle a son coté sombre et une fascination presque malsaine pour le morbide, les tueurs,… ça donne un personnage plus fort que le simple flic qui cherche à bien faire son travail.

Bon, il y a toujours le côté « je fonce tout(e)e seul(e) » que l’on retrouve dans beaucoup de romans ou de films. Je ne suis pas sure que ça soit le scénario le plus crédible mais disons que ça quand même marche bien dans les romans pour créer angoisse et suspens.

On ressent dans la lecture que Franck Thilliez fait beaucoup de recherches pour ses romans, les exemples fourmillent de détails précis qui rendent le tout très cohérent, presque effrayant. J’aime toujours autant lire des histoires qui se passent dans des lieux que je connais (les marches de la Voix du Nord, le Zoo de Lille,…) , je peux visualiser plus facilement, et j’adore ça ! Par contre, je tique de temps en temps sur des choses qui ne sont pas vraies mais bon c’est un roman, une histoire inventée alors on passe facilement au dessus 🙂

J’ai beaucoup apprécié ma lecture et je pense que oui, je lirai tous les Thilliez parce que c’est très bien écrit, documenté, sombre et noir, tout ce que j’aime !

J’aimerai bien voir le film réalisé par Alfred Lot, même si je ne suis pas une grande fan de Mélanie Laurent, pour voir comment cette histoire a été transposée au cinéma 🙂

**************************************

5ème lecture réalisée dans le cadre du Challenge  La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel

Dix petits nègres d’Agatha Christie

Le livre de Poche, 5,30€, 222 pages (avec la post-face)

Quatrième de couverture

Dix personnes apparemment sans point commun se retrouvent sur l’île du Nègre, invités par un mystérieux M. Owen, malheureusement absent. Un couple de domestiques, récemment engagé, veille au confort des invités. Sur une table du salon, dix statuettes de nègres. Dans les chambres, une comptine racontant l’élimination minutieuse de dix petits nègres. Après le premier repas, une voix mystérieuse s’élève dans la maison, reprochant à chacun un ou plusieurs crimes. Un des convives s’étrangle et meurt, comme la première victime de la comptine. Une statuette disparaît. Et les morts se succèdent, suivant le texte à la lettre. La psychose monte. Le coupable se cache-t-il dans l’île, parmi les convives ?

Résumé

L’ïle du Nègre a été récemment achetée par une mystèrieuse personne dont l’identité est cachée, une star du cinéma ? M. Owen ? Un excentrique millionnaire ? L’amirauté britannique y ferait-elle des expériences ? Personne ne le sait, même pas Mr et Mrs Rogers les deux domestiques récemment embauchés pour s’occuper de l’île et des invités. Car Mr  O’Nyme (c’est comme ça que se nomme le propriétaire dans ma version), a invité 8 personnes à séjourner sur l’île :

– Emily Brent vieille demoiselle âgée de 65 ans. Elle a reçu une éducation très stricte de son père, colonel de la vieille école. Elle vient sur l’île croyant être conviée par une connaissance effectuée 2 ou 3 ans plus tôt en vacances.

– le Dr Amstrong  médecin très en vogue, d’une intégrité indiscutable et très compétent d’un point de vue professionnel, se rend sur l’île pensant que Mrs O’Nyme souffrante a besoin de ses services,

-William Henry Blore, officier de police qui dirige une agence de détectives à Plymouth. Celui-ci a pour pseudonyme Mr Davis, pour ne pas qu’on le reconnaisse en temps que policier, mais il annonce très vite sa véritable identité aux autres convives. Il est convié par Mr O’Nyme lui-même pour veillé à la sécurité du site pendant le séjour en sa qualité de détective.

– Véra Claythorne, femme assez jeune, nerveuse et rongée par le passé. Elle était la gouvernante d’un enfant nommé Cyril puis professeur de physique dans un établissement de troisième ordre. Elle pense venir pour être la secrétaire de Mme O’Nyme (en intérim).

– Philip Lombard, capitaine fort, grand et aux petites moustaches. Il part souvent à l’étranger et a été mêlé à de multiples scandales. Il vient sur l’île à la demande d’un certain Mr  Morris en échange de 100 guinées.

– le Général Macarthur qui a eu une conduite courageuse pendant la Grande Guerre. Il pense venir retrouver de vieux copains militaire comme lui.

–  A.J. Marston, jeune homme charmant au physique de jeune premier. Il conduit vite de très belle voiture de sport.  Il pense être convié sur l’île par son ami Badger Berkelery.

– le juge Wargrave, magistrat respecté, remarquable et honnête. Il pense être invité par une ancienne amie Lady Constance Culmington.

A leur arrivée sur l’île, ces 8 personnes sont surprises et perturbées par l’absence de leurs hôtes. De plus, elles commencent à se rendre compte qu’elles n’ont pas toutes été conviées par la même personne.

Lors de la première soirée sur l’île après le repas, une mystérieuse voix se fait entendre dans le salon annonçant que les 10 personnes présentes sont coupables de la mort de certaines personnes qui sont clairement identifiées (nom + date). Les 10 protagonistes commencent alors à se défendre de ces accusations et cherchent par qui elle a pu être proférée. Mrs Rogers se trouvant mal est conduite à sa chambre et le Dr Amstrong lui fait prendre un somnifère. De retour en bas, les « invités » découvrent dans la pièce voisine que le message accusateur a été diffusé par un disque sur un gramophone.  Quand soudain, après avoir bu un énième whisky, le jeune Marston s’effondre, foudroyé. Il a été empoisonné. Est-ce un suicide ou un meurtre ? Le lendemain matin, Mrs Rogers est retrouvée morte dans son lit, ayant succombé dans son sommeil. S’était-elle suicidée, coupable de l’accusation portée contre elle et rongée de remord  ? As-elle été tuée? L’angoisse monte, personne ne vient comme tous les matins apporter le courrier et les provisions. Les 8 personnes présentes semblent bel et bien piégées sur l’île. Quand le Général MacArthur est retrouvé mort, il n’y a plus de doute possible, un assassin est sur l’île. Qui peut-il être ? Les crimes sont similaires à la comptine affichée dans chaque chambre  » 10 petits nègres » … des statuettes disparaissent à chaque mort … Est-ce l’œuvre d’une personne qui se cache sur l’île, d’un des convives, d’un fou ?

Mon avis

J’ai adoré ma lecture ! J’ai encore une fois été scotchée par Agatha !!!!

L’intrigue, très bien ficelée, est centrée sur une succession de crimes, on a les pensées de chacun des personnages et on ne peut quand même pas savoir si le coupable est parmi eux ! Cela permet à la tension de monter progressivement. Même si on lit la berceuse au début du roman, que l’on fait le rapprochement dans la succession des meurtres, on est quand même surpris de la façon dont tout cela se passe. Agatha Christie réussi à faire monter la peur et l’angoisse, le lecteur se sent piégé et pris en tenaille lui aussi. C’est très efficace.

Comme d’habitude, c’est très bien écrit avec les détails qu’il faut au moment où il les faut. C’est impressionnant d’être dans la tête des protagonistes mais de na pas réussir à démêler les nœuds de l’intrigue ! A chaque fois, que l’on pense avoir trouvé, hop retournement de situation et faut tout reprendre au début. C’est excellent !

Le livre se lit vite, on est happé par l’histoire, on veut savoir ce qui va arriver à ces personnages, vont-ils tous mourir? Par qui ? Comment ?  Sont-ils coupables des crimes dont ils sont accusés? On s’attache aux personnages, pourtant tous si différents, ils sont tous brillamment dépeints par Agatha, qui vous fait passer avec brio les sentiments ressentis par les personnages présents sur l’île.

Comme Agatha Christie le dira elle même, le roman est clair, direct et déroutant, la conclusion est plausible, la personne responsable ne se devine pas en 5 minutes et la succession des morts ne tourne pas en ridicule, tout reste cohérent et possible. Si certains ont tendance à lire la fin avant le début, c’est largement déconseillé. C’est vraiment se laisser guider du début dans l’intrigue qui permet la montée d’angoisse, les questionnements et d’être bluffer par la lecture.

J’ai encore passé une excellent moment avec la reine du roman policier (même si ici c’est un polar sans policier) ! En 2007, Dix petits nègres était dans la liste des ouvrages les plus vendus au monde, le premier roman policier et le septième livre tous genres confondus. Comme quoi, les histoires, le suspens et le talent d’Agatha Christie sont encore plus que jamais d’actualité. J’ai hâte d’ouvrir un autre Agatha et encore un autre, et un autre, et un autre…. 🙂

*****************

Sans le vouloir, j’ai vu que cette lecture rentre dans le cadre du Challenge  La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel

Plusieurs films ont été réalisés sur cette histoire.

Un secret de Philippe Grimbert

Le livre de poche, 5,50€, 185 pages

Quatrième de couverture
Souvent les enfants s’inventent une famille, une autre origine, d’autres parents. Le narrateur de ce livre, lui, s’est inventé un frère. Un frère aîné, plus beau, plus fort, qu’il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas… Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque. Et c’est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu’il lui incombe de reconstituer. Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l’Holocauste, et des millions de disparus sur qui s’est abattue une chape de silence. Psychanalyste, Philippe Grimbert est venu au roman avec La Petite Robe de Paul. Avec ce nouveau livre, couronné en 2004 par le prix Goncourt des lycéens et en 2005 par le Grand Prix littéraire des lectrices de Elle, il démontre avec autant de rigueur que d’émotion combien les puissances du roman peuvent aller loin dans l’exploration des secrets à l’œuvre dans nos vies.

Résumé

Il s’agit d’une autobiographie, c’est donc très logiquement que Philippe Grimbert prend la parole et nous raconte son enfance. Garçon chétif et malade, il se sent différent au point de s’inventer un grand frère, fort, beau, parfait mais avec qui il entretient une relation conflictuelle, se battant avec lui et se sentant écrasé par sa « présence » tous les soirs. Les parents de Philippe sont d’anciens sportifs, à l’allure athlétique avec une certaine assurance, surtout son père, il grandit dans un climat étrange d’affection et de non-dits, persuadé que son père est déçu d’avoir un fils à la santé fragile. Les parents de Philippe s’occupent d’un magasin d’articles de sport, il les aident parfois, traînant surtout dans les jambes de sa mère. Il ne se confie pas beaucoup à part dans ses cahiers d’écriture et n’ose questionner ses parents ou sa famille sur leur passé. Il invente donc ce qui a du être en se basant sur ce que laisse parfois échapper les conversations des adultes (oncles, tantes, grand-père). A coté du magasin d’articles de sport, se trouve le cabinet de Louise, une vielle amie de la famille (infirmière et masseuse), confidente de Philippe. En fait, la seule personne à qui il se confie. A l’âge de 15 ans, suite à une bagarre avec un camarade de classe, la peine de Philippe amène la vielle confidente à lui révéler ce qu’elle sait sur ses parents. Sur fond de Second Guerre mondiale, avec la montée progressive du nazisme jusqu’aux horreurs exercées, il découvre alors le secret de famille caché à ses yeux depuis toujours, de la rencontre de ses parents aux raisons de son enfance solitaire.

Mon avis

J’avoue avoir eu du mal les 30 premières pages de ma lecture. Je ne voyais pas bien ce que voulait nous livrer l’auteur. Je pensais me douter du type de secret, notamment quand on apprend que le récit sur ses parents en placé dans la fin des années 30. Mais à ma surprise, ce que j’imaginais n’était pas aussi simple et j’ai ensuite été happée par la lecture voulant connaitre tous les événements, dont certains ont du être très douloureux à apprendre pour un garçon de 15 ans. On pense avoir deviné mais non pas tout à fait.

L’auteur nous livre un roman court mais fort et bouleversant. Avec pudeur et subtilité, Philippe Grimbert nous raconte le passé douloureux, les mensonges par omission qui permettent aux gens d’aller de l’avant à défaut de pouvoir se sentir mieux. Le secret délivré lui est salutaire, ce poids invisible levé lui permettre de devenir à son tour un adulte. Il ne juge rien, ni personne, pour grandir, il devait savoir, il devait en passer par là. La relation de Philippe avec ses parents sera particulière jusqu’au bout mais pas dépourvue de beauté et de liens forts.

J’ai de plus appris certaines choses que j’ignorais encore sur la 2nde guerre mondiale, lacunes concernant certaines actions, certains propos pendant le gouvernement de Vichy.

L’écriture est simple, posée, allant à l’essentiel, sans fioriture. Comme le moyen d’exorciser toutes ces choses douloureuses du passé, de laisser un témoignage marquant et sincère. Il me semble difficile de quitter cette lecture sans avoir été marqué et touché ou du moins troublé.

Je n’ai pas vu le film de Claude Miller. Si j’en ai l’occasion de suis curieuse de voir comment cela a été adapté.

Un extrait :

 » Aussi longtemps que possible, j’avais retardé le moment de savoir : je m’écorchais aux barbelés d’un enclos de silence.  » Ph. Grimbert

*****************

3ème lecture réalisée dans le cadre du Challenge  La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel

Rebecca de Daphné du Maurier

Le livre de poche, 6,10€, 437 pages

MERCI à ma copine NyrA pour ce livre !!!!

Quatrième de couverture

Sur Manderley, superbe demeure de l’ouest de l’Angleterre, aux atours victoriens, planent l’angoisse, le doute : la nouvelle épouse de Maximilien de Winter, réussira-t-elle à se substituer à l’ancienne madame de Winter?
Rebecca, morte noyée, continue d’exercer sur tous une influence à la limite du morbide. La nouvelle Mme De Winter, timide, effacée, inexpérimentée, se débat de son mieux contre l’angoisse qui l’envahit, mais la lutte contre le fantôme de Rebecca est par trop inégale.

Résumé

La narratrice et son époux sont dans leur chambre d’hôtel, elle nous raconte qu’ils sont mieux là que dans leur domaine de Manderley, parce qu’il s’est passé trop de choses là-bas, que Manderlay n’est plus à eux, que Manderlay n’est plus. La narratrice nous raconte alors comment tout a commercé pour elle, un jour à Monte-Carlos, alors dame de compagnie de Mrs Van Hopper. Comment grâce au snobisme de celle qui l’emploie, elle va faire la connaissance de Maximilien de Winter. Ce quarantenaire charmant nous apparait sombre parce qu’il a perdu sa femme Rebecca, qui s’est noyée un peu moins d’un an plus tôt. Il a quitté l’Angleterre pour voyager et s’éloigner de ce passé douloureux. La narratrice et Mr de Winter vont être amenés à beaucoup de voir lorsque Mrs Van Hopper tombe malade et indisposée cette dernière doit rester dans son appartement à l’hôtel. Mr de Winter amène en promenade dans sa voiture notre héroïne et ils visitent les alentours de Monte-Carlo. Un jour alors que Mrs Van Hopper reçoit des nouvelles de sa famille et doit rentrée plus tôt que prévu à New-York, notre narratrice se rend compte qu’elle tient énormément à Maxim de Winter et alors qu’elle vient lui faire ses adieux, il la surprend en la demandant en mariage malgré leur vingtaine d’années d’écart, le fait qu’ils ne se connaissent que depuis peu et qu’aucun des deux n’a jamais évoqué à l’autre de sentiment amoureux particulier. Elle accepte et quitte le service de Mrs Van Hopper. Ils arrivent à Manderley (sur la côté anglaise), après leur voyage de noce en Italie,  la narratrice découvre que le domaine et la population avoisinante sont encore emprunts du vif souvenir de Rebecca, la première Mrs de Winter…

Mon avis

C’était une très bonne lecture, très agréable, j’ai beaucoup aimé même si quelques petites choses m’ont empêchés d’avoir un coup de cœur pour ce livre.

D’abord, je découvre avec plaisir Daphné du Maurier, son style et son écriture. Ce livre se lit très bien, rapidement, les descriptions des personnages ou des lieux sont savamment dosées, ni trop longues, ni trop courtes, c’est précis et très bien écrit. L’histoire est originale et très plaisante, la narratrice arrivera-t-elle à lutter contre le souvenir de Rebecca, cette femme qu’on luit décrit comme parfaite, belle et intelligente, qui savait administrer Manderley, le faisait briller aux yeux de la société et du voisinage ? Mais tout est-il aussi parfait ? Une grande partie du récit, se base sur les non-dits et les sous-entendus et comment la narratrice les interprète, car jeune, timide et très différente de Rebecca, elle n’ose questionner son époux Maxim, Franck qui s’occupe du domaine ou les domestiques. Elle se fait donc son idée sur qui était Rebecca, comme elle était et se sent progressivement inférieure à elle, gauche et insignifiante.  Le comportement des gens autour d’elle l’intrigue et l’angoisse progressivement. Influençable, elle interprète la  moindre chose, les moindres mots prononcés, se compare beaucoup à Rebecca et en vient à se sentir vaine et inutile.

Daphné du Maurier arrive parfaitement à décrire la peur, l’angoisse, les sentiments de son héroïne. Elle a également réussi à inventer des personnages très antipathiques, notamment Mrs Danvers, dont l’attitude envers la nouvelle Mrs de Winter est glaciale, plein d’animosité et parfois peut approcher la folie, elle considère la nouvelle femme de Mr de Winter comme une usurpatrice, bien en dessous de Rebecca et qui n’a rien à faire à Manderley; on peut citer également Jack Favell, personnage qui arrive vers le milieu du roman.

Le dénouement de cette histoire est brillamment trouvé, avec des retournements de situation qui tiennent le lecteur en haleine.

De plus, j’aime beaucoup, les romans (et les histoires en général) qui se passent dans les années 20 ou 30, l’ambiance, le charme et l’atmosphère des domaines et demeures anglaises, quand l’éducation prévalée sur la communication. Il était peu fréquent pour les dames de dire ce qu’elles pensaient sans peur de questionner. Les hommes ne se confiaient pas. D’où des non-dits qui accentuent les histoires et les situations.

Deux choses m’ont empêché d’avoir un coup de cœur pour ce roman. La première est que j’arrive difficilement à m’attacher à un personnage si je ne connais pas son nom, c’est bête, je sais. En effet, il n’est jamais fait mention du prénom de la narratrice. C’est voulu je pense, pour accroître le fossé séparant la nouvelle Mrs de Winter et Rebecca. En effet, le souvenir de cette dernière est tellement présent, c’est de ce personnage que né tout le drame du roman, qu’en comparaison, l’héroïne est effacée au point que le lecteur ne connaitra pas son nom.  Même si moi, cela m’a gêné pour m’attacher à la narratrice, je trouve que c’est vraiment très bien vu de la part de Daphné du Maurier. Seulement, cette difficulté à m’attacher à l’héroïne a été quelque peu renforcé par son caractère. A défaut se renseigner (ce qui est très cohérent vu sa personnalité : jeune et timide), elle  imagine souvent les choses, les pensées et les sentiments des autres et se fait ses propres scénarios. Au début de l’histoire, ça m’a agacé parce que c’était vraiment trop souvent sur trop peu de temps d’action. Une fois à Manderley, elle continue mais comme on rentre dans l’intrigue, dans cette lutte invisible avec le souvenir de Rebecca,  sa façon de voir, d’interpréter et de faire dans sa tête ses scénarios, sont beaucoup plus justifiés, utiles et intéressants.

Deuxième chose, si j’ai bien perçu que l’héroïne est progressivement effrayée et angoissée par tout ce qui se passe, je n’ai pas moi en tant que lectrice ressentie d’angoisse particulière. Maintenant, je pense que cela vient de moi, parce que le roman est très bien construit, les informations sont distillées au fur et à mesure, à juste dose pour faire de l’effet et les situations très efficacement contées. On est vraiment surpris de la tournure des événements.

Ces deux remarques, ressenti purement personnel, n’enlèvent rien au roman, qui est vraiment très bon! Je pense que je lirai, avec plaisir également, d’autres romans de Daphné du Maurier. J’aimerai bien voir maintenant l’adaptation du roman par Hitchcock sorti en 1940.

*****************

2ème lecture réalisée dans le cadre du Challenge  La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel