Le grimoire des anciens (Sort-Céleri – Maïa Luna – T2) de Frédérique Pinson-Ibarburu

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Corinne Ozenne Editions, 16,50€, 188 pages

4ème de couverture

Après «Sort Céleri», nous voilà, une fois encore embringué dans la vie folle et trépidante de Maïa Luna, qui, pour cette nouvelle aventure nous entraîne dans une poursuite endiablée contre le temps ! Maïa impliquera à nouveau dans son périple, et ce bien malgré eux, ses compagnons d’armes : son fidèle dragon, un pirate caractériel, un mage dévoué et un second envoutant… Entre mer, amour, trahison et vols à dos de dragons, savourez ce nouvel opuscule désopilant des aventures féeriques de Maïa et ses acolytes. Accrochez-vous ça va décoiffer !

Mon avis

Un bon moment de lecture, des qualités mais aussi quelques défauts.

Maïa Luna, sorcière dotée de grands pouvoirs et qui n’a pas la langue dans sa poche, est retenue prisonnière par son ennemi le puissant mage Callaghan. Il la retient dans une geôle d’une de ses demeures et commence à la torturer pour lui faire avouer ce qu’elle sait sur la cachette du Grimoire des Anciens. Ce puissant livre de magie, dont on ne sait ce qu’il contient mais qui est très précieux, ne doit pas tomber en de mauvaises mains sinon il en serait fini de Faërie. Maïa doit donc puiser dans ses ressources pour ne rien divulguer ce que qu’elle aurait appris sur le livre.

Dans sa prison, elle énumère ses « amis » susceptibles de lui venir en aide. Si seulement, elle pouvait utiliser ses pouvoirs pour les prévenir. Il y a Elorn ce dragon de 5m de hauteur qu’elle a sauvé de Callaghan, puis le mage Philibert Turlututu, grand fêtard, guide spirituel et ancien bras droit de Callaghan, le mage Ryan qui entretien une relation amoureuse en pointillé avec la jeune sorcière et qui fut aussi jadis sous les ordres du mage noir et enfin le pirate Jack Rackman, qui en pince pour elle, qui fut son amant mais qui l’a semble-t-il trahit tout récemment. Comment va-t-elle se tirer du bourbier où elle s’est fourrée ? Et qui lui viendra en aide ?

Dans le premier chapitre, c’est Maïa qui nous raconte son histoire, dans un langage oral et fleuri, où elle ne mâche pas ses mots. Ensuite, on a la fois le point de vue de Maïa à la première personne et la description de ce qui se passe pour les autres personnages.

Plusieurs choses m’ont chiffonnées pendant cette lecture. Déjà, c’est un tome 2 et même si l’auteure replace les événements dans le contexte et donne les éléments du livre précédent, je regrette qu’on ne puisse pas trouver le tome 1 chez le nouvel éditeur ne serait-ce qu’en ebook. ça ne m’aurait pas dérangée de me le procurer avant de lire ce livre gagné chez Péléane. Ensuite, j’ai eu du mal avec les mélanges des temps, quand Maïa parle l’auteure utilise le présent et pour le reste c’est écrit au passé, je pense que le récit aurait gagné en fluidité avec l’utilisation unique du présent. Enfin, il y a des coquilles dont une assez récurrente et c’est dommage Callaghan/Gallaghan…

A part cela, j’ai passé un bon moment, c’est une lecture détente, bourrée d’humour dès l’avant-propos. De l’humour et de la dérision Maïa n’en manque pas, elle a un style et une gouaille bien à elle. Et sa vie est mouvementée autant en tant que sorcière avec une grande destinée que sentimentalement ! Et c’est pas rien de le dire ^^ C’est parfois chaud et pas que parce qu’elle va devoir se battre pour sa vie ! Il y a beaucoup d’actions et de rythme. ça bouge pas mal.

J’ai bien aimé les personnages développés par l’auteure, chacun avec son caractère, on découvre là une belle galerie de personnages, excentriques et loufoques. Ma préférence va à  Elorn et Philibert ^^ J’aurais bien aimé que le méchant fasse un peu plus peur/flipper et pourquoi pas avoir aussi son point de vue. Autre chose, malgré le titre, on n’apprend pas encore grand chose sur Le grimoire des anciens 😦

Merci à Péléane et les Éditions Corinne Ozenne pour le concours et la découverte. Et vous, vous connaissiez ? Vous l’avez lu ?

 

Les Outrepasseurs – T2 : La Reine des Neiges de Cindy Van Wilder

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Gulf Stream éditeur, 363 pages, 18€

4ème de couverture

Les Outrepasseurs viennent enfin de capturer la dernière fée libre, Snezhkaïa, la Reine des Neiges. Ils ignorent qu’ils viennent de déclencher une malédiction qui risque de les anéantir. Peter, qui supporte de moins en moins de se plier à la volonté de Noble, tente de retrouver le Chasseur pour mettre fin à cette lutte séculaire…

Mon avis

Une très bonne suite !

J’avais beaucoup aimé le premier tome, bien construit, travaillé et passionnant. Et, cette suite est captivante et peut-être même meilleure que le premier tome !

Snezhkaïa est traquée, elle sent sur elle se refermer l’étau des Outrepasseurs mais avant elle décide de trahir les siens, pour les sauver, pour être libre. Elle connait le moyen de contrecarrer le système bien huilé des Outrepasseurs et compte bien s’en servir même si pour cela, elle doit commettre deux actes terribles, lourds de conséquences.

Le lecteur retrouve Peter un londonien qui a appris dans le premier tome qu’il fait parti des Outrepasseurs en temps qu’héritier de la Maison du Renard. Ce dernier est de plus en plus oppressé par sa condition d’Outrepasseurs. Il a été obligé de prêter serment face à Noble mais les actions, le business développé par les Outrepasseurs le dégoutent et le foutent en rogne. Il doit cependant donner le change pour protéger Hermeline sa mère et Shirley sa promise, pendant qu’il épluche en douce, le plus discrètement possible, les archives des Outrepasseurs pour découvrir une faille dans leur système… Il s’intéresse principalement au Chasseur, ce fé qui a lancé la malédiction qui touche les maitres des maisons et leurs héritiers depuis plus de 800 ans. Mener en quelque sorte un double jeu, est cependant très difficile et Peter ne le vit pas bien du tout.

Des siècles auparavant, le Chasseur acculé par les paysans a réussi à récupérer Arnaut mais ce dernier est très mal en point. Ne pouvant se résoudre à le perdre, le fé va passer un accord avec un étrange objet magique à ses risques et périls…

Dans ce tome, il y a beaucoup d’actions, d’abord les entrainements des Outrepasseurs, les recherches de Peter, la capture de la Reine des Neiges et ses conséquences…. A travers ces événements, Peter va découvrir de plus en plus le vrai visage de Noble. Ce dernier à travers ce qu’il vit et ce qu’il a vécu devrait nous apparaître sympathique, ou du moins, on devrait compatir mais ce n’est pas possible quand on voit ce qu’il fait et comment il se comporte : arrogeant, orgueilleux, cruel et avide de pouvoir. Comme en opposition, on s’attache encore plus à Peter, qui doit subir son héritage alors qu’il avait un avenir tout tracé et c’est un des rares jeunes à se poser les bonnes questions, à comprendre que leur quête n’est pas honnête… Il ne peut accepter l’inacceptable et le héros s’étoffe et prend de l’ampleur. Il reste cependant un ado avec ses doutes et c’est ce qui crédibilise le personnage.

L’intrigue est bien menée, bien ficelée, l’écriture de Cindy Van Wilder est toujours aussi fluide, addictive et juste. Le lecteur en apprend aussi beaucoup sur ce que font les Outrepasseurs, sur les fés, sur l’Ichor, sur les liens entre Noble et les maitres des maisons, sur les Premiers Nés, les ferreux etc. La Reine des Neiges est une suite très complète, très rythmée et passionnante. Une vraie avancée dans l’histoire et il donne sacrément envie de lire la suite pour savoir ce qu’il va se passer. La structure de ce tome est différente du premier volume, il n’y a plus de navigation entre moyen âge et présent même si on continue d’une façon différente à découvrir ce qu’il s’est passé pour les maisons et leurs maîtres entre la période moyenâgeuse et notre époque.

Comme il s’agit d’une suite, je n’en dis pas plus. En tout cas, j’ai passé un excellent moment de lecture ^^ Vivement la lecture du T3 (et la couverture de cette trilogie sont merveilleuses !)

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Les Rois du Monde – T1 : Même pas mort de Jean-Philippe Jaworski

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Folio SF, 460 pages, 8€

4ème de couverture

«Je m’appelle Bellovèse, fils de Sacrovèse, roi des Turons. Pendant la guerre des Sangliers, le haut roi, mon oncle Ambigat, a tué mon père. Ma mère, mon frère et moi avons été exilés au fond du royaume biturige. Parce que nous étions de son sang, parce qu’il n’est guère glorieux de tuer des enfants, Ambigat nous a épargnés. Le temps a suivi son cours. Nous avons grandi. Alors mon oncle s’est souvenu de nous. Il a voulu régler ce vieux problème : il nous a envoyés, mon frère et moi, guerroyer contre les Ambrones. Dès le début des combats, nous nous sommes jetés au milieu du péril, et je suis tombé dans un fourré de lances. Mais l’impensable s’est produit : je ne suis pas mort.»

Résumé

Bellovèse s’adresse à un riche marchand et lui demande de raconter sa vie partout où il ira. Alors pour que l’aventurier, le voyageur puisse le faire, Bellovèse lui raconte tout et commence par son séjour vers l’île aux Vieilles. Bellovèse voyage avec Sumarios un héros et Albios le Champion. Il doit se rendre sur l’île interdite, pour peut-être comprendre pourquoi lors d’un combat, il a été mortellement blessé mais n’est pas mort…

Mon avis

Une excellente lecture.

J’aurai pris mon temps pour le lire, mais c’est une magnifique découverte. Pas facile d’en parler d’ailleurs, c’est dense, précis et épique. Pas simple d’en faire un résumé ! Je vais faire de mon mieux 🙂

Centenaire, Bellovèse, héros celte, raconte donc à un riche marchand sa vie. Le récit m’a tellement emporté que je ne me souvenais plus qu’il lui parlait à ce marchand, j’avais tellement l’impression qu’il racontait sa vie rien qu’à moi ! Comme un chuchotement parfois, comme un cri à d’autres moments. J’ai parcouru avec lui les moments marquants de sa jeunesse. Il m’a raconté pourquoi il a dû se rendre sur l’île des vieilles où aucun homme n’a le droit d’accoster. Il m’a présenté  les circonstances de sa blessure, son destin de guerrier, de héros en devenir et ce qui le lie au Haut Roi, à Sumarios, aux autres personnages de l’histoire. Il m’a conté sa jeunesse, avec son frère Ségovèse, dans les bois interdits avec le doux dingue Suobnos, qui semble ne plus avoir la lumière à tous les étages et pourtant…

J’ai adoré ce récit où la frontière entre la réalité et l’Autre-Monde est si mince qu’elle peut parfois être traversée. Quand le récit dévie lentement et soudainement vers le Merveilleux. Certaines des anecdotes racontées par Bellovèse basculent le lecteur dans un autre monde, comme si cela était simple, naturel, parfaitement normal pour le guerrier celte.

Même pas mort c’est aussi l’apprentissage d’un jeune homme dont le père était roi. Qui a tout d’abord été comme banni de la cour et de la vie royale,  par son oncle le Haut-Roi. Qui a grandi dans l’ombre d’une mère protectrice ancienne reine celte. Qui a fait d’une drôle de façon son apprentissage martial. Qui a couru vers le danger avec la fougue de la jeunesse. Même enfant, le monde de Bellovèse n’était déjà pas assez vaste. Puis, jeune adulte mais pas encore adulte, le Haut-Roi semble se souvenir de lui et de son frère Ségovèse, il les envoie faire la guerre. C’est un drôle de voyage initiatique que va suivre Bellovèse durant toute sa jeunesse, comme en équilibre entre deux monde. Enfin, le jeune garçon va devenir un homme mais à travers une épreuve bien singulière. Comment ne pas être emportée par ce récit, par les événements, par les rencontres que va faire Bellovèse, les êtres peuplant la forêt, des guerriers terrifiants de son enfance, les combats, l’Autre-Monde,…

Il n’est pas facile de s’attacher complètement à un guerrier celte mais son destin est si singulier que j’ai réussi à m’attacher à lui, à ce qui lui arrive. J’ai bien apprécié aussi certains personnages secondaires, notamment Suobnos, un peu devin, un peu vagabond. On a bien du mal à le cerner mais quelques révélations sur sa vie nous aiguillent et nous intrigue. J’ai apprécié Sumarios aussi et pourtant parfois sa « bourritude » m’a agacé, mais dans l’ensemble c’est un personnage de son époque.

L’écriture est parfaite. Pas de lyrisme mais pas banale ou trop simple. Toutefois, comme Janua Vera, l’écriture est exigeante. C’est vraiment très travaillé. J’ai trouvé le style tantôt percutant, tantôt poétique, à la fois dynamique dans la construction du récit et calme, lent parce que Jean-Philippe Jaworski pose les bases avec soin. J’ai ressenti parfois physiquement les effets du récit. Doute, mystère, sensation de froid,… J’ai tremblé dans la forêt avec Ségillos, Bellovèse et Suobnos. J’ai été impressionnée par les guerriers celtes, massifs ou agiles, aux tatouages bleus. Qui rapportent de bien sinistres trophées des champs de batailles. Oui, j’ai vraiment été emporté loin dans le temps, dans les lieux, dans une autre époque.

Le récit est dense et riche. Précis. On apprend ou redécouvre beaucoup de choses sur la culture celte sans s’en rendre compte. Sur l’art martial, les joutes verbales, les duels, les armes, les traditions. Mais aussi sur la hiérarchie, les Druides au dessus du Haut-Roi, le Haut-Roi au-dessus des rois. Les guerriers, les héros, les Barbes et leur statut particulier. Ou encore sur les manœuvres stratégiques, politiques, … mises en place pour le pouvoir, la renommée ou encore par respect ou crainte des esprits, des dieux… Sur la place de la femme, importante dans la société celte, ou encore sur celle des druides, conseillers des rois, influençant leurs décisions. La vie sociale, guerrière, politique des celtes ; les journées-type des hommes en marche vers la bataille, tout cela est magnifiquement conté par Jean-Philippe Jaworski. Exercice d’autant plus dur que la tradition celte est orale et qu’il est bien difficile de savoir ce qu’il se passait vraiment chez ces peuples celtes qui peuvent nous sembler barbares. Toutefois, pas un seul instant, je n’ai eu envie de mettre en doute les choix fait par l’auteur, tout en sachant que rien ne peut être avéré à 100%.  J’avais vraiment l’impression d’y être. Le pari de Jean-Philippe Jaworski est réussi. On sent sans que cela soit faire avec lourdeur, les recherches historiques qui ont été faite, et qui ont très certainement servi de base à ce récit imaginaire.

Je regrette une chose, ne pas avoir une culture assez étendue sur les royaumes celtes. J’ai eu du mal parfois à m’imaginer à quel endroit il était. Les liens entre les peuples aussi, pas toujours évidents. Les relations entre les tribus celtes sont parfois complexes mais je suis toujours parvenue à ne pas m’emmêler les pinceaux. Le lecteur pourra au choix se laisser porter de lieu en lieu ou être assez curieux pour retrouver les racines des mots utilisés, retrouver les villes et les régions de France où se déroulent les différentes actions. Malgré mes quelques lacunes, j’ai adoré me plonger dans le monde celte et suivre Bellovèse. C’est vraiment un personnage intéressant et intriguant. Il semble plus sensible que d’autres au Merveilleux, il apprend vite, il est intrépide et téméraire. Il a un lien particulier avec la nature et le mystère. J’ai hâte de l’entendre me raconter la suite de son histoire. Même pas mort est un roman de fantasy comme je les aime, avec de vrais personnages creusés, avec un côté historique cohérent et intéressant, avec un basculement flou dans le Merveilleux. Un premier tome qui donne sérieusement envie de continuer l’aventure. Vivement la sortie de Chasse Royale en poche (et encore plus si la couverture est toujours signée d’Aurélien Police ❤ ).

Divergente de Veronica Roth

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Nathan, 445 pages, 16,90€

4ème de couverture

Cinq destins. Un seul choix.
Béatrice vit dans un monde post-apocalyptique où la société est divisée en cinq factions. À 16 ans elle doit choisir sa nouvelle appartenance pour le reste de sa vie. Cas rarissime, son test d’aptitudes n’est pas concluant. Elle est divergente, aussi elle doit cacher ce secret, susceptible de la mettre en danger de mort…

Résumé

Béatrice et son frère Caleb sont dans leur 16ème année, ils vont devoir choisir la faction dans laquelle ils vont passer toute leur vie. Ce sont des altruistes. Un test que passent tous les jeunes de 16 ans doit leur indiquer leur choix. Bien sur il est toujours possible d’en faire un autre lors de la cérémonie mais rare sont ceux qui ne respectent pas le choix du test. Béatrice un peu tendue passe ce fameux test qui malheureusement n’est pas concluant. Alors qu’elle s’attend à s’entendre dire qu’elle est altruiste comme sa famille, elle est Divergente. Elle est en réalité un peu des 5 factions qui existent. Mais ce résultat doit rester secret, elle ne dois en parler à personne. Sa vie serait en danger. Quel choix va faire Béatrice ?

Mon avis

Une bonne lecture !

Comme pour le labyrinthe, j’ai lu le livre après avoir vu le film, il y a un moment déjà à sa sortie au cinéma. J’ai bien aimé cette lecture, même si du coup, je n’ai pas eu de surprise quand à l’histoire, le film étant très fidèle.

Le lecteur découvre Béatrice, une adolescente altruiste qui comme tout ceux de 16 ans doit passer un test afin de connaître la faction pour laquelle elle est faite. Béatrice a un frère Caleb qui va aussi choisir sa faction. Leur père est un des dirigeants altruistes de cette nouvelle société. Dans le monde de Béatrice, la société est divisée en 5 factions : les altruistes ceux qui aident et gère la société, les érudits ceux qui cherchent et acquièrent des connaissances pour le développement au service de la communauté, les fraternels ceux qui produisent pour nourrir la communauté, les sincères ceux qui occupent des postes où la franchise est de rigueur et les audacieux ceux qui défendent la société. Béatrice va passer un test pour savoir dans quelle faction elle va vivre sa vie d’adulte. Pas de retour en arrière possible une fois la cérémonie du choix passée.  Le test n’est pas concluant et Béatrice qui ne sent pas faite pour les altruistes, choisi les audacieux. Son frère Caleb lui choisi les Erudits, ceux qui s’opposent ouvertement à la façon dont les altruistes gouvernent la société. Il n’en fallait pas plus pour que les érudits diffusent des messages, en utilisant ses changements de vie des enfants de dirigeants pour illustrer leur idée : le fond pourri des altruistes. Mais si cela cachait autre chose?

Nous suivons Béatrice qui affronte le test et la cérémonie du choix. Nous vivons avec elle les épreuves et la découverte de sa « différence ». Nous partageons ses doutes et ses interrogations mais aussi son courage de choisir une vie différente. Béatrice en choisissant les audacieux fait un bond vers l’inconnu. Elle rejoint ceux qu’elle enviait en les regardant de loin comme inaccessible. Son choix la sépare de sa famille. Sa faction doit devenir sa famille. Avec elle, on découvre la communauté des audacieux et apprenons que les novices doivent passer des épreuves, au nombre de 3, pour devenir  membres des audacieux. Tous les novices ne réussiront pas, et comme aucun retour en arrière n’est possible, ils deviendront des « sans factions ». Ceux qui vivent en marge de la société dont l’unique aide provient des altruistes. Tris, comme elle décide de se faire appeler désormais est bien décidée à réussir, même si pour cela elle va devoir s’endurcir aussi bien physiquement que moralement. Et puis, elle doit réussir à s’intégrer aux novices en ne dévoilant pas ce qu’elle est. Certains seront tout de suite plus proches d’elle que d’autres, qui ne pensent qu’à terminer premier.

Tris va se lier d’amitié avec certains novices mais elle se questionne beaucoup sur l’image qu’elle renvoie. Car on l’a prévenu, être Divergent, est dangereux, et même si elle ne comprend pas pourquoi et comment ce qu’elle est est une menace, elle doit faire attention à ne pas paraître différente. Ce qui est assez difficile car Tris se révèle douée pour transformer ses faiblesses en qualité. Sa divergence l’aide à gagner du temps dans les épreuves et elle attise les jalousies. Elle va également entretenir de bonnes relations avec les novices issus des audacieux (on sépare les novices issus des autres factions de ceux qui sont nés Audacieux) et aussi avec certains membres formateurs de la faction comme le mystérieux et magnétique Quatre. Sur lequel on s’interroge, essaie-t-il d’aider Tris, ou de l’enfoncer. Tris ne va pas rester longtemps insensible à son charme… Mais dans l’ombre, des choses qui les dépassent se trament, qui auront des conséquences pour chacun…

J’ai bien aimé Tris. J’ai été surprise de ne pas avoir envie de la claquer contre un mur, ce qui se passe en général avec des héroïnes adolescentes. Mais elle n’est pas centrée sur elle-même, un talent de sa faction initiale les altruistes. Alors bien qu’elle se pose des questions, elle est volontaire et veut aller de l’avant. J’ai aussi beaucoup aimé l’histoire et le fonctionnement impossible de la société. Il est impossible de cloisonner les gens, de les enfermer dans un talent, une seule ambition de vie. On sent tout de suite qu’une étincelle pourrait faire sauter cet idéal. Si le système fonctionnait, il n’y aurait pas cette atmosphère de suspicion, d’envie, de trahison dans l’air.

J’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de maturité dans les personnages principaux. Dans d’autres histoires à 16/18 ans, cela ne transparait pas tant. Comme pour beaucoup de livres de ce type, je trouve qu’il manque de développement. Pourquoi la société en est-elle arrivée à ce système ? Quelle est la psychologie des dirigeants ? Etc. Quelques centaines de page en plus n’auraient pas été de trop.

J’ai apprécié être assez souvent dans le mouvement, dans l’action. Ce premier tome introduit le système et on n’attend pas longtemps avant de le voir voler en éclat. Par contre, je n’ai pas été très réceptive aux émotions. Certaines choses dramatiques se passent qui ne m’ont pas peinée plus que ça. Cependant, je me suis attachée à un personnage dont j’aurai aimé avoir plus d’informations. J’ai apprécié l’histoire dans son ensemble et beaucoup l’initiation chez les audacieux,  si violente et cruelle soit-elle.

J’ai beaucoup aimé les personnages secondaires, comme Quatre, Will, Cristina ou Uriah. J’ai bien adhéré à la méchanceté d’une partie des novices, je pense que dans ce type de société et de fonctionnement, il y en a toujours pour se révéler en bien comme en mal. Tris peut compter sur certaines personnes mais le destin va lui jouer des tours. La relation entre elle et Tobias est belle mais vu le contexte final elle semble déplacée, que leur réserve le sort ?

Le premier tome rempli sa fonction, poser l’univers et donner envie de découvrir la suite. Que vont faire les personnages ? Que vont-ils devenir ? Que va devenir la société dans laquelle Tris vit ? Quelles seront les nouvelles épreuves à traverser ? Qui va disparaitre ? Qui reverrons-nous ?
Cependant, je l’aurai aimé plus creusé, plus développé. Voir plus ce qui se trame en parallèle de la vie de Tris. Voir plus l’opposition entre savoir et action, entre aide et connaissance. En savoir plus sur le pouvoir en place.

Quoiqu’il en soit, je lirai prochainement la suite des aventures de Tris.

Tobie Lolness – T2 – Les yeux d’Elisha de Timothée de Fombelle

9782070629466

Folio junior, 426 pages, 8€20

4ème de couverture

Le grand chêne où vivent Tobie et les siens est blessé à mort.
Les mousses et les lichens ont envahi ses branches. Léo Blue règne en tyran sur les Cimes et retient Elisha prisonnière. Les habitants se terrent. Les Pelés sont chassés sans pitié. Dans la clandestinité, Tobie se bat, et il n’est pas le seul. Au plus dur de l’hiver, la résistance prend corps. Parviendra-t-il à sauver son monde fragile? Retrouvera-t-il Elisha? Au cœur d’un inoubliable monde miniature, le second et dernier tome d’un grand roman d’aventure, d’amitié et d’amour.

Résumé (attention, comme la 4ème, elle spoile un peu ^^)

Elisha est désormais retenue dans un des 3 oeufs du nid de l’Arbre. On lui assure qu’elle n’est pas prisonnière mais étrangement, elle n’a pas le trop de sortir de l’enceinte du nid. Elisha s’est rasée la tête pour retarder son mariage forcé avec celui qui détient désormais le pouvoir dans les cimes : Léo Blue. Elisha tente régulièrement de s’échapper mais elle n’a encore jamais pu passer la barrière constituée par les meilleurs hommes de Léo. Le froid et secret Léo. Depuis que Tobie a disparu, la situation de l’Arbre et dans l’arbre s’est détériorée… A un point que la situation va bientôt devenir critique. De plus, Léo persécute le peuple de l’herbe qui semble payer pour les événements du passé. Tobie qui a découvert une bien sombre vérité parviendra-t-il à sauver l’Arbre ? A sauver Elisha ?

Mon avis

Encore une excellente lecture ! Ce diptyque est un coup de coeur !

Difficile de faire un résumé ou une chronique de ce second tome, sans spoiler un peu. En effet, sachez qu’on reprend l’histoire là où elle s’arrêtait sauf qu’il s’était passé un peu de temps à la fin du premier, les héros sont donc légèrement plus vieux ce qui explique l’attirance de Léo pour cette demoiselle différente et si belle qu’est Elisha. Cette dernière pense qu’elle ne reverra jamais Tobie. Mais fidèle à son caractère impétueux, il est hors de question qu’elle cède aux avances du jeune Léo Blue, froid, calculateur et sans pitié avec les Pelés. Ce dernier est devenu celui qui contrôle l’Arbre dans une entente tacite avec Jo Mitch Arbor qui lui exploite de plus en plus l’arbre. Le cratère se développe de plus en plus, et pour cause, JMA utilise une main d’œuvre toute particulière. Il tient ses gens en esclavage. Il a aussi sous sa surveillance tous les savants et têtes pensantes, anciens membres du conseil de l’Arbre.

J’ai vraiment aimé ce second tome. Il y a des choses assez convenues, une tournure des événements à laquelle je m’attendais et puis il y aussi des explications, l’histoire de certains personnages que je n’avais pas anticipé. Je me suis de nouveau laissée porter par l’histoire et la suite des aventures de Tobie. Le lecteur va retrouver les personnages du premier tome et en découvrir plus qu’il ne l’imaginait. Certains personnages secondaires voire très secondaires du 1er, sont développés ici. Tous les personnages ont leur rôle à jouer, rien n’avait été laissé au hasard dans le 1er.

Pour ce qui se pose la question, on aussi en découvrir un peu plus que les Pelés, un peuple pacifique et attachant, le cœur sur la main, courageux et simple. Le lecteur va comprend pourquoi Léo est aussi cruel, pourquoi il aide Jo Mitch alors que ce dernier détruit l’arbre. Le lecteur saura ce qui se cache derrière l’Ombre, et de ne pas se fier aux apparences.

J’ai beaucoup aimé le développement, l’existence, les espoirs et l’abattement des personnages. Comme la famille Asseldor qui va nous démontrer que le bonheur n’est pas de réussir et de s’élever dans la société mais de rester solidaire et de prendre des risques. Comme les bûcherons et Nils Amen nous monteront comme il est possible de garder espoir et que la patience permet de parvenir à ses fins. Il y a des messages très forts dans ce second tome, comme dans le diptyque. Il est plus fort et plus dur parfois que le 1er, c’est vraiment un jeunesse, une aventure, des personnages qui permettront aux 10 ans et plus, de découvrir une palette de sentiments et de caractères, de s’émerveiller ou de trembler pour les protagonistes.

L’histoire de Tobie Lolness est une vraie aventure, le héros est attachant, courageux, volontaire, intrépide. Il a bien quelques petits défauts, comme sa façon de ne pas voir certaines choses qui sautent aux yeux mais on lui pardonne. Parce qu’il se bat pour ceux qu’il aime mais pas uniquement pour sauvegarder l’espoir, un monde meilleur, un avenir. Il va prendre des risques mais garder la tête sur les épaules. Et il aura des soutiens inattendus.

La révélation de la fin du tome 1 que j’avais trouvé un peu « en trop » trouve un déroulement et une explication parfaite dans ce second volet. Elle donne, en fait, de la profondeur à l’histoire. L’auteur va développer un peu le passé des parents de Tobie et de la vie dans l’Arbre. L’intrigue est vraiment très bien menée. L’auteur a tissé sa trame sur les deux tomes de façon brillante. Les messages de ce roman sont magnifiques ❤ C’est intelligent, bien écrit et entraînant. C’est fluide, un vrai « page turner ».

Bref, ce diptyque est un vrai coup de cœur, que je conseille aux petits comme aux grands. Je m’arrête là pour ne pas être tenter d’en dire trop. Il vaut vraiment le coup, ça serait dommage de tout vous raconter ^^

La dernière lame d’Estelle Faye

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Le pré aux clercs, 451 pages, 16€

4ème de couverture

Un monde qui ressemble à notre Renaissance, menacé par la montée des océans grouillant de créatures maléfiques, où règnent la violence, la famine et la misère. L’Église des Cendres prospère sur tout ce désespoir, menée par la mystérieuse Marie aux yeux verts. Dans une des dernières villes émergées, Joad tente d’apaiser les souffrances et se prépare à affronter l’Armée des Cendres. Joad et Marie vont s’engager dans une course dont l’enjeu n’est rien de moins que le sort du monde.

Résumé

Sévrina et ses amis ont fait la fête plusieurs jours et nuits d’affilé. A l’aube du 5ème jour, la jeune fille décide de rentrer enfin chez elle, où elle vit avec son père, un des derniers docteurs de Scande. Il cherche un moyen de sauver sa ville mais pas que. La Terre entière est menacée par la Crue qui est en train de tout recouvrir. Pendant ce temps, l’Eglise des Cendres et ses prêtres prennent de plus en plus d’importance et de pouvoir. Ils cherchent à arrêter tous ceux qui se veulent donner de l’espoir aux autres, tenter de sauver le monde. Quand le père de Séverina est assassiné sous ses yeux, la jeune fille s’échappe par les souterrains inondés. Elle en sortira plus que mal en point. Son destin est en train de changer, que va-t-elle devenir ?

Mon avis

Une très bonne lecture même si j’aurai apprécié un peu plus de développement sur certains points.

Malgré ce fait, je n’ai pas été frustrée dans la lecture pour autant, ça aurait juste permit de prolonger le plaisir de la lecture ^^

Le lecteur découvre un monde différent du notre mais qui par certains aspects peut être similaire. Les eaux sont progressivement en train de recouvrir toutes les surfaces, le sel attaque le métal mais surtout des créatures marines envahissent les cours, les jardins, les demeures, … coquillages et crustacés. Mais pas si sympathiques sur les ballades au bord de l’eau l’été. Des créatures venimeuses, acides, coriaces. Auxquelles il ne vaut mieux pas se frotter. Pendant ce temps, la religion « majoritaire » celle des Cendres étant son aura, mais on se demande si les prêtes désirent vraiment sauver les hommes et leurs âmes. Dans ce contexte, il y a ceux qui suivent, ceux qui survivent et ceux qui tentent d’améliorer le quotidien des leurs. Comme Joad de Vorastburg. Un homme avec deux prothèses mécaniques (une jambe, un bras) qui s’occupent d’un hôpital. Un homme qui ignore tout de son propre passé. Car dans le monde créé par Estelle Faye, certains ont le pouvoirs de vous ôter tous souvenirs. Ce qui nous donne des personnages mystérieux, qui se cherchent, que l’on découvre à mesure qu’ils se découvrent.

Marie est de ceux-là. Elle aussi n’a plus de mémoire. Recueillie par des Cendreux, elle sera d’abord un souffre douleur, mais habile et têtue, elle acquiert une vraie force au combat. De là, à prendre la tête d’une troupe et de faire mieux que le valeureux et agaçant Laurent de Wörst, il n’y a qu’un pas. Qui sera franchi. Le destin va faire se croiser Marie des Cendres et Joad. Pour quelle raison ? Est-ce que tout est écrit d’avance ? Le monde court-il inexorablement à sa perte ? Peut-il encore être sauvé ? Bien entendu, le lecteur saura ce qu’il advient de la belle et insouciante Séverina.

Plusieurs contrées traversées ressemblent à l’Europe ou à l’Asie. C’était très intéressant à découvrir et le lecteur va croiser des personnages intrigants, haut en couleur, courageux ou avide de pouvoir. Le récit s’émaille de nombreux rebondissements et ceux dès le début. Je suis personnellement allée de surprise en surprise, je ne m’attendais pas à la tournure des événements.Les personnages n’ont pas évolués de la façon dont je l’imaginais. Toutes les cartes, tous les fils de l’histoire ne sont pas distribuées, tissés d’entrée de jeu. Cela change de mes lectures précédentes et c’est vraiment très sympa.

Et puis, les Cendres font froids dans le dos, comment ne pas faire la comparaison avec notre monde si réel. On peut donc choisir une double lecture. Fantasy ou fantasy/réflexion. J’apprécie beaucoup. Et ça reste une lecture détente mais avec un fond, quelque chose de plus profond si on a envie de le voir. Tous les personnages secondaires apportent quelque chose à l’histoire. Ils permettent soit d’éclairer le lecteur sur le monde, soit de comprendre un peu mieux les réactions des personnages principaux. D’ailleurs, les personnages principaux sont-ils réellement les personnages principaux ?

L’histoire est sympa, on ne sait pas où elle va aboutir, où l’auteur nous emmène. Personnellement, j’aurai aimé un peu plus de choses sur Jester  Une jeune femme, belle et vive, qui va croiser Joad alors en exil et qui aura son rôle à tenir. Personnage féminin importante mais qui n’a peut être pas été suffisant détaillée (son passé, ses impressions). Même si je reconnais avoir apprécié qu’elle n’apparaissent pas immédiatement. En tout cas, l’univers , le monde dans lequel évolue les hommes est fascinant, l’ambiance créée est réussie, noirceur, mêlée d’ombre, d’humidité, de salissures. Comme le reflet du monde que nous détruisons peu à peu par nos actes ou nos idées. On ressent presque la moiteur ambiante, la touffeur à la fin, la sensation oppression. C’est très réussi.

Les personnages sont complexes, Marie notamment, perturbants aussi. Dans l’ensemble, les personnages sont attachants et on a vraiment envie de découvrir ce qu’ils vont devenir.  Le style est fluide, l’écriture rigoureuse, beaucoup de vocabulaire précis, quelques inventions bienvenues, un univers bien décrit. Peut être qu’une géographie plus développée, une carte, aurait apporté un plus. Et j’ai juste eu l’impression parfois que les ellipses de temps, certains passages assez courts pouvaient perturber le lecteur.

Dans tous les cas, La dernière lame fut une belle découverte, un bon moment de lecture. Qui peut dérouter un peu mais qui se démarque. Sure que je relirai un ouvrage d’Estelle Faye !

Au sortir de l’ombre de Syven

ombre

Les Editions du Riez, 416 pages, 22,90€

4ème de couverture

Londres, 1889. La guilde d’Ae protège les aethrynes depuis des siècles pour qu’elles se consacrent à leur tâche : garder piégés dans leur ombre de sinistres monstres avides de massacre, les gothans. Lorsque la secte des némésis s’attaque à ces prêtresses, l’organisation est ébranlée par la traîtrise de plusieurs agents d’importance. Les traqueurs William, Christopher et Heinrich, qui sont chargés de la protection de lady Eileen pour une nuit, n’imaginent pas les enjeux de la chasse dont ils feront bientôt l’objet. Mais dans l’ombre d’Eileen, attentif, « Il » sait ce qui est sur le point de se jouer. –

Résumé

Au 19ème siècle en Angleterre, une femme s’échappe d’un quartier en flamme. Eileen attend qu’un traqueur la retrouve. Le Gothan s’est retranché dans son ombre.  Elle doit rester forte comme la première prêtresse Ae. Ceux qui auront réchapper à l’incendie devront être retrouvé car qui entend Son appel, connait Son nom ne s’appartient plus. Un traqueur finit par retrouver Eileen l’aethryne. Quelques mois plus tard, William Lake retrouve Heinrich Schleimacher qui lui annonce qu’ils doivent se rendre à Exeter Hall où dans la plus grande discrétion se trouve le Bureau des Enquêtes. William et Heinrich y retrouvent Christopher Stace, traqueur comme eux. Ils doivent faire leur rapport à leur supérieur suite à la dernière sortie d’un Gothan… Que se passe-t-il donc ses derniers temps, les traqueurs ont de plus en plus travail…

Mon avis

Une excellente découverte !!!

Voici un livre que j’ai dans un PAL depuis un moment et que j’ai sorti récemment afin de le lire avant de rencontrer l’auteure aux Halliennales en Octobre et je ne le regrette pas ! Encore un livre que j’aurais du sortir avant !

Le lecteur est jeté au cœur du monde créé par Syven et c’est un bonheur ! Ok, au début, il faut prendre son temps quand même pour bien comprendre qui est qui, qui fait quoi, mais une fois que c’est clair, c’est un régal ! On découvre donc notre monde à la fin du 19è mais légèrement différent, des Gothans existent et sont prisonniers dans l’ombre de prêtresse Les Aethrynes. Quand un Gothan échappe à sa prêtresse Sa soif de sang est ravageuse et les rescapés sont en général condamnés car ils ont entendu Son nom. Pour retrouver ceux qui sont survécu et subi Son appel, le Bureau des Enquêtes emploi des Traqueurs. Ces hommes disposent de talents particuliers qui permettent de déterminer si ou non un rescapé a entendu le nom du Gothan. On est donc plongé dans un récit avec différents personnages, des dénominations originales, des lieux inconnus. Au début, ça peut semblait un peu opaque mais des apartés habilement bien intégrés au récit, extrait de journaux, des leçons, des cours, etc permettent d’éclairer le lecteur sur ce qui se passe, sur la situation.

J’ai beaucoup aimé cet univers original ! Personnellement, je n’avais jamais lu une histoire comme celle-là auparavant. J’ai aussi énormément apprécié que le récit ne prenne pas forcément la direction attendue et que l’auteure ne parte pas dans la facilité avec ses personnages. Ces créateurs les Gothans ont un côté fascinant, dès qu’on entend l’appel d’un Gothan, le sujet est sous Son emprise total en peu de temps. On se rend vite compte de leur influence, de leur puissance. Mais d’où viennent-ils ? Pourquoi sont-ils liés à des Aethrynes ?

Le récit va nous permettre de suivre plus particulièrement une prêtresse Eileen et son Gothan. Suite à des événements précis, elle doit être protégée par 3 des meilleurs traqueurs disponibles, William, Heinrich et Christopher. Chacun de ses traqueurs dispose d’une capacité particulière, c’est un plaisir de les découvrir. Ces 4 personnages sont poursuivis par une sorte de secte, les Némésis. Dans quel but ?m On prend plaisir à découvrir progressivement qui sont ceux qui tentent de retrouver Eileen, mais surtout ce qu’ils veulent réellement. Beaucoup de mystères entoure ces Némésis.

L’ambiance de la fin du 19ème siècle est idéale pour placer cette histoire. Pas trop de technologie mais quand même un peu. L’époque et le lieu permettent de jouer sur le mystère et les légendes, les croyances. J’ai beaucoup apprécie ce choix. Et j’en profite pour dire qu’Aurélien Police ( ❤ ) a fait un travail magnifique sur la couverture qui reflète à merveille l’ambiance du livre ! Il y a de l’action et les combats ne sont pas qu’extérieur. Chacun a sa façon va découvrir une partie de lui-même dans ses événements ou va lutter contre quelques choses. Cette thématique du combat intérieur qu’elle soit pour le bien commun ou sa propre personne permet de donner de la profondeur au récit.

Les personnages sont bien travaillés, complexes. Tour à tour attachants et agaçants! Syven dresse de jolis caractères, on ne s’ennuie pas. William est particulier, il est indéniablement quelque chose mais quoi ? Eileen est dure et froide mais s’agit-il d’une façade ? Heinrich semble frivole mais qu’elle est son histoire ? etc. Tous les personnages ont différentes façons de réagir, de se comporter, différents visages. La psychologie d’Eileen, comme celle de William est creusée et ont a pas mal de détails pour les comprendre. J’ai beaucoup aimé les traqueurs, bizarrement les Gothans aussi ^^ mais j’ai eu beaucoup plus de mal avec Eileen. J’ai beaucoup apprécié les talents découverts le long du récit : manipulation, empathie, kinésis, illusionniste, visionnaire, … Je suis sure que chaque lecteur se demande quel est le talent qui aimerait posséder mais arriverait-on à vivre avec ?

La plume de Syven est agréable, fluide, concise sans être trop simpliste. Quelques termes inventés qui servent l’histoire,du vocabulaire, l’art de créer des ambiances, de faire vivre ses personnages, des descriptions très parlantes, très visuelles. C’est sur je relirai d’autres de ses textes avec plaisir.

Au sortir de l’ombre est un roman original avec une intrigue prenante. Un univers unique, intrigant, fascinant. La trame est complexe et très bien construite. La « mythologie » est développée et décrite, on se pose des questions, on se demande quoi croire, on veut savoir qui manipule qui. Qui est du bon côté ? Qui a raison ? Qui a tort? Tout ne coule pas de source et la prise de risque avec les personnages m’a complètement convaincu. C’est un titre à découvrir de Syven et un très bon choix de la part des Éditions du Riez ^^ Vivement octobre !

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Le Livre de la Création (Les derniers guerriers du silence) de Yoann Berjaud

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Édition Mnémos, Collection Dédales, 272 pages, 19€

4ème de couverture

 » Les héros sont presque tous morts, mais les hommes se battent encore. »

 Les mondes de la Confédération sont tombés. Les armées du Neo-Mashma s’imposent, Le Livre de la Création se déchire, lui qui seul contient l’univers et sa permanence. Une apocalypse implacable étendra bientôt son aile noire sur les survivants de la Confédération des Cent Planètes.
Cependant, dans l’ombre et le secret, les Derniers Guerriers du Silence poursuivent la lutte.
Une poignée de héros fragiles et farouches sont lancés dans une quête désespérée afin d’empêcher le monde de sombrer.
Les pages du Livre s’amenuisent, sa puissance faiblit et la trame du monde s’épuise.
Le Dieu Noir sera impitoyable avec les indécis et seule la vibration sacrée du Chant Premier a le pouvoir de sauver les âmes.
Il est temps d’écrire le Destin de l’Humanité, il est temps de clore le Livre de la Création.

Après Le Chant Premier, Yoann Berjaud conclut magistralement son épopée dans l’univers des Guerriers du Silence de Pierre Bordage.
Avec son style lyrique, il ouvre une nouvelle voie dans la science-fiction avec des personnages aux destins héroïques qui puisent au plus profond d’eux-mêmes pour accomplir leur chemin de vie.

Résumé

Attention risque de spoiler du T1 de ce diptyque !

Après avoir voyager dans le temps et l’espace grâce au Grimoire Sacré, Sékhem a été arrêtée par les chevaliers du Néo-Mashma qui la traquaient notamment le Lion Noir et est livrée à l’Aigle Noir, bras armé du Dieu Noir. Cependant, elle va recevoir une aide inattendue qui lui permettra de fuir grâce au Chant Premier  et de rejoindre Athénaïa sur Aguiba. Elle doit lui remettre des plans de vaisseaux, les seuls capables de défendre Terra Mater contre les armées du Néant…

Siliana, 26 ans après la Bataille du Dharma, se réveille dans une étrange contée. L’instant d’avant elle était à Vénitia en train d’étudier le Grimoire Sacré. Sans aucun doute, elle a voyagé grâce au Livre de la Création. Ce livre qu’elle doit détruire pour voir s’accomplir l’œuvre de destruction du Néant…

Quelles sont les épreuves que va rencontrer Sékhem et les autres guerriers du silence ? Parviendront-ils à sauver Terra Mater, et l’Humanité ? Que va découvrir Siliana en sondant le Livre sacré ? Arrivera-t-elle à le détruire, à mettre fin à sa souffrance et à l’Humanité toute entière ?

Mon avis

De nouveau, je tiens à remercier à Yoann Berjaud et à Mnémos Editions, pour la suite du diptyque des Derniers Guerriers du Silence ! Quand j’ai accepté de lire Le chant Premier,  je ne pensais pas recevoir avec la suite, ce fût une belle surprise, merci beaucoup.

Pour lire ma chronique du tome 1 : Le chant Premier c’est >ici<

Une suite époustouflante, une magnifique conclusion de ce diptyque ! 

Cette fois-ci, je n’ai eu aucun mal à rentrer dans cette suite, probablement parce que je connaissais l’univers et que le 1er était encore « frais » dans ma mémoire. Et surtout j’avais envie de savoir ce qu’il allait advenir des personnages et de l’Univers !

Le lecteur retrouve les personnages là où il les avait quittés précédemment, il doit se passer quelques semaines ou mois mais pas beaucoup plus. Nous retrouvons l’univers dense et complexe, développé par l’auteur, basé sur les Guerriers du Silence de Pierre Bordage. Peu ou pas de rappel des actions précédentes en début de roman, c’est vraiment dans la continuité du 1er Tome. Parfois cependant dans le récit de rapides références aux événements passés et aux épreuves traversées par les protagonistes. Un tome à ne pas dissocier du Chant Premier. Comme dans le premier opus, les débuts de chapitre donnent des extraits de mémoires, de carnets, de traités, … comme une introduction à ce que vont vivre les personnages dans le chapitre. Cette fois, les événements sont « datés », soit nous découvrons ce qu’il s’est passé durant les 6 mois avant la Bataille du Dharma (bataille  stratégique pour les deux « camps »), soit nous avons les événements se passant 26 ans après la bataille.

Avec le récit de Siliana, 26 ans après la Bataille du Dharma, nous comprenons que les Guerriers du Silence ont échoué, que le Dieu Noir domine et que le Néant va bientôt anéantir l’Humanité. Mais pour cela, il faut détruire le dernier artéfact : Le livre la Création. Et cette mission est confiée à Siliana. Pour mémoire, c’est la petite fille de Sékhem. Elle est devenue une sorte de déesse, la Grande Prêtresse de la Nuit, amante du Dieu Noir. Son âme est pourtant celle de Sri Lumpa (dont on découvre l’histoire), âme torturée, à la fois défenseur de la Vie et détenteur du Pouvoir Noir… J’ai personnellement d’abord détesté Siliana, ensuite ça s’est transformée en juste pas appréciée en effet (certaines de ses répliques, n’ont pas sonné juste à mes oreilles), comment réussir à aimer, une âme si noire, une furie, une déesse de mort ? Comment aimer son arrogance, son ton supérieur, son besoin de destruction ? Mais est-elle vraiment responsable de sa destinée ? N’est-elle pas qu’un jouet de plus entre les mains du Dieu Noir ? D’une autre force ? Pourra-t-elle changer ? ou s’amender ? Ou sera-t-elle toujours l’instrument de destruction du Néant ?

Puis, nous retrouvons avec grand plaisir, notre héroïne Sékhem. Après son passage dans le futur, elle revient avec un élément important pour combattre les forces armées du Néo-Mashma. Mais aussi avec une blessure sentimentale. Elle s’absorbe dans sa mission, en symbiose parfaite avec Athénaïa, l’intelligence artificielle qu’elle a rencontré dans Le Chant Premier. Elle a traversé quelques épreuves dans le 1er tome, et d’autres encore plus terrifiantes l’attendent dans ce second tome. Le lecteur comprend toute son importance dans la trame du récit et dans le destin qui se joue. Impossible de ne pas se sentir proche de cette femme blessée mais courageuse. Impossible de ne pas comprendre les besoins qu’elle aura et les choix qu’elle fera.
Il en est de même pour Nephtys, la sorcière rouge. Sa principale mission dans ce tome est de surveiller les armées du Néo-Mashma sur Kémya. Elle découvre l’existence du Plérôme Noir, des êtes qui vont tout faire pour gouverner toute forme de vie dans l’Univers. Dans sa surveillance, Nephtys sera amenée à prendre des risques et elle assistera à des événements traumatisants et horribles, qui l’amèneront à faire certains choix parfois limites.

Bien entendu, le roman permet aussi de retrouver les autres personnages découverts dans Le Chant Premier, Sahel, le Vitaguerrier qui va partir en mission sur la planètre Cryo et faire d’étranges rencontres, il devra faire des choix, et assumer certains actes qui auront des conséquences au travers le récit, …. Adryan, qui va combattre au côté de Sékhem, lui sera un peu plus en retrait dans le récit. Hartmon, le mage des sables (ex-mari de Sékhem), va se voir confier la mission de s’occuper de la Lance du Destin, un artéfact puissant et dangereux, voué corps et âme au Néant… Beaucoup d’événements seront liés à cette Lance, à son porteur légitime…. Le lecteur découvrira la destinée de Lydia, la soeur d’Adryan, ou encore de Lyorim, cet alpha insoumis… Aucun personnage ne sera oublié. Chacun à sa place, son rôle à jouer dans la bataille contre le Néant, même les choses qui paraissent de moindres importances, sont nécessaires à la compréhension des enjeux finaux, des destinées, … L’auteur avait finement préparé la trame de son récit, distillant les informations, les éléments nécessaires à la compréhension des événements. Dans ce second tome, les guerriers rentrent en action et le duel entre les forces du Bien et du Mal aura bien lieu.

Le récit emportera le lecteur à la rencontre des premiers peuples, de la première race à avoir évoluée dans l’Univers ; à la rencontre de lieux étranges, hors du temps et de l’espace. Le lecteur comprendra les tenants et aboutissants des agissements du Dieu Noir, découvrira ce qu’il est. Toute la lumière sera faite sur les artéfacts anciens : livre de la création, lance du destin, jeu du dharma… Et nous comprendront que dans l’Univers rien n’est laissé au hasard…

Dans toutes les épreuves traversées par les héros, par les derniers guerriers du silence, il sera question de choix, de conséquences, de remise en cause, de confiance, ils n’en restent pas des humains même extraordinaires, pris de doutes, avec des failles, des faiblesses, pouvant faire des erreurs. Ils seront parfois pantins, parfois maitres de leurs destins. Certains devront se débrouiller par eux-même; croire en eux, faire confiance aux autres. D’autres recevront des aides inattendues

Nous retrouvons dans cette suite, les thèmes développés dans le premier tome : la dualité du monde, et des hommes, tiraillés entre le Bien et le Mal, la souffrance, la haine, les ténèbres et l‘espoir, la lutte pour survivre, la lumière, l’entre-aide, l’amour, le soutien, le dépassement de soi, … complétés par une question essentielle : jusqu’où l’être est prêt à aller pour détruire ou pour survivre?

Il y a des événements, des aspects, plus durs dans ce roman que dans le précédent, plus d’actions (combats), des chapitres plus courts qui donnent beaucoup de rythme, les pages se tournent sans les voir défiler. Le récit bien que dense reste fluide, car le texte n’est pas alourdit de vaines digressions ou descriptions. L’auteur va à l’essentiel dans son développement, en continuant à émerveiller le lecteur ou à l’horrifier parfois. J’ai apprécié les changements de point de vue permettant d’alléger certains passages, et aussi de s’attacher encore plus aux personnages, parce que cette fois, en plus des mémoires de Sékhem, on a les pensées d’Hartmon, de Nephtys, de Lydia, de Sahel ou encore de quelques personnages plus secondaires aux côtés plus sombres. J’aurai d’ailleurs bien aimé la vision des événements à travers les yeux de Markman, l’Aigle Noir.

Les révélations et actions finales notamment sur le dieu noir ou sur Yantis, l’Ange Rebelle sont assez surprenantes, il y a des choses que je n’avais pas vu venir pour ma part. Ces révélations arrivent assez vite (c’est un diptyque) mais je n’ai pas eu l’impression de déséquilibre avec le premier tome. Il y a très peu de redondance dans le récit, ce qui est très appréciable surtout quand sont développés des destins croisés comme ici, avec différents points de vue ou encore des espace temps différents.

Ce second roman est à l’image du premier, vraiment très bien écrit, riche en vocabulaire, c’est toujours très visuel. Les êtes, les lieux, l’histoire, sont sublimés par les mots de Yoann Berjaud. Et vraiment cette fois-ci je n’ai eu aucun mal à reprendre l’histoire, et même le bémol que j’avais émis sur le Chant Premier, concernant l’excès de beauté, de superbe chez les héros, je ne l’ai pas retrouvé ici, on voit plus leurs failles ou leurs doutes. Parfois on « nage » encore dans le côté merveilleux, dans l’émerveillement, dans la Lumière, mais on comprend pourquoi ces côtés sont tellement mis en avant  et on accepte cette vision de l’auteur. C’est comme un message qu’il nous livre. Autant cela m’avait irritée dans le 1er tome, autant là je comprend la philosophie et les choix de l’auteur. A tel point, que la fin m’a beaucoup touchée. C’est beau et terrifiant en même temps.
Je me suis rendue compte que je me suis attachée à beaucoup de personnages même certains qu’on voit moins (Lyorim est mon coup de coeur) et qu’une fois, le livre terminé, ce fut comme un grand vide. Un grand vide, avec une étrange sensation d’apaisement et d’espoir.

Yoann Berjaud a développé dans son diptyque un univers dense, riche et complexe. On peut sentir un très gros travail (pour coller à l’univers de Pierre Bordage déjà) mais aussi pour s’en démarquer certainement, pour construire un imaginaire propre sur des bases existantes, ça doit être très difficile. Yoann Berjaud nous donne en tout cas, dans ce diptyque le développement d’un univers complet, complexe mais qui se tient de bout en bout. Avec une dimension mystique, une alliance de croyances et de technologie dans des lieux terrifiants et/ou apaisants. Avec une dimension épique et des destins hors du commun. Un diptyque de SF magnifique et maitrisé.

Même si, nous nous laissons guider par l’auteur, les personnages et le récit, que nous nous doutons de la finalité (mais peut être pas de la manière dont cela va se passer), nous apprécions grandement de découvrir les chemins pour y accéder. Parfois le lecteur sera surpris, parfois il sera juste spectateur attentif et souvent, il réfléchira aux sens à donner aux actes, aux paroles, … La globalité de ce récit nous permet d’établir un parallèle sur notre monde, sur l’évolution des mentalités, sur les choix et les conséquences des décisions, sur le fossé qui se creuse de plus en plus entre les hommes.

Le Livre de la création (et Le Chant Premier aussi) nous confie que tout est une histoire de combats intérieurs, c’est d’abord contre soi qu’on se combat avant de combattre les autres, c’est d’abord en se connaissant qu’on peut livrer bataille pour soi et les autres.

Je continue être impressionnée par la richesse des deux romans que sont Le Chant Premier et le Livre de la Création, reprenant et développant un univers magnifique et foisonnant. La plume de Yoann Berjaud est belle, lyrique et précise, c’est un auteur à suivre !

Merci encore à Yoann Berjaud et aux Editions Mménos pour ce diptyque époustouflant !

Le Chant Premier (Les derniers guerriers du silence) de Yoann Berjaud

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Édition Mnémos, Collection Dédales, 288 pages, 20,5€

4ème de couverture

La Confédération des planètes est en paix. Et pourtant…
… Aux confins de l’espace, Sékhem, la jeune amiral de la flotte des six anneaux de Sbarao, braque les senseurs de son vaisseau de guerre sur un étrange artefact suspendu dans le vide.
Dans les splendeurs de Bella Syracusa, Adryan l’aristocrate éprouve les pouvoirs du séduisant Dieu Noir.
Des bas-fonds de Raya aux dunes d’Osgore, Sahel le Vitaguerrier s’éveille aux énergies de l’ancien monde…
Ces destins prêts à basculer deviendront-ils les gardiens ultimes du Chant Premier, à l’origine de toute vie ? Les Derniers Guerriers du Silence ?

Épopée spatiale, récit initiatique et journal intime, le Chant premier compose un véritable Space Opera mystique. L’écriture de Yoann Berjaud est un souffle qui nous transporte de batailles cosmiques en conflits intimes à la suite de personnages au destin incertain, en quête d’absolu.
Comme L’Incal ou Dune, Yoann Berjaud trace une voie originale de la Science-Fiction.
Se déroulant dans l’univers des Guerriers du Silence de Pierre Bordage, Le Chant Premier se lit indépendamment.

Résumé

Il y a quelques siècles, les humains ont eu à affronter les Scaythes d’Hyponéros, qui contrôlaient l’esprit des hommes. Grâce entre autres aux Guerriers du Silence, l’Univers a perduré. Cependant, alors que la confédération des planètes est en paix, le Néant est de nouveau aux portes de l’Univers, prêt à tout anéantir. L’amirale Sékhem qui commande l’armada spatiale du gouvernement des 6 anneaux de Sbarao, mène ses troupes vers un objet extrahumain une sphère bleue irradiant de paix et de sérénité. De quoi s’agit-il ? Un piège? Une menace ? Un message ? Une invitation ? Sékhem décide d’aller voir par elle-même. Parvenue au sein de cette sphère, elle se retrouve comme téléportée sur sa planète natale, Kémya. Où elle retrouve son fils qu’elle croyait mort. Rajân, lui annonce que des heures sombres se profilent, qu’il doit se cacher. Et qu’elle, elle doit être sur ses gardes car elle est traquée par les seigneurs du mal. En effet, une prophétie la désigne comme celle qui pourrait empêcher la destruction du genre humain… Commence alors pour Sékhem (et pour d’autres personnages), une lutte contre le Néant et ses chevaliers, un combat pour la Vie…

Mon avis

Tout d’abord merci à Yoann Berjaud et à Mnémos Editions, pour cette belle opportunité de découvrir le diptyque des Derniers Guerriers du Silence !

Un très beau roman de SF, même si personnellement, il m’a fallut du temps pour rentrer vraiment dedans.

Le lecteur découvre progressivement les personnages et les planètes « importants » du récit. Attention, il n’est pas plongé comme cela, tel quel, dans un univers dense et complexe, sans un minium d’informations. Les débuts de chapitre donnent des extraits de mémoires, de carnets, de traités, … afin de nous permettre de situer les événements de ce roman, par rapport aux écrits précédents de Pierre Bordage. En effet, lunivers de Chant Premier est emprunté des Guerriers du Silence de Bordage, et est continué par Yoann Berjaud. Les introductions de chapitre nous racontent donc rapidement les faits historiques, les batailles passées, l’affrontement entre les Scaythes et les hommes,…

Le premier personnage à être présenté au lecteur est Sékhem. Cette jeune femme originaire de Kémya, planète du désert, amirale, commandant une armée puissante. Nous apprenons une partie de son histoire, sa formation de guerrière, son initiation aux conditions extrêmes du désert par son père Sethi, son « don de voyance » transmis par sa mère Lilya, l’existence d’un ex-mari Hartmon et d’un enfant d’une vingtaine d’année Rajân, qui malheureusement s’est suicidé quelques mois plutôt. Sékhem a beaucoup de mal à faire son deuil mais son entrainement et son sens du devoir, lui permettent de continuer à avancer. Jusqu’au jour, où elle est averti de la présence d’une entité dans l’espace, elle a pour mission d’aller voir ce que c’est. Ce premier événement va engendrer des révélations. Sékhem va comprendre qu’on lui a menti, que son enfant vit toujours, qu’un immense danger arrive et que le Néant approche, décidé à tout anéantir de l’Univers. Sékhem est promise à un rôle d’importance car sa formation aux stratégies militaires et son endurance, la désigne comme une pièce maitresse dans le combat qui va opposer les Guerriers du silence et les chevaliers servant le Néant. Elle pourrait être en mesure d’empêcher la destruction de l’humanité et par suite de l’univers. Mais pour cela, des épreuves l’attendent puisqu’elle est poursuivi par les chevaliers du Dieu Noir et elle va devoir faire confiance à des personnes qui l’ont personnellement trahie jadis.

Deux autres personnages importants dans le récit, dans le « combat » vers la sauvegarde de l’humanité, sont suivis par le lecteur. D’abord, Adryan, un aristocrate de Bella Syracusa. Personnage dévasté par la perte de son père avec qui, il s’entendait à merveille et qui comme lui était sénateur de la république de Bella Syracusa. Nous apprenons vite que sur cette planète, les vieilles familles complotent depuis des siècles contre la confédération des 100 planètes, que les hommes d’État sont corrompus. Et que la « capitale » Vénitia abrite même un ordre secret le Neo-Mashma. Les membres de cet ordre ont la capacité d’influencer la matière par l’esprit. Adryan va être recruté par cet ordre aux ordres du Dieu Noir, mais cela ne se passera pas comme prévu.
Puis, nous découvrons Sahel, un Vitaguerrier, espion du Réseau Ronde Lune Rouque, alors aux prises avec un adepte du Dieu Noir. Il utilise le Cri de Mort pour s’en débarrasser (une technique particulière des Initiés), mais son poursuivant se relève. Sahel sera aidé par un homme Lyorim, qui prétend avoir des visions du futur. Ce dernier indique à Sahel qu’il doit l’accompagner pour l’aider dans une partie de sa mission. Ils doivent retrouver le Gardien des Annales Inddiques. Cet homme est un légendaire guerrier du silence, qui en quelque sorte, protège l’Histoire de l’Humanité et donc l’Humanité. Seulement, eux aussi, se verront freiner par des difficultés et des trahisons.

Ce roman est vraiment très bien écrit, rien en vocabulaire, en images, c’est très visuel. Le récit est rythmé et le style fluide. Chaque chapitre suit un personnage ce qui nous évite de nous perdre entre les mondes et les personnes, ce qui je pense serait le cas, si on alternait les points de vue dans un même chapitre. Cependant, il faut s’accrocher au début de la lecture, se familiariser avec les personnages et le très riche univers repris dans ce livre. Au niveau du rythme, j’ai apprécié certains passages à la première personne, extrait des écrits de Sékhem, qui permet de varier la narration et surtout qui permettent au lecteur de s’attacher à elle, de mieux la comprendre. C’est une héroïne féline et sauvage mais endurcie par ses fonctions militaires. On a envie de la suivre et de savoir ce qu’elle va découvrir, les dangers qu’elle va affronter mais surtout réussira-t-elle?

Yoann Berjaud développe dans ce roman, un univers dense, riche et complexe. La confédération des 100 planètes est composée de planètes toutes différentes les unes des autres (avec des soleils, des lunes, des géographies diverses,…), avec des peuples différents également (des nomades, des citoyens aliénés par neuropuces, …). Il semble s’approprier à la perfection la mythologie et l’univers développés par Pierre Bordage (malheureusement n’ayant pas lu la trilogie, je ne peux pas comparer). Toutefois, je peux dire qu’on peut en effet, lire ce livre complètement indépendamment des œuvres précédentes. Nous comprenons très bien les choses, c’est très complet. Cependant, il est peut-être plus facile pour un lecteur connaisseur des guerriers du silence, d’appréhender le côté mystique des événements. Nous remontons dans la lecture presque aux origines de l’univers. La présence du Chant Premier, de l’Antra de vie, du Son primordial. Des choses que nous comprenons très bien à la lecture mais qu’il est assez difficile de retranscrire ici sans trop en raconter sur l’ensemble des faits et des personnages. En tout cas, nous découvrons les figures emblématiques des religions principales de cet univers, la planète originelle (Terra Nova) et ses premiers guerriers du silence, jusqu’à la menace actuelle. Et de nouveaux guerriers du silence apparaissent, les destinées changent, d’autres se façonnent, luttant pour la Vie pour l’humanité ou pour accomplir la volonté du Dieu Noir.

A travers ce roman et cette histoire, on aborde la dualité du monde, et des hommes, tiraillés entre le Bien et le Mal, sous fond de crises et de guerre de religion. Auxquelles se mêlent des luttes de pouvoir, la corruption, la souffrance, la haine, les ténèbres et l’anéantissement. Et bien entendu, leurs contraires, l‘espoir, la lutte pour survivre, la lumière, l’entre-aide, l’amour, le soutien, le dépassement de soi,

Le lecteur sera amené à rencontrer de nombreux personnages. J’ai beaucoup apprécié Sékhem, mais aussi Athenaïa, Abahelle, Sahel et Lyorim. Et de rencontrer de nombreux types de personnages, des gardiens, des guides spirituels, des anges, des êtres transcendés, des guerriers, des espions,… Et pourtant, le tout dans une logique narrative et une construction concise. Nous n’avons pas une impression de fouillis, les personnages et l’univers sont parfaitement maitrisés par l’auteur, qui sait où il veut en venir et par où il va faire passer ses personnages.

Personnellement, j’ai eu un peu de mal à rentrer pleinement dans ma lecture, peut-être parce que je ne lis pas tant de SF que cela (j’en regarde beaucoup en séries et en films mais j’en lis assez peu) mais passé la seconde moitié du roman, j’ai avalé les pages, j’avais enfin envie de savoir comment les personnages (il a peut-être fallu que tous me soit présentés avec leurs missions ?) allaient s’en sortir. L’intrigue nous réserve quelques rebondissements préparant la suite (Le livre de la création). Le travail de l’auteur est très intéressant (de Pierre Bordage également ?), on sent au cours de la lecture plusieurs influences, plusieurs mythologies servant de bases aux différents mondes (empire et croyance égyptiens, empire romain, religion judéo-chrétienne et indouiste, …) qui permettent aux lecteurs de se raccrocher un peu à des choses qu’ils connaissent, comme des points de repère.

Un petit bémol pour moi, c’est qu’au bout d’un moment, j’avais l’impression que tous les personnages étaient beaux, méchants mais pas vraiment, magnifiques avec une aura exceptionnelle, un destin fabuleux, peu de défauts, beaucoup de qualités, surdoués, extraordinaires…. J’aurai aimé que les personnages plus sombres, plus noirs et pas gentils du tout, soit plus présents, plus développés. Parfois avec les visions du futur, les prophéties et autres, j’avais le sentiment que tout était déjà « plié », que l’on n’aurait pas vraiment de surprise. Mais dans le dernier tiers du roman, cette impression m’a quittée. Pendant, une bonne partie de ma lecture, je ne suis pas vraiment parvenue du coup, à m’attacher aux personnages, même si j’étais émerveillée par l’écriture et la description des mondes, des croyances, j’avais du mal à y adhérer complètement. Mais vers la fin (quand ça commence à prendre une tournure différente, à se corser un peu plus), j’ai beaucoup plus accroché. J’ai d’ailleurs enchainé avec la suite parce que j’ai très envie de savoir comment va se terminer cette histoire et afin de rester immergée dans l’Univers (parce qu’il ne doit quand même pas être évident de laisser passer 1 année entre les deux tomes).

Personnellement, je suis impressionnée par ce roman même s’il m’a fallut du temps pour y accrocher vraiment, le lecteur y découvre un Univers riche et foisonnant, des planètes magnifiques et/ou terrifiantes, des destins noirs ou lumineux, des personnages développés et combattifs, à la recherche d’eux-même pour le bien de tous. Le tout servi par une plume belle et précise. Un premier roman SF impressionnant.

Je suis plongée dans la suite, Le Livre de la Création, mon avis devrait être publié dans le mois ^^

Merci encore à Yoann Berjaud et aux Editions Mménos.