La main gauche de la nuit d’Ursula Le Guin

51OXdtrCXJL._SX308_BO1,204,203,200_Le livre de poche, 350 pages, 7€10

4ème de couverture

Sur Gethen, la planète glacée que les premiers hommes ont baptisée Hiver, il n’y a ni hommes ni femmes, seulement des êtres humains. Des androgynes qui, dans certaines circonstances, adoptent les caractères de l’un ou l’autre sexe.
Les sociétés nombreuses qui se partagent Gethen portent toutes la marque de cette indifférenciation sexuelle. L’Envoyé venu de la Terre, qui passe pour un monstre aux yeux des Géthéniens, parviendra-t-il à leur faire entendre le message de l’Ekumen ?

Ce splendide roman a obtenu le prix Hugo et a consacré Ursula Le Guin comme un des plus grands talents de la science-fiction.

Mon avis

Lu dans le cadre de mon club de lecture, j’avoue que je n’avais pas vraiment envie de me jeter sur le livre. J’ai eu du mal avec le début du récit mais finalement, c’est une bonne lecture, certes parfois un peu poussive mais  qui fait réfléchir et permet de lancer le débat sur le genre.

Genly Ai est un Envoyé. Seul, il tente de présenter sa mission et si possible convaincre les peuples des planètes qu’il visite des avantages pour ces derniers de rejoindre l’Ekumen, organisation interplanétaire qui réunit différents systèmes stellaires autour d’échanges commerciaux. Cette alliance permet les échanges culturels, économiques et techniques avec d’autres planètes éloignées de plusieurs décennies.

Dans ce monde, les humains semblent avoir  connu une évolution génétique différente des autres : ils ne sont ni homme ni femme. Ils sont asexués la majeure partie du temps ce qu’on appelle le « soma », jusqu’à ce qu’ils rentrent en « kemma » qui se produits plusieurs fois dans l’année et où ils prennent alors de façon aléatoire l’état d’homme ou de femme. Les organes sexuels deviennent alors apparents et ils peuvent se reproduire. L’absence de genre n’est pas le seul élément qui différent du monde de Genly Ai. Le décompte des années, les mois, les heures sont différentes,  les relations familiales sont différentes (voire peut-être même trop pour mon esprit étriqué), la vie politique est différente. Bref, il n’est pas évident pour l’Envoyé de s’adapter, de comprendre le fonctionnement de cette civilisation, et surtout à s’habituer à ses interlocuteurs. Surtout quand on ne sait pas si on s’adresse à des « il » ou a des « elles ». Et de l’autre côté, pour les Gethéniens, Genly Ai est bloqué dans une phase hormonale qui le maintient du côté masculin, il est donc toujours « en chaleur », il passe pour un monstre, un pervers.

J’avoue, j’ai eu un peu de mal avec le début du récit. Une sorte d’intrigue géopolitique. L’Envoyé est un prétexte pour comprendre comment se comporte politiquement les deux plus grands pays de Nivôse. Dans l’un, il n’est pas vraiment accepté, il met des mois à être reçu par le roi, mais on communique sur lui, les gens savent qui il est. Dans l’autre pays, on lui fait meilleur accueil, tout le monde veut l’avoir à sa table mais à côté de ça c’est censure, espionnage et compagnie. ça vous rappelle rien ? Genly est balloté entre non-dit, excuses et faux-semblants et nous parait soit perdu, soit naïf alors que ce sont les circonstances qui nous le font apparaitre ainsi.

Le récit est entrecoupé de légendes et de textes anciens sur le passé de la planète, rédigé par des envoyés, et il dénote avec le reste du récit. Plus intéressants, plus fluides, parfois poétiques, ils m’ont permis de m’accrocher à cette lecture. Et surtout, on finit par comprendre que c’est par ce biais que le lecteur est éclairé sur le fonctionnement des êtres de Nivôse, sur le comportement et les coutumes des habitants et sur la personnalité d’un des protagonistes.

Pour un roman écrit en 1969 (et c’est la force de la SF), on n’a pas l’impression que le récit soit daté, il est encore franchement d’actualité. D’aucuns trouveront peut-être qu’on parle plus de sexualité, du genre et autres, de nos jours et que le récit est désuet. Moi je ne trouve pas, quand on voit certaines actualités, quand on voit encore comment la moitié de la planète se comporte, je pense que les messages du livre restent d’actualité. Alors oui, peut-être qu’il n’approfondit pas encore vraiment tout ça, la place de la femme, le genre, … mais il permet de lancer la réflexion et le débat. Certaines idées ou certaines théories (du type, il n’y a pas de guerre sur ce monde en partie parce qu’il n’y a pas de sexualité, que les humains ne sont pas continuellement perverti et donc que l’homme ne désire pas prendre le dessus sur la femme ou les autres (puisqu’il peut bien être un jour l’un, l’an qui suit l’autre pendant le kemma) et donc qu’il y a beaucoup moins de lutte de pouvoir ou encore l’idée que la femme est plus molle, voire hystérique, etc.) peuvent faire bondir, mais je pense que l’auteure les utilise pour justement faire réagir son lecteur. Et d’autres idées (tolérance, dénoncer la censure et les régimes totalitaires, …) elles nous font hocher la tête en disant « oui, je comprends et je suis d’accord »).
Pour tout cela, ce roman est vraiment intéressant. Dommage que le style ne soit pas assez fluide, et qu’on ne comprenne pas plus tôt les messages que l’auteur veut faire passer, parce que le début est poussif et rebute un peu, je peux comprendre que certains lecteurs abandonnent leur lecture.

Quel dommage, parce que justement j’ai nettement préféré la seconde partie du récit dans laquelle Genly est arrêté et ensuite contraint de faire route avec Thérem. J’ai aimé cette traversé du glacier, la lutte pour survivre, pour avancer et surtout, ce huit-clos, permet d’enfin comprendre les personnages. On se rend compte qu’ils avaient des attentes et des préjugés l’un sur l’autre mais que leurs différences les empêchaient de se comprendre. Et finalement, la communication qui va s’instaurer entre les deux personnages va lever les barrières et les malentendus et franchement j’ai vraiment aimé les suivre, avoir leur point de vue respectif. Cette partie est un hymne à la tolérance, à la découverte de l’autre, à l’acceptation des différences, à la compréhension des autres, à la fusion des idées, au partage, aux échanges.

Un personnage à part entière est Nivôse, ou Gethen, cette planète aux conditions climatiques extrêmes. Le style et la plume d’Ursula Le Guin permettent de s’y croire vraiment. On n’a pas l’impression d’un monde si éloigné mais plutôt d’une contrée mystérieuse à l’autre bout de notre planète et pourtant, les lieux et les habitants ne sont pas comme nous les connaissons même si on peut retrouver certaines ressemblances. La traversée du glacier est vraiment le moment que j’ai préféré dans le récit et où on apprend encore mieux la façon dont est faite la planète, la rigueur du climat, les paysages, etc.

Un avis mitigé donc, je ne peux pas affirmer avoir adoré le roman parce que j’ai trop peiné à me plonger dedans mais je n’ai pas détesté, c’est une bonne lecture qui a plein de choses à apporter, un ouvrage de SF intéressant et qui fait référence. Je pense qu’il a su et sait encore trouver son public. Je ne continuerai pas dans la découverte des récits de l’Ekumen, mais je relirai un jour peut-être Ursula Le Guin.
Ah oui, on découvre le pourquoi du titre, et c’est assez poétique, assez joli, c’est dans ce type de passage que j’ai apprécié la plume de l’auteure.

Fahrenheit 451 de Ray Bradbury

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Folio SF, 224 pages, 5,60€

4ème de couverture

451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres dont la détention est interdite pour le bien collectif. Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d’un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l’imaginaire au profit d’un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement pourchassé par une société qui désavoue son passé.

Résumé

Montag rentre de sa journée de travail. Il est pompier. Mais lu n’éteint pas des incendies. Il est chargé avec sa brigade de brûler les livres. Ces ouvrages qui font réfléchir, dont les idées peuvent amener les gens à rêver, se rebeller, apprendre. Sur sa route, il croise une jeune fille. Dans un monde où personne ne va vers l’autre, Clarisse lui parle et échange avec lui. Cette rencontre surprenante va le hanter pour la nuit. Il rentre retrouver sa femme, qui ne souhaite rien d’autres qu’un nouveau mur-écran … un 4ème…

Mon avis

Un classique  à lire ou relire !

Montag est pompier, mais pas les pompiers comme nous les connaissons, son rôle à lui est de détruire les ouvrages, les livres, ces objets subversifs, qui prônent des idées, des idéaux, des histoires, un passé. Ces livres qu’on a d’abord abrégés, puis condensés, puis finalement rejetés. Montag est lui à une période charnière de sa carrière. Il réfléchit. Et croise Clarisse qui le pousse à réfléchir encore plus.  A ce qu’il fait. Et que contiennent donc ces livres pour qu’un jour quelqu’un ai décidé qu’il sera mieux de les brûler. Il a l’impression de ne plus comprendre son existence. Dans quel monde vit-il ? Qu’est-ce que ce monde où sa femme s’abrutit de programmes dont elle ne sait même pas discuter. Qui passe son temps avec un bruit de fond dans les oreilles, qui prend tant de médicaments sans savoir ce qu’elle le fait, au point de ne pas comprendre qu’on ait dû la réanimer… Quel est ce monde gris et monotone ? Et Montag lui, a-t-il encore envie de faire parti de ce monde?

Ray Bradbury nous sert un monde dystopique où les gens pour être plus raisonnable, pour la Paix, ont supprimé de leur existence le savoir, leur passé, la culture. Où le gouvernement a sauté sur l’occasion inespérée d’avoir enfin un peuple de moutons qui sera plus simple à gérer.

J’ai eu du mal à accrocher au 1er tiers du roman. C’est froid, insensible, Montag semble s’interroger beaucoup mais reste passif, sans réaction devant les événements. Comment pourrait-il posséder des émotions, des sentiments quand on ne les reconnait plus, qu’on ne sait plus ce qui existait avant. De plus, on passe un peu de coq à l’âne, dans une sorte de rêve, de brouillard. Du coup, c’est difficile. On ne s’attache pas au personnage et on se demande où tout ça va en venir.

Et puis, à un moment, l’action est lancée. Comme si Montag était tout à fait éveillé, comme si Clarisse avait été son déclencheur ou du moins une aide à ce qu’il avait déjà commencé à entreprendre. Parce que les livres intriguent notre pompier, il a envie de savoir ce qu’ils contiennent, ces messages, ce passé qu’il ne connait pas ou ne connait plus. Il a, sans s’en rendre compte, tout simplement envie de se sentir vivant. Et quand la traque de Montag commence, le lecteur est happé dans cette course poursuite.

Les autres personnages sont presque tous « absents », le lecteur n’en retiendra que peu : Clarisse, jeune « folle » dont la famille sait rire, s’émerveiller, discuter, vivre tout simplement. Le capitaine des pompiers, qui semble en savoir plus qu’il n’y parait sur la Société. Et qui semble si érudit dans un monde qui n’a pourtant plus accès au savoir, aux idées, aux mots. Il est sournois et terrifiant dans son genre. Vicieux. Je l’ai détesté ! Mais c’est lui qui nous explique ce qu’a voulu le peuple : lorsque la technologie a pris le dessus, les gens ne voulaient plus apprendre.

Replacé dans son contexte, ce roman est une satire de la société de l’époque, la Guerre Froide, le Maccarthisme. Mais finalement, le message reste actuel, si vrai.  L’uniformisation de la pensée, faire des gens des moutons qui ne seront plus capables de penser par eux-même. Les priver de réflexion, de rêves. Un monde horrible où les jeunes s’entretuent quand ils n’ont pas leur dose de sensations fortes. Où les adultes sont froids, dociles, sans curiosité. Qui ne savaient plus qui est leur conjoint, leurs collègues, ce que ressentent les gens. Tout le contraire de Clarisse, pétillante, curieuse, intelligente. Ceux qui savent encore.

Alors que je n’y arrivais pas au début, je me suis attachée à Montag, à sa lutte pour se réveiller, pour vivre. Ne plus avoir peur des idées, des théories, des livres, et au contraire, vouloir les lire, les comprendre, les retenir. Décider que les livres ne seront plus synonymes de tension entre les gens, entre les minorités, amenant à se combattre. J’ai oublié le mal qu’à fait Montag sans le chercher et j’ai espéré pour lui pour le monde un renouveau, du changement.

Cette histoire qui commençait difficilement devient prenante. D’un style froid et confus dans le quotidien de Montag on passe quand ce dernier s’éveille (se réveille, revit) à un style plus travaillé, avec de belles métaphores, des images. Quand Montag se sent  vivant, l’écriture se réveille également, on ressent presque les odeurs, les bruits…

La fin est plus philosophique, reflétant la guerre froide immobile, silencieuse, invisible mais pourtant bien présente. Une attente, un climat de tension. La fuite des cerveaux, des artistes, des scientifiques communistes. Comme ceux qui se retrouvent dans la forêt à la fin. L’auteur s’adresse presque au lecteur à travers l’esprit de Montag. Le lecteur lui aussi doit prendre conscience et comprendre l’importance du souvenir, du collectif. Qu’en ne rejetant pas le passé, la réalité, une lueur d’espoir, de renaissance, pour un monde nouveau est possible.

Fahrenheit 451  est un classique que j’ai découvert au Club de lecture et j’en suis plus que ravie. Je n’avais pas eu à l’étudier en cours, c’est dommage, j’aurai aimé le découvrir avant mais il n’est jamais trop tard. C’est un classique qu’il faut avoir lu au moins une fois, que l’on peut relire (je le relirai je pense, je suis sure d’y voir encore d’autres messages, d’autres interprétations). Qu’on aime ou pas, il fait réfléchir  et reste très actuel ! Vraiment à lire, relire, découvrir ^^

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Punk’s not dead d’Anthelme Hauchecorne

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Midgard Editions, 461 pages, 16,50€

4ème de couverture

À quoi l’Apocalypse ressemblerait-elle, contée par un punk zombi ?
Qu’adviendrait-il si le QI des français se trouvait d’un coup démultiplié ? Un grand sursaut ? Une nouvelle Révolution, 1789 version 2.0 ?
Est-il sage pour un mortel de tomber amoureux d’un succube ?
Les gentlemen du futur pourront-ils régler leurs querelles au disrupteur à vapeur, sans manquer aux règles de l’étiquette ?
Comment se protéger des cadences infernales, de la fatigue et du stress au travail, lorsque l’on a le malheur de s’appeler « La Mort », et d’exercer un métier pour laquelle il n’est pas de congés ? 
Autant de sujets graves, traités entre ces pages avec sérieux. Ne laissez pas vos neurones s’étioler, offrez une cure de Jouvence à vos zygomatiques. Cessez de résister, accordez-vous une douce violence…De toute évidence, PUNK’S NOT DEAD a été écrit pour vous.

Mon avis

Définitivement fan du style d’Anthelme Hauchecorne !!!

Merci à Anthelme Hauchecorne et aux Editions Midgard pour ce partenariat !

J’ai vraiment beaucoup aimé ce recueil de 13 nouvelles, 13 histoires qui montrent l‘étendu de l’imagination de l’auteur, de son besoin de faire passer des messages de manière percutante et fun ! Toujours des sujets graves, traités de façon intelligente et non rébarbative. De la folie des hommes dévastant notre planète, à l’évolution engendrée par le chaos social, une palette de thèmes et de personnages habillement croqués, prennent vie sous la plume aiguisée et fluide d’Anthelme Hauchecorne. On sent parfois que des nouvelles datent un peu dans le sens où le style est peut-être plus balbutiant mais dans l’ensemble, 13 bijoux de précision, de beauté et de noirceur mêlés, de réflexion.

Le livre est magnifique ^^ La couverture est belle, je m’en lasse pas de la regarder (surtout quand on sait qui est en couv’), et les illustrations de Loïc Canavaggia sont superbes, je ne serais que trop vous conseiller de découvrir son coup de crayon. Chacun de ses dessins illustrent à la perfection les nouvelles d’Anthelme. A chaque fin de nouvelle, je revenais à l’illustration et je m’émerveillais des détails, de la justesse de l’interprétation. Vraiment bravo !

Autre élément génial dans ce recueil, les backstages, 2 ou 3 pages dans lesquelles Anthelme Hauchecorne, nous livre quelques clés sur la nouvelle, si elle est issue d’un appel à texte, le sujet devant être traité, son envie de faire passer tel ou tel message; si la nouvelle a été primée ou pas, ou encore ses influences musicales, lors de l’écriture du texte. C’est vraiment intéressant et montrent à quel point, il s’investit dans son écriture.

Difficile de dire quelle nouvelle j’ai préféré, je pense que certaines m’ont marquées plus que d’autres certainement quand le thème me touchait plus mais dans l’ensemble, j’ai passé 13 excellents moments de lecture ^^ Peut être une préférence pour la première, Décembre de cendres, où on est plongé dans le post-apo dès les premières lignes, ou La grâce du funambule qui se déroule à Roubaix ou encore La guerre des Gaules, où nos pires cauchemars deviennent réalité. Non décidément, c’est trop difficile de choisir !

Décembre de cendres, est une très belle nouvelle, mettant en scène Eva qui habite Brûle-Peste. Budapest post-apocalypse, où pour aider sa mère malade à se soigner, Eva va devenir Scropailleuse, un sort peu enviable, un « métier » où les plus fluets excellent, puisqu’il s’agit de rechercher dans les ruines de la ville des vestiges de l’ancien temps (conserves, bijoux, tableaux, alcool,…). Mais ces zones sont instables; le travail est dangereux, et les employeurs intraitables.
Quelle entrée en matière ! Cette nouvelle est très travaillée, superbement bien écrite, on est véritablement transporté dans le monde post-apo fantastico-réaliste et social ^^ Une leçon de vie pour Eva. Et pour nous ?

Sarabande mécanique est une nouvelle steampunk ^^ Dans le système planétaire Elisabeth IV, sur une planète quelque peu inhospitalière (mais ça n’a pas empêché les hommes de la coloniser ^^) Lord Patton et Edward Fleetwood attendent les témoins de leur duel… Une histoire comico-tragique, mêlant habillement les thèmes des classes sociales, du pouvoir, des conflits générationnels,… Le côté steampunk est très réussi, détails vestimentaires, vocabulaire, technomancie,… Une réussite agrémentée de références au cinéma de Kubrick.

No future. Le 25 décembre 2012, Johnny Rotten prend la plume pour écrire son témoignage, son testament. Suite à la Super Grippe, les survivants se sont faits rare mais ce n’était que la première étape de la destruction de l’Humanité par Mère Nature…. No future, ou l’apocalypse selon un zombi punk ! Nouvelle déjantée sur le retour de bâton de Mère Nature dans la face des êtes humains dépourvus de bon sens ! Tout ça est ma foi… assez juste !

C.F.D.T. Une légende existe sur un manoir hanté. Le père Gracchus, s’y rend pour l’exorciser mais au lieu d’y parvenir, il se retrouve témoin du legs du fantôme à une drôle de Confrérie…  De son côté, un viking recherche 3 jeunots jamais revenus de la chasse aux dragons…. Deux mondes qui vont se croiser… J’avoue avoir moins accrochée à cette nouvelle. J’ai bien aimé y retrouver des dragons, des fantômes. Mais je l’ai trouvé assez mal construite comparée aux autres nouvelles du recueil. Elle date de 2007, je pense que depuis Anthelme s’est doté un style plus percutant qui lui sied mieux. Ici c’est plus faible, sympa mais sans plus.

Sale petite peste, est une nouvelle tirée d’Hommage à Sir Terence ! 1349, la Mort est submergé de boulot avec l’épidémie de peste qui traverse l’Europe, la Pestilence nie y être pour quelque chose, bizarre… La Mort se rend chez M. Marasme, mort depuis 6 mois, recueillir son âme malgré le retard du à la pandémie. A sa grande surprise, il découvre que Mme Marasme est enceinte mais de moins de 6 mois, que se passe-t-il ? Qui se cache derrière ça ?
Je l’avais donc déjà lu, et c’est une nouvelle que j’adore ! Déjà le personnage de la Mort est un de mes préféré et je trouve d’Anthelme a su plus que très bien exploiter ce perso dans la lignée de Terry Pratchett ! Et on assiste à la naissance d’un personnage intéressant ! Du tout bon !

Les gentlemen à manivelle, est une nouvelle assez courte. L’histoire d’Eugénie au service de Maitre Brimborion. Maitre tête en l’air ou décarochant qui confond ses automates, les uns avec les autres. Heureusement il y a Eugénie et son sens inouï de la répartie !!! Un zeste de steampunk et une grosse dose d’humour, pour une nouvelle sur les robots un peu moins engagé que les autres nouvelles mais avec une fin très sympa ! Un gros plus pour les échanges entre Eugénie et Maitre Brimborion !

La guerre des Gaules, Énorme nouvelle ! Imaginez que le parti Nouvelle France (même si celui qui souhaite la fermeture des frontières, la sortie de l’Euro,…) gagne les élections de 2029. 5 personnalités reviennent sur cet événement qui plonger la France en guerre civile, car les pauvres sont toujours plus pauvres, les riches toujours plus riches, et  l’Europe s’en lave les mains… Et si pour s’en sortir, l’homme devait évoluer ? Sur un ton tantôt badin, tantôt hautin, tantôt beauf et tantôt aristo, à l’image des personnages interviewés , on découvre que la France devient après la victoire des extrémistes et des cons… Et nous ne sommes pas à l’abri que ça nous tombe sur le coin de la gu*ule… Sauf qu’on n’aura pas la chance d’évoluer … si ?  Une nouvelle marquée par un engagement sur un ton humoristique mais caustique et dénonciateur une série de thèmes sérieux et graves sont abordés, une excellent façon de faire passer le message (sur les différences, la société qui nous veut faire de nous des moutons, des abrutis, plus facile à manipuler). Une réussite !

Voodoo doll est une nouvelle assez courte, nous contant la nouvelle affaire d’un privé  chargé de retrouvée une jeune fille Angélique, qui a fuit son domicile. On decouvre un privé désabusé, une sorte d’anti-héros.  Anthelme Hauchecorne change de registre et se met au noir, et ça lui va plutôt bien ! A quand un polar, made in Hauchecorne ?

De profondis nous fait est une révélation, les dragons existent ! Ils vivent dans les profondeurs abyssales de nos océans. Mais leur nombre se réduit depuis peu. Que se passe-t-il ? Qui ou quoi s’en prend aux derniers géants ? Une nouvelle originale, l’accent est porté sur l’imagination qu’inspire le monde des mers et des profondeurs inexplorées. Mystères et créatures étranges. Moi aussi quand je vois les reportages sur tout ce qu’on aurait à découvrir dans le fond des océans, ça fait travailler mon imaginaire, j’ai beaucoup aimé !

La ballade d’Abrahel, une réécriture de conte lorrain. Martin, éleveur de brebis est marié à Martine. L’union n’est plus si heureuse, Martin reluque un peu trop la jeune et jolie Catherine. Mais Martin est dupé, Catherine n’est pas celle qu’il croit. La nuit, le succube reprend son apparence, et rentre dans son monde. Où il cherche à racheter un objet particulier mais là bas, tout se paie en âme… Une nouvelle qui m’a beaucoup plut! Le démon est plus qu’il n’y parait, que ce que l’on en voit. J’ai beaucoup aimé la fin.

Buto atomique, une nouvelle un peu en marge des précédentes, mélange de réel et de fantastique. C’est au lecteur de se faire son propre avis et de choisir. Un patient confie à son médecin la façon dont il a miraculeusement survécu à des radiations. Mais pour comprendre comment il a pu guérir, il lui faut raconter comment il a été contaminé. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle, belle et gracieuse comme le thème de la danse développé ici. Très originale sur des sujets qui m’ont touchée. Je recommande !

La grâce du funambule, ou quand un jeune diplômé de Roubaix, souhaite quitter la ville et son homme pour rejoindre Paris et vivre son rêve. Julian est comme un funambule, en équilibre, obligé d’avancer pour ne pas tomber, pas possible de faire demi-tour. Une quête d’idéale dans un monde corrompu. J’ai été touché par cette nouvelle. C’est la seule qui n’a pas de touche fantastique, un défi pour l’auteur, réussi. J’ai adoré, les personnages, la façon de rendre hommage à Roubaix, à son passé historique, ses écoles de mode, tourné vers l’avenir, où une certaine misère sociale évolue dans un monde de strass et de paillettes, deux mondes opposés mais pourtant soudés. Une nouvelle « blanche » très réussie.

Le roi d’Automne, quand Dawn retrouve enfin l’Univers du Sidh qu’elle a tant adoré !!! (oui je parle de moi à la 3ème personne ;p) Qui a lu Âmes de verre, retrouvera avec plaisir un des personnages charismatiques du livre et ceux qui n’ont pas lu auront un avant gout de ce livre fantastique ! L’action se passe avant Âmes de verre, et Ambre est adolescente. Elle est jeune et chiante! J’adore ❤ Ambre est issue d’une famille ayant pour mission de protéger les Dormeurs des Daedalos qui essaient de passer à la Surface. Les jeunes de ces familles particulières doivent une nuit de Samhain, descendre dans l’En-Deçà, acquérir la Vue et la preuve de leur passage là bas, une arme ou un Daedalos ! Bref, une mission périlleuse. Ambre réussira-t-elle ? Est-elle vraiment maitresse de ces choix ? Une nouvelle que j’attendais et je n’ai pas été déçue, retrouver l’En-deçà, les Daedalos, l’étrange famille d’Ambre, un régal ! J’espère que cette nouvelle vous donnera envie de vous jeter sur le Tome 1 du Sidh, ça vaut vraiment le coup !

Voilà, à part un ou deux nouvelles que j’ai trouvé en-deçà des autres, j’ai vraiment beaucoup aimé ce cercueil de nouvelles ! Je regrette de ne pas avoir Baroque’n’roll dans ma PAL mais j’attends sa réédition (si je me trompe pas, ça devrait avoir lieu un jour), histoire d’avoir un aussi joli ouvrage que ce Punk’s not dead !!!!

Ces 13 nouvelles à leur manière plus ou moins développée, font réfléchir, abordent sur le ton de l’humour, de la dérision (permit par l’Imaginaire), des sujets sérieux et graves. Je n’ai pas eu l’impression qu’on voulait me donner des leçons, mais plutôt me permettre de réfléchir, de développer ma propre opinion, de m’intéresser à des sujets importants, sur des questions sociales et environnementales. Mais surtout Punk’s not dead est un recueil qui emporte son lecteur dans plusieurs univers et qui le fait réfléchir et moi c’est ce que j’aime dans mes lectures ^^ Une écriture belle, intelligente, fluide, un style percutant, de magnifiques illustrations, je vous recommande l’auteur et l’ouvrage !

Bonne lecture 😉

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JLNN

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Le Livre de la Création (Les derniers guerriers du silence) de Yoann Berjaud

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Édition Mnémos, Collection Dédales, 272 pages, 19€

4ème de couverture

 » Les héros sont presque tous morts, mais les hommes se battent encore. »

 Les mondes de la Confédération sont tombés. Les armées du Neo-Mashma s’imposent, Le Livre de la Création se déchire, lui qui seul contient l’univers et sa permanence. Une apocalypse implacable étendra bientôt son aile noire sur les survivants de la Confédération des Cent Planètes.
Cependant, dans l’ombre et le secret, les Derniers Guerriers du Silence poursuivent la lutte.
Une poignée de héros fragiles et farouches sont lancés dans une quête désespérée afin d’empêcher le monde de sombrer.
Les pages du Livre s’amenuisent, sa puissance faiblit et la trame du monde s’épuise.
Le Dieu Noir sera impitoyable avec les indécis et seule la vibration sacrée du Chant Premier a le pouvoir de sauver les âmes.
Il est temps d’écrire le Destin de l’Humanité, il est temps de clore le Livre de la Création.

Après Le Chant Premier, Yoann Berjaud conclut magistralement son épopée dans l’univers des Guerriers du Silence de Pierre Bordage.
Avec son style lyrique, il ouvre une nouvelle voie dans la science-fiction avec des personnages aux destins héroïques qui puisent au plus profond d’eux-mêmes pour accomplir leur chemin de vie.

Résumé

Attention risque de spoiler du T1 de ce diptyque !

Après avoir voyager dans le temps et l’espace grâce au Grimoire Sacré, Sékhem a été arrêtée par les chevaliers du Néo-Mashma qui la traquaient notamment le Lion Noir et est livrée à l’Aigle Noir, bras armé du Dieu Noir. Cependant, elle va recevoir une aide inattendue qui lui permettra de fuir grâce au Chant Premier  et de rejoindre Athénaïa sur Aguiba. Elle doit lui remettre des plans de vaisseaux, les seuls capables de défendre Terra Mater contre les armées du Néant…

Siliana, 26 ans après la Bataille du Dharma, se réveille dans une étrange contée. L’instant d’avant elle était à Vénitia en train d’étudier le Grimoire Sacré. Sans aucun doute, elle a voyagé grâce au Livre de la Création. Ce livre qu’elle doit détruire pour voir s’accomplir l’œuvre de destruction du Néant…

Quelles sont les épreuves que va rencontrer Sékhem et les autres guerriers du silence ? Parviendront-ils à sauver Terra Mater, et l’Humanité ? Que va découvrir Siliana en sondant le Livre sacré ? Arrivera-t-elle à le détruire, à mettre fin à sa souffrance et à l’Humanité toute entière ?

Mon avis

De nouveau, je tiens à remercier à Yoann Berjaud et à Mnémos Editions, pour la suite du diptyque des Derniers Guerriers du Silence ! Quand j’ai accepté de lire Le chant Premier,  je ne pensais pas recevoir avec la suite, ce fût une belle surprise, merci beaucoup.

Pour lire ma chronique du tome 1 : Le chant Premier c’est >ici<

Une suite époustouflante, une magnifique conclusion de ce diptyque ! 

Cette fois-ci, je n’ai eu aucun mal à rentrer dans cette suite, probablement parce que je connaissais l’univers et que le 1er était encore « frais » dans ma mémoire. Et surtout j’avais envie de savoir ce qu’il allait advenir des personnages et de l’Univers !

Le lecteur retrouve les personnages là où il les avait quittés précédemment, il doit se passer quelques semaines ou mois mais pas beaucoup plus. Nous retrouvons l’univers dense et complexe, développé par l’auteur, basé sur les Guerriers du Silence de Pierre Bordage. Peu ou pas de rappel des actions précédentes en début de roman, c’est vraiment dans la continuité du 1er Tome. Parfois cependant dans le récit de rapides références aux événements passés et aux épreuves traversées par les protagonistes. Un tome à ne pas dissocier du Chant Premier. Comme dans le premier opus, les débuts de chapitre donnent des extraits de mémoires, de carnets, de traités, … comme une introduction à ce que vont vivre les personnages dans le chapitre. Cette fois, les événements sont « datés », soit nous découvrons ce qu’il s’est passé durant les 6 mois avant la Bataille du Dharma (bataille  stratégique pour les deux « camps »), soit nous avons les événements se passant 26 ans après la bataille.

Avec le récit de Siliana, 26 ans après la Bataille du Dharma, nous comprenons que les Guerriers du Silence ont échoué, que le Dieu Noir domine et que le Néant va bientôt anéantir l’Humanité. Mais pour cela, il faut détruire le dernier artéfact : Le livre la Création. Et cette mission est confiée à Siliana. Pour mémoire, c’est la petite fille de Sékhem. Elle est devenue une sorte de déesse, la Grande Prêtresse de la Nuit, amante du Dieu Noir. Son âme est pourtant celle de Sri Lumpa (dont on découvre l’histoire), âme torturée, à la fois défenseur de la Vie et détenteur du Pouvoir Noir… J’ai personnellement d’abord détesté Siliana, ensuite ça s’est transformée en juste pas appréciée en effet (certaines de ses répliques, n’ont pas sonné juste à mes oreilles), comment réussir à aimer, une âme si noire, une furie, une déesse de mort ? Comment aimer son arrogance, son ton supérieur, son besoin de destruction ? Mais est-elle vraiment responsable de sa destinée ? N’est-elle pas qu’un jouet de plus entre les mains du Dieu Noir ? D’une autre force ? Pourra-t-elle changer ? ou s’amender ? Ou sera-t-elle toujours l’instrument de destruction du Néant ?

Puis, nous retrouvons avec grand plaisir, notre héroïne Sékhem. Après son passage dans le futur, elle revient avec un élément important pour combattre les forces armées du Néo-Mashma. Mais aussi avec une blessure sentimentale. Elle s’absorbe dans sa mission, en symbiose parfaite avec Athénaïa, l’intelligence artificielle qu’elle a rencontré dans Le Chant Premier. Elle a traversé quelques épreuves dans le 1er tome, et d’autres encore plus terrifiantes l’attendent dans ce second tome. Le lecteur comprend toute son importance dans la trame du récit et dans le destin qui se joue. Impossible de ne pas se sentir proche de cette femme blessée mais courageuse. Impossible de ne pas comprendre les besoins qu’elle aura et les choix qu’elle fera.
Il en est de même pour Nephtys, la sorcière rouge. Sa principale mission dans ce tome est de surveiller les armées du Néo-Mashma sur Kémya. Elle découvre l’existence du Plérôme Noir, des êtes qui vont tout faire pour gouverner toute forme de vie dans l’Univers. Dans sa surveillance, Nephtys sera amenée à prendre des risques et elle assistera à des événements traumatisants et horribles, qui l’amèneront à faire certains choix parfois limites.

Bien entendu, le roman permet aussi de retrouver les autres personnages découverts dans Le Chant Premier, Sahel, le Vitaguerrier qui va partir en mission sur la planètre Cryo et faire d’étranges rencontres, il devra faire des choix, et assumer certains actes qui auront des conséquences au travers le récit, …. Adryan, qui va combattre au côté de Sékhem, lui sera un peu plus en retrait dans le récit. Hartmon, le mage des sables (ex-mari de Sékhem), va se voir confier la mission de s’occuper de la Lance du Destin, un artéfact puissant et dangereux, voué corps et âme au Néant… Beaucoup d’événements seront liés à cette Lance, à son porteur légitime…. Le lecteur découvrira la destinée de Lydia, la soeur d’Adryan, ou encore de Lyorim, cet alpha insoumis… Aucun personnage ne sera oublié. Chacun à sa place, son rôle à jouer dans la bataille contre le Néant, même les choses qui paraissent de moindres importances, sont nécessaires à la compréhension des enjeux finaux, des destinées, … L’auteur avait finement préparé la trame de son récit, distillant les informations, les éléments nécessaires à la compréhension des événements. Dans ce second tome, les guerriers rentrent en action et le duel entre les forces du Bien et du Mal aura bien lieu.

Le récit emportera le lecteur à la rencontre des premiers peuples, de la première race à avoir évoluée dans l’Univers ; à la rencontre de lieux étranges, hors du temps et de l’espace. Le lecteur comprendra les tenants et aboutissants des agissements du Dieu Noir, découvrira ce qu’il est. Toute la lumière sera faite sur les artéfacts anciens : livre de la création, lance du destin, jeu du dharma… Et nous comprendront que dans l’Univers rien n’est laissé au hasard…

Dans toutes les épreuves traversées par les héros, par les derniers guerriers du silence, il sera question de choix, de conséquences, de remise en cause, de confiance, ils n’en restent pas des humains même extraordinaires, pris de doutes, avec des failles, des faiblesses, pouvant faire des erreurs. Ils seront parfois pantins, parfois maitres de leurs destins. Certains devront se débrouiller par eux-même; croire en eux, faire confiance aux autres. D’autres recevront des aides inattendues

Nous retrouvons dans cette suite, les thèmes développés dans le premier tome : la dualité du monde, et des hommes, tiraillés entre le Bien et le Mal, la souffrance, la haine, les ténèbres et l‘espoir, la lutte pour survivre, la lumière, l’entre-aide, l’amour, le soutien, le dépassement de soi, … complétés par une question essentielle : jusqu’où l’être est prêt à aller pour détruire ou pour survivre?

Il y a des événements, des aspects, plus durs dans ce roman que dans le précédent, plus d’actions (combats), des chapitres plus courts qui donnent beaucoup de rythme, les pages se tournent sans les voir défiler. Le récit bien que dense reste fluide, car le texte n’est pas alourdit de vaines digressions ou descriptions. L’auteur va à l’essentiel dans son développement, en continuant à émerveiller le lecteur ou à l’horrifier parfois. J’ai apprécié les changements de point de vue permettant d’alléger certains passages, et aussi de s’attacher encore plus aux personnages, parce que cette fois, en plus des mémoires de Sékhem, on a les pensées d’Hartmon, de Nephtys, de Lydia, de Sahel ou encore de quelques personnages plus secondaires aux côtés plus sombres. J’aurai d’ailleurs bien aimé la vision des événements à travers les yeux de Markman, l’Aigle Noir.

Les révélations et actions finales notamment sur le dieu noir ou sur Yantis, l’Ange Rebelle sont assez surprenantes, il y a des choses que je n’avais pas vu venir pour ma part. Ces révélations arrivent assez vite (c’est un diptyque) mais je n’ai pas eu l’impression de déséquilibre avec le premier tome. Il y a très peu de redondance dans le récit, ce qui est très appréciable surtout quand sont développés des destins croisés comme ici, avec différents points de vue ou encore des espace temps différents.

Ce second roman est à l’image du premier, vraiment très bien écrit, riche en vocabulaire, c’est toujours très visuel. Les êtes, les lieux, l’histoire, sont sublimés par les mots de Yoann Berjaud. Et vraiment cette fois-ci je n’ai eu aucun mal à reprendre l’histoire, et même le bémol que j’avais émis sur le Chant Premier, concernant l’excès de beauté, de superbe chez les héros, je ne l’ai pas retrouvé ici, on voit plus leurs failles ou leurs doutes. Parfois on « nage » encore dans le côté merveilleux, dans l’émerveillement, dans la Lumière, mais on comprend pourquoi ces côtés sont tellement mis en avant  et on accepte cette vision de l’auteur. C’est comme un message qu’il nous livre. Autant cela m’avait irritée dans le 1er tome, autant là je comprend la philosophie et les choix de l’auteur. A tel point, que la fin m’a beaucoup touchée. C’est beau et terrifiant en même temps.
Je me suis rendue compte que je me suis attachée à beaucoup de personnages même certains qu’on voit moins (Lyorim est mon coup de coeur) et qu’une fois, le livre terminé, ce fut comme un grand vide. Un grand vide, avec une étrange sensation d’apaisement et d’espoir.

Yoann Berjaud a développé dans son diptyque un univers dense, riche et complexe. On peut sentir un très gros travail (pour coller à l’univers de Pierre Bordage déjà) mais aussi pour s’en démarquer certainement, pour construire un imaginaire propre sur des bases existantes, ça doit être très difficile. Yoann Berjaud nous donne en tout cas, dans ce diptyque le développement d’un univers complet, complexe mais qui se tient de bout en bout. Avec une dimension mystique, une alliance de croyances et de technologie dans des lieux terrifiants et/ou apaisants. Avec une dimension épique et des destins hors du commun. Un diptyque de SF magnifique et maitrisé.

Même si, nous nous laissons guider par l’auteur, les personnages et le récit, que nous nous doutons de la finalité (mais peut être pas de la manière dont cela va se passer), nous apprécions grandement de découvrir les chemins pour y accéder. Parfois le lecteur sera surpris, parfois il sera juste spectateur attentif et souvent, il réfléchira aux sens à donner aux actes, aux paroles, … La globalité de ce récit nous permet d’établir un parallèle sur notre monde, sur l’évolution des mentalités, sur les choix et les conséquences des décisions, sur le fossé qui se creuse de plus en plus entre les hommes.

Le Livre de la création (et Le Chant Premier aussi) nous confie que tout est une histoire de combats intérieurs, c’est d’abord contre soi qu’on se combat avant de combattre les autres, c’est d’abord en se connaissant qu’on peut livrer bataille pour soi et les autres.

Je continue être impressionnée par la richesse des deux romans que sont Le Chant Premier et le Livre de la Création, reprenant et développant un univers magnifique et foisonnant. La plume de Yoann Berjaud est belle, lyrique et précise, c’est un auteur à suivre !

Merci encore à Yoann Berjaud et aux Editions Mménos pour ce diptyque époustouflant !

Le Chant Premier (Les derniers guerriers du silence) de Yoann Berjaud

C1-Le-Chant-premier

Édition Mnémos, Collection Dédales, 288 pages, 20,5€

4ème de couverture

La Confédération des planètes est en paix. Et pourtant…
… Aux confins de l’espace, Sékhem, la jeune amiral de la flotte des six anneaux de Sbarao, braque les senseurs de son vaisseau de guerre sur un étrange artefact suspendu dans le vide.
Dans les splendeurs de Bella Syracusa, Adryan l’aristocrate éprouve les pouvoirs du séduisant Dieu Noir.
Des bas-fonds de Raya aux dunes d’Osgore, Sahel le Vitaguerrier s’éveille aux énergies de l’ancien monde…
Ces destins prêts à basculer deviendront-ils les gardiens ultimes du Chant Premier, à l’origine de toute vie ? Les Derniers Guerriers du Silence ?

Épopée spatiale, récit initiatique et journal intime, le Chant premier compose un véritable Space Opera mystique. L’écriture de Yoann Berjaud est un souffle qui nous transporte de batailles cosmiques en conflits intimes à la suite de personnages au destin incertain, en quête d’absolu.
Comme L’Incal ou Dune, Yoann Berjaud trace une voie originale de la Science-Fiction.
Se déroulant dans l’univers des Guerriers du Silence de Pierre Bordage, Le Chant Premier se lit indépendamment.

Résumé

Il y a quelques siècles, les humains ont eu à affronter les Scaythes d’Hyponéros, qui contrôlaient l’esprit des hommes. Grâce entre autres aux Guerriers du Silence, l’Univers a perduré. Cependant, alors que la confédération des planètes est en paix, le Néant est de nouveau aux portes de l’Univers, prêt à tout anéantir. L’amirale Sékhem qui commande l’armada spatiale du gouvernement des 6 anneaux de Sbarao, mène ses troupes vers un objet extrahumain une sphère bleue irradiant de paix et de sérénité. De quoi s’agit-il ? Un piège? Une menace ? Un message ? Une invitation ? Sékhem décide d’aller voir par elle-même. Parvenue au sein de cette sphère, elle se retrouve comme téléportée sur sa planète natale, Kémya. Où elle retrouve son fils qu’elle croyait mort. Rajân, lui annonce que des heures sombres se profilent, qu’il doit se cacher. Et qu’elle, elle doit être sur ses gardes car elle est traquée par les seigneurs du mal. En effet, une prophétie la désigne comme celle qui pourrait empêcher la destruction du genre humain… Commence alors pour Sékhem (et pour d’autres personnages), une lutte contre le Néant et ses chevaliers, un combat pour la Vie…

Mon avis

Tout d’abord merci à Yoann Berjaud et à Mnémos Editions, pour cette belle opportunité de découvrir le diptyque des Derniers Guerriers du Silence !

Un très beau roman de SF, même si personnellement, il m’a fallut du temps pour rentrer vraiment dedans.

Le lecteur découvre progressivement les personnages et les planètes « importants » du récit. Attention, il n’est pas plongé comme cela, tel quel, dans un univers dense et complexe, sans un minium d’informations. Les débuts de chapitre donnent des extraits de mémoires, de carnets, de traités, … afin de nous permettre de situer les événements de ce roman, par rapport aux écrits précédents de Pierre Bordage. En effet, lunivers de Chant Premier est emprunté des Guerriers du Silence de Bordage, et est continué par Yoann Berjaud. Les introductions de chapitre nous racontent donc rapidement les faits historiques, les batailles passées, l’affrontement entre les Scaythes et les hommes,…

Le premier personnage à être présenté au lecteur est Sékhem. Cette jeune femme originaire de Kémya, planète du désert, amirale, commandant une armée puissante. Nous apprenons une partie de son histoire, sa formation de guerrière, son initiation aux conditions extrêmes du désert par son père Sethi, son « don de voyance » transmis par sa mère Lilya, l’existence d’un ex-mari Hartmon et d’un enfant d’une vingtaine d’année Rajân, qui malheureusement s’est suicidé quelques mois plutôt. Sékhem a beaucoup de mal à faire son deuil mais son entrainement et son sens du devoir, lui permettent de continuer à avancer. Jusqu’au jour, où elle est averti de la présence d’une entité dans l’espace, elle a pour mission d’aller voir ce que c’est. Ce premier événement va engendrer des révélations. Sékhem va comprendre qu’on lui a menti, que son enfant vit toujours, qu’un immense danger arrive et que le Néant approche, décidé à tout anéantir de l’Univers. Sékhem est promise à un rôle d’importance car sa formation aux stratégies militaires et son endurance, la désigne comme une pièce maitresse dans le combat qui va opposer les Guerriers du silence et les chevaliers servant le Néant. Elle pourrait être en mesure d’empêcher la destruction de l’humanité et par suite de l’univers. Mais pour cela, des épreuves l’attendent puisqu’elle est poursuivi par les chevaliers du Dieu Noir et elle va devoir faire confiance à des personnes qui l’ont personnellement trahie jadis.

Deux autres personnages importants dans le récit, dans le « combat » vers la sauvegarde de l’humanité, sont suivis par le lecteur. D’abord, Adryan, un aristocrate de Bella Syracusa. Personnage dévasté par la perte de son père avec qui, il s’entendait à merveille et qui comme lui était sénateur de la république de Bella Syracusa. Nous apprenons vite que sur cette planète, les vieilles familles complotent depuis des siècles contre la confédération des 100 planètes, que les hommes d’État sont corrompus. Et que la « capitale » Vénitia abrite même un ordre secret le Neo-Mashma. Les membres de cet ordre ont la capacité d’influencer la matière par l’esprit. Adryan va être recruté par cet ordre aux ordres du Dieu Noir, mais cela ne se passera pas comme prévu.
Puis, nous découvrons Sahel, un Vitaguerrier, espion du Réseau Ronde Lune Rouque, alors aux prises avec un adepte du Dieu Noir. Il utilise le Cri de Mort pour s’en débarrasser (une technique particulière des Initiés), mais son poursuivant se relève. Sahel sera aidé par un homme Lyorim, qui prétend avoir des visions du futur. Ce dernier indique à Sahel qu’il doit l’accompagner pour l’aider dans une partie de sa mission. Ils doivent retrouver le Gardien des Annales Inddiques. Cet homme est un légendaire guerrier du silence, qui en quelque sorte, protège l’Histoire de l’Humanité et donc l’Humanité. Seulement, eux aussi, se verront freiner par des difficultés et des trahisons.

Ce roman est vraiment très bien écrit, rien en vocabulaire, en images, c’est très visuel. Le récit est rythmé et le style fluide. Chaque chapitre suit un personnage ce qui nous évite de nous perdre entre les mondes et les personnes, ce qui je pense serait le cas, si on alternait les points de vue dans un même chapitre. Cependant, il faut s’accrocher au début de la lecture, se familiariser avec les personnages et le très riche univers repris dans ce livre. Au niveau du rythme, j’ai apprécié certains passages à la première personne, extrait des écrits de Sékhem, qui permet de varier la narration et surtout qui permettent au lecteur de s’attacher à elle, de mieux la comprendre. C’est une héroïne féline et sauvage mais endurcie par ses fonctions militaires. On a envie de la suivre et de savoir ce qu’elle va découvrir, les dangers qu’elle va affronter mais surtout réussira-t-elle?

Yoann Berjaud développe dans ce roman, un univers dense, riche et complexe. La confédération des 100 planètes est composée de planètes toutes différentes les unes des autres (avec des soleils, des lunes, des géographies diverses,…), avec des peuples différents également (des nomades, des citoyens aliénés par neuropuces, …). Il semble s’approprier à la perfection la mythologie et l’univers développés par Pierre Bordage (malheureusement n’ayant pas lu la trilogie, je ne peux pas comparer). Toutefois, je peux dire qu’on peut en effet, lire ce livre complètement indépendamment des œuvres précédentes. Nous comprenons très bien les choses, c’est très complet. Cependant, il est peut-être plus facile pour un lecteur connaisseur des guerriers du silence, d’appréhender le côté mystique des événements. Nous remontons dans la lecture presque aux origines de l’univers. La présence du Chant Premier, de l’Antra de vie, du Son primordial. Des choses que nous comprenons très bien à la lecture mais qu’il est assez difficile de retranscrire ici sans trop en raconter sur l’ensemble des faits et des personnages. En tout cas, nous découvrons les figures emblématiques des religions principales de cet univers, la planète originelle (Terra Nova) et ses premiers guerriers du silence, jusqu’à la menace actuelle. Et de nouveaux guerriers du silence apparaissent, les destinées changent, d’autres se façonnent, luttant pour la Vie pour l’humanité ou pour accomplir la volonté du Dieu Noir.

A travers ce roman et cette histoire, on aborde la dualité du monde, et des hommes, tiraillés entre le Bien et le Mal, sous fond de crises et de guerre de religion. Auxquelles se mêlent des luttes de pouvoir, la corruption, la souffrance, la haine, les ténèbres et l’anéantissement. Et bien entendu, leurs contraires, l‘espoir, la lutte pour survivre, la lumière, l’entre-aide, l’amour, le soutien, le dépassement de soi,

Le lecteur sera amené à rencontrer de nombreux personnages. J’ai beaucoup apprécié Sékhem, mais aussi Athenaïa, Abahelle, Sahel et Lyorim. Et de rencontrer de nombreux types de personnages, des gardiens, des guides spirituels, des anges, des êtres transcendés, des guerriers, des espions,… Et pourtant, le tout dans une logique narrative et une construction concise. Nous n’avons pas une impression de fouillis, les personnages et l’univers sont parfaitement maitrisés par l’auteur, qui sait où il veut en venir et par où il va faire passer ses personnages.

Personnellement, j’ai eu un peu de mal à rentrer pleinement dans ma lecture, peut-être parce que je ne lis pas tant de SF que cela (j’en regarde beaucoup en séries et en films mais j’en lis assez peu) mais passé la seconde moitié du roman, j’ai avalé les pages, j’avais enfin envie de savoir comment les personnages (il a peut-être fallu que tous me soit présentés avec leurs missions ?) allaient s’en sortir. L’intrigue nous réserve quelques rebondissements préparant la suite (Le livre de la création). Le travail de l’auteur est très intéressant (de Pierre Bordage également ?), on sent au cours de la lecture plusieurs influences, plusieurs mythologies servant de bases aux différents mondes (empire et croyance égyptiens, empire romain, religion judéo-chrétienne et indouiste, …) qui permettent aux lecteurs de se raccrocher un peu à des choses qu’ils connaissent, comme des points de repère.

Un petit bémol pour moi, c’est qu’au bout d’un moment, j’avais l’impression que tous les personnages étaient beaux, méchants mais pas vraiment, magnifiques avec une aura exceptionnelle, un destin fabuleux, peu de défauts, beaucoup de qualités, surdoués, extraordinaires…. J’aurai aimé que les personnages plus sombres, plus noirs et pas gentils du tout, soit plus présents, plus développés. Parfois avec les visions du futur, les prophéties et autres, j’avais le sentiment que tout était déjà « plié », que l’on n’aurait pas vraiment de surprise. Mais dans le dernier tiers du roman, cette impression m’a quittée. Pendant, une bonne partie de ma lecture, je ne suis pas vraiment parvenue du coup, à m’attacher aux personnages, même si j’étais émerveillée par l’écriture et la description des mondes, des croyances, j’avais du mal à y adhérer complètement. Mais vers la fin (quand ça commence à prendre une tournure différente, à se corser un peu plus), j’ai beaucoup plus accroché. J’ai d’ailleurs enchainé avec la suite parce que j’ai très envie de savoir comment va se terminer cette histoire et afin de rester immergée dans l’Univers (parce qu’il ne doit quand même pas être évident de laisser passer 1 année entre les deux tomes).

Personnellement, je suis impressionnée par ce roman même s’il m’a fallut du temps pour y accrocher vraiment, le lecteur y découvre un Univers riche et foisonnant, des planètes magnifiques et/ou terrifiantes, des destins noirs ou lumineux, des personnages développés et combattifs, à la recherche d’eux-même pour le bien de tous. Le tout servi par une plume belle et précise. Un premier roman SF impressionnant.

Je suis plongée dans la suite, Le Livre de la Création, mon avis devrait être publié dans le mois ^^

Merci encore à Yoann Berjaud et aux Editions Mménos.

Le cercle des poètes disparus de Nancy H. Kleinbaum

Le livre de poche, 190 pages, 5,10€

Merci à mon amie Lilith pour le prêt 🙂

4ème de couverture

Il fut leur inspiration. Il a transformé leur vie à jamais…

A Welton, un austère collège du Vermont, dans les années 60, la vie studieuse des pensionnaires est bouleversée par l’arrivée d’un nouveau professeur de lettres, monsieur Keating.

Ce pédagogue peu orthodoxe va leur communiquer sa passion de la poésie, de la liberté, de l’anticonformisme, secouant la poussière des autorités parentales, académiques et sociales. Même si le drame _ le suicide d’un adolescent _ déchire finalement cette expérience unique, même si Keating doit quitter le collège, il restera pour tous celui qui leur a fait découvrir le sens de la vie.

Résumé

C’est le jour de la rentrée à Welton, collège de garçons strict et austère, préparant les élèves à de hautes études et de brillantes carrières. C’est la première année pour Todd Anderson dans cet établissement qui a vu passer son frère avant lui. Il est dans la classe de Steven, Charlie, Neil, Knox,… et partage sa chambre avec Neil. Todd est timide et réservé et Neil est talentueux, bosseur et surtout sa vie est réglée toute entière par son père. C’est aussi la première année dans l’établissement du nouveau professeur de littérature M. Keating, anticonformiste, il va tout faire pour ses jeunes élèves réfléchissent par eux-même, fassent leur propre choix,…

Mon avis

J’ai adoré retrouver l’atmosphère et les personnages d’un de mes films préférés !

Ce livre est issu du film, et on retrouve en tout point les personnages et les actions du film de Peter Weir. Jusqu’à certains dialogues. C’est génial pour se remémorer le film et avoir une trace des poèmes et des auteurs de littérature cités tout le long. Cependant, c’est aussi le bémol du livre, car il est extrêmement fidèle, il ne complète pas les ellipses de temps qui peuvent exister dans l’histoire, ne rajoute pas de détails en plus sur la vie ou les impressions des personnages. Il faut donc bien le prendre pour un rappel, un autre support mais pas comme un développement.

Mais même comme ça, c’est une histoire fabuleuse, qui m’avait déjà complètement retournée adolescente devant ma télévision et la même émotion était là pendant ma lecture, jusqu’à verser une larme à la fin, alors que je connais l’histoire par cœur !

Du coup, parler du livre, c’est parler du film sans les jeux d’acteurs. Adorant le film, j’ai lu en ayant les acteurs en tête, ça ne m’a pas gêné bien au contraire. Cette histoire est magnifique et bouleversante, pas étonnant que le scénario est eu l’Oscar. Presque tout le monde connait l’histoire maintenant (le film a 23 ans déjà!), ce professeur qui va insuffler à ces élèves de nouvelles valeurs, différentes de celles de Welton (tradition, discipline, honneur, excellence) mais oh combien aussi utiles pour éviter de passer à vie à être un mouton : penser par soi-même, avoir différents points de vue, vivre le moment présent, etc. Le tout amené par des références littéraires, l’amour de l’écriture, de la poésie, … La re-formation du Cercle des Poètes Disparus permettant aux jeunes héros de se détendre, de se construire, de s’évader de leurs quotidien, … Bien  sur, un drame survient et alors on se voile la face et ce professeur devient le coupable idéal, lui qui a mis des idées stupides et dérangeantes dans les esprits de pauvres adolescents influençables ! Révoltant aussi bien sur l’écran que sur le papier !

L’action se passe dans les années 60, alors oui, les temps ont changés, certaines choses ne sont plus les mêmes, mais on est pas encore « sauvés ». Si ce n’est plus vraiment à l’école, au collège qu’on nous apprend à être des moutons, la publicité, la société de consommation, une certaine politique, parfois encore l’éducation, nous empêche (encore ? parfois ? souvent ?) de faire vraiment ce qu’on a envie de faire. Tout ça pour dire que les idées véhiculées par le livre (le film) sont toujours d’actualité. Une histoire magnifique qui fait réfléchir.

Pour les personnages, les 3 principaux Neil, Todd et M. Keating, sont vraiment les plus touchants, existence d’une relation entre les élèves et leur professeur, remplie d’admiration, si opposée à celle entre les adolescents et leurs parents remplie de révolte et d’incompréhension. M. Keating, sans chercher à remplacer l’affection que ces adolescents n’ont pas de leurs parents, leur transmet qu’il existe quelqu’un qui croit en eux et qui les font se dépasser. Quoiqu’il leur arrive, tous les personnages en ressortiront transformés. Les rôles secondaires sont aussi importants et apportent tous un enseignement différent, Knox qui va se battre pour conquérir le cœur d’une fille, Charlie qui va aller au bout des idéaux du Cercle des Poètes Disparus, le vieux professeur de latin qui admire M. Keating même s’il ne peut vraiment le lui dire, …

Mon passage préféré, reste la scène finale, l’hommage à ce que le professeur a apporté à ses élèves contre le système mis en place, ultime bravade au proviseur Nolan : Oh Capitaine, mon Capitaine !

Ce livre se lit très vite, de manière aisée, l’atmosphère austère et pesante est bien retranscrite, l’avancement vers le drame également. Je conseille le livre à ceux qui veulent revivre de manière différente le film, à ceux qui n’aiment pas le cinéma et ne verront pas le film, parce que c’est une belle histoire à découvrir. J’en aurais voulu plus mais je suis quand même contente de l’avoir lu.

Et maintenant, j’ai envie de revoir le film (avec un paquet de kleenex comme à chaque fois).

Et n’oubliez pas : Carpe Diem

Vous l’avez lu ? Vu le film ?

Vos avis m’intéressent 😉

Les Mons’trueux / Les premières années / le 17 juin 2012

Ce dimanche, je suis allée voir le spectacle des Mons’treux, les premières années, atelier théâtre des Cochons de l’Espace, Salle Salvador Allende à Mons-en-Baroeul. Il y avait aussi les deuxièmes années juste après, mais je n’ai pas pu rester pour les deux, malheureusement. J’espère que l’année prochaine, je pourrais assister aux deux représentations.

Mais c’est Mons’trueux!
Ils sont prêts, ils n’attendent plus que vous! Les Mons’trueux explorent les méandres des monstres qui demeurent en nous!… Et ce n’est pas facile tous les jours! L’enfer, c’est les Autres disait le philosophe et c’est vrai qu’avec pour compagnie des touristes Japonais, c’est une catastrophe. Des couples en désaccords aux sorcières qui se bourrent la gueule, tout le monde veut parler! Tout le monde a quelque-chose à nous raconter quand à sa Mons’truosité… Et c’est …disons… Mons’trueux!

La fine équipe des premières années se compose de 8 jeunes gens dynamiques et prometteurs : Camille Belart-Courbot, Amandine Dépernon, Caroline Dervaux, David Godard, Nicolas Komorowski, Aurélia Lafitte, Caroline Paul et Axelle Triquet.

Il manque juste Aurélia sur cette photographie, ils sont bien 8 !

Cette année, les premières années ont interprété les extraits suivants:

« Eva Peron » de Copi
« Huit clos » J.P Sartre
« Les touristes japonais » d’aprés un BD de Copi
Extrait de discours de J. Jaurés
« le problème de Math » le journal de grosse patate
« Le médecin malgré lui » de Molière
« Le prince sans couronne » de Caroline Paul
« Macbeth » de Shakespeare
« Les sorcières de Pick Wick » de Camille Belart-Courbot,
« Le prince au gros paquet de biscuits » de Caroline Paul
« Les godmichets » Anonyme
« Ange-soleil » de Gilles Leroy
« Oedipe Roi » de Sophocle
« Le pavillon des femmes » d’après une BD de Copi
« La résurrection de Lazare » de Dario Fo
« Les monstres » de Caroline Paul

sous la mise en scène de Vincent Bonnet.

Nous avons donc eu droit à un enchainement de scènes et de scènettes dans des styles différents sur des thèmes tantôt drôles, tantôt sérieux. Comme ça, ça peut donner une impression d’une succession aléatoire mais détrompez-vous, le talent de Vincent Bonnet est d’avoir su trouver un fil conducteur et permettre un enchainement cohérent de tous ces extraits.

Le temps est passé très vite, des enchainements rapides et un rythme soutenu ! Je ne me suis pas ennuyée une seule minute ! Et il faut bien reconnaitre aux premières années, qu’ils ont beaucoup de talent ! L’appréhension et la peur ne se sont pas vues et ils sont tous brillamment maitrisés leurs prestations !!! Presque aucune fausse note et même quand un élément de décor a fait des siennes, improvisation de ces comédiens « en herbe » a réussi à donner l’impression que c’était voulu et maitrisé !

Les extraits plus sérieux, classiques diront nous : Eva Péron, Jean Jaurès, Œdipe Roi notamment ont permis des discours ou « monologue » fort réussis et interprétés avec brio parce que ça n’est pas facile non seulement de connaitre son texte, de l’interpréter mais aussi de rentrer dans la peau d’un personnage (surtout pour un court moment) et là je dis chapeau !

Jean Jaurès (extrait du discours de 1906) par Nicolas Komorowski

Jocaste reine de Thèbes (Œdipe-Roi) par Amandine Dépernon

A souligner, une première cette année, une partie des textes ont été écrits par deux membres de la troupe : Camille Belart-Courbot pour « Les sorcières de Pick Wick », suite contemporaine de l’extrait de « Macbeth » de Shakespeare les 3 sorcières, très drôle avec de nombreuses références aux films cultes dans les préférés de l’auteure notamment Les Bronzés font du ski (ha la fameuse crapaudine) ou encore La cité de la peur ; et Caroline Paul : « Le prince sans couronne » , « Le prince au gros paquet de biscuits » et « Les monstres », Caroline (Loline pour les intimes) qui non seulement est douée pour écrire mais également pour conter ses histoires et créer tout un univers.

Les sorcières de Pick Wick by Camille Belart- Courbot, Amandine Dépernon, Aurélia Lafitte, Caroline Paul

Mes extraits préférés : Les 3 sorcières de MacBeth (j’adore Shakespeare <3) et la scène écrite par Camillounette adorée qui écrit très drôle !!! Mais aussi « Les godmichets » (Anonyme), texte très drôle, décalé mais pas tant que ça finalement, quand on est veuve, avec des enfants, il n’y a pas de sot métier pour s’en sortir :

Les godmichets avec Amandine Dépernon (la vendeuse) et Camille Belart-Courbot (la bourgeoise offusquée)

Les premières années ont beaucoup donné de leur temps, ces magnifiques accessoires sont fait main et oui ! Comme dans la scène !

Et « La résurrection de Lazare » de Dario Fo, vraiment hilarant, c’est très bien écrit déjà mais également bien joué, librement interprété, c’était top !!!! Imaginez des gens comme vous et moi dont la passion serait d’aller assister à des miracles comme la multiplication des pains ou ici la résurrection de Lazare :

La résurrection de Lazare avec sur la photo : Aurélia Lafitte, Axelle Triquet, Camille Belart-Courbot, Amandine Dépernon, Caroline Paul, David Godard et Caroline Derveaux

Pour certains, c’était leur premiers pas sur scène, pour d’autres un retour sur les planches, cela a donné un spectacle réussi et dynamique, on a bien ressenti la bonne ambiance du groupe, ils se sont beaucoup donnés pour nous divertir, c’était vraiment très réussi ! Des premières années qui j’espère seront tous présent en deuxième année et que j’aurai plaisir à voir jour une pièce entière !

Le salut des artistes

Voir ses copines s’éclater sur scène, c’est vraiment terrible, un bravo tout particulier à Camille, Amandine et Aurélia ❤

Les cochons ont un blog pour ceux que cela intéresse, c’est par ici : Le Blog des Cochons de l’Espace, avec un article de la Voix du Nord sur les Mons’trueux !

Et un site internet également : le site

Un grand merci à une copine qui ne veut pas être citée pour les photographies prises pendant de la pièce 😉

Les cochons de l’espace / Festival de théâtre / du 10 au 15 avril 2012

Ce weekend, je suis allée voir deux pièces dans le cadre du Festival de Théâtre du 10 au 15 avril 2012 des Cochons de l’Espace, Salle Salvador Allende à Mons-en-Baroeul

Au programme cette année :

– une soirée d’ouverture, le 10 avril avec entre autres de Pink & Mango (association de danse, culture er art du spectacle), Guillaume alias Guiven (ancien Mons’trueux sélectionné pour l’ouverture du festival : on ne demande qu’à en rire),…

Emballez, c’est pesé de Jean-Marie Piemme, mise en scène Antek Bula & Claire Mongant, le 11 avril

Le Cercle de Craie Chiraquien, une création des Cochons de l’Espace, texte et mise en scène de Vincent Bonnet, les 12 et 13 avril

Tipota, une création des Cochons de l’Espace, texte et mise en scène de Vincent Bonnet, le 14 avril

Le Crime de l’Orient-Express d’après Agatha Christie, mise en scène de Vincent Bonnet, le 15 avril

De ce beau programme, je suis allée voir Tipota, une fort sympathique comédie. Voici le pitch : « Ce qu’il est triste, Norbert Popieul. Elle est difficile à vivre cette retraite forcée. Il aurait aimé ne jamais quitter Tipota, mourir pour Tipota, son entreprise de saindoux au chocolat qu’il tenait de son illustre papa. Mais Tipota, c’était trop gras, dans l’entreprise, il y avait trop de syndicats.Il fallait avancer, tourner de nouvelles publicités, communiquer, en interne et en externe, mais son harem avait sans doute la flemme. Il vit dans son passé, Monsieur Popieul. Dans ce passé qu’il a tant aimé.
Attention: Si vous pensez que nous nous sommes inspirés de l’histoire d’une grande marque de pâte à tartiner qui détient 89% du marché, sans doute que vous vous trompez.« 

C’était très drôle, les comédiens sur scène excellents ! La pièce est entrecoupée de pubs ou d’interviews de salariés à la retraite (en vidéo sur un écran géant). Interludes tous plus burlesques et drôles, les uns que les autres ! Les pubs sont, en général, des parodies de vraies publicités ou de réclames. Les comédiens qui se sont prêtés au jeu ont la patate et beaucoup de talents.

Cette pièce permet d’évoquer la vie en entreprise (M. Popieul n’embauche que des femmes, tiens donc 😉 ), les relations entres salariées et entre patron/salariées, les acquis sociaux… A travers, les décennies sont évoqués les évolutions des stratégies marketing, communications et ventes, l’évolution des moyens technologiques, les besoins et envies des clients, les syndicats,…

La mise en scène est excellente, l’alternance des pubs vidéo et de le pièce, loin de casser le rythme, dynamise l’ensemble ! L’histoire et les dialogues plus que sympathiques, on rit beaucoup! Et pourtant la trame de fond est-elle vraiment sujet à en rire? La difficulté d’une petite entreprise familiale à se développer, à être compétitive, … Le marketing qui pousse le consommateur à acheter des produits dont il n’a pas besoin,  la hausse des prix pour des quantités toujours plus faibles, … Plein de thèmes d’actualités n’est-ce pas? Ils sont ici traités avec dérision et humour. La force de la pièce est bien là :  nous divertir et nous donner à réfléchir!!!

Ce fut un très bon moment  de théâtre !!!

Mention spéciale aux déménageurs / accessoiristes !!!

Et j’ai vu également Le Crime de l’Orient-Express. Pièce adapté du roman d’Agatha Christie et des dialogues du film de Sidney Lumet. Pour ceux qui ne connaissent pas, voici le pitch : « Un train bloqué en Serbie, sous la neige, une nuit. Ce train c’est l’Orient-Express, le comble du luxe qui ne transporte que de riches personnalités et des têtes couronnées. Dans le wagon-lit, il y a un mort, un couteau ensanglanté, un Hercule Poirot, et douze… suspects. Car quand un meurtre est commis dans un train bloqué en Serbie sous la neige, une nuit, et si les passagers font preuve de logique, il ne peuvent que proférer cet avis de profane: « L’assassin est parmi nous. » « 

J’adore Agatha Christie et l’adaptation de ce livre n’est pas facile, et le pari de Vincent Bonnet est réussi haut la main ! Les éléments de décor et les costumes nous mettent bien dans l’ambiance de ce voyage en train. La résolution de l’affaire par Hercule Poirot est brillamment menée. C’est avec habilité qu’il y a reconstitution des événements de cette nuit tragique et des flash-backs.

Les comédiens étaient très bons, particulièrement celui interprétant M. Poirot ! Il y avait beaucoup de textes, souvent en monologue, ça n’était pas évident et c’était très bien interprété (peu de bafouillage quand on voit la quantité de texte et à chaque fois, c’est bien repris; un mouchoir qu’on ne retrouve pas, pas de problème, on improvise un peu, c’est passé tout seul!). Une foultitude de  personnages, d’accents et de comportements différents , jouée avec brio. On voyait que les comédiens avaient plaisir à être sur scène. Pas facile de faire tenir 16 personnages  sur une même scène, que l’on comprenne bien l’importance de chacun d’eux pour avoir un dénouement cohérent avec une trame complexe. Vincent Bonnet y arrive parfaitement, la mise en scène était excellente !

Tout petit petit petit bémol, qui n’en ai pas vraiment un (et c’est en comparaison avec la pièce vue la veille), c’est parfois un peu lancinant. Mais en même temps, c’est l’esprit du livre également, donc fait partie du charme de l’univers d’Agatha Christie. Cela n’enlève rien à la pièce, une excellente adaptation de l’ouvrage et de très bons comédiens !

Deux ambiances différentes, deux styles différents et j’ai passé deux très bons moments de théâtre !!!!

J’avais déjà fortement apprécié les pièces que j’avais pu voir des années précédentes (La république des Bateaux-Mouches et Fucking Wyonning), cette année c’est pareil ! Je vous conseille fortement d’aller voir une fois les Cochons de l’Espace si vous êtes en métropole lilloise, cela vaut vraiment le coup! et une création originale des Cochons de l’Espace c’est très souvent synonyme de rire, de fun et de réflexion sur notre société !

J’ai entendu de très bons échos du Cercle de Craie Chiraquien que je n’ai pas pu aller voir, j’espère qu’ils rejoueront cette pièce un jour que je puisse la voir et vous en parler 🙂

Les cochons ont un blog pour ceux que cela intéresse, c’est par ici : Le Blog des Cochons de l’Espace