Orages d’Estelle Tharreau

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Editions Taurnada, 9,99€, 268 pages

Merci aux éditions Taurnada pour l’envoi et la découverte de ce roman

4ème de couverture

Si vous éleviez seule une fille de seize ans et que votre petit ami devenait trop encombrant, refuseriez-vous un travail et une belle maison dans un village de carte postale où tout le monde semble prêt à vous aider ? Il est probable que non. Pourtant, vous auriez tort !
Les nuits d’orage peuvent s’avérer mortelles pour qui ne sait pas lire entre les lignes du présent et celles d’un passé enfoui depuis plus d’un siècle dans un cahier d’écolier jauni et écorné.

Mon avis

Béatrice est tombée enceinte assez jeune et a décidé contre l’avis de ses parents de garder son enfant. Mise à la porte, elle trouve refuge chez une tante un peu hippie qui l’aide à reprendre le cours de sa vie. Béa réussit ses études et devient comptable. Elle élève donc seule sa fille Célia. Sa vie professionnelle se déroule bien même si elle y consacre beaucoup de temps, au détriment de sa fille, contrairement à sa vie amoureuse. Là, c’est la catastrophe, elle enchaîne les mecs qui s’enfuient dès qu’ils comprennent qu’il faut composer avec la petite. Le dernier en date est l’éternel mari qui doit bientôt quitter sa femme, … depuis 5ans….

Bien décidée à reprendre sa vie en main, consacrer du temps à son ado de 16 ans et fuir les mecs comme la peste, Béatrice choisi de mettre de la distance entre son ex et sa nouvelle demeure. Elle a accepté un poste à Sauveur, petit village de montagne où tout le monde se connaît. Les deux femmes s’installent dans la ferme qui sert aussi de bureau. Sauveur, c’est le village de l’amitié, tout le monde dépanne tout le monde. La nouvelle expert-comptable se sent bien dans ce petit coin de paradis. Si ce n’est l’étrange comportement agressif du boucher à son encontre, qui la menace d’un malheur si elle et sa fille ne quittent pas le village rapidement. Ou encore, une vieille de la maison de retraite qui l’apostrophe devant chez elle et qui l’effraie en la prenant pour quelqu’un d’autre.

Béatrice et Célia découvre vite la rivalité entre le maire du village et la famille du boucher. Un soir, Célia tombe sur un ancien journal intime. Marthe à la fin du 19ème y raconte sa vie, difficile, avec un mari violent, à la ferme. L’ado n’y aurait prêté plus d’attention si au lycée deux de ses camarades de classe, ne l’avaient pas mise en garde que quelque chose allait se passer, sans qu’ils puissent lui dire quoi… Des révélations glanées par la mère et la fille vont finir par leur faire douter de la gentillesse des gens du coin et du calme de Sauveur.

J’ai beaucoup aimé ce roman qui se lit très vite et dont on a irrémédiablement envie de savoir la fin. Le mystère qui plane sur le village et que ressente les deux femmes est épais et les éléments de compréhension sont livrés par la plume maladroite d’une fille de ferme dans un vieux cahier. Il me tardait de retrouver Célia et sa lecture afin de connaître la vie de Marthe et des autres protagonistes et surtout de comprendre le lien avec ce qui se passe pour Célia et Béatrice arrivées depuis peu à Sauveur. Entre deux parties extraites du vieux cahier, Béatrice raconte au lecteur ce qu’elle vit et ce qu’elle découvre peu à peu sur le village et ses habitants. Un narrateur omniscient lui nous apprend que Célia et ses amis se posent beaucoup de question également sur la disparition d’une mère et sa fille, qui étaient elles aussi dans la situation de Célia et sa mère : résidentes à la ferme, sans famille, dans le besoin d’un travail au calme. Les enquêtes parallèles de la mère et la fille finiront-elles par se rejoindre?

Le récit alterne donc habillement passé et présent, le suspense est ménagé jusqu’au bout. Orages est très bien construit, comme un véritable orage, ça commence par un grand calme et un beau ciel bleu et progressivement; il fait trop chaud, l’atmosphère s’alourdit, la pluie (les révélations) commence à tomber, le vent forcit (les événements s’enchainent à un rythme effréné) et l’orage éclate (la révélation finale). Ce thriller est bien dosé, mystère, suspense, fausse piste, indices, LA révélation inattendue. L’intrigue est bien ficelée, l’histoire efficace.

Les personnages sont bien pensés. Je regrette un peu de ne pas avoir réussi à m’attacher plus à Béatrice, mais assez toutefois pour être porté par l’histoire et ce qui lui arrive. Les personnages sont bien croqués, tellement bien, tellement crédibles, qu’à un moment, j’ai même versé des larmes de frustration. La fin est pour moi un peu rapide mais on a les réponses à nos interrogations et on s’imagine aisément la vie des personnages après le mot « fin ».

L’écriture d’Estelle Tharreau est efficace et son style fluide. Mes passages préférés sont ceux du cahier de Marthe et la réaction de gens de Sauveur même si je m’en suis toujours pas remise ^^ La psychologie de tous les personnages n’est pas extrêmement développée (en moins de 300 pages, ça serait compliqué) mais suffisamment pour qu’on arrive à se poser des questions sur un ou une tel(le), pour qu’on apprécie ou qu’on déteste certains personnages et surtout pour comprendre tout ce qui s’est passé  jusqu’au moment où Béatrice arrive à Sauveur et pourquoi. L’auteure réussit à créer une atmosphère pesante et un climat lourd, pour un premier roman c’est une jolie réussite.

Je vous conseille cette histoire prenante et haletante, qu’on a du mal à quitter pour dormir son compte d’heures !

Encore merci à Tournada Editions pour sa confiance renouvelée et cette belle découverte.

3 réflexions sur “Orages d’Estelle Tharreau

  1. […] Editions Taurnada, 9,99€, 268 pages Merci aux éditions Taurnada pour l'envoi et la découverte de ce roman 4ème de couverture Si vous éleviez seule une fille de seize ans et que votre petit ami devenait trop encombrant, refuseriez-vous un travail et une belle maison dans un village de carte postale où tout le monde semble…  […]

  2. scarlett21 dit :

    Ton billet est très intriguant ! je suis tentée j’avoue 🙂

une petite bafouille !