Firmin : Autobiographie d’un grignoteur de livres de Sam Savage

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Babel, 200 pages, 7€70

4ème de couverture

Autobiographie d’un grignoteur de livres, Firmin raconte l’histoire d’un rongeur érudit qui a vu le jour dans les sous-sols d’une librairie de Scollay Square, vieux quartier en péril du Boston des années 1960. Plein d’appétit pour les mots, épris de nourritures spirituelles autant que terrestres, Firmin ne peut communiquer tous ses coups de coeur ni exprimer ses détresses, et voit avec révolte se déliter sa race comme son quartier, cernés par l’incompréhension des hommes et par les mécanismes du profit. Mais la rencontre avec un romancier marginal le sauve du pessimisme ambiant. Superbe hommage aux valeurs de l’écrit et aux singularités de toutes espèces, l’aventure de Firmin est aussi un fabuleux trait d’union entre littérature, exclusion et résistance.

Mon avis

Malheureusement, une lecture que je n’ai pas apprécié.

Firmin est un rat de librairie. En effet, né dans les sous-sols d’un bâtiment, il découvrira qu’il s’agit d’une librairie tenue par un dénommé Norman. Il apprendra aussi qu’il se trouve à Boston, dans les années 1960 et plus particulièrement dans le quartier de Scollay Square. Dernier d’une fratrie de 13 rat, Firmin est malingre, lutte pour survivre. Il est le seul à être né les yeux ouvert et à développer son intelligence. Toujours affamé, Firmin va chercher sa nourriture ailleurs que les mamelles maternelles, il découvre alors un livre et le grignote. Mais quand il découvre qu’il arrive à comprendre les titres des rayonnages, des livres et ensuite ce qu’il mange, son appétit vital dévorant se transforme en appétit de mot. Et Firmin lit plus qu’il ne dévore.

Progressivement, ses frères et sœurs vont partir s’établir à l’extérieur mais Firmin lui va rester dans la librairie et en faire son petit univers. Firmin se livre à nous à la fin de sa vie et nous raconte comment tout à commencer, comment il passait ses journées entre les livres mais aussi à la recherche de nourriture dans les rues et le cinéma de quartier. Comment il s’est découvert et comment il se perçoit. Il ira de déconvenues en déception sur les humains et leurs possibilités, eux qui peuvent s’exprimer, se rebeller, pleurer ou rire, ne font cependant rien pour améliorer leur existence. Alors que lui, qui ne le peut, le voudrait tellement.

Je n’ai pas su apprécier cette lecture, principalement, parce que je ne me suis pas attachée à Firmin, trop bavard. Et puis, je crois que je n’avais pas envie d’une histoire si déprimante. Et je me suis vraiment ennuyée. Alors, ce n’est que mon avis, je pense qu’on peut adorer cette lecture et je peux comprendre pourquoi. L’auteur y dépeint la déchéance d’un quartier, les difficultés sociales. Quoi de mieux qu’un rat pour observer ce qui se passe. Il est présent, discret et mobile. Il voit le quartier péricliter. Et puis, il est intelligent, il réfléchit et se pose des questions. Il essaie de comprendre ce qui arrive aux gens et à la ville. Mais aussi, il parle beaucoup de lui, des choses qu’il comprend sur Norman, qu’il comprend sur lui-même, sur la vie. Le roman aborde aussi sa volonté de communiquer. Sa condition de rat l’en empêche et cela le rend malheureux. Il aimerait tant partager ce qu’il lit, découvre, aime ou déteste. L’existence de Firmin reste néanmoins celle d’un rat même s’il cherche à faire comprendre aux gens qu’il n’est pas un rat comme les autres. Il doit se nourrir, affronter ceux qui ne supportent pas les rats en ville et les dangers inhérents. Il parcourt la librairie, fini par en connaître autant que le libraire. Et chercher à se faire connaître de lui. Mais rien n’est facile pour un rat.
Un autre personnage fait son apparition dans l’histoire de Firmin, Jerry un écrivain qui ne parvient pas à percer. Ce personnage saura-t-il rendre à Firmin un peu sa foi en l’humanité ? En tout cas, Jerry est un personnage que j’ai apprécié. J’ai préféré la partie du récit qui le concerne dès que Firmin fait sa connaissance quand il est encore à la librairie. Surtout, j’ai apprécié les synopsis de ces romans, un effet miroir sur la société, un exercice de style de l’auteur, très sympathique.

L’auteur en profite pour transmettre son amour de la littérature, des chefs d’œuvre littéraires, des mots, des écrits. Cependant, même si c’est très bien fait, intégré au récit de la vie de Firmin, il y a beaucoup de références littéraires, la plupart je suis passée à côté ne les connaissant pas. C’est souvent mon problème avec ce type de récit américain ou anglais, il y a beaucoup trop de choses que je ne connais pas et je trouve que c’est un peu handicapant. Cela empêche d’être émerveillé par le talent de l’auteur. Et à la place, je m’ennuie. Autre point, Firmin développe une imagination fertile faite à partir de ce qu’il lit, voit, de ce qui l’entoure. Il « se fait des films », vit dans sa bulle, pour adoucir, alléger son existence. Il part souvent dans des trips que j’avoue avoir, sinon parfois eu du mal à suivre, à trouver nécessaire.

L’auteur produit un roman qui amène à réfléchir sur nos choix mais surtout sur la vie et la fugacité de l’existence. Il y a vraiment beaucoup de bon, de ce point de vue, dans le récit. Mais cela n’a pas suffit à m’accrocher et à me charmer. Je ne retiens qu’un ennui persistant et c’est bien dommage. Je ne saurais dire si c’est l’histoire ou sa construction qui ne m’a pas convaincue. L’écriture de Sam Savage est riche et travaillée, avec de longues phrases. Beaucoup de références, un vrai travail sur le quartier de Boston et de vraies anecdotes de la vie de l’écrivain. Firmin est un récit mêlé de nostalgie et de mélancolie, une peinture amer et acide de la déchéance d’un quartier, d’idées, de valeurs, qui ne sombre pas dans le pathétique. Je pense qu’il lui manque peut-être pour me plaire un peu d’humour même noir.

Ce texte, un peu inclassable, original et mélancolique, a trouvé son public et le trouvera encore j’en suis sure mais ce n’était pas fait pour moi. Et vous, vous l’avez lu ? Vous en avez pensé quoi ?

La vie devant soi d’Emile Ajar

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Folio, 274 pages, 7,50€

4ème de couverture

Signé Ajar, ce roman reçut le prix Goncourt en 1975.
Histoire d’amour d’un petit garçon arabe pour une très vieille femme juive: Momo se débat contre les six étages que Madame Rosa ne veut plus monter et contre la vie parce que « ça ne pardonne pas » et parce qu’il n’est « pas nécessaire d’avoir des raisons pour avoir peur ». Le petit garçon l’aidera à se cacher dans son « trou juif », elle n’ira pas mourir à l’hôpital et pourra ainsi bénéficier du droit sacré « des peuples à disposer d’eux-mêmes » qui n’est pas respecté par l’Ordre des médecins. Il lui tiendra compagnie jusqu’à ce qu’elle meure et même au-delà de la mort.

Résumé

Momo, petit garçon arabe d’une dizaine d’année vit depuis presque toujours chez Madame Rosa, une vieille juive qui a connu Auschwitz et qui, autrefois, se défendait avec son cul, et qui a ouvert par la suite une pension clandestine pour accueillir les enfants de putain. Ces dernières souhaitent en effet protéger leurs enfants de l’Assistance publique ou des représailles des proxénètes. Momo qui n’a jamais vu sa mère venir le voir et qui ne connait pas son père raconte avec ses mots à lui sa relation avec Madame Rosa et les habitants de son quartier…

Mon avis

Je pensais ne pas aimer ce roman qui trainé dans ma PAL depuis des années, et … j’ai vraiment beaucoup aimé.

Momo nous raconte sa vie chez Madame Rosa, une personne maintenant âgée, rattrapée par le temps qui passe. Cette dame juive, ancienne prostituée, garde chez elle contre de l’argent des enfants de prostituées. Arabe, juif, chrétien, noir, blanc, … Madame Rose ne fait pas de distinction. Pour Momo, elle touche un mandat, ce qui lui permet de tenir financièrement. Momo est le plus grand, c’est donc lui qui aide Madame Rosa. L’école n’a pas voulu de lui, il apprend donc à lire et à écrire l’arabe grâce à M. Hamil, un petit vieux qui passe son temps au troquet à se souvenir de sa vie passée de marchand de tapis entre deux relectures d’une des œuvres de Victor Hugo : Les misérables.

Mais voilà, Momo qui déjà se pose beaucoup de questions sur lui-même, ses parents, la vie, se rend bien compte que l’état de santé de Madame Rosa se dégrade. Elle ne peut plus monter les escaliers, elle qui vit au 6ème étage d’un immeuble sans ascenseur. Il s’inquiète pour elle, autant qu’elle se fait souvent du mauvais sang pour Momo. Le verdict du médecin est cependant sans appel, Madame Rosa vieillit, elle devra aller à l’hôpital pour y terminer sa vie. Mais Madame Rosa refuse cette option, elle veut disposer de sa vie, son corps et son esprit libre jusqu’au bout…

Au départ, le récit de Momo est décousu, ses anecdotes alambiquées et son fil conducteur assez flou. Cependant, on finit quand même par s’attacher à ce petit garçon qui écrit comme il parle, langage familier et surtout comme il l’entend autour de lui. Le langage est, il est vrai, un peu particulier, propos d’enfant ou d’adolescent qui n’a pas toutes les clés en main, pas la bonne grammaire ou le bon vocabulaire, qui fait des phrases distordues, mais qui surtout des réflexions tellement vraies, remplies de vérité, de sincérité et d’amour. Momo ne juge pas les gens, il n’est pas formaté par une éducation, une société. Il voit les gens comme ils sont, les aiment pour ce qu’ils sont et même s’il ne les comprend pas toujours, leur reste fidèle.

Momo a besoin de se faire remarquer, lui qui n’a que Madame Rosa au monde. Il recherche l’attention et l’amour d’une mère mais il n’a que Madame Rosa dans sa vie. Il lui arrive de faire les bêtises, de plus en plus grosses pour qu’on parle de lui. Mais son insouciance s’en va petit à petit quand il se rend compte que Madame rose ne pourra bientôt plus s’occuper de lui. Il a des propositions d’aller vivre ailleurs mais le jeune garçon ne peut se résoudre à laisser sa mère nourricière toute seule. Alors parfois, il part de longues heures trainer en ville, il fait des rencontres, plus ou moins importantes, mais rentre toujours à 6ème étage de l’immeuble de Belleville.

L’enfance de Momo est difficile, ce qu’il traverse, ce qu’il vit est très loin d’être une partie de plaisir mais Momo, même s’il a des passages à vide, essaie de rester positif ou du moins de ne pas s’assoir sur ses convictions, ses principes. Et il va lui en arriver des choses à Momo dans ce roman. Il va découvre le mensonge, l’amour, l’amitié, la peur, etc. Une foule de sentiments va déferler en lui, joie, culpabilité, espoir, tristesse,… Il nous livre son avis sur la vie, le bonheur, son attachement à Madame Rosa, la tolérance, … en utilisant tous les sujets et les prétextes qui alimentent son quotidien : ceux qui se droguent, l’école, le médecin de Rosa, …

L’auteur réussit à aborder des sujets durs et difficiles sans pathos et sans vulgarité tout en faisant parler un enfant d’une dizaine d’année, au langage parfois fleurit et qui vit des choses compliqués et dures. Un paradoxe. Les réflexions de Momo sont tellement vraies, tellement poignantes que je n’ai pu m’empêcher d’en lire quelques unes à hautes voix à mon zhomme : sur la vieillesse, l’hôpital, sur l’euthanasie, sur la prostitution, sur la tolérance, sur le genre… Que de thématiques puissantes et qui ont dues choquer/étonner/surprendre les lecteurs et le monde de l’édition de 1975.

Dans la vie devant soi, on sourit, on rit autant qu’on a envie de s’indigner, se révolter et parfois de pleurer. Alors oui, ce n’est pas évident à lire, le style est particulier, mais je pense qu’il est important de s’accrocher, parce que les messages qui sont délivrés sont tout simplement magnifiques, beaux et tristes à la fois. Un livre fort en émotion avec de l’humour (parce que sinon, on n’y survivrait pas) qu’il faut avoir lu une fois pour se faire son propre avis.

Une fois n’est pas coutume :

Extraits

« Moi, l’héroïne je crache dessus. Les mômes qui se piquent deviennent tous habitués au bonheur et ça ne pardonne pas, vu que le bonheur est connu pour ses états de manque. Pour se piquer, il faut vraiment chercher à être heureux et il n’y a que les rois des cons qui on des idées pareilles. […]Je ne tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie. Le bonheur c’est une belle ordure et une peau de vache et il faudrait lui apprendre à vivre. On est pas du même bord lui et moi, et j’ai rien à en foutre. J’ai encore jamais fait de politique, parce que ça profite toujours à quelqu’un, mais le bonheur, il devrait y avoir des lois pour l’empêcher de faire le salaud. Je ne vais pas vous parler du bonheur parce que je ne veux pas faire une crise de violence, mais monsieur Hamil dit que j’ai des dispositions pour l’inexprimable. Il dit que l’inexprimable, c’est là qu’il faut chercher et que c’est là que ça se trouve »

« Maintenant le docteur Katz essayait de convaincre Madame Rosa pour qu’elle aille à l’hôpital. Moi, j’avais froid aux fesses en écoutant le docteur Katz. Tout le monde savait dans le quartier qu’il n’était pas possible de se faire avorter à l’hôpital même quand on était à la torture et qu’ils étaient capables de vous faire vivre de force, tant que vous étiez encore de la barbaque et qu’on pouvait planter une aiguille dedans. La médecine doit avoir le dernier mot et lutter jusqu’au bout pour empêcher que la volonté de Dieu soit faite. Madame Rosa est la seule chose au monde que j’aie aimée ici et je ne vais pas la laisser devenir champion du monde des légumes pour faire plaisir à la médecine. »

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Dans les rapides de Maylis de Kerangal

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Folio, 5,60€, 117 pages

4ème de couverture

«T’es rock, t’es pas rock. La vie rock. Ce n’est pas gravé sur les disques, ce n’est pas imprimé dans les livres. Une épithète consubstantielle, un attribut physique comme être blonde, nerveux, hypocondriaque, debout. Rock rock rock. Le mot est gros comme un poing et rond comme un caillou. Prononcé cent fois par jour, il ne s’use pas. Dehors le ciel bouillonne, léger, changeant quand les nuages pèsent lourd, des milliers de tonnes bombent l’horizon derrière les hautes tours, suspendus. Être rock. Être ce qu’on veut. Plutôt quelque chose de très concret. Demandez le programme!»

Le Havre, 1978. Elles sont trois amies inséparables. Un dimanche de pluie, elles font du stop, et dans la R16 déboule la voix de Debbie Harris, la chanteuse de Blondie. Debbie qui s’impose aux garçons de son groupe, Debbie qui va devenir leur modèle.

Mon avis

Le Havre. 1978. 3 jeunes filles. 15 ans. Sous la pluie. Elles se décident à faire du stop pour rentrer au plus vite en ville. Le type qui les fait monter dans sa R16 rallume son poste. C’est Blondie. Les adolescentes sont scotchées. Celle qui est monté à l’avant à le courage de demander le nom des artistes et de l’album au conducteur. C’est Blondie, album Parallel Lines.

Je n’ai pas vraiment aimé.

Trop court pour en retenir vraiment quelque chose et je n’ai pas été accrochée par l’histoire, l’adolescence qui se cherche. Certains passages de ce très court roman sont de beaux exercices de style. Dans l’ensemble, c’est rapide, très rapide. Trop rapide? Le style et l’action illustrent pourtant parfaitement le titre du livre, et l’adolescence, cette jeunesse où tout va vite et qui passe trop vite. Malheureusement, ce récit n’a pas su me toucher.

Je n’ai finalement pas retenu grand chose. La musique, les mecs, Blondie, l’amitié. Les adolescentes se découvrent une référence, une femme, une chanteuse, une battante, une qui s’impose parmi les hommes. On comprend aisément ce choix. Mais la vie c’est aussi d’autres découvertes et les mecs, les goûts, les opinions, etc. Pleins de choses qui peuvent s’immiscer dans une amitié et  peut-être la faire voler en éclat ?  On retrouve aussi l’adolescence et son besoin de se démarquer, d’être intéressant, ou de raser les murs…

On sait peut de chose sur les 3 jeunes filles, leur style vestimentaire, leur occupation commune « par défaut ». C’est de la narratrice qu’on en saura le plus. Son rendez-vous avec Pierre. Son père qui travaille au Port. Sa mère avec qui elle ne veut pas partager ses découvertes et sa vie. Je n’ai pas vraiment accroché. Manque de développement ? Manque d’intérêt de ma part ? Mauvaise période pour le lire. Je ne sais pas. En tout cas, ce ne m’a pas intéressé. Rien de bien transcendant pour moi. Pourtant, je le répète, les thèmes sont bien choisis, intéressants. Mais ça n’a pas suffit.

Peut être que je n’ai pas voulu « analyser » ma lecture. Chercher les sens, les sous-entendus. Chercher à développer moi même ce qui était dit. C’est vrai que de l’adolescence, je n’en garde pas un bon souvenir. Peut être que je n’avais tout simplement pas l’envie de me replonger dans ses états d’âme. Pourtant, la musique c’est aussi ce qui m’a aidé à survivre à cette période… Pas avec les même références musicales. Je ne sais pas ce qui n’a pas marché avec ce livre pour moi. Je pense pourtant que ça aurait pu coller.

Quelques points que j’ai apprécié quand-même : l’interrogation latente du récit : le trio va-t-il éclater ? Les découvertes de l’adolescence auront-elles raison des 3 jeunes filles ? J’ai aimé aussi, cette façon empressée qu’à Lise de tout connaitre, tout savoir, filer directement acheter un vinyle par exemple. Et aussi cette façon de décortiquer ce qu’elles écoutent, les intonations, les styles, les possibles, les intentions.

La fin m’a un peu déçue, je m’attendais à autre chose. En fait, il n’y a pas vraiment de fin. Mais quelque part, elle est jolie. Qu’est-ce que l’amitié ? Peut-elle s’effilocher avec le temps ? Pour de bon ? Je pense quand même que c’était trop court pour me séduire.

En tout cas, ça donne envie de s’écouter Blondie et Kate Bush c’est déjà ça !

Nos étoiles contraires de John Green

9782092543030

Nathan, 330 pages, 16,90€

4ème de couverture

Hazel, 16 ans, est atteinte d’un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l’évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu’elle s’y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d’autres jeunes malades. C’est là qu’elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux adolescents, l’attirance est immédiate. Et malgré les réticences d’Hazel, qui a peur de s’impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d’amour commence… les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie.

Résumé

Hazel a 16 ans, elle est en phase terminale d’un cancer de la thyroïde. Elle n’a pas envie de grand chose ces temps-ci. Même aller au groupe de soutien ne l’emballe pas, elle s’y ennuie et ne parvient pas rester concentrer la séance. Le moindre effort lui coute, son dernier traitement est plutôt efficace. Elle ne sort pas beaucoup, sa mère la pousse dehors et lui recommande une énième fois de se faire des amis. Lors d’une réunion du groupe de soutien, Issac un des membres vient accompagné d’Augustus. Hazel se rend compte qu’il la regarde beaucoup et finit pas engagé la conversation à la fin de séance. C’est là que tout commence…

Mon avis

Une très belle lecture, j’ai vraiment bien aimé, mais ce n’est pas un coup de cœur (bien que je comprend vraiment mieux maintenant pourquoi s’en est un pour beaucoup de monde).

Un roman très juste et très fin sur un sujet délicat et qui malheureusement peut encore être tabou.Le sujet de la maladie, de la mort est superbement bien traité. Il n’y a pas de faux-semblant. Le style et la mécanique de l’auteur prennent à contre pied la manière dont le cancer est traité habituellement. Il y a dans ce récit beaucoup d’humour, de second degré, de dérision et d’auto-dérision. Les personnages d’Hazel et d’Augustus mais aussi plus secondaire comme les parents des adolescents, Isaac, etc. ont des réactions, des comportements, des réflexions justes et vrais. Presque à chaque fois, l’auteur trouve les mots justes et parle de façon sincère, touchante et réaliste de la maladie, de la fatalité, de l’échéance. Hazel ne se voile pas la face et n’entretient pas de faux espoirs, sa famille non plus, elle sait qu’elle ne vivra pas longtemps. Mais elle a du mal à profiter de ce temps, du temps présent. Elle a tellement peur d’affecter son entourage, qu’elle en oublie de vivre, d’avoir les joies qu’elle mérite même si elles sont éphémères. Hazel est au départ seule, renfermée mais sa fraicheur et son humour vont lui permettre de se rapprocher d’Augustus. Lui est en rémission depuis plus d’un an.

Hazel et Augustus vont vivre une jolie histoire qui transcende la fatalité de la vie. Hazel bien que réticente au début va faire lire son livre préféré à Augustus et ils vont partager leur gouts, apprendre de l’autre. Mais seront frustrés par la fin de leur livre de chevet. Et une folle aventure va commencer. A travers leur façon d’agir, de réagir, on s’attache à ses héros du quotidien. Des mots justes, des personnages sincères, attachants. Une vérité et une réalité qui permettent de réfléchir, de se poser des questions. On tombe rarement dans le pathos, exit la mièvrerie, le gros plus de ce roman est qu’il est juste, il ne donne pas de faux espoirs ou une fausse image. C’est assez réaliste et laisse quand même une part de « beau ». La couverture ne ment pas, c’est poignant et touchant, tout en étant, drôle et frais. J’ai beaucoup aimé le voyage que réalise Hazel et Augustus, au sens propre comme au figuré.

Je garde en mémoire la justesse des relations entre Hazel et Augustus mais aussi entre Augustus et Isaac ou Hazel et ses parents. On ne nous cache pas que c’est dur, qu’il y a de l’abattement mais qu’il faut aussi vivre, faire des projets, se divertir, apprendre. Chaque personnage est tout à tour drôle et émouvant. Il y a aussi de la colère, de la passion, du drame et de la joie. Ce roman est très complet, on parcourt toute une palette de sentiments et d’émotions en 330 pages ! J’ai aimé les personnages principaux mais ce sont les secondaires que j’ai aimé le plus, les parents d’Hazel et Issac, ce dernier a beaucoup d’importance dans ce récit tout en restant secondaire. Je ne sais pas comment le dire mais c’est ce que j’ai ressenti.

L’écriture reste simple et accessible, tout passe par le style et la façon de raconter l’histoire. Le style est percutant, il y a du rythme, c’est fluide, ça se lit aisément. J’ai quand même eu une impression de longueur, pas du fait de répétition mais peut être parce que certaines choses prennent trop de temps. Mais l’humour et la finesse des relations, des idées, des messages sont le gros plus de cette histoire qui ne peut pas laisser indifférent et du coup, je suis passée au dessus de ces « longueurs ». J’ai vraiment aimé cette histoire même si j’ai vite compris ce qu’il allait se passer, la tournure m’a semblé  inévitable, c’est du coup, une impression de manque d’originalité dans la direction prise mais  là encore, c’est une impression plus qu’un défaut.

Un point m’a toutefois plus « chagriné », le fond présent de religion : l’église où se passe les réunions, les croyances après la mort, les petites phrases dans la maison d’Augustus. Je sais bien que c’est comme ça en vrai pour les gens, je ne suis pas athée mais je trouve que c’est parfois un peu trop d’ancrer le récit dans ce fond là. Bon, ce n’est pas un point négatif qui empêche de lire ce roman, de l’apprécier et/ou d’être touché.

C’était une bonne lecture, merci Coquelicote pour le prêt 🙂 Maintenant je n’ai plus qu’à voir le film !

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Les belles images de Simone de Beauvoir

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Folio, 182 pages, 6€20

4ème de couverture

« »Non » ; elle a crié tout haut. Pas Catherine. Je ne permettrai pas qu’on lui fasse ce qu’on m’a fait. Qu’a-t-on fait de moi ? Cette femme qui n’aime personne, insensible aux beautés du monde, incapable même de pleurer, cette femme que je vomis. Catherine : au contraire lui ouvrir les yeux tout de suite et peut-être un rayon de lumière filtrera jusqu’à elle, peut-être elle s’en sortira… De quoi ? De cette nuit. De l’ignorance, de l’indifférence.»

Résumé

Laurence travaille dans la publicité, elle a repris le travail après une période de déprime profonde. Elle a deux petites filles, un époux architecte qui a une bonne situation, une mère qui a un certain statut et qui montre peu d’affection à son entourage, un père solitaire et sympathique, une sœur en quête de sainteté. Comment va réagir cette femme au changement d’attitude de sa fille ainé, cette dernière se pose beaucoup de questions et pleure souvent la nuit…

Mon avis

Drôle de sensations

J’ai eu beaucoup de mal au début, les 10 premières pages, pffiou, Simone a failli me perdre, heureusement ça ne dure pas. L’effet « embrouillé » passe et on comprend enfin qui nous parle. Question style, j’avoue ne pas beaucoup accrocher au mélange 3ème personne et réflexion à la 1ère, mais bon, une fois dedans, je m’y suis fait. Même si je trouve ça plutôt agaçant.

Après, je trouve qu’il est difficile d’en parler, de mettre des mots sur l’histoire et l’impression générale. Mon avis sera peut-être un peu décousu désolée. Je sais que je ai terminé ce roman en me disant à « oui quand même, c’est pas mal du tout » mais je ne sais pas si en fait, je m’en souviendrai longtemps, déjà mes souvenirs sont moins précis, et si je n’avais pas pris quelques notes, je ne sais pas si je me serai rappelé certaines choses.

Pendant un long moment, j’ai cru ne pas m’attacher à Laurence, cette femme qui ne montre pas beaucoup ses émotions, qui a l’air de rêvasser tout le temps, qui semble détachée de tout. Elle est plutôt heureuse en couple, son mari la comprend plutôt bien, enfin semble-t-il, mais pourtant elle a pris un amant. Elle voit souvent sa mère mais elles ne sont pas pour autant très proches. Sa mère a refait sa vie avec une personne en vue et ne semble pas du tout naturelle. Elle s’est créée une façade qui pourrait bien un jour s’écouler. Laurence comme sa mère sont plus complexes qu’elles n’y paraissent. Mais finalement, j’ai eu la surprise de m’attacher à Laurence et à ce qu’elle ressent, ce qu’elle vit. Elle est en pleine période de doute, de réflexions, à la fois bien et mal dans sa peau, pas malheureuse mais pas heureuse non plus. Elle se pose beaucoup de questions sur comment gérer le changement d’humeur de sa fille Catherine. Elle finit par comprendre qu’elle ne veut pas que sa fille se sente vide. Elle ne veut pas que sa fille ne devient comme elle ou comme sa mère.  Laurence a souvent l’impression de ne rien ressentir ou alors pas grand chose mais là, c’est hors de question pour elle que sa fille ne puisse pas s’épanouir. Elle refuse que, comme elle, Catherine n’est pas d’ami, pas d’affection de sa mère. Qu’elle ne connaissance pas de déception mais pas de joie non plus. Bref, Laurence doit faire quelque chose. Elle se doit bien ça. On peut se retrouver, se reconnaitre un peu en Laurence et elle nous semble alors plus proche. C’est ce qui fait qu’on s’attache à elle malgré le reste.

Le roman est assez court, c’est une tranche de vie. On ne creuse pas sur le long terme mais Simone de Beauvoir réussi quand même à dresser des portraits de personnages complexes en peu de pages. C’est assez impressionnant. On a l’impression d’avoir passé plus de temps avec les membres de la famille ou l’entourage de Laurence. Pourtant il fait bien moins de 200 pages.  Ce roman se lit plutôt bien et rapidement (si on omet les premières pages). Certains passages sont très beaux, dans leur forme, leur énumérations et leurs idées.

C’est mon premier livre de l’auteure mais je pense qu’on y retrouve les thèmes qui lui tenaient à cœur dans la vie : la liberté, le féminisme, la psychologie féminine, le progrès, l’analyse des différences des classes : les milieux de faux semblants, de l’hypocrisie, de la publicité, de l’éphémère et de poudres aux yeux où tout sonne faux contre la réalité de l’existence.

Le format est plaisant, c’est une tranche de vie donc pas trop long, pas de théorie compliquée, grandiloquente. C’est savamment dosé pour que le sujet soit intéressant sans être assommant ou pesant. J’avais un peu peur de lire Simone de Beauvoir, je n’avais pas à avoir peur finalement !

Les réflexions sur le progrès, les contemporains, le milieu qui se veut intellectuel, les apparences m’ont beaucoup plu. Maintenant, j’avoue ne pas avoir creusé sur ce que voulait réellement transmettre de Beauvoir. Si elle pensait à certaines personnes en écrivant ce livre. J’ai beaucoup aimé la façon dont Laurence qui travaille dans les slogans et les affiches décortique les pubs, les intentions des gens, les objets. C’est très symbolique et à la fois ça sonne si juste.

Laurence se cherche, se comprend et finit par se détester, enfin par détester ce que les autres ont fait d’elle, j’ai trouvé ce propos sensible et réaliste. Comment nos parents, la société nous façonnent et comment on les laisse faire. Mais Laurence prend conscience que c’est mauvais, et elle refuse que cela arrive à sa petite fille. Elle va de désillusion en désillusion. Elle se demande souvent ce qu’on les autres qu’elle n’a pas, elle est comme détachée d’elle-même. Ce personnage est si vrai. C’est difficile à expliquer mais Simone de Beauvoir elle réussit très bien à transmettre toute la difficulté d’être une femme, une mère, une épouse. Mais encore bien d’autre chose, la difficulté de s’épanouir, de décider, de vivre tout simplement.

C’est difficile de dire si j’ai aimé ou adoré, en tout cas, ce roman court m’a touché et m’a fait réfléchir. Je ne sais pas si je m’en souviendrai encore vraiment dans quelques temps, mais je sais que j’en garderai une bonne impression et qu’il contient des choses intéressantes, fortes et joliment bien retranscrites par l’auteure. A découvrir.

La voleuse de livres de Markus Zusak

la-voleuse-de-livresLu en ebook

Édition pocket, 8,10€, 633 pages

4ème de couverture

Leur heure venue, bien peu sont ceux qui peuvent échapper à la Mort. Et, parmi eux, plus rares encore, ceux qui réussissent à éveiller Sa curiosité.
Liesel Meminger y est parvenue.
Trois fois cette fillette a croisé la Mort et trois fois la Mort s’est arrêtée.
Est-ce son destin d’orpheline dans l’Allemagne nazie qui lui a valu cet intérêt inhabituel ? Ou bien sa force extraordinaire face aux événements ? A moins que ce ne soit son secret… Celui qui l’a aidée à survivre. Celui qui a même inspiré à la Mort ce si joli surnom : la Voleuse de livres…

Résumé

Liesel prend le train avec sa mère et son petit frère, direction une autre province de l’Allemagne… Le malheur qui commence à se répandre partout en cette année 1939, va s’abattre sur Liesel, son petit n’arrivera jamais à destination. Une méchante toux va l’empoter, ou plutôt la Mort qui le fera. C’est la première fois que la Mort et Lièresel vont se croiser et ça ne sera pas la dernière… Obligée d’enterrer son petit frère dans une obscure ville de province, Liesel va, ce jour là, récupérer un livre, qui aura plus de symbole que d’utilité dans une premier temps et si c’était le premier d’une série ? L’histoire de la voleuse de livre ne fait que commencer…

Mon avis

Liesel est une petite fille d’à peine 9 ans que sa mère va confier à une famille nourricière car les temps changent et cette maman craint pour la vie de ses enfants. Malheureusement, la Mort vient ravir le petit frère de Liesel pendant le trajet en train vers Molching en Allemagne. Après la mise en terre du petit, Leisel récupère un livre tombé de la poche d’un des fossoyeur, et le conserve  au lieu de le remettre à son propriétaire. Puis finalement Liesel est confiée à M et Mme Hans Hubermann, habitants à  Molching. Rosa gagne un peu d’argent en faisant du repassage pour certains familles de la ville et Hans est peintre en bâtiment le jour, accordéoniste le soir. Liesel est inscrite à l’école de la ville mais ne sachant pas lire et peu écrire elle est placée avec les plus jeunes. La nuit elle fait des cauchemars mais le généreux Hans vient apaiser ses peurs. Un soir où il sera contraint de changer les draps de Liesel, il tombera sur le livre que cette dernière a récupéré au cimetière. Il décide alors de lui apprendre à sa façon, à lire. Rattrapant son retard doucement, Liesel sera changée de classe et deviendra la camarade préférée de Rudy Steiner …

Au départ, la narration est étrange, à chaque nouvelle partie du roman, on nous donne les titres des chapitres de la partie. Et puis le récit est entrecoupé d’apartés. Et puis on se rend compte que la narratrice de l’histoire de Liesel est la Mort elle-même. C’est déroutant au début parce que la Mort s’attache à des choses comme les couleurs et les impressions et surtout elle n’aime pas les mystères, elle annonce donc parfois ce qu’il va se passer quelques temps après.  Mais on se rend vite compte que cette façon de procéder permet d’atténuer un peu le drame ou les drames que l’on pressent. Et puis l’important, au final ce sont moins les événements que le cheminement, que ce qui va conduire aux faits qu’elle annonce. La Mort est un personnage cynique mais finalement (et paradoxalement) attachante ! Elle se raccroche aux couleurs et aux belles histoires pour se raccrocher à quelque chose dans les ténèbres. C’est loin d’être simple d’être la Mort.

L’histoire de Liesel oscille entre l’extraordinaire et le banal. C’est surtout apprentissage du pouvoir des mots et l’importance de savoir lire pour comprendre le monde et comment il fonctionne. Son histoire est touchante car elle s’inscrit dans une réalité dure et implacable. Une époque marquée par les horreurs de la guerre où il peut germer des fleurs d’espoir.

Le lecteur suit Liesel pendant les années de la seconde guerre mondiale et il découvre le quotidien de personnages normaux prises dans la montée du nazisme et la tourmente de la guerre.  Quand on est pris dans la spirale, que faire ? Comment s’en sortir ? J’ai beaucoup aimé avoir ces points de vue, à travers le regard des enfants, des habitants de Molching, entre ceux qui soutiennent le Führer et ceux qui ceux ne savent plus comment se comporter. Ou quand les hommes bons se sent coupables d’être ce qu’ils sont, alors que ne sont pas eux les méchants et les responsables. Mais que faire, risquer de perdre la vie, mettre en jeu celle de sa famille, se taire ? Ou essayer de changer les choses quand même en prenant tous les risques… Difficile. Une des choses les pires peut être c’est d’être persécuter par son propre pays et que tout part d’idées, de mots qui se rependent, qui grandissent dans la tête des gens, qu’on finit par croire, sans réfléchir au vrai sens de tout cela. Terrifiant. Il y a de beaux passages, parfois drôles, parfois tristes, il y a de belles leçons de vie, de courage, d’amour, d’amitié,… Il y a des images et des métaphores, comme les combats de Max (combats intérieurs) ou la course de Rudy, l’accordéon d’Hans, … des moments qui sont plus que ce qu’ils paraissent, des personnages qui se révèlent différents de ce qu’on attendait.

L’enfance de Liesel est remplie d’anecdotes touchantes, d’amitié, de rencontres, de combats, de découvertes et les mots, les livres, auront une part très importante dans tout ça. J’ai trouvé que le livre ne creusait pas assez parfois certaines choses (et d’autres sont moins crédibles, notamment une mais faut savoir pour le remarquer) mais dans l’ensemble c’est un très bon roman qui peut être lu par les ados et les adultes et qui livre à sa façon de superbes messages. C’est une manière particulière mais très reussie de transmettre,  d’accomplir le devoir de mémoire.

Personnellement, je n’aime pas les livres sur la guerre, encore plus sur celle là (hyper sensible, je suis et je resterai je pense) mais celui là permet grâce à son traitement d’aborder des sujets graves et terribles de façon différente et moins oppressante. Ce n’est pas un coup de coeur mais une lecture marquante (à lire avec une boite de Kleenex quand même un peu, même si l’auteur ne fait pas dans le pathos, ça reste très émouvant parfois).

Les gros plus du livre : utiliser la Mort comme narratrice, découvrir des personnages qui ont tous un rôle important et beaucoup sont attachants, un peu pathétique parfois mais c’est ce qui est touchant, les personnages secondaires sont aussi importants que Liesel (j’ai peut être même préféré ces personnages à la voleuse de livres)  : Rudy, Hans, Max, la femme du maire, la voisine…. Chacun fait face comme il le peut à la guerre, à la vie, à la mort…

J’ai beaucoup aimé ce livre et je le recommande ^^ Maintenant, je vais essayer d’aller voir l’adaptation ciné, bien que j’ai un peu peur que le traitement diffère beaucoup et que je n’y retrouve pas ce que j’ai aimé dans le livre, la poésie, les couleurs, les destinées, la Mort et ses apartés, … cette indéniable impression que les mots sont vivants.

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Petit extrait :
UN DÉTAIL
Vous allez mourir.

En toute bonne foi, j’essaie d’aborder ce sujet avec entrain, même si la plupart des gens ont du mal à me croire, malgré mes protestations. Faites-moi confiance. Je peux vraiment être enjouée. Je peux être aimable. Affable. Agréable. Et nous n’en sommes qu’aux «A». Mais ne me demandez pas d’être gentille. La gentillesse n’a rien à voir avec moi.

RÉACTION AU DÉTAIL CI-DESSUS
Ça vous inquiète ?
Surtout, n’ayez pas peur.
Je suis quelqu’un de correct.

(Voilà le ton est donné !)

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Chat quantique et Picon bière de Gilles Warembourg

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Edition Le Riffle, collection Riffle nord, 7,5€, 241 pages

4ème de couverture

Arthur, l’éditeur de Roger, est contrarier: non seulement son auteur désargenté ne lui a pas fourni de texte, mais il a en plus l’audace de lui demander une avance !
Angelo, propriétaire de souche italienne, est venu encaisser les loyers en souffrance de Roger et le menace d’expulsion.
Il ne reste plus alors à Roger qu’à aller chercher l’inspiration ou noyer son infortune dans un pub de Lille, le Penny Lane. Il y rencontre un amateur de Picon bière qui lui soumet un récit susceptible de faire un bon roman.
L’histoire mêle alors le tragique et le burlesque, le prosaïsme et les univers virtuels, les nombres premiers et la mécanique des particules, le Picon et la bière…  

Résumé

Roger est réveillé de bon matin par Angelo, son propriétaire italien, venant lui réclamé les mois de loyer non payés avec intérêt, sans quoi c’est l’expulsion ! Roger est auteur et n’a pas vraiment de piste pour son prochain roman, il a bien commencé quelque chose mais ça ne lui convient pas du tout. Hors de question qu’il se trouve dehors. Il lui faut absolument toucher ses droits d’auteur. Mais devant le montant ridicule de ses derniers, il se voit contraint de demander une avance à son éditeur. Mais celui ci n’est pas facile à convaincre. Arthur veut du solide ! Roger décide alors de sortir cherche l’inspiration au pub Le Penny Lane. Là, il va faire la rencontre d’un étrange personnage, lui promettant un sujet en or pour son prochain roman entre deux consommations de  Picon bière et discours sur la mécanique quantique…

Mon avis

Un roman surprenant !

J’ai choisi ce roman au salon de Bondues, parce que je voulais découvrir la maison d’édition Le Riffle, situé à Roubaix et pour sa couverture et son résumé. Je ne regrette pas de mettre arrêtée sur ce roman noir tout à fait surprenant !

Le lecteur découvre le personnage principal, Roger, auteur de roman noir, au saut du lit. Lui qui vit seul dans un petit appartement avec son chat, est réveillé par son propriétaire, exaspéré de devoir se rendre chez lui pour lui réclamer les loyers non perçus. En plus l’appartement est dans un état ! On sent bien que Roger se laisse débordé par sa vie assez morose mais surtout il est en manque d’inspiration. Quelle idée choisir pour le roman que lui demande son éditeur ? …

Roger est un personnage un peu atypique, qui saura toucher le lecteur, parce qu’on peut se retrouver de temps en temps en lui. Un peu loser mais pas seulement. Il se rend au pub Le Penny Lane. Sous fond de musique des Beatles et de Lennon, Roger rejoint Jean-Jacques et Marcel, deux habitués du pub. Il leur expose son problème pour trouver un sujet intéressant pour son prochain roman. Ses compagnons lui proposent de s’inspirer des faits divers, il y en a à la pelle, il y aura bien un sujet pour Roger ! Pendant que ses comparses feuillettent l’édition du jour, Roger s’aperçoit qu’ils sont écoutés par un client étrange qu’il n’avait jamais vu au pub auparavant. Ce dernier vient finalement se joindre à leur conversation et pour le moins qu’on, puisse dire, c’est que cet homme, Victor, est assez calé dans un domaine qui laisse les 3 acolytes perplexes  : la mécanique quantique.

Au premier abord, j’ai été déroutée par Victor et ce qu’il raconte aux 3 camarades. Physique quantique, courants de pensées, chat de Schrödinger, … Un discours scientifique, des idées complexes, le lecteur doit s’accrocher pour comprendre. Comme Roger d’ailleurs. Le lecteur peut être un peu perdu, dérouté, par le discours de Victor, par sa façon de parler, toute en dérision et sérieux mélangés. Il faut passer outre, comme Roger, d’ailleurs, car Victor nous l’assure, il a une histoire incroyable à raconter, à transmettre, qui pourra faire un excellent roman noir pour Roger. Alors oui on s’accroche et on est entrainé, accroché comme Roger, agacé parfois, comme Roger, quand le discours de Victor digresse et s’éternise sur des détails que l’on ne comprend pas bien.

Vous l’aurez compris, on a souvent l’impression de se retrouver en Roger. Le roman est basé sur les mises en abyme et à plusieurs niveaux. Roger nous fait découvrir la création d’un roman, ses recherches, ses réflexions sur les attentes d’un éditeur, puis sur celles d’un lectorat de plus en plus exigeant. Et il nous retranscrit également le récit de Victor, en étant lui-même en position de lecteur exigeant. Et nous, le roman à la main ? Nous sommes en position de lecteurs exigeants ! De quoi vous retourner la tête non ?

Chat quantique et Picon bière est une lecture originale et intéressante. Les mises en abyme, sur plusieurs niveaux, donnent du relief au roman. L’intrigue est bien menée, et le lecteur se laisse prendre au jeu. Oui, nous voulons savoir cette histoire que Victor a à  raconter et en quoi elle est si incroyable.  Au départ, on ne sait pas où Gilles Warembourg va nous amener, on passe d’interrogations en surprises. Puis en rebondissements, et enfin, la révélation finale inattendue. Personnellement, cette fin m’a scotchée et a fait pencher la balance de « c’est pas mal » à « j’ai beaucoup apprécié » !

Le style de l’auteur s’adapte à chacun de ses personnages, Roger et Victor bien sur, si différents. L’un qui nous semble transparent, et l’autre mystérieux, ont tous les deux une façon de s’exprimer différente, des attitudes différentes, les passages écrits sont donc différents. C’est donc tantôt dynamique, tantôt plus lent selon qui s’exprime et sur quel sujet. Ajouter que le livre cumule les indices très bien cachés, que l’histoire racontée par Victor est émaillée d’extraits de courriers, de blog, de tableaux,… Nous pouvons nous même remonter le fil de l’intrigue, « jouer les enquêteurs ». Cela donne à Chat quantique et Picon bière, une construction originale. Il faut dépasser certaines réticences à voir régulièrement revenir certains notions scientifiques (bien qu’elles donnent vraiment à l’œuvre son côté atypique et original), car au final, les éléments et les événements nous éclairent sur ces notions et nous en comprenons assez pour ne pas passer à côté du roman.

240 pages mais 240 pages très riches, une lecture agréable et surprenante, un récit ambigu, des univers intéressants à traverser (le monde de l’édition et la création d’un roman, les mondes virtuels sur le net, la complexité des relations entre jumeaux, etc.), des références musicales, des réflexions sur la vie, l’écriture,….
J’ai apprécie que l’action se passe à Lille et de retrouver des lieux, des noms de rue connus, surtout que l’appartement de Roger n’était pas bien loin de là où je vivais avant !

Le lecteur est longtemps hanté par la question « qui est Victor », ce type louche, sans âge, maladif, amateur de Picon bière, mais si perspicace et intelligent, et il trouvera bien sur la réponse dans ce roman.

J’aurai peut-être l’occasion de rencontrer un jour M. Warembourg, j’aimerai lui poser une question, « êtes-vous si éloigné de Roger ? »

44 Scotland Street (Chroniques d’Edimbourg, T1) de Alexander McCall Smith

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Édition 10/18, 7€10, 414 pages

Lu dans le cadre du Club de Lecure L’île aux Livres

4ème de couverture

« Au 44 Scotland Street, dans le quartier Bohème d’Édimbourg, la vie frémit à tous les étages. Entre Bruce, jeune Apollon aussi narcissique que séduisant, la vieille Macdonald, une excentrique en mal de ragots et le petit Bertie, enfant prodige, Pat, découvre sa nouvelle famille. Des chroniques inoubliables empreintes de tendresse et d’humour so british !

Résumé

Pat arrive au 44 Scotland Street, pour visiter un appartement. Elle est accueillie par Bruce, un des 4 colocataires de l’appart. Il est grand, sportif et beau garçon, mais un de ceux qui le savaient et qui en jouent. Elle, elle entame sa 2ème année sabbatique, mais cette fois-ci, elle sera différente, Pat veut vivre en coloc dans ce quartier tranquille d’Édimbourg et a trouvé un travail dans une galerie d’art. Elle est prise dans la coloc, même si elle ne plait pas à Bruce, elle a l’avantage de payer son loyer d’avance et avec le manque créé par l’ancienne colocataire, une de ces filles à qui on ne peut faire confiance, il ne peut refuser l’aubaine. Pat va progressivement découvrir les autres habitants du 44 Scotland Street et commencer son boulot à la galerie…

Mon avis

Je n’ai pas aimé. Je n’irai pas dire que c’est une déception, parce que je n’attendais rien de ce livre mais c’est quand même pas loin. Certaines choses m’ont quand-même un peu plu mais pas suffisamment avec le recul.

L’histoire se passe en Écosse, à Édimbourg, dans un quartier tranquille mais branché de cette ville et plus particulièrement au 44 Scotland Street et ses rues proches. Pat commence une 2ème année off, on sait peu de chose de la première année mais elle ne semble pas s’être bien passée, elle cherche donc à rebondir, et dans le souhait de s’émanciper un peu de sa famille, elle prend une colocation au 44 Scotland Street. Pour le moment, elle est uniquement en coloc avec Bruce, un jeune homme, deux autres personnes font parti de la coloc mais ils ne sont pas présents actuellement.

Pat est jeune et « se cherche », elle a la chance d’avoir trouver un travail pas très loin de son logement, cependant, elle est surprise de la façon dont elle a été embauché et même se demande bien comment elle va occuper ses journées ! On a peu de renseignement sur Pat finalement. Je ne me suis pas vraiment attachée à elle. Elle aurait pu être touchante par son côté paumée, mais elle a fini par m’agacer. Peut être est-ce de n’avoir pas vraiment de billes pour la connaitre, on se demande ce qu’il lui ai arrivé mais on a aucune piste, aucun élément. Au début du livre, ça a été mais plus je lisais plus son comportement m’a agacé, elle tombe dans le schéma qu’on voyait venir comme le nez au milieu de la figure… ça m’a beaucoup saoulé.

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Le lecteur découvre plein de personnages, une belle galerie de caractères et de personnes différentes (ça c’est le point positif), Bruce, narcissique et prétentieux, il n’est pas complètement idiot mais son univers tourne autour des apparences, des faux semblants, du rugby et des filles… Bref, le type de gars macho qui m’est très antipathique. Je l’ai trouvé superficiel, creux et arrogant. On a aussi le patron de Bruce, Todd et sa femme, encore des personnages pour qui les apparences ont plus de poids que le reste. Dans le série des boss, on a celui de Pat : Matthew, le bon à rien, fils à papa, qui rate tout ce qu’il entreprend, paresseux et sans force de caractère. Et puis d’autres locataires du 44 Scotland Street, Irène, la mère de Bertie, 5 ans, enfant surdoué. Irène est horripilante, insupportable, prétentieuse, hautaine et snob. Je crois que c’est le personnage que j’ai le plus détesté du livre. Elle est convaincue qu’elle fait tout pour le développement et le bien être de son fils, or, on a beaucoup beaucoup de mal à être d’accord avec elle, ses idées et son comportement. Son mari ne vaut guère mieux. Dans l’immeuble, Pat fait la connaissance de Dominica, une femme de 61 ans, mais loin de la vieille chiante, elle vive et enjouée, elle a ses petites manies mais elle est tellement sensée ! Anthropologue, elle a souvent des remarques justes et pleines de bon sens. Et puis pas loin du travail de Pat, il y a Lou, une jeune femme qui tient un bar (une ancienne librairie reconvertie). Lou cherche à s’instruire, beaucoup, elle a gardé tous les livres de la librairie et les lit ! Et il y a encore d’autres personnages plus ou moins important dans l’histoire.Bref, vous le voyez, une grande et belle galerie de personnages ! Mais je peux compter sur les doigts d’une seule main les personnages que j’ai aimé suivre ou que j’ai apprécié. Beaucoup de personnages, sont insupportables et c’est un peu à qui le sera plus que l’autre !  Un ou deux évoluent. Pas toujours dans le sens qu’on voudrait (Pat par exemple) ou bien on découvre une personnalité un peu « moins pire » que prévu (je pense à Matthew).

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J’ai lu 200 pages en une journée, soit la moitié mais il ne se passe pas grand chose finalement, ou bien on apprend plein de choses sur des personnages horripilants, ce qui fait que j’ai eu beaucoup de mal à lire l’autre moitié. Alors que j’aurai pu le lire en une deuxième journée, je l’ai trainé encore 3 jours… Je n’ai apprécié les passages que sur Lou et Dominica qui a leur façon m’ont plu ou touchée. Et heureusement qu’il y avait ces deux femmes sympathiques parce que j’aurai peut-être abandonné ma lecture. Pas que ça soit mauvais mais ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. Il n’y a que l’humour de l’intrigue de fin qui m’a emballée, le reste, je me suis ennuyée… Heureusement, les chapitres sont courts (il s’agit de chroniques publiées tous les jours dans un journal), et ça se lit facilement. Le principe de chroniques est sympathique mais je crois que j’aurais préféré lire ça au jour le jour dans le journal plutôt qu’en livre… Et puis ce roman ne m’a pas vraiment fait voyager, je ne peux pas (à part quelques peintres écossais) dire que j’ai appris / retenu grand chose, pas un monument, une architecture, … rien que je puisse citer. Pour moi, ça s’adresse à ceux qui y vivent ou connaissent parce que sinon… A la rigueur, je suis intriguée par l’opposition régulièrement faite entre Édimbourg et Glasgow, à part ça… Bref, je n’ai pas aimé, je me suis ennuyée et je n’ai pas envie de continuer (il existe au moins 3 tomes en plus). Je ne trépigne pas d’impatience pour ce que va faire Pat, vivre Bertie… Peut être que je suis passée à côté de certaines choses parce que je n’ai pas rit. Comme indiqué, seule la péripétie de la fin m’a fait sourire ^^

Concernant l’histoire… Il s’agit de suivre les personnages et il y a une « sous-intrigue » concernant un tableau de la galerie d’art de Matthew. C’est cette sous-intrigue qui m’a accrochée le plus, j’avais envie de savoir où ça allait mener. Mais c’est quand même long à venir, à se développer…Un personnage est lié à cette intrigue secondaire : Angus Lordie, un peintre excentrique mais très sympathique (ça nous fait 3 persos que j’ai aimé!).  La « chute » m’a bien surprise et m’a bien plut ^^

Bref, au final, une histoire assez peu mémorable, vite lu (enfin si on accroche), vite oublié pour ma part… Et pas suffisamment creusée ou drôle pour que je poursuive. Une lecture détente, oui, c’est bien pour l’été mais …. pas pour moi quoi ^^ L’auteur aura peut être droit à une seconde chance mais pas de suite et avec complètement autre chose, je pense.

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Deux petites filles de Cristina Fallarás

couv-1113Éditions Métailié, 216 pages, 17 €

4ème de couverture

Deux petites filles de trois et quatre ans sont enlevées en plein jour ; l’une d’elles est retrouvée morte, atrocement mutilée, l’autre est portée disparue. Enceinte jusqu’aux dents, Victoria González, journaliste et détective, reçoit un chèque anonyme de 30 000 euros avec l’ordre d’enquêter sur l’enlèvement, et surtout de retrouver au plus vite la deuxième petite fille.
Flanquée parfois d’un adjoint accro à la bière brune, Victoria plonge alors au cœur de l’enfer. Elle écume les bas-fonds de Barcelone, du Raval, peuplé de prostituées, d’alcooliques et de tous les immigrés échoués là en attendant l’avenir, jusqu’aux Viviendas Nuevas, cité semi périphérique sinistrée, ghetto de pauvres où tout s’achète et se vend à ciel ouvert, y compris les pires perversions. Entre les toxicos qui divaguent, les clodos passifs, les tueurs à gages sentimentaux, les mères folles, toute la ville semble avoir un penchant pour l’horreur et personne ne sera sauvé. Victoria elle-même a bien du mal à échapper à ses vieux démons, à son passé de petite frappe bourrée d’addictions. Seul moyen de se calmer les nerfs : la haine systématique contre d’innocents petits animaux domestiques.
Féroce et sans concession, Cristina Fallarás nous entraîne bien loin du Barrio Gótico et de la Sagrada Família : ici la famille est un précipité de haine et les décors sont sordides, on est à l’envers de la ville. Une écriture coup de poing qui n’épargne personne.

Ce livre a reçu le prix international du roman noir L’H Confidencial 2011, ainsi que le prix Dashiell Hammett 2012.

Résumé

Une petite frappe, ayant à son actif quelques délits, parfois quelques crimes, est engagé par une jeune femme rousse pour éliminer un homme. Pour que l’argent ne soit pas son seul moteur, l’homme (Genaro) reçoit également une vidéo. En parallèle, la détective Victoria González reçoit une belle somme d’argent pour enquêter sur la disparition de deux petites filles de 3 et 4 ans. Un des deux est malheureusement retrouvée morte, mutilée, torturée, et plus encore. Mais sa soeur est portée disparue. La demande anonyme est claire « faire la lumière sur tout ça »…

(Résumé un peu court mais la 4ème de couverture est très riche, presque je n’aurais pas eu besoin de faire un résumé!)

Mon avis

Mitigée je suis.

On suit plusieurs personnages, 4 principaux, Victoria, détective, journaliste, au passé trouble, enceinte de plusieurs mois, célibataire, elle a accumulé dans son passé des amitiés troubles, beaucoup de rage envers la vie. Elle exulte sa rage d’une manière très particulière et très cruelles, elle tue des animaux domestiques (je ne spoile pas, c’est dans la 4ème de couverture). Elle est parfois accompagné dans ses investigations par Jésus, une sorte d’ancien gitan qui n’a pas particulièrement envie de bosser mais qui est très attachée à Victoria, il ferait n’importe quoi pour elle. Le 3ème personnage est Genaro, engagé pour éliminer ceux qui sont liés à la disparition des deux petites filles. Il a vu dans la vidéo, les violences, viols et meurtres qui ont été filmés. Il ne sera plus jamais le même après ça. Il flirte avec la folie. Et enfin, on découvre la mère un peu folle des petite fille, perturbée, une ancienne droguée. Elle tient des discours plus ou moins cohérents mais parfois on ne voit pas où elle veut en venir.

Les quatre personnages vont être amenés à se croiser pendant le roman. L’intrigue tourne autour de la découverte des événements, pourquoi les petites filles ont-elles été kidnappées? Par qui ? Pourquoi une d’elle est morte ? Qu’est devenue la sœur ?

Ce que j’ai apprécié dans ce roman assez court finalement, c’est que l’auteure ne tombe pas dans la facilité, on ne nous épargne pas la noirceur de la ville de Barcelone, sa saleté, son aspect sombre et glauque qui dénote complètement avec la Barcelone que nous vendent les agences de voyage et les cartes postales. Ici on est dans les bas-fonds, dans les barres d’immeubles délavés qui contrastent beaucoup avec l’architecture de la ville, dans des quartiers tristes et sordides, dans une atmosphère moite de drogues, de prostitution, de délinquance, de trafic,… Et ça donne pas envie d’y aller s’y promener !

Cristina Fallarás nous dépeint des personnages complexes, perturbés, marqués, avec une enfance ou une adolescence difficile, une vie entre couleur et drogue, dans une Barcelone en quête d’elle même à la fois touristique et glauque, des personnages qui ont besoin de se révolter contre l’image du père, de la chrétienté, etc. Même si le récit est court, les caractères sont détaillés, leurs façons de penser aussi. Ces personnages sont intéressants.

Les différents points de vue des personnes sont servit par des chapitres courts. La lecture est donc assez rythmée, rapide.

J’ai apprécié découvrir une auteure espagnole, un premier pas, dans la littérature espagnole que je connais que très très peu (quelques textes au collège et au lycée, mais pas trop de souvenirs finalement).

Deux, trois points m’ont gêné dans ma lecture, remarques toutes personnelles, je pense que certains ne seront absolument pas dérangés par ces aspects. J’ai beaucoup de mal avec les dialogues narratifs, un mélange de 1ère et 3ème personne qui peut perturber le lecteur. C’est surtout l’absence de ponctuation ou de découpage des apartés à la 1ère personne qui me gène. Par contre, ça dynamise le récit et le moins qu’on puisse dire c’est qu’on ne nous épargne pas alors un langage oral, avec gros mots et insultes, en prime. On reste dans l’ambiance.

Autre point, Victoria a une rage et un besoin de destruction, c’est un personnage complexe mais que j’ai trouvé malheureusement peu attachante. C’est le gros bémol, même avec ce qui arrive dans le livre, je n’ai pas réussi, à avoir peur pour elle, à être triste ou à me sentir proche d’elle. Elle n’est pas agaçante, ni pénible, mais il m’a manqué quelque chose -et puis je l’avoue, je trouve qu’il y a d’autres façons de se défouler, d’exulter sa rage et sa frustration de notre monde pourri que de tuer des animaux (ce n’est pas ce point qui m’a fait m’éloigner d’elle mais ça n’a pas amélioré mon ressenti). Cependant, c’est un personnage construit et intéressant.

Dans l’ensemble, les personnages sont assez marquants, j’ai beaucoup aimé Jesùs, sa nonchalance contrebalancée par son besoin de protéger Victoria ou du moins de tout faire pour que certaines choses ne l’atteignent pas. Il est le seul qui voit que l’affaire est trop « grosse » pour leur petite agence de détective, qu’elle est trop dégueulasse, trop pourrie. Autre personnage que j’ai bien aimé : Genaro, même si on n’apprend pas autant de chose sur lui que sur Victoria, on découvre qu’il est assez sensible pour un homme de main, il vit très mal sa traque. Il abuse des stupéfiants pour chasser les horreurs qu’il a vu sur la vidéo. Le sort semble s’acharner sur lui. Il est touchant et attachant.

Cependant, dans l’ensemble, il n’y a pas beaucoup d’espoir qui se dégage du roman, on sent les personnages assez blasés, ils vont de l’avant mais ils n’y croient pas vraiment. Un peu le reflet de notre société en difficulté. Même la grossesse, la maternité, la vie ne sont pas porteur d’espoir. Tout semble triste et sale comme la ville qui nous est décrite. Un vrai roman noir quoi.

L’intrigue ne m’a pas trop passionnée, il y a quand-même quelques tournants dans l’histoire, on comprend ce qu’il se passe au fur et à mesure. Le but va être de découvrir le pourquoi, plutôt que le qui et le comment. La fin ne se laisse pas trop deviner. Mais elle est rapide, peut être trop, assez floue même. On comprend le « pourquoi » mais sans nous expliquer vraiment. Je suis restée un peu sur ma faim.

Je suis donc que moyennement convaincue par l’histoire, qui est intéressante par sa galerie de personnages, par l’intrigue, mais plutôt bien convaincue par le talent de l’auteure.

Quelques infos sur elle : Cristina Fallarás est née à Saragosse en 1968. Journaliste et écrivain, elle a été rédactrice en chef, chroniqueuse ou scénariste pour divers organes de presse nationaux, comme El Mundo, Cadena Ser, Radio Nacional de España ou El Periódico de Catalunya.

Livre lu en partenariat avec Babelio, opération Masse Critique, que je remercie.

Voici le lien vers le roman : http://www.babelio.com/livres/Fallaras-Deux-petites-filles/452972

masse critique

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Challenge destins de femmes

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La vie sexuelle des super-héros de Marco Mancassola

La vie sexuelle des super-hérosFolio, 8,60€, 594 pages

Merci Pauline !

4ème de couverture

À New York, au début du vingt et unième siècle, les super-héros sont fatigués : Superman, Batman et les autres ont raccroché les gants. Ils sont devenus des hommes et des femmes d’affaires à succès, des vedettes des médias et du spectacle. Dès lors, qui peut bien vouloir les éliminer ? Car après Robin, l’ancien amant de Batman, Mister Fantastic et Mystique reçoivent des lettres de menace et semblent visés dans leur vie sexuelle. Le détective Dennis De Villa mène l’enquête, tandis que son frère Bruce, journaliste, couvre les événements… Roman jubilatoire mettant en scène nos fantasmes les plus fous, La vie sexuelle des super-héros est aussi le récit de la fin d’une civilisation, incarnée pendant des décennies par les Etats-Unis. Un monde qui est aussi le nôtre.

Résumé du début

Red Richards, Mister Fantastic ou encore l’Homme Caoutchouc, a pris sa retraite de super-héros depuis quelques temps déjà, mais ça ne l’empêche pas de rester très actif, homme d’affaires, consultant, il siège dans divers commissions, … Un jour après une séance de sauna, il découvre dans son vestiaire, une feuille de papier avec ces simples mots « ADIEU MISTER FANTASTIC ». Un drôle de message. Une menace? Un adieu? Une mise en garde? Red n’en sait rien et décide de ne pas s’en préoccuper. Lors d’un cours donné à de jeunes astronautes, il tombe sous le charme d’Elaine, un béguin ? une obsession ? Le monde n’est plus tout à fait le même ces derniers-temps, plus morose, plus triste. Que va-t-il se passer dans la vie de M. Richards ? D’autres anciens super-héros reçoivent-ils également des lettres étranges ? Depuis l’assassinat de Robin, leurs vies en tout cas semblent menacées….

Mon avis

Des longueurs mais une découverte intéressante.

Tout d’abord, je pense que les lecteurs qui s’attendent à retrouver l’univers des comics ne devraient pas se lancer dans cette lecture, il est fort à parier qu’ils hurleront que les personnages sont trop écornés, que les habitudes sexuelles sont galvaudées ou manquent d’originalité (fantasmes vus et revus). Faut pas donner le bâton pour se faire battre. Ce n’est pas parce qu’il y a super-héros dans le titre qu’il faut sauter dessus sans savoir à quoi on s’attend, de même pour les amateurs de livres érotiques ou coquins. J’ai bien aimé une trame un peu polar mais attention, se n’en est pas un au strict sens du terme.

On est loin d’une lecture détente, d’une parodie, d’un livre érotique ou d’un polar. Le genre de ce livre est à part. Vous êtes « prévenus » 😉

J’ai beaucoup aimé ce roman même s’il est inégal et que certains passages sont trop longs. Il y a beaucoup de très bonnes idées, de messages passés par l’auteur comme le changement, la perte de l’insouciance, la nouvelle génération, la « peoplisation », la surconsommation, les désillusions, les faux espoirs… c’est donc d’autant plus dommage qu’il y ait des longueurs qui font qu’on peine un peu à la lecture. Cependant, je pense qu’il faut s’accrocher parce que le rythme change un peu ensuite et la lecture devient plus facile.

Ce livre est découpé en 5 parties, la première concerne Red Richards, Mister Fantastic, la deuxième : Bruce Wayne/Batman, la troisième:  le journaliste Bruce De Villa, la quatrième : Mystique et la dernière : Superman. C’est la première partie qui est la plus longue et où se trouve une grosse partie des longueurs, il y a beaucoup de descriptions et on est bien dans l’esprit de l’homme caoutchouc.
Cependant, cette partie est cohérente avec le ressenti de Mister Fantastic et de sa vie. C’est symbolique de la lenteur du temps qui passe et de la vie sans saveur de cet ancien super-héros, ses journées sont rythmées par le boulot, et une discipline rigoureuse. Il est seul, désespéré, sa vie est vide, il se désintéresse de plus en plus de ses responsabilités et de ses amis, seule son obsession pour une fille beaucoup plus jeune va mouvementer un peu sa vie.

Ensuite on apprend à connaitre Bruce Wayne et ses habitudes notamment, il est vrai, sexuelles. Sa relation avec Robin, comment il se voit et comment il souhaite être perçu par les autres.  On découvre ensuite l’histoire du journaliste Bruce De Villa et surtout de sa famille, lui et son frère Dennis, fans des super-héros quand ils étaient jeunes, leur vie modeste, et le secret terrible de leurs parents. Enfin, on suit Mystique quelques semaines plus tard (après Batman), sa nouvelle vie de vedette de la TV, une vie solitaire pourtant. La partie concernant Superman est courte, Clark Kent est vieux, fatigué mais optimiste; on apprend qu’il tient un centre pour « jeunes super-héros aux intensions sérieuses ».

Il est difficile de parler des 600 pages de ce roman, tant l’auteur a voulu nous livrer de messages et que le contenu est dense. La psychologie des super-héros est poussée et travaillée. Dans certains livres, on n’a pas assez de détails sur les personnages, ici, ça n’en manque pas (surtout dans la première partie) de ce qu’ils prennent aux petits déj’ à leurs vies intimes. On découvre ce que ressent un être différent après avoir tant reçu et tant donné. On apprend aussi qu’avoir une caractéristique, un super pouvoir, c’est épuisant et troublant, que c’est difficile psychologiquement, et qu’en plus, en vieillissant, il évolue.

On partage alors à la vie d’anciens super-héros,  leur existence devenue presque « pathétique », après tant de gloires passées et après avoir tant fait rêver les gamins des années 70/80. Après tant d’exploits, la chute semble dure, à la retraite, ils se sont plus ou moins perdus, du moins pour les super-héros qu’on suit dans le roman. Soit ils misent sur leur ligne de conduite exemplaire quitte à perdre le gout de la vie et être nostalgique de la belle époque et des exploits passés (Mister Fantastic), soit ils sont narcissiques et égocentrés, ne misant plus que sur l’aspect et l’image qu’ils renvoient d’eux-même aux lecteurs des journaux people (Batman); soit, ils « retournent leur veste » et amusent le téléspectateur au lieu de combattre le système comme autrefois (Mystique) ou d’aider les gens (Namor). L’auteur nous évoque un système décadent, la fin d’une ère optimiste. La fin du rêve américain symbolisée à la fois par la fin des super-héros mais aussi cette famille italienne qui n’arrive pas à faire face aux dépenses et qui est obligée d’user d’autres moyens.

Pour moi, l’auteur n’a pas cherché à dénaturer ou choisi de « détruire » le symbolisme des super-héros uniquement pour le plaisir de s’en prendre à des mythes avec des clichés déjà vus et revus; ou à gagner de l’argent avec un titre racoleur, mais bien de faire passer des messages : la fin du rêve américain, une civilisation décadente, une société en crise et déprimée, …

Ce n’est pas un livre parodique ou une farce, les messages passés sont beaucoup plus profonds. J’ai l’impression qu’on a voulu nous montrer qu’il n’y a plus d’amour, plus d’espoir, en gros, qu’il n’y a plus de « sauveurs ». Les Etats-Unis ne sont plus héroïques, ce n’est plus l’époque de la vie facile et insouciante. C’est une vision très sombre de notre civilisation, de l’humanité actuelle qui nous est livrée dans cet ouvrage.

Pour marquer les esprits, les images et les habitudes que l’auteur donne aux super-héros sont très fortes, violentes, teintées de désespoir et de perversion parfois, elles sont là pour choquer le lecteur, qu’il ait un électrochoc, qu’il se dise « bien sur que non, on ne laissera pas notre civilisation agoniser comme « agonisent » les super-héros ». S’en prendre aux super-héros, c’est s’en prendre à l’Amérique, on se doit de redonner de l’espoir au peuple, de croire en la jeunesse, au renouveau, d’où la jeunesse qui mise en valeur à la fin du récit (fin symbolique et belle). On doit faire face, connaitre le danger, se battre, se créer de nouveaux symboles. Messages passés d’autant plus forts qu’on nous présente l’auteur comme ayant écrit après le 11 septembre 2001, dans un monde qui lui semble en proie aux doutes, au désespoir, à la peur. Pour lui, il semble qu’actuellement, il n’y ait plus de héros, de symboles, de personnes qui se battent vraiment pour améliorer les choses (économie, environnement, guerre,…), mais  majoritairement des gens superficiels, qui se complaisent à s’intéresser à des choses superficielles comme « La vie sexuelle des super-héros » par exemple. Un livre « à scandale », sorti après la mort de Mister Fantastic et Batman, où un docteur fait des révélations sur ses patients super-connus aux pratiques étranges. Dans notre « monde », on pourrait presque remplacer super-héros par « stars »…

Il y a pas mal de descriptions de New-York ou plutôt de son atmosphère, ses couleurs, sa frénésie et sa diversité. Mais aussi des évolutions, des changements. NY c’est un peu un personnage à part entière, blasée, paranoïaque, paumée, mais vivante et en pleine évolution.

J’ai vu que pour certains lecteurs, c’était le pire livre qu’ils aient jamais lus… pas pour moi. Je suis d’accord pour dire qu’il est inégal. Il est perturbant, il s’attaque à des mythes, à des symboles virtuels, il y a des longueurs mais, le « cri de désespoir » passé par l’auteur et son envie d’un monde meilleur dominent par rapport aux défauts du roman. Mais je peux comprendre, ça n’est pas une lecture « facile ».

Le style de l’auteur m’a bien plu, malgré les longueurs. J’avais envie de savoir: que va-t-il arriver aux super-héros ? Qui leur envoi des lettres anonymes ? Qui se cache derrière les meurtres ? Et pourquoi ? Et puis, il y a des passages super bien écrits, où on ne sait plus si on est dans la réalité ou dans le rêve. Les transitions nous aident à nous repérer et aussi à porter notre attention sur les choses qui vont nous être révélées, l’importance de telle journée, de tel événement,…

J’avais un peu « tiqué » sur l’ordre de « passage » des super-héros. Mais le choix de l’auteur s’explique au fur et à mesure où l’on va nous donner des réponses aux questions soulevées par les meurtres et par l’envoi des lettres. Symboliquement, j’aurai placé Mystique avant Batman mais ça n’aurait pas fonctionné dans la trame de l’histoire. Finalement avec le recul, les parties sont agencées, elles doivent l’être.

Voilà pour mon ressenti, j’ai aimé ce livre pour ses messages, pour ses réflexions, parce qu’il m’a amené à réfléchir aussi et parce que malgré des défauts, il est plus abouti qu’il n’y parait. Une critique de notre civilisation teintée de doutes, de désespoir,… et d’espoir.