Le miroir du damné de Frédéric Livyns et JB Leblanc

Séma Editions

Collection : Séma’lsain

Sortie : 14 avril 2017

Nombre de pages : 502

Prix : 22 €

ISBN : 978-2-930880-21-1

Couverture par Floating Fantask

4ème de couverture

Au cœur du massif des Maures, le petit village de Tarsac est le cadre de meurtres sauvages qui font ressurgir la peur et la paranoïa.

Qui est cet assassin particulièrement retors qui ne laisse aucune trace et semble connaître parfaitement ses victimes ?

C’est ce que devront découvrir le lieutenant Courtas du SRPJ de Toulon et Martin Fabre, le chef de la police municipale. Cette enquête les confrontera à des croyances révolues sur fond de sorcellerie et à un étrange miroir qui semble être le cœur de l’énigme.

Mais, dans cette cuvette infernale écrasée par la chaleur, les morts se succèdent à un rythme effréné, et le temps leur manque…

Mon avis

Le lecteur découvre d’abord Lucy, une vieille dame, qui semble habiter Tarsac depuis toujours. Elle est en train de faire un malaise cardiaque et ses pensées dérivent vers Henri et sa culpabilité dans les événements qui ne manqueront pas de survenir vu son état…

Henri, un brave homme, que l’on retrouve en 2004, quelques années auparavant, et qui s’occupe du mieux qu’il peut de son fils Lucas atteint d’une malade aussi rare que grave. Son fils vit isolé et Henri commence à ne plus le supporter. Que pourrait-il bien faire pour alléger la peine de son petit garçon  ?

Kalvyn Brimac a tiré un trait sur son passé, enfin presque. Parce qu’il étouffait à Tarsac le village de son enfance, il a déménagé, il vit avec son amie Susan et gagne sa vie comme agent immobilier. Tarsac se rappelle à son souvenir, quand un des voisins de son père l’appelle pour lui annoncer le décès de ce dernier. Dernier membre de la famille Brimac, Kalvyn va devoir s’occuper de la succession. Il doit revenir pour un temps à Tarsac.

Tarsac où il n’y a pas un souffle de vent l’été. Où le temps s’écoule comme au ralenti. Où les gens vivent au rythme des vignes et des moissons. Où l’on se perd dans le dédale des rues qui se ressemblent toutes. Où le réseau téléphonique a bien du mal à passer. Où les jeunes n’ont que le bar de Phiphi pour s’amuser un peu le soir…

Kalvyn revient au moment où des morts étranges se produisent dans le village. Et l’angoisse liée à d’anciens souvenirs douloureux resurgissent dans le village… La tension monte peu a peu…

Une excellente lecture.

Les deux auteurs réussissent un roman prenant, dense et machiavélique.

< p dir= »auto » style= »text-align: justify; »>Les deux plumes s’accordent parfaitement et font de ce récit une réussite.

Le miroir du damné c’est l’oscillation entre fantastique et réel, le thriller et le style horrifique, présent chez des deux auteurs. Je ne pense pas me tromper en disant qu’on retrouve de JB Leblanc la précision des enquêtes policières et la psychologie torturée des personnages. Et de Frédéric Livyns les scènes qui vous donnent la chair de poule et font monter la tension nerveuse.

Le style est fluide et c’est très bien écrit.

<pdir= »auto »>Le petit bémol, pour moi, c’est le rythme. Parfait pourtant au debut et la fin mais au milieu de lecture j’ai trouvé que les personnages mettaient un peu trop de temps à bouger. Toutefois, ce bémol n’enlève rien à l’intrigue très bien ficelée et prenante. Les événements montent crescendo et la tension est palpable. Il faut dire que Tarsac est un village à l’atmosphère irrespirable en plein été et le lecteur ressent très bien cette touffeur et le malaise qui va avec. Mêlée aux événements qui arrivent, fantastiques, on ne peux qu’y être sensible nous aussi.

Le miroir du damné, c’est aussi l’histoire d’un flic du srpj de toulon qui débarque pour mener l’enquête sur les décès étranges qui ont eu lieu et qui se retrouve dans un milieu très éloigné du sien et pas très bien accueilli par les villageois. Il va faire équipe avec le chef de la municipale Fabre. Une figure importante de Tarsac.

La relation entre les deux sera tendue.

< p dir= »auto »>J’ai beaucoup apprécié le flic Courtas. On s’attache à lui. C’est un personnage très bien travaillé qu’on prend plaisir à suivre. Je me suis aussi attachée de façon plus étrange à ceux qui ont disparus et qu’on ne voit pas aussi longtemps que les autres  :  Henri, Lucas et Grégory. En toute cas, plus qu’à Kalvyn ou Lucy encore que pour cette dernière mon ressenti est plus ambigu. Car j’ai  beaucoup apprécié ce personnage mais j’ai été beaucoup moins en empathie.

Quand à la fin, il faudra que j’en discute avec les auteurs. Je ne suis pas restée sur ma faim contraire mais je m’interroge au sens de la dernière scène.

En bref, j’ai adoré, j’ai étouffé dans Tarsac, j’ai ressenti parfois le malaise des personnages, j’ai frissonné d’horreur… Un titre parfait pour découvrir la plume et le style de Frédéric Livyns et JB Leblanc.

Un autre petit bémol le poids du livre… 850g presque 1kg… Pas pratique à lire dans le métro ni même allongée dans son lit si on veut pas l’abimer…

Tragic Circus de Cécile Guillot & Mathieu Guibé

tragiccircus_prev.jpg

Éditions du chat noir , 213 pages, 14,90 €

4ème de couverture

« Mesdames et Messieurs ! Jouvenceaux et jouvencelles ! Petits et grands ! Approchez, approchez ! Venez assister à un spectacle unique en son genre. Notre cirque vous ouvre ses portes et dévoile ses mystères. »
À chaque prestation, les monstres de foire enchantent les spectateurs : l’enfant funambule, le dompteur de fauves et la charmeuse de serpents, clowns et jongleurs, sans oublier l’effroyable homme sans visage…
Mais que se passe-t-il au cirque Andreani une fois le rideau retombé ? Quels sombres tourments agitent les âmes et enflamment les cœurs ? À moins qu’il n’y ait à l’œuvre une magie pernicieuse… Cela, Cătălina, la nouvelle diseuse de bonne aventure, va tenter de le découvrir, mais même les Tarots ne sauraient la prémunir contre l’indéfectible fatalité…

Mon avis

Une excellente lecture !

Cătălina est une jeune sorcière roumaine qui n’a comme seuls biens que sa roulotte et tout ce que lui a appris sa grand-mère une drabarni, une diseuse de bonne aventure. Seulement, même si Cătălina est très douée, la charmante jeune femme, n’a pas le contact aussi facile avec la clientèle que sa mamaia et ses affaires ne vont pas bien. Elle survit, plus qu’elle ne vit et ne voit pas d’autre solution que de chercher protection, couvert et salaire auprès d’un cirque. Elle postule donc auprès d’Andreani. Le M. Loyal ne lui fait pas bonne impression, quelque chose chez lui la met mal à l’aise mais elle veut s’en sortir et rompre avec sa solitude. Il accepte de la prendre dans son cirque. Elle va alors découvrir ses nouveaux collègues, aussi étrange les uns que des autres : une étrange jeune funambule, un ventriloque et sa poupée aussi vraie que nature, un clown dépressif,… et un mystérieux homme isolé et triste, l’homme sans visage.

En parallèle, le lecteur va découvrir la rencontre entre Pierre, violoniste de talent mais qui ne parvient pas à percer dans le milieu et Hortense une jeune fille de bonne famille qui possède une grâce et un véritable don pour le chant. Leur association va peut-être leur permettre de percer dans le métier. Pierre rêve de se produire au prestigieux Opéra Bach…

Le lecteur comprendra assez rapidement que les destinées des personnages de Pierre, Hortense, Andreani et Cătălina vont être liés…

Ce roman court est vraiment très bien écrit. Les deux auteurs réussissent à faire transparaître le malaise de la jeune voyante. Il y a quelque chose qui cloche dans ce cirque et progressivement on partage son mal être et on se demande bien ce qui va nous être relevé. L’histoire est très bien menée et même si j’ai rapidement compris ce qui se tramait, les pages se tournent toutes seules et j’ai été happé dans ce récit teintée de symboles et de drames. J’avais envie de savoir ce qui allait se passer ensuite. C’est beau et triste. L’univers décrit est à la fois mélancolique et macabre, on sent la tragédie poindre, inéluctable mais on se prend à espérer.

Même si le roman est assez court et se lit rapidement, la psychologie des personnages est bien travaillée. C’est le gros point fort du roman. On découvre des personnages touchants et singuliers. Chacun est pourvu d’un don qui fait sa force mais qui couvre à peine les blessures, fêlures ou autres coups du sort. Cătălina va vite comprendre que les coulisses de ce cirque ne sont pas aussi fastueuses que l’image véhiculée par cet univers. L’envers du décor est étrange, rempli de non dit et tragédie. Les auteurs ont réussi à dépeindre les personnages en peu de pages mais avec une réelle intensité. Par exemple, un personnage (ou plutôt un duo) m’a fichu la chair de poule… Et j’en ai détesté un autre. Pour un 3ème, j’oscillais entre admiration et dégoût. Les impressions, les sentiments, la détresse ou l’espérance des personnages sont incroyablement bien retranscrits par les deux plumes des auteurs qui se marient à merveille.

Les deux auteurs ont réussi à créer deux ambiances à la fois sombre et lumineuse, noire et colorée. Un récit habillement structuré avec une pointe de mystère et de magie, équilibré et fluide, j’ai beaucoup aimé. Il se dégage de ces lignes une musicalité, une mélancolie, un romantisme, un fatalité et un parfum d’étrangeté qui collent très bien aux styles de Cécile Guillot et Mathieu Guibé. Une jolie réussite. J’ai hâte qu’ils nous écrivent à nouveau un récit à « 4 » mains.

Bravo aussi à Mina M pour sa magnifique couverture ^^

Merci aux Editions du Chat Noir et à Babelio.com pour ce titre.

Mes impressions lectures Fin d’année 2016 #2

note pour un monde meilleur

Notes pour un monde meilleur d’Agnès Marot

Editions du Chat Noir, 210 pages, 14,90€

Découvrez la préquelle de De l’autre côté du Mur. Isaac est physicien, Azra auteur. Ils ont toujours formé un front uni contre l’adversité, mais une terrible nouvelle s’abat sur leur couple et brise leur rêve d’un avenir heureux. Isaac est persuadé de résoudre le problème avec sa création ; Azra, en pleine fuite de la réalité, se cache derrière ses mots. Inévitablement, leurs chemins se séparent peu à peu. Jusqu’au jour où Isaac comprend que leur tragédie n’est que le reflet de celle qui déchire la société entière, partagée entre artistes et scientifiques depuis la découverte de deux énergies à la puissance incroyable. Fermement décidé à sauver tous ceux qui ont encore une chance, il place tous ses espoirs dans le chantier d’un nouveau monde : une institution où une poignée d’hommes et de femmes pourront, main dans la main, apprivoiser et maîtriser ces énergies avant de revenir vers les autres pour transmettre leur enseignement. Voilà l’immense projet d un homme qui consigne ses notes pour un monde meilleur pour les générations à venir. Pour sa descendance, qu’il n aura peut-être jamais…

Mon avis :

En 2016, j’ai lu cette préquelle à De l’autre côté du mur et c’était une lecture riche en émotions.

On y découvre deux personnages à travers lesquels on va comprendre la bascule vers le monde et l’endroit décrit dans le premier récit d’Agnès Marot. On recroisera aussi certains personnages. L’histoire d’Isaac et d’Azra est aussi belle que triste et l’autrice réussit un équilibre dans le dosage des sentiments, ni trop peu pour qu’on ressente bien les émotions et ce que vit le couple, ni trop pour ne pas tomber dans la surenchère.

On retrouve de façon plus flagrante, l’opposition Art et Sciences. Elle est encore plus marqué via le fossé qui se creuse entre un couple qui ne parvient pas à devenir parents. L’Art, la fragilité, les émotions vives et fortes vont enflammer la femme. La science, les découvertes, la recherche du possible vont refroidir l’homme. Un récit court mais riche et subtil. Le jeu des contrastes et des contraires est si bien mené par l’autrice.

Personnellement, je recommande de lire ce livre après le premier. Il est différent et apporte un éclairage sur le premier roman.

Un bémol, j’aurais bien aimé plus de détails, plus de développements de la fracture qui se produit de manière global et mondial entre les chercheurs et les artistes.

Dragons et autres maîtres du rêve de Jean-Luc Bizien et Caroline Picard 51FYEKXZGJL

Casterman, 55 pages, 15€39, d’occasion

Notre monde offre deux aspects bien différents.
Au vu de tous, il v a la planète des hommes, avec son histoire, ses lois, ses croyances, ses frontières…
Et puis il y a l’autre monde, invisible au plus grand nombre. Un univers peuplé de créatures étranges, nées de nos mémoires et de nos rêves, qui vivent et agissent sans qu’on s’en rende compte, mystérieuses et pourtant toutes proches…

Depuis la nuit des temps, le dragon évolue parmi nous. Mais sous sa carapace d’écailles, qui est vraiment cette formidable créature ? Monstre avide de destruction ou génie protecteur ? Le dragon peut-il cracher du feu ? Est-il capable de voler ? Amasse-t-il les trésors qu’on lui prête ? Peut-il survivre dans un monde hostile ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles cet ouvrage se propose de répondre…

Dragons et autres créatures du rêve est l’un des deux ouvrages qui inaugura une nouvelle collection chez Casterman. Un choix qui s’imposait, tant le monde des dragons fascine durablement. L’album immerge les jeunes lecteurs au sein de « l’univers dragonesque » sous la forme de doubles pages thématiques éclairant chacune un aspect particulier de la vie et de l’environnement de ces fascinantes « créatures du rêve ». En contrepoint aux textes fouillés de Jean-Luc Bizien, Caroline Picard offre de ce bestiaire fabuleux une interprétation visuelle saisissante.

Jean-Luc Bizien a écrit de nombreux ouvrages destinés à la jeunesse, notamment chez Gründ, aux éditions Bayard et aux éditions du Masque. Spécialiste des jeux de rôles, il vit en région parisienne, à Clamart.

Caroline Picard collabore aux magazines Géo, Sciences & Vie Junior, Images Doc et Youpi. Pour l’édition, elle est illustratrice chez Gallimard et aux éditions Gulf Stream.

Mon avis :

Cet album est tout simplement magnifique. Je l’ai lu à mon fils l’après-midi ou le soir pour l’endormir. Des doubles pages qui donnent plein d’informations sur les dragons assorties de magnifiques illustrations. Je pense qu’il se fera un plaisir (enfin j’espère) de le parcourir quand il en aura l’âge (3 à 5 ans d’après l’éditeur). J’ai beaucoup aimé la mise en forme sur de double pages et de illustrations grandes et colorées.

Du mythe d’origine à « que reste-t-il des dragons aujourd’hui ? » en passant par le langage, la magie, l’œuf, le type de dragons : chromatique, métallique… Cet album relève leurs secrets aux risques et périls du lecteur qui ne suivraient pas les conseils de l’auteur.

On y retrouve également quelques histoires comme celle de Merlin.
Le lecteur est pris en aparté comme un effronté qui se mordra les doigts de chercher la créature mythique et de ne pas respecter cet être aussi fabuleux que dangereux.

Un album au magnifique visuel avec beaucoup d’humour,  de couleur,  de conseils et d’imaginaire.  Superbe.

Un coeur d’ange pour Noël de Vanessa Terral

couv-coeur-ange-noel-terral-vanessaVananith, 1,99€, ebook, Novella de 11 250 mots

Matthias est un tamiseur, un de ces gardiens qui veillent à ce que rien de trop gros, surnaturellement parlant, ne vienne perturber notre monde. Si le caillou ne passe pas, ils l’éliminent. En général, les anges ne font pas partie de ces cibles. Ils sont même « chasse interdite » par décret céleste. Mais le cœur de l’un de ces messagers de Dieu est la seule chose qui puisse sauver le frère de Matt. Dans la tempête des combats, par la magie et l’épée, il ne pensait pas hésiter… Et pourtant. Nolan est un ange déchu, vivotant de petits boulots à Nantes. Il a encore du mal à saisir la logique des émotions humaines. Avec Matthias, il va être servi! Vanessa Terral vous propose sa première Romance de Noël, une novella d’urban fantasy pleine de tensions, d’affrontements et de sapins.

Mon avis :

Une lecture faite pendant les vacances de Noël, une nouvelle fraîche et sympathique dans laquelle on sent que Vanessa a pris beaucoup de plaisir.  « Un peu beaucoup » fanfiction d’une série fantastique (que je ne regarde pas, découverte tard, il y a trop de saisons pour rattraper), j’ai quand même su accrocher et comprendre certaines références plus facile quand on a des copines fan quand même je pense). Elle peut de toute façon très bien se lire sans ce second degré de lecture, je vous rassure. Les personnages sont bien croqués et au fantastique sombre s’accroche une bonne dose d’humour. Le lecteur aura, je n’en doute pas, comme moi, envie de savoir comment se termine la quête de Matthias pour sauver son frère.

Cependant, je ai trouvé la novella un peu rapide, par parce que c’est un format court mais plutôt parce que j’ai eu un peu de mal avec les enchaînements. Même si  je n’ai pas retrouvé l’écriture aussi ciselée que j’aime tant chez Vanessa ni la touche de légendes, j’ai passé un bon moment en compagnie des deux frères et de l’ange déchu à qui l’un doit ravir le cœur pour sauver l’autre, au sens propre mais peut être pas seulement ?

Mes impressions lectures Fin d’année 2016 #1

couv26177523

Notre-Dame de Paris de Victor Hugo

Le livre de poche, 705 pages environ, 5€ environ en poche

En 1831, Victor Hugo réinvente le Moyen Âge et élève un monument littéraire aussi durable que l’œuvre de pierre qui l’a inspiré. Sous la silhouette noire et colossale de la cathédrale fourmille le Paris en haillons des truands de la Cour des Miracles. Image de grâce et de pureté surgie de ce cauchemar, la bohémienne Esméralda danse pour le capitaine Phoebus et ensorcelle le tendre et difforme Quasimodo, sonneur de cloches de son état. Pour elle, consumé d’amour, l’archidiacre magicien Claude Frollo court à la damnation.
De cette épopée hallucinée, ces monstres et ces figures s’échappent pour franchir les siècles, archétypes de notre mythologie nationale, de notre art et de notre Histoire.

Mon avis :

En 2016, j’ai enfin lu ce classique de Victor Hugo. Un roman parfois un peu long mais tellement riche..

J’avais en tête la comédie musicale, je n’ai jamais vu de films ou de dessins animés. J’ai donc découvert des personnages 100 fois plus travaillés, mais surtout un bossu beaucoup plus difforme et complexe;  une Esmeralda plus désinvolte et naïve ; un Frodo plus froid et plus torturé ; un Phoebus encore plus frivole et intéressé…

Mais aussi d’autres personnages secondaires que je n’avais pas imaginé comme ça, notamment l’auteur de pièces de théâtre plus intéressé par l’avenir de la chèvre de la gitane que par la gitane elle-même alors qu’elle a sauvé sa peau dans la cour des miracles.

Un personnage à part entière, Paris. Il y a beaucoup de descriptions, parfois on s’y perd même un peu mais c’est aussi un énorme travail de la part d’Hugo. Il brosse un portrait de la ville aussi important que ses personnages. Bien sur il va aussi rendre vivante cette cathédrale Notre-Dame de Paris.

Mais surtout ce qui m’a le plus plu ce sont les réflexions sur l’humanité, sur les apparences, sur la destinée. Il suffit de pas grand chose pour que la vie qui s’offrait à vous change du tout au tout.

On a aussi l’impression qu’une force tire les ficelles et que, bien que les personnages se démènent et luttent, rien n’y fait. Une autre forme de violence.

L’écriture est parfaite, les longues descriptions pourront peut-être perdre le lecteur parfois mais je pense qu’il faut savoir passer outre. Je garde des passages en tête plusieurs mois après ma lecture. C’est bien que l’auteur est doué pour vous imprégner de sa passion pour la ville et l’Homme.

Remarque : ma version comporte énormément de note de bas de page. J’ai pris le parti de ne pas les lire (sauf traduction de phrase en latin). Les informations données sont intéressantes mais alourdissent le récit et pas nécessaires pour le comprendre.
Une lecture que je suis vraiment contente d’avoir pris le temps de faire et que je relirai certainement un jour ^^

La voie des oracles II. Enoch d’Estelle Fayeenoch

Scrineo, 333 pages, 16€90

Parce qu’Aedon les poursuit sans relâche, Thya, Aylus, Enoch et le Sylvain minuscule fuient dans les terres barbares jusqu’aux confins de l’Asie.

Sur la route, ils vont découvrir des mondes différents, colorés, fabuleux, aux magies millénaires, aux mythologies fascinantes. un univers plus vaste et plus étrange que tout ce qu’ils auraient pu imaginer.
Leurs rares alliés sont en péril. Aedon, toujours plus menaçant et plus trouble, a conclu un pacte avec les créatures des Enfers. Pour survivre, Thya doit percer le secret des anciens Oracles, mais l’intervention d’Enoch risque de tout changer.
Car ce nouveau monde, s’il les force à se révèler, pourra aussi les perdre….

Mon avis :

J’ai aussi lu Enoch le tome II de la voie des oracles, avec sa magnifique couverture signée Aurélien Police.

On retrouve les personnages là où on les avait quittés, et la tournure des événements prend un aspect un peu plus sombre. Le récit fait la part belle aux dieux et déesses qui décidément peuvent faire des humains tout ce qu’ils veulent ou presque. La quête de réponse de l’héroïne se poursuit et elle va aller plus loin que tout autre Oracle avant elle. J’ai beaucoup apprécié l’évolution des personnages. On est pris dans l’histoire et les pages se tournent toutes seules.

La fin que je n’avais pas vu venir donne un second souffle à la trilogie et annonce un tome 3 différent, on a envie de se jeter dessus.

L’écriture est toujours fluide et très agréable.

529049_483533071693189_1440585319_n

Le puits des mémoires 2. Le fils de la lune de Gabriel Katz

Scrineo, pages, 16,90€

Fuyant le royaume d’Helion où leur tête est mise à prix, Nils, Karib et Olen s’embarquent pour Woltan, sur les traces de leur identité. Pourquoi ont-ils assassiné le plus puissant roi du monde ? Dans leur quête de la vérité, ils vont découvrir un royaume fascinant, colossal, aux frontières des terres barbares. Mais leurs poursuivants n’ont pas abandonné la traque…
Pour les fugitifs sans mémoire, c’est l’heure des révélations, et de la plongée dans le grand nord, où leur vie ne tient qu’à un fil.

Mon avis :

Puis, je me suis attaqué au 2ème tome du Puits des mémoires de Gabriel Katz: le fils de la lune. J’avais bien aimé le 1er mais j’ai été moins emballée que mes camarades lectrices. J’avais donc un peu peur. Mais finalement, j’ai adoré cette suite, qui pour moi est meilleure que le 1. J’ai été happé par la suite des aventures de nos amnésiques. Et c’est l’heure des révélations. On découvre progressivement qui sont Karib, Olen et Nils… Et vivement le 3 pour savoir enfin pourquoi ils sont traqués sans relâche. Surtout maintenant que nous savons qui ils sont. J’avais vu venir la révélation finale mais maintenant j’ai trop envie de savoir ce qu’il s’est passé avant leur capture et leur perte de mémoire.

En plus de l’humour, ce tome à pour messages que les apparences sont parfois trompeuses. Et si on se redécouvrait, serions nous les mêmes personnes qu’avant ? C’est vraiment une excellente suite et je suis ravie de ne pas m’être arrêtée au 1er 🙂

Les illusions de Sav-Loar de Manon Fargetton

couv35666863

Editions Bragelonne, 665 pages, 20€

4ème de couverture

Dans le royaume d’Ombre, les femmes qui possèdent le don sont persécutées. Pour survivre et devenir magiciennes, il leur faut se réfugier dans la cité légendaire de Sav-Loar.
Or Bleue se trouve très loin de là lorsque apparaissent ses pouvoirs : elle n’est qu’une jeune esclave entre les griffes d’un seigneur sadique desquelles nul ne s’est jamais évadé. Mais certains de ses compagnons de captivité vont risquer leur vie pour tenter de sauver Bleue, à commencer par Fèl, une beauté farouche qui ne rêve que de liberté. Leur fuite éperdue va précipiter le royaume dans une guerre impitoyable au cours de laquelle Bleue, dont la puissance s’affirme de jour en jour, pourrait bien changer le monde…

Mon avis

Coup de coeur ❤

J’avais beaucoup aimé L’héritage des Roi-Passeurs mais j’en regrettais un peu le manque de développement. Et bien là, j’ai été servi ! L’univers d’Ombre dense est bien développé, le lecteur suit plusieurs personnages dont les destins s’entremêlent, c’est palpitant et complet ^^ Ce second roman dans l’univers des rois et reines d’Ombre, des magiciens et des magiciennes m’a complètement happé, même si ma lecture n’a pas été rapide (pouponnage oblige), j’y pensais souvent et avait envie de m’y replonger avidement, voire même je regrette encore d’avoir terminé, j’ai eu du mal à quitter cet univers.

Un magicien, une cape d’or, recherche une jeune femme avec qui il a passé une nuit et qui est enceinte, très certainement de lui. Il doit la retrouver pour éliminer l’enfant si c’est une fille, l’envoyer étudier au Clos à Astria si c’est un garçon. Car cette cape d’or est un Traqueur, hors de question pour lui, de laisser dans la nature, une potentielle magicienne… Dans le royaume, lui et ses pairs ont pour tâche de retrouver les jeunes filles dont le pouvoir s’est déclenché et de les éliminer avant qu’elles s’en aillent grossir les rangs des sorcières qui se cachent dans la Forêt des Songes, à Sav-Loar. La jeune femme traquée mets au monde une petite fille, l’abandonne à des marchands et disparait.

Quelques années plus tard, à Dorderès, sur la foire aux esclaves, les hommes du Sker Nazâr, seigneur d’une citadelle dans le Désert des Regrets, recherchent des bras pour les mines et des jeunes femmes pour le harem du maître. Fèl, une étrangère du royaume d’Ombre, belle blonde provocante est remarquée par le chef du harem, elle est achetée avec une sauvage en haillon. Ils achètent également sur les recommandations du médecin du Sker, Amesân, deux guerriers un étranger d’Ombre et un homme robuste. Ils croisèrent le regard d’une gamine, Bleue qui fût acheté elle aussi pour le harem malgré son jeune âge… Le groupe hétérocycle, enchaîné, se mets ensuite en route avec la citadelle. Cependant, Fèl ne pense qu’au moyen de s’échapper, peut-être en séduisant un des trois hommes, un guerrier du nom de Yôn. Mais il reste plutôt insensible à ses charmes mai surtout ils n’ont pas l’occasion de s’arrêter en chemin.

Fèl et Bleue se retrouvent donc au harem et si Bleue essaie d’être la plus transparente possible, Fèl elle décide de se mettre en avant, afin d’être choisie par le Sker, dans l’intention de réussir à découvrir comment elle pourrait s’échapper de la citadelle. Mais rien ne va se passer comme elle l’attendait, notamment, le seigneur va se révéler bien différent de se qu’elle s’était imaginé… Surtout, elle et Bleue vont vivre un enfer à la merci de cet être infâme…

C’est toujours difficile pour moi de parler d’un coup de coeur, j’ai envie de rentrer dans les détails mais je ne voudrais pas gâcher votre lecture et en même temps, je veux vraiment vous convaincre de lire ce roman !
Les personnages sont vraiment bien développés, on suit principalement Fèl et Bleue mais nombre de personnages secondaires qui vont croiser les jeunes femmes. Des magicien(ne)s mais aussi des personnes normales ou encore des Dieux. En effet, pour ceux qui ont lu les Rois-Passeurs, on retrouve Aa et Izil. Ce ne sont les seuls personnages que l’on retrouve d’ailleurs. Je me suis attachée à beaucoup de personnages, j’ai couru avec eux, j’ai tremblé pour eux, j’ai espéré pour eux et avec eux. J’ai adoré la petite troupe qui gravite autour de Fèl. Surtout, l’auteure prend le temps de nous en apprendre sur chacun et à chaque fois pour servir l’histoire. Plus on creuse les personnages, plus je m’attache à eux et plus j’ai du mal à m’en détacher et c’est exactement ça que j’ai ressenti avec Oreb, Luernios, Bleue notamment. J’ai eu un peu plus de mal avec les magiciennes. Comme tout n’est pas tout blanc ou tout noir, on se rend compte que rien n’est parfait même à Sav-Loar et que même cette communauté cachée par nécessité et qui devrait pouvoir vivre au grand jour à ses défauts. Même si j’ai eu un peu plus de mal avec ces personnages, je me suis beaucoup attachée à certaines d’en elle, notamment Néphélie et Tyna.

On ne s’ennuie pas une seconde et on apprend beaucoup sur l’univers imaginé par Manon Fargetton. L’histoire des magiciennes et des magiciens, du royaume d’Ombre, du Dieu gris… L’intrigue est solide et se met en place, parfois on se demande ce que le début va nous apporter, où on va, et progressivement tout se lie, tout à un sens, rien n’est laissé au hasard. Le lecteur va naviguer entre le destin des deux femmes, mais aussi entre les eaux tumultueuses de la politique du royaume et des caprices des Dieux.
L’auteure a réussi à faire évoluer ses personnages et de quelle façon ! Ils traversent tous  un moment donné un tournant décisif dans leur vie et les événements, les gens, les façonnent.
Différents thèmes sont abordés, très forts, la liberté, le renoncement, l’acceptation de soi, des autres, la vengeance, l’espoir. Pour les développer, sachez que Manon Fargetton ne va pas épargner les personnages et le lecteur non plus. Le plus puissant est la dualité des êtres, faire mal en pensant faire le bien mais aussi apprendre à accepter d’être imparfait, apprendre à pardonner pour avancer. La dualité de l’ombre et de la lumière, des faux-semblants et des vérités, de la mort et de la vie, de la vengeance et du pardon. Le savoir et les non-dits, les mensonges et la vérité. On sent que l’auteure travaille dans le milieu de la lumière, son récit est tout en nuance, éclairage / part d’ombre… C’est encore plus flagrant que dans le premier.

Comme pour L’héritage des Rois-Passeurs, les personnages féminins sont forts et mis en valeur, un livre encore une fois un peu féministe mais cette fois si, en nuance, le Passé nous est révélé et les défauts des deux camps, magiciens qui ont le pouvoir et traquent les magiciennes, et ces dernières qui ne font plus confiances aux hommes… Le mystère sur ces personnages est levé par rapport au premier livre. Comme dans ce dernier, j’ai beaucoup aimé la façon de faire la magie, et encore plus je crois, ce que peuvent faire les magiciennes les illusions, seulement la méthode …. est loin d’être parfaite…

Un récit fluide et prenant. Des personnages consistants et attachants. Une histoire passionnante et terrible. J’ai eu beaucoup de mal à quitter cet univers, il me manque déjà. Je garde l’espoir que l’auteure aura peut-être envie d’y replonger un jour et alors, je me ferais un plaisir de continuer l’aventure même si beaucoup de choses ont été dites, on ne sait jamais ^^

Merci à Babelio et aux Editions Bragelonne pour la découverte et ce beau coup de coeur ❤

Le grimoire des anciens (Sort-Céleri – Maïa Luna – T2) de Frédérique Pinson-Ibarburu

le-grimoire-des-anciens-1263512

Corinne Ozenne Editions, 16,50€, 188 pages

4ème de couverture

Après «Sort Céleri», nous voilà, une fois encore embringué dans la vie folle et trépidante de Maïa Luna, qui, pour cette nouvelle aventure nous entraîne dans une poursuite endiablée contre le temps ! Maïa impliquera à nouveau dans son périple, et ce bien malgré eux, ses compagnons d’armes : son fidèle dragon, un pirate caractériel, un mage dévoué et un second envoutant… Entre mer, amour, trahison et vols à dos de dragons, savourez ce nouvel opuscule désopilant des aventures féeriques de Maïa et ses acolytes. Accrochez-vous ça va décoiffer !

Mon avis

Un bon moment de lecture, des qualités mais aussi quelques défauts.

Maïa Luna, sorcière dotée de grands pouvoirs et qui n’a pas la langue dans sa poche, est retenue prisonnière par son ennemi le puissant mage Callaghan. Il la retient dans une geôle d’une de ses demeures et commence à la torturer pour lui faire avouer ce qu’elle sait sur la cachette du Grimoire des Anciens. Ce puissant livre de magie, dont on ne sait ce qu’il contient mais qui est très précieux, ne doit pas tomber en de mauvaises mains sinon il en serait fini de Faërie. Maïa doit donc puiser dans ses ressources pour ne rien divulguer ce que qu’elle aurait appris sur le livre.

Dans sa prison, elle énumère ses « amis » susceptibles de lui venir en aide. Si seulement, elle pouvait utiliser ses pouvoirs pour les prévenir. Il y a Elorn ce dragon de 5m de hauteur qu’elle a sauvé de Callaghan, puis le mage Philibert Turlututu, grand fêtard, guide spirituel et ancien bras droit de Callaghan, le mage Ryan qui entretien une relation amoureuse en pointillé avec la jeune sorcière et qui fut aussi jadis sous les ordres du mage noir et enfin le pirate Jack Rackman, qui en pince pour elle, qui fut son amant mais qui l’a semble-t-il trahit tout récemment. Comment va-t-elle se tirer du bourbier où elle s’est fourrée ? Et qui lui viendra en aide ?

Dans le premier chapitre, c’est Maïa qui nous raconte son histoire, dans un langage oral et fleuri, où elle ne mâche pas ses mots. Ensuite, on a la fois le point de vue de Maïa à la première personne et la description de ce qui se passe pour les autres personnages.

Plusieurs choses m’ont chiffonnées pendant cette lecture. Déjà, c’est un tome 2 et même si l’auteure replace les événements dans le contexte et donne les éléments du livre précédent, je regrette qu’on ne puisse pas trouver le tome 1 chez le nouvel éditeur ne serait-ce qu’en ebook. ça ne m’aurait pas dérangée de me le procurer avant de lire ce livre gagné chez Péléane. Ensuite, j’ai eu du mal avec les mélanges des temps, quand Maïa parle l’auteure utilise le présent et pour le reste c’est écrit au passé, je pense que le récit aurait gagné en fluidité avec l’utilisation unique du présent. Enfin, il y a des coquilles dont une assez récurrente et c’est dommage Callaghan/Gallaghan…

A part cela, j’ai passé un bon moment, c’est une lecture détente, bourrée d’humour dès l’avant-propos. De l’humour et de la dérision Maïa n’en manque pas, elle a un style et une gouaille bien à elle. Et sa vie est mouvementée autant en tant que sorcière avec une grande destinée que sentimentalement ! Et c’est pas rien de le dire ^^ C’est parfois chaud et pas que parce qu’elle va devoir se battre pour sa vie ! Il y a beaucoup d’actions et de rythme. ça bouge pas mal.

J’ai bien aimé les personnages développés par l’auteure, chacun avec son caractère, on découvre là une belle galerie de personnages, excentriques et loufoques. Ma préférence va à  Elorn et Philibert ^^ J’aurais bien aimé que le méchant fasse un peu plus peur/flipper et pourquoi pas avoir aussi son point de vue. Autre chose, malgré le titre, on n’apprend pas encore grand chose sur Le grimoire des anciens 😦

Merci à Péléane et les Éditions Corinne Ozenne pour le concours et la découverte. Et vous, vous connaissiez ? Vous l’avez lu ?

 

Le Paris des merveilles – T1 : Les enchantements d’Ambremer de Pierre Pevel

le-paris-des-merveilles,-tome-1---les-enchantements-d-ambremer-605886-250-400

Bragelonne, 17€90, 384 pages

4ème de couverture

Paris, au début du XXe  siècle.
 
Les messieurs ont de fières moustaches, des chapeaux melons ; les dames portent des corsets, des jupons, des bottines à boutons. Déjà, de rutilants tacots pétardent parmi les fiacres le long des Grands Boulevards aux immeubles haussmanniens. Mais ce n’est pas le Paris de la Belle Époque tel que nous l’entendons : la tour Eiffel est en bois blanc, les sirènes ont investi la Seine, les farfadets, le bois de Vincennes, des chats-ailés discutent philosophie et une ligne de métro permet de rejoindre le pays des fées.
 
Occupé à enquêter sur un trafic d’objets enchantés, Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage du Cercle Cyan, se retrouve mêlé à une série de meurtres. Confronté à des gargouilles immortelles et à un puissant sorcier, Griffont n’a d’autre choix que de s’associer à Isabel de Saint-Gil, une fée renégate que le mage ne connaît que trop bien…
 
Bienvenue dans le Paris des Merveilles.

Mon avis

Une excellente lecture !

Isabelle de Saint-Gil est dans le train qui relie Saint-Pétersbourg à Varsovie  quand elle est dérangée par Lucien, un gnome, un de ses acolytes. Il lui annonce qu’ils sont poursuivis, ce qu’elle sait déjà, mais surtout, que leurs poursuivants sont très proches, vraiment très proches.  Ils vont donc devoir descendre du train. Le coin étant devenu trop dangereux, Isabelle de Saint-Gil, la belle intrigante, décide de rentrer à Paris.

En juillet 1909, à Paris, un homme se rend chez Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage du Cercle Cyan.  Il trouve la maison vide. Cependant, poursuivant son chemin dans la maison, il finit par découvrir le mage au fond de son jardin s’affairant sur son invention la Pétulante, une motocyclette magiquement trafiquée. Le mage a oublié le rendez-vous pris par Monsieur Carrard, recommandé par monsieur Falissière, un excellent ami de Griffont.
Monsieur Carrard souhaite que Louis enquête sur un joueur de son cercle de jeu privé. Ce joueur gagne beaucoup sans jamais perdre et le directeur soupçonne quelque chose de magique derrière cela. Griffon accepte cette enquête.  Peu après, le mage retrouve Cécile de Brescieux une magicienne du Cercle Incarnat qui demande un service. Pour l’aider, il va devoir se rendre à Ambremer dans l’Outremonde. Autre monde dont l’influence n’a jamais été aussi présente qu’à Paris, une volonté des fées. Louis va mettre malgré lui, avec ces deux affaires, les pieds dans une drôle d’histoire de meurtres et de recel d’objets enchantés…

J’ai adoré retrouver l’écriture et l’imaginaire de Pierre Pevel. C’est un réel plaisir de découvrir ce Paris des merveilles, réellement bien construit, un véritable enchantement, un mélange bien dosé de merveilleux et de monde réel : des arbres qui parlent, une tour Eiffel en bois magique, des passage vers l’Outremonde, des chats ailés dotés de parole, le tout dans le vrai Paris du 20e siècle.

Dans ce premier tome, le lecteur apprend l’histoire de ce monde depuis que les fées se sont révélées, l’histoire récente de ces fées aussi, ainsi que l’existence d’enchanteresses, aux destins particuliers. Lors de divers événements emprunts de magie, le lecteur en apprend aussi beaucoup sur Griffont, ses amis et ses liens avec certains personnages.
Les fils des missions de Griffont vont se rejoindre pour une aventure passionnante, une enquête sur des objets magiques et sur le passé de l’Outremonde, d’Ambremer. Je préfère ne pas en dire trop / plus sur l’intrigue, pour vous laisser la découverte de ce merveilleux univers créé par Pierre Pevel.

J’ai beaucoup apprécié le personnage de Griffont plus creusé que ce qu’on pourrait penser de prime abord. Il est attachant et j’ai beaucoup souri en découvrant son caractère et ses relations avec certains personnages féminins. De plus, tout ce qui tourne autour de la magie, d’Ambremer, du passé, etc. est vraiment passionnant.  J’ai aussi beaucoup aimé le personnage d’Isabelle de Saint-Gil, une voleuse pas comme les autres, elle aussi, un personnage plus profond que ce qu’on pourrait penser de prime abord. Le style est fluide et les dialogues sont bourrés d’humour, de second degré et je me suis beaucoup amuser lors de cette lecture. Tout cela, fait que ce premier tome est rythmé et que l’on passe un excellent moment de lecture.

Ce premier tome se lit très vite. D’ailleurs, je m’attendais un peu, au regard du format du livre, à un récit plus dense mais j’ai quand même beaucoup aimé. Le lecteur ne sera pas trop frustré à la fin car même si c’est un premier tome, que le récit est ouvert, on a bien une fin à l’enquête de Louis. Même si l’on n’est pas laissé en plein suspense, je n’hésiterai pas à acheter les autres tomes pour poursuivre l’aventure rapidement, surtout dans cette édition, avec les si jolies couvertures de Xavier Collette.

Les larmes rouges – T1 Réminiscences de Georgia Caldera

les-larmes-rouges,-tome-1---reminiscences-280734-250-400J’ai lu, 761 page, 10€90

4ème de couverture

« Le temps n est rien, il est des histoires qui traversent les siècles… »

Après une tentative désespérée pour en finir avec la vie, Cornélia, 19 ans, est assaillie de visions et de cauchemars de plus en plus prenants et angoissants.
Elle se retrouve alors plongée dans un univers sombre et déroutant, où le songe se confond à s y méprendre avec la réalité.

Mon avis

Cornélia est au bord du gouffre au sens propre comme au sens figuré. Personne ne la comprend, pas d’ami, pas populaire, solitaire, délaissée par son père, elle est seule depuis qu’elle a perdu sa meilleure amie après avoir perdu quelques années plus tôt que sa mère. On la découvre à un moment où elle veut sérieusement en finir avec la vie. Elle enjambe un pont de Paris. De plus, une petite voix dans sa tête la harcèle et la pousse à en finir. Est-elle folle ? Cornélia finit par sauter. Des flashs où elle voit d’étranges choses. Puis un réveil douloureux à l’hôpital. Elle n’est pas morte, quelqu’un l’a sauvé. A l’hôpital, son père lui promet de prendre soin d’elle. Elle voit également un psychologue, qui doit juger de ces tendances suicidaires. Elle se découvre alors, des marques sur les bras qu’elle n’avait pas qu’auparavant et qu’elle ne se souvient pas s’être infligée. En y réfléchissant, elle s’en souvient à travers les flashs qu’elle a eu en tombant du pont. Comment sont-elles arrivées là ? De plus, ses marques paraissent anciennes. Que se passe-t-il ?

A sa sortie de l’hôpital, son père l’emmène dans la demeure de famille qu’il n’a pas vendu au décès de ses parents. Là-bas, loin de la faculté, où les autres étudiants se moquaient d’elle ou l’ignoraient, Cornélia va se remettre de cet « incident ». Cependant, rapidement des phénomènes étranges surviennent. Il semble que quelqu’un lui veuille du mal. Et puis, qui est cet étrange jeune homme qui semble la surveiller ? Tous les villageois et son père s’accordent à dire que ce châtelain est dangereux et qu’elle doit s’en méfier. Cependant, il semble, après qu’elle l’ait rencontré, qu’il en sache beaucoup sur elle. De plus, il s’avère que ce jeune homme est celui qui lui a sauvé la vie à Paris. Comment peut-il se retrouver là à lui aussi ? Est-ce une simple coïncidence ? Quel mystère entoure Cornélia ? Et ce jeune homme ?

J’avais un peu peur de ne pas accrocher à cette histoire, de la trouver trop longue à se mettre en place. Et bien pas du tout !  J’ai rapidement accroché à cette histoire qui se dévore. Il s’agit d’un premier tome riche et passionnant. Georgia Caldera prend son temps pour dévoiler le destin de son héroïne, pour créer une ambiance, pour installer son univers.

Cornélia est un très beau personnage qu’on prend plaisir à suivre. Qui est-elle ? Comment va-t-elle se reconstruire ? Que lui arrive-t-il ? Cette héroïne est fragile. C’est une frêle jeune femme complètement perdue. Solitaire, elle n’aime pas les études qu’elle fait, souffre du manque d’attention d’un père trop souvent absent. Cependant, ses tendances suicidaires sont-elles vraiment dues à tout cela ? Les apparences vont-elles se révéler trompeuses ?

Henri est également un excellent personnage, mystérieux, romantique, cruel également . Le lecteur se demande ce qu’il va apprendre à Cornélia. La façon de faire du jeune homme est assez curieuse mais le lecteur à comprendra vite pourquoi. Au fil des pages, le récit se densifie et on apprend de plus en plus de choses sur Cornélia, Henri et sur leurs relations. Le lecteur découvre de plus en plus de personnages entourant la jeune fille ou Henri. On est également projeté d’une façon très habile dans le passé. On se croirait presque dans le château, dans la chapelle toute proche, dans les lieux où se rendent les deux protagonistes…

L’auteure a su retranscrire parfaitement les émotions de la jeune fille, ses doutes, son mal-être, sa surprise lorsqu’elle découvre qui elle est vraiment. Ajouter à cela que Georgia Caldera dépeint un vrai méchant qui glace le sang par son attitude et ses actions ainsi que des héros ambigus. On obtient un roman vampirique vraiment très bien fait où le surnaturel arrive progressivement et il est bien dosé tout au long du récit. J’ai beaucoup apprécié les descriptions et les passages placés dans le passé. Il y a un très bon équilibre entre ces parties et l’action se déroulant dans le présent.

L’écriture de l’auteur est efficace, fluide et prenante. Pas de lyrisme, c’est vraiment à la portée de tous les lecteurs avec néanmoins les impressions et l’atmosphère si particulières vraiment bien rendues. On ressent les influences de l’auteure, Stoker, Allan Poe, Rice mais tout ayant une prose originale avec un style propre. Quelque chose de lancinant parfois, de nostalgique, le rythme peut sembler un peu lent de prime abord mais en fait c’est juste une impression, car le roman se lit tellement vite.
J’ai hâte de connaître la suite des événements et retrouver Cornélia et Henri. Je suis curieuse de découvrir de ce que va réserver la suite de l’histoire.

Montres enchantées – Collectif

montres-enchantees

Editions du Chat Noir, 19,90€, 395 pages

4ème de couverture

Indécis entre fuite et union, le temps est un amant insaisissable. Omniprésent, dès qu’on le regarde, il s’efface pourtant, déjà évanescent. Inlassablement, il permet croissance ou use jusqu’à l’extinction. L’être humain pourchasse depuis toujours ce dieu créateur et destructeur, en quête de son asservissement. Secondes, minutes, heures… L’esprit cartésien a beau le fractionner, il n’en demeure pas moins incontrôlable.
Et si la relecture de notre passé, de notre culture, ou encore du progrès scientifique nous en accordait la maîtrise, l’Homme saurait-il mieux gérer son temps ?
Plongez-vous sans perdre une minute dans cette anthologie et peut-être, parmi ses pages, percevrez-vous le tic-tac de ces montres enchantées.

Les auteurs : Marie Angel, Marie Lucie Bougon, Esther Brassac, Fabien Clavel, Sophie Dabat, Hélène Duc, Clémence Godefroy, Cécile Guillot, Claire Stassin, Geoffrey Legrand, Lucie G. Matteoldi, Pascaline Nolot, Laurent Pendarias, Marine Sivan, Marianne Stern, Vincent Tassy, Adeline Tosello

Mon avis

Un recueil vraiment intéressant.

J’aime bien les nouvelles et les anthologies. Ici le thème est original et je suis contente de découvrir de nouvelles plumes et de voir comment elles ont traité le thème des montres enchantées. Dans l’ensemble, j’ai apprécié ce recueil même si j’ai été marqué par certaines nouvelles alors que je pense être passé un peu à côté d’autres. Voici mon avis rapide sur chacune des 17 nouvelles de l’anthologie.

Et depuis, je compte les heures de Geoffrey Legrand

Lætitia Burrows rentre chez ses parents après 3 mois en pension. Ils vivent dans le Haut Londres au dessus du smog et des quartiers emplis de brouillard. Deux mondes dans une même ville séparés par une centaine de pieds d’altitude. Sortie du monorail, elle se fait agressée. Heureusement, le contrôleur du monorail, ancien soldat, lui vient en aide. Ce dernier l’avait surprise dans le monorail en la reconnaissant et en l’appelant par son nom. Quelques temps plus tard, on les retrouve se promenant ensemble au British Museum. Le jeune homme est un peu curieux, à la fois proche et distant… Il accepte de rencontrer les parents de la jeune fille qui désirent le remercier de l’avoir sauver de l’agression du monorail. Toutefois, le comportement de l’ancien soldat reste étrange…

C’est une nouvelle bien menée entre passé et présent. Le thème est bien visible et le traitement original. Les thèmes principaux, vengeance, honneur, sont traités avec justesse le tout dans un Londres Steampunk où l’auteur n’en fait pas trop ni trop peu. Une nouvelle pas mal du tout.

Comment meurent les fantômes de Sophie Dabat

Doris possède une montre tout à fait surprenante, lègue de sa grand-mère, qui lui permet de s’évader dans le passé, de revenir sur les plus beaux souvenirs récents, pendant qu’un double d’elle, vit sa vie temporairement dans le présent. Doris reçoit un message d’un jeune homme tombé sous son charme et qui désire entretenir une correspondance avec elle. Mais Doris n’y répond pas, elle passe de plus en plus de temps dans le passé. Elle fuit la réalité, ne se sentant pas à la hauteur de sa vie… Et c’est de pire en pire quand ses parents lui imposent une doll comme dame de compagnie, un automate qui doit l’accompagner partout…

L’univers steampunk développé par Sophie Dabat est vraiment intéressant entre 19è et 21è siècle. Cette nouvelle est touchante et sensible, sur une jeune fille qui ne se voit aucun avenir, qui n’a pas reçu l’affection de ses parents qui ont fait le deuil de leurs autres enfants d’une façon assez singulière. La lecture m’a plongé dans une mélancolie et le style de l’auteur s’est accordé à cette impression.

Le Toquant de Clémence Godefroy

Lucien et Blaise, deux étudiants de 5ème année de l’Institut Supérieur d’Automatie passe leur habilitation; Lucien en mécanique soignante et Blaise en modélisation appliquée. Ils sont aussi différents que le jour et la nuit mais très amis. Lucien est sérieux et stressé alors que Blaise est calme et désinvolte. Pour son habilitation, Lucien s’est occupé toute une année de remettre « sur pieds » Léonie, un automate négligé par ses anciens propriétaires. Un lien étrange s’est créé entre les deux êtres…

On découvre ce qu’est le Toquant, les doutes et les peines de Lucien. Cette nouvelle est très bien écrite dans un univers bien posé. Cependant, je n’ai pas été transcendé par l’histoire. J’espère que j’apprécierai plus le roman de Clémence Godefroy qui fait suite, qui m’attend dans ma PAL.

Allergène de Hélène Duc

1887. Will Whitcomb est allergique au temps, allergie due à la perturbation du continuum espace-temps créée par les allées et venues d’un savant fou ayant créé une machine à remonter dans le temps. A la vue d’appareil à mesurer le temps, certaines personnes éternuent, toussent, voire ont même des allergies cutanées ou pire des « décorporations ». C’est ce mal qui touche Will Whitcomb. Licencié et ne retrouvant pas de travail, Will commence à vandaliser tout ce qui annonce l’heure… Quand des automates sont soustraient à leurs propriétaires, démolis et jetés dans la Tamise, Scotland Yard se met à enquêter. Comme ils ne mettent pas la main sur le coupable, Lestrade fait appel à un nouveau détective Sherlock Holmes…

Je n’ai pas vraiment apprécié cette nouvelle qui pour moi fait intervenir trop de références littéraires sans vraiment de lien les unes avec les autres.

Tourbillon au Trois Ponts d’Or de Fabien Clavel

L’inspecteur Ragon rejoint l’agent qui doit enquêter avec lui sur le décès d’un homme vivant dans une chambre de la pension des Trois Ponts d’Or. L’homme a été retrouvé mort dans la chambre fermée de l’intérieur une flèche dans la tête. D’autres pensionnaires ont entendu une violence chute à 8h et ont défoncé la porte. Personne n’est sorti une fois cette dernière ouverte. La montre du défunt s’est elle arrêtée à 7h50. L’agent Fredouille et l’inspecteur Ragon vont tenter de découvrir la raison et les circonstances de ce décès en chambre close.

Une pointe de fantastique, une autre de steampunk et une grosse touche d’enquête policière, héritière des Sherlock/Poirot/Carnacki. C’était pas mal du tout, j’ai beaucoup apprécié cette nouvelle et j’ai bien accroché au duo et à leur façon de déduire ce qu’il s’est passé dans cette chambre. Dommage que ça soit si court d’ailleurs ^^

The Pink Tea Time Club de Cécile Guillot

Lottie, jeune fille joviale et toujours célibataire, se prépare ainsi que son petit chien Pink Princess à rejoindre sa sœur ainée Vivian, récemment mariée, à Hyde Park. Alors que Lottie discute en marchant avec sa soeur, Pink Princess échappe à la vigilance de sa maitresse et s’enfonce dans les fourrés. Un jeune homme arrive sur ce fait. Lottie cherche son chien et voit le sol s’ouvrir. Un tentacule surgit et son chien disparait. Le jeune homme présent réussit à fermer la faille à l’aide d’une montre enchantée. Lottie est bien décidée à ce que l’homme s’explique sur ce qu’il vient de se passer….

Lottie est une jeune fille un peu écervelée alors que Vivian est beaucoup plus mature et présent plus de sang froid. Le lecture découvre la création du Pink Tal Time Club et des différents modes côtoyant le notre. Le récit est frais mais assez court. J’aurai l’occasion de lire le roman de Cécile qui suit cette nouvelle.

Je reviendrai de Laurent Pendarias

Vile de Königsberg, Prusse orientale. Un envoyé du futur doit retrouver Emmanuel Kant, son aïeul. Dans le futur, les humains sont aliénés au temps qui leur impose les horaires de travail, etc. Les montres enchantées douées de raison sont même parvenues à se reproduire. Un horodateur est envoyé du futur pour tuer le philosophe. Angela doit retrouver le professeur avant la machine missionnée pour l’éliminer.

Malheureusement, je n’ai pas trop accroché à cette nouvelle. Pourtant, il y a des éléments intéressants, de bonnes idées et la chute est bien trouvée. Mais j’ai manqué de développement pour vraiment tout saisir.

Le club des érudits hallucinés de Marie Lucie Bougon

Eusèbe d’Orleille fait partie d’un club créé par un professeur Brussière dans lequel les membres participent aux recherches du professeur et de ses assistants sur la métallurgie / la mécanique mais surtout la possibilité qu’un objet comme un automate puisse être animé : la biomutation.

Une nouvelle à laquelle j’ai bien accroché, le lecteur découvre un peu de chaque membre du club dont fait par exemple partie un certain Gustave qui a créé qui a créé une tout d’expérimentation en plein Paris. L’écriture et le style m’ont beaucoup plu, ça sonne juste.

When Time drives you insane de Lucie G. Matteoldi

Jackson est chercheur, il travaille sur une lyre qu’il a retrouvé en Italie. Daniel est un inventeur, une génie des temps modernes. Jackson fait des rêves étranges, en fait, toujours le même, depuis qu’il a découvert la lyre en chantier archéo. Il semble avoir un lien étrange avec Eurydice. Le lecteur découvre le rêve étrange de Jackson et sa relation avec Daniel.

Cette nouvelle se démarque vraiment du reste des nouvelles dans sa construction, sa structure déroutante. Le style utilisé est exigeant. Son étrangeté marquera les esprits. Elle est très originale, déroutante, travaillée. Une variation sur le mythe d’Orphée et Eurydice.

Derrière les engrenages de Marie Angel

Sylvine travaille dans une boutique horlogerie depuis 40 ans maintenant. Régulièrement, James vient lui déposer des pièces. Elle assemble alors des pièces délicates, des automates, des petits personnages dans les horloges qu’elle doit repérer. Le soir venu dans cette étrange ville, où chaque quartier ne reçoit pas la même lumière, Ambrose qui n’a pas vieillit en 40 ans, arrive. Sylvine comprend que son tour est terminé, une nouvelle Sylvine va arriver bientôt pour la remplacer….

J’ai beaucoup aimé le développement de cette nouvelle, où l’on comprend doucement où l’autrice veut en venir, où on découvre la ville, son fonctionnement. J’ai surtout apprécié la chute.

Pacte mécanique de Esther Brassac

Claytorn est un vieux vampire qui souffre de l’absence de l’être aimé. Il maudit le jour de la renaissance de Glasgow, cette ville écossaise où il vit et qu’il aimerait fuir sans le pouvoir. Quelque chose le pousse à rester là. Depuis deux siècles, il s’acharne sur un système mécanique, un coeur horloge qui pourrait le libérer de sa souffrance du moins psychique…

Une nouvelle courte qui m’a beaucoup plu, j’ai aimé l’écriture d’Esther Brassac et l’histoire si triste de Claytorn et de Glasgow. L’ambiance de cette nouvelle est une bonne surprise.

La mécamonstruosité de Monsieur Helpiquet de Adeline Tosello

M. Helpiquet est Agent d’Accueil et de Sécurité, 16h par jour et 9j sur 10, sur le téléphérique disposant de la plus grande cabine du monde. Méprisante et imbu de lui-même, il observe les gens pour s’en inspirer pour son futur livre qui ne sera probablement jamais publié comme toutes ses autres histoires. Durant le trajet, il passe au dessus du Dépotoir Public où des lubricomposteurs détruisent les déchets mécaniques, technologiques produits par les hommes. Le plus grand, un véritable monstre, se montre à chaque passage du téléphérique. Les horloges qui occupent ses yeux ne laissent pas indifférents les passagers ni M. Helpiquet. Mais un jour sera différent des autres…

Cette nouvelle est assez riche en détails, très imagées. On arrive facilement à détester M. Helpiquet, qui se semble accorder d’importance qu’à lui-même. L’univers est intéressant avec les lubricompiosteurs, une petite dénonciation de la sur-consommation et de la difficulté de traiter les déchets. On a une galerie hétéroclite de personnages dans la cabine. Il y a beaucoup d’imagination dans cette nouvelle.

L’agonie des aiguilles de Marine Sivan

Une archéologue historienne, Jeanne vient de découvrir un site pré-industriel. Elle tente de trouver des fonds pour poursuivre le chantier. Mais les mages ne semblent pas disposé à la laisser faire. Pourquoi ? Au chantier, elle retrouve son directeur qu’elle méprise un peu, il est plus politicien qu’historien. Elle est alors averti de la découverte d’un corps et pas n’importe lequel. Il présente une montre à gousset qui ne devrait pas être là, parce qu’apparue bien des années plus tard. Jeanne aurait-elle mis le doigt dans un engrenage vers une vérité qui la dépasse?

J’ai bien aimé cette nouvelle, une sorte d’enquête. C’est un mélange des genres comme la nouvelle de Fabien Clavel, Steampunk, historique, polar, intrigue politique. Très complète et très sympa à découvrir.

Da Svidaniya Rossiia ! de Marianne Stern

Anastasia se réveille dans une pièce totalement plongée dans le noir. Elle ne sait pas ce qu’elle fait là. Elle ressent un rouli, sa couche se dérobe soudain sous elle, elle est donc en mouvement. Mais où ? Comment ? Progressivement, elle se remémore le cauchemar qu’elle a vécu. Et finit par trouver une porte dans la pièce où elle est. Elle est en réalité sur le pont d’un vaisseau qui l’emmène loin de la Russie…

C’est toujours un plaisir de lire une nouvelle de Marianne Stern. C’est bien écrit, fluide. J’ai apprécié le côté historique de la nouvelle, comme souvent dans les écris de cette autrice. Ici, le lecteur retrouve la Russie, Anastasia, la triste fin des Tsars. J’ai apprécié l’usage du thème de la montre dans cette nouvelle.

Au fil du temps de Claire Stassin

Dans une cité de pierres où il n’y a plus ni animaux ni végétation, remplacés par des ersatz mécaniques, dans cette cité où les machines souterraines œuvrent à la maintenir uniforme et immuable, un jeune homme est attiré dans une horlogerie étrange. Boutique où le végétal et la mécanique sont alliés. La jeune fille qui tient cette boutique donne une montre végétale au jeune homme puis une fois ce dernier dehors, la boutique disparait. Des choses étranges arrivent à la suite de cet événement….

Une histoire d’immortalité, de temps. La montre créé le temps jusqu’à ce que tout s’effondre. C’est très bien écrit, poétique. Mais j’avoue ne pas avoir vraiment bien compris la chute…

Le cimetière des heures perdues de Pascaline Nolot

Un dragon mécanique s’empare du récit d’un jeune homme qui a perdu la vie. Il ramène ce trophée à sa maitresse.   1867, Logan Lloyd ne souhaite pas succéder à son père dans l’office notarial. Il décide donc de quitter son village et de chercher gloire et fortune à Édimbourg. Profondément attaché à cette ville, il ne parvient pourtant pas à percer. Un jour, alors que la ville est étrangement nimbée d’une atmosphère opaque et cotonneuse, où les heures ont été volées, il tombe sur une étrange boutique et la jeune fille qui la tient, affirme qu’il est le seul à pouvoir sauver la ville…

J’ai beaucoup apprécié cette nouvelle construite en plusieurs phases, la naïveté du jeune homme, la détermination d’Isobel. Il est intéressant de découvrir ce qu’il se passe à Édimbourg.

Malvina Moonlore de Vincent Tassy

Le faux excentrique Edgar Ravenswood recherche Malvina Moonlore. Il s’époumone dans les rue de Birmingham quand une vieille femme n’en pouvant plus lui conseille d’aller chercher du côté de Haze Street. Là-bas dans l’horlogerie de la rue, il découvre enfin ce qu’il recherche. Son choix se porte sur une horloge en forme de poupée, aussi fascinante que terrifiante, qu’un homme a revendu quelques jours auparavant à l’horloge. Mystère de fabrication, elle séduit de suite Edgar qui la commande au jeune horloger. S’en suivra de bien étranges phénomènes…

L’écriture de Vincent Tassy est très prenante. L’histoire est originale autant que le personnage d’Edgar. L’ambiance est étrange et beaucoup de questions se posent sur l’intérêt d’Edgar pour cette poupée horloge. La fin est particulièrement bien trouvée.

Ce recueil présente donc, pour moi, beaucoup de nouvelles qui m’ont vraiment marqué, même s’il est vrai qu’il en a quelques unes sur 17 que ne n’ai pas vraiment comprise ou dont le traitement du thème m’a moins emballée. En tout cas, il y a beaucoup de steampunk, d’univers inventifs et de personnages singuliers. Il est amusant de voir comment le thème des montres enchantées a été traité, comment la montre est indissociable du temps mais aussi des automates.

L’Asch Mezareph de Jean-Pierre Favard

CVT_LAsch-mezareph_785

Editions Lokomodo, 9,90€, 529 pages

4ème de couverture

1223, les évêques de Bethléem, en Palestine, fuient la Terre Sainte et trouvent refuge à Clamecy, dans la Nièvre.
1307, des centaines de Templiers sont arrêtés sur ordre de Philippe le Bel. Officiellement, l’Ordre du Temple n’existe plus.
1382, Nicolas Flamel parvient à changer le plomb en or.
1789, deux ouvriers du marquis de Chastenay mettent à jour un intrigant coffret en pierre à Essarois, en Côte-d’Or.
De nos jours, d’étranges parchemins refont surface en même temps que le corps sans vie d’un notaire. S’engage alors une formidable course contre la montre mêlant Histoire occulte et officielle, sociétés secrètes et alchimie. Ou lorsque la légende rencontre la réalité…

Mon avis

Mitigée

J’ai enfin sorti de ma PAL ce livre acheté aux Imaginales en 2013. C’est le thème de l’Alchimie qui m’a beaucoup intéressé et qui a motivé mon achat.
Le prologue nous transporte au temps des croisades auprès de Guillaume de Nevers qui vit ses derniers jours. Puis, de nos jours dans la Nièvre, un corps est retrouvé dans une rivière. Il s’agit d’un notaire de la commune. Émilie et d’autres jeunes lycéens ont décidés de faire l’école buissonnière. Émilie s’est laissée convaincre par son amie Priscilla, et par la promesse que William pour qui elle craque sera là. D’ailleurs, il ne tarde pas à les rejoindre et à la prendre à part. Ils échangent alors leur premier baiser. Le petit groupe de jeunes gens se trouve non loin de l’endroit où les pécheurs ont retrouvé le corps sans vie. Certains curieux s’approchent William, Priscilla… Cette découverte macabre va les marquer. Surtout Priscilla qui s’est aperçu que le mort avait les mains attachées dans le dos. De retour chez elle, Émilie découvre son père et sa mère déjà averti de la nouvelle. Entre coup de fils à Priscilla et sa relation naissante avec William, Émilie n’est pas très attentive mais le soir elle retrouve son père devant des manuscrits et ce dernier lui confie que la mort de Khan le notaire n’était pas accidentelle. Il dispose de parchemins qui les mettent en danger…

Lors d’une soirée chez un ami Romain, Émilie ne se sent pas le cœur à la fête, contrariée par William, elle trouve refuse au bruit dans une pièce de la maison où elle va faire la connaissance du père de Romain amateur de livres. C’est plus fort qu’elle, elle va le questionner que les parchemins que son père a en sa possession, sans tout lui dire. Et elle s’aperçoit qu’il connait pas mal de choses que la période où auraient été rédigé des parchemins avec des rameaux d’amandiers… Il lui raconte alors un passé mystérieux qui remonte aux croisades.

Le lecteur va alors plonger dans une histoire de sociétés secrètes telle la commission des 25 et d’alchimie en compagnie de Nicolas Flamel notamment. Émilie, William et Priscilla vont se retrouver embarqués dans une histoire et une sorte de course poursuite qui les dépassent.
Le roman est découpé en plusieurs parties permettant notamment aux lecteurs de découvrir la commission des 25, le mystérieux coffret d’Essarois ou encore l’Asch Mezareph.

Comme indiqué au début de ce billet, je suis mitigée sur cette lecture. Il y a des choses que j’ai beaucoup apprécié et d’autres moins. J’ai aimé découvrir les théories et les faits historiques autour des templiers et de l’alchimie. La partie sur Nicolas Flamel est celle que j’ai préféré, elle est très prenante et intéressante. L’auteur a réalisé un véritable travail de recherche et cela se ressent beaucoup. Il parvient également à ne pas faire trop de répétition puisque l’action est découpée en plusieurs époques et points de vue, ça n’est pas évident de ne pas perdre le lecteur mais ne pas redire trop de fois la même chose. J’ai aussi apprécié le retournement de situation qui arrive au cours de l’intrigue dans le présent. La place de l’alchimie se fait un peu attendre mais une fois abordé on apprend plein de choses, allant même jusqu’aux références dans notre culture contemporaine.

Par contre, j’ai trouvé toute une partie de l’intrigue trop rapide. La façon dont Émilie se retrouve embarquer dans une histoire incroyable ne m’a pas vraiment convaincue, trop précipitée pour assurer une cohérence. De plus, par rapport au reste du récit, la fin est trop abrupte.
Même si les faits historiques sont très intéressants, ils sont parfois donnés trop rapprochés les uns des autres, trop d’information d’un seul coup peut dérouter le lecteur. Un petit problème d’équilibre du récit m’a aussi un peu ennuyé dans ma lecture, j’ai trouvé certaines parties se déroulant dans le passé un peu trop longues pour le peu d’intérêt qu’elles apportent à l’intrigue générale.

L’Asch Mazareph est une lecture sympathique mais un peu trop inégale. Le style est simple, fluide, la lecture est rapide. Le travail de recherche et les connaissances de l’auteur sont l’atout principal de ce roman. Si vous voulez vous procurer ce livre, on ne le trouve plus que d’occasion par contre.