Bienvenue à Dunkerque de Maxime Gillio

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Editions Ravet-Anceau, 9€, 222 pages

4ème couverture

Inspecteur de police stagiaire, Stéphane Marquet a préféré s’éloigner de sa famille, quitter Nice et demander sa mutation à l’autre bout de la France. A Dunkerque, le jeune Niçois se retrouve sous les ordres de l’inspecteur Dacié, ancien prof de lettres entré dans la police par dépit. A son contact, Marquet va devoir oublier ses a priori et ses idées préconçues. Dacié est un homme seul, volontiers cassant, brisé par la mort de son fils. A ses côtés, Marquet découvre l’ambiance de Dunkerque, à travers une série d’attaques de pharmacies, la profanation d’une église et le meurtre d’une militante d’extrême droite.

Mon avis

Un homme visiblement sous l’influence de médicaments ou de drogue s’est caché dans une église. Il semble devoir accomplir certaines choses. Il profane l’autel, crée une mise en scène et ressort de l’église. La police est convoquée pour rechercher qui a bien pu agir de cette façon et pourquoi.

Stéphane Marquet, niçois, est fraichement arrivé à Dunkerque où il a demandé sa mutation. Il doit supplier le commissaire Dacié. Une rencontre qui fera des étincelles entre l’ancien prof devenu commissaire, natif de la région, au passé douloureux et le jeune niçois qui a demandé explicitation la localisation la plus éloignée de sa ville et de sa famille.

En parallèle, les deux flics sont amenés à enquêter sur la mort d’une CPE d’un collège difficile de Grande Synthe, corps sans vie découvert à son domicile. En creusant la vie et le passé de cette femme, les policiers vont découvrir qu’il s’agit d’une militante d’extrême droite en opposition avec des collègues de travail… S’agit-il d’un crime politique ?

Bienvenue à Dunkerque est un roman court certes mais qui réussit à allier de bons personnages auxquels on s’attache, une intrigue bien développée même si elle n’est pas retord, une cohérence dans la manière dont l’enquête est menée avec les différentes pistes, les latences d’une enquête policière, un style rapide et efficace et enfin une plongée dans la ville de Dunkerque, crédible entre industrialisation et patrimoine. L’auteur évite en plus les clichés sur le Nord ou les gens du Nord, ou alors pour les railler un peu.

Le lecteur s’attachera à ce commissaire un peu particulier, dont on apprend le passé au fil du récit. Il est touchant mais aussi assez tranchant avec son personnel. On se pose pas mal de questions sur Marquet. Leur duo fonctionne très bien. L’écriture de Maxime Gillio est fluide, pas rébarbative et il se dégage un certain humour très appréciable.

L’intrigue est bien menée et intéressante. J’ai bien aimé le mélange des thèmes politique, religion, espoir et mélancolie. Le roman est court mais on y trouve plein de choses. Je ne peux pas en dire beaucoup plus, au risque de trop en dire. En tout cas, c’est agréable de lire un roman qui se passe dans sa région, j’ai (re)découvert des choses sur la ville de Dunkerque, patrimoine culturel ou historique.

Je relirai avec plaisir un roman de Maxime Gillio et peut-être retrouver un jour Dacié et Marquet, le dernier n’ayant pas je pense révélé tous ses secrets.

L’anneau de Moebius de Franck Thilliez

moebiusPocket, 608 pages, 8€20

4ème de couverture

Pour sa première enquête, Victor Marchal aborde son métier de flic par sa face la plus noire : une actrice du porno torturée, une plongée dans le monde des déviants sexuels et des monstres de la nature.
Depuis toujours, Stéphane Kismet est hanté par des images prémonitoires, mais cette fois elles obéissent à une terrifiante logique. Dans ses rêves, Stéphane possède une arme, il est recherché par la police, une petite fille est morte…
Les trajectoires de Victor et Stéphane vont se rejoindre.
L’un n’a encore rien vu, l’autre ignore qu’il sait déjà tout…

Mon avis

Vic est un jeune flic qui vient de prendre sa première affectation à la criminelle. Il vient de s’installer avec sa femme enceinte en banlieue à Boulogne-Billancourt. Sa carrière démarre sur les chapeaux de roue, cela ne fait pas quelques semaines qu’il est là, qu’il est appelé par son supérieur sur une scène de crime, la victime, une ancienne star du porno, a été torturée et la mise en scène est particulièrement macabre. Vic arrive en retard, se fritte avec son commandant, laisse son collègue Wang lui exposer la situation. Il tente bien de poser des questions mais elles semblent stupides aux oreilles de son partenaire. Le moins qu’on puisse dire c’est que Vic n’est pas vraiment à l’aise, il a du mal à se faire une place dans son équipe. Moqué et raillé par ses collègues, il a hérité du doux surnom de V8, lui jeune homme qui a fini dans les premiers n’arrive pas à leur faire admettre qu’il n’a pas été pistonné. Comment pourraient-ils le croire, il est fils de flic et pas n’importe lequel. Du coup, sa hiérarchie ne lui passe aucune erreur.

En parallèle, Stéphane Kismet, artiste, travaillant pour le cinéma, se réveille très perturbé. Il se souvient de son rêve, ce qui ne lui est jamais arrivé de toute sa vie. Et ce dernier était particulièrement intense, si réel. Lui dans sa maison, comme en train de fuir quelque chose ou quelqu’un, qui se voit avec un oeil au beurre noir, en pleurs et le visage griffé. Que lui est-il arrivé ? Pourquoi arpente-t-il les couloirs et les pièces de son sous-sol comme si sa vie était menacée? Et pourquoi, se met-il soudain à tout noter à la craie sur les murs comme s’il avait un message urgent à délivrer ?

Les rêves ou cauchemars de Stéphane sont de pire en pire. Il cherche alors à savoir si ces derniers pourraient être prémonitoires. La jeunesse de Stéphane a toujours été différente des autres et il a bien peur que ses rêves contiennent des vérités qu’il aimerait empêcher. Sa femme Sylvie, elle, ne voit dans les rêves de Kismet et dans les découvertes qu’il fait ensuite que de simples coïncidences ? Mais est-ce vraiment le cas?

Dans l’enquête sur la mort de la jeune femme, les policiers piétinent, aucun indice sur le coupable, sur ses raisons. Ils découvrent néanmoins que la victime avait des penchants particuliers. Dans un de ses rêves, Stéphane va voir des photos de jeunes femmes torturées, on comprend alors qu’il y a un lien entre les deux pans de l’intrigue.

Comment les deux personnages, si opposés, vont-ils être amenés à se croiser ?  Les songes de Stéphane et l’enquête criminelle sont-ils liés ?  Qui est donc Stéphane ? Le lecteur découvre son passé et s’interroge de plus en plus sur cet homme, des drames parsèment sa vie, le comportement de sa femme est étrange….

L’intrigue est une nouvelle fois bien menée, tambour battant. L’engrenage dans lequel les protagonistes osnt pris semble inextricable. L’histoire jongle entre les cauchemars de Stéphane et l’enquête de Vic. Entre présent et futur ? Entre fantasme et réalité ?
Les thèmes abordés sont ici encore une fois différents de autres livres de l’auteur. C’est ce que j’apprécie chez Franck Thilliez, on sent un renouveau dans ses one-shots, l’envie de ne pas toujours raconter la même chose et d’explorer de nouvelles facettes scientifiques et/ou de l’âme humaine. Ici, on évoque donc, comme le titre l’indique, l’anneau de Moebius, le temps, la douleur, les rêves et les impressions de déjà-vu. Il y a des questions sous-jacentes : Peut-on défier le temps? Peut-on agir sur un enchainement d’évènements ?

Le rythme est effréné, l’écriture efficace. Le lecteur n’aura pas le temps de s’ennuyer, les 600pages défilent à toute vitesse. La vulgarisation de théories scientifiques, d’évènements historiques, passent toujours aussi bien.
Il y a des personnages auxquels je me suis attachée, on a envie que ce qui semble tout tracer puisse changer. Et il y a des personnages qui m’ont fortement agacés. Antipathiques à souhait.

J’ai beaucoup apprécié cette intrigue et j’ai encore une fois passé un super moment de lecture avec M. Thilliez. J’ai hâte de continuer à découvrir ses romans. Je ne devrais pas tarder à retrouver Hennebelle et Sharko, je crois que le prochain que je dois lire est Le syndrome [E].

Le club des apprentis criminels d’Audrey Françaix

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Editions Octobre, 18€, 272 pages

4ème de couverture

« Réfléchissez… Si vous tiriez accidentellement sur votre pire ennemi, essaieriez-vous de le secourir, au risque qu’il vous attaque en justice ? Pensez-y ! Qui n’a jamais eu envie de supprimer un être immonde ? Sans doute serions-nous tous des assassins, s’il n’y avait cette peur de l’emprisonnement. Cessons d’être hypocrites : c’est uniquement la crainte de la répression qui bloque nos pulsions meurtrières. »

Quand une bande de vieillards et un jeune orphelin commettent accidentellement un meurtre, puis prennent conscience du plaisir qu’ils ont à éradiquer les nuisibles, les homicides se succèdent à la vitesse de l’éclair dans la jolie station balnéaire de Reauville. Mais qui donc irait soupçonner cinq petits vieux bien sous tous rapports, et un gamin à qui l’on donnerait le bon dieu sans confession ? D’autant que ce club d’apprentis criminels ne manque pas de talent pour maquiller ses forfaits en disparitions ou en morts naturelles. Comme si, en définitive, certains de ses membres n’en étaient pas à leur coup d’essai…

Résumé

Simon a mauvaise conscience. Simon est responsable de deux morts. Deux, à même pas 10 ans… Simon vit à Reauville où sa mère s’est réfugiée après avoir fui Liège. Reauville et son festival du polar. Avec ses vieilles anglaises ayant élu domicile dans la région pour y passer leurs vieux jours. Reauville où des décennies plus tard, Simon peut enfin faire ce qui lui plait, depuis qu’Arlette, sa femme, a cassé sa pipe et que sa mère est à l’hospice. Mais Simon repense encore souvent à ces deux morts innocents. Simon visite, dans une maison de repos pour personnages âgées, aux  » Jours Heureux « , une ancienne actrice Alice Lefort dont il aimait beaucoup les films. Il n’est pas le seul à donner de son temps aux petits vieux. Michel un orphelin accompagné d’un chien vient régulièrement. Comme Miranda une vieille veuve anglaise et bigotte ou encore l’ancienne actrice Mlle Laine et sa secrétaire particulière…. Quand Alice va rendre son dernier soupir, tout ce petit monde va se retrouver, malgré leurs différents et leurs oppositions, chez Miranda, afin de lui rendre un dernier hommage. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu et ils vont faire parti malgré eux (?) d’un bien étrange Club…

Mon avis

Très mitigée

Le lecteur découvre toute une galerie de personnages, chacun ayant son caractère, ses manies, ses mystères. Au début, chaque personnage semble aimable, affable, parfait, ou au contraire affreux, vile, …. mais si tout cela n’était qu’apparence ? La trame narrative est très bien faite. Le lecteur se rend vite compte que les personnages décrits ne sont pas tout à fait comme il se les imaginait. Et ce sont tous, à part deux ou trois, de sacrés personnages, comme j’aurai bien du mal à en supporter ! Simon Agapit, discret et honnête semble pourtant cacher un secret. Lena Laine, ancienne actrice de polar est de plus en plus aigrie et mauvaise. Son assistance Rosalyne Chevin se plie pourtant à ses quatre volontés ? Pourquoi ? Le lecteur rencontre progressivement Miranda, veuve qui lorgne sur Simon, et la belle-fille de Miranda, une idiote qui ne pense qu’à toucher l’héritage de sa belle-mère. Michel un orphelin qui n’a pas d’ami et passe beaucoup de temps à rendre visite aux personnages âgés. Et encore d’autres.

Je n’ai pas été une grande fan du style choisi par l’auteure, des expressions graveleuses, des sous-entendus, du vocabulaire fleuri. Choisi pour contraster avec le rang des personnages présentés. Mais je n’ai pas su trop y adhérer. De même, j’ai eu du mal à comprendre la réaction de certains personnages. Mais une fois le livre terminé, on comprend bien ce jeu de contraste et les réactions, comme si finalement on ne devait apprécier que les personnages qui en valaient vraiment la peine.

Reauville et ses morts, ses tragédies. Car oui, progressivement des morts plus ou moins violentes surviennent. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que la police ne fait pas vraiment son taff, d’ailleurs, ils sont inexistants dans ce roman ! Le lecteur va donc commencer à entrevoir le vrai visage des personnages, découvrir certains secrets, à mesure que les morts surviennent. Celles de petits vieux malades et fatigués. Celles de crapules qui n’ont pas pu être condamnées… Y a-t-il un lien ? Que se passe-t-il à Reauville et dans ses environs ?

J’ai bien aimé les personnages de Michel et son parrain, ils sont touchants dans leur façon de ne pas savoir se montrer affectueux. Ils traverseront des épreuves  qui les changeront. Avec ces deux personnages, on arrive à s’attacher à Simon qui survit dans son quartier craignos. Mais pour les autres personnages, j’ai vraiment eu beaucoup du mal à les aimer.

Je n’ai pas détesté cette lecture mais je ne peux pas dire non plus que je l’ai adoré. Au début, j’ai eu un peu de mal, puis quand les événements s’enchainent, quand le club se forme, j’ai trouvé l’intrigue plus intéressante. Ensuite l’action se déroule, même s’il y a des scènes qui furent de vraies surprises, le fil conducteur était un peu trop flou à mon goût. J’ai du mal à me prononcer sur ce roman. L’histoire ne m’a pas déplut et en même temps, elle ne m’a pas vraiment convaincue.

En tout cas, Audrey Françaix est douée pour créer des personnages infâmes, retords, pervers, horripilant, goujat ou noir et déprimé. Elle est douée pour créer une atmosphère particulière, une ambiance raffinée et glauque à la fois. Les thèmes sous-jacents portent la réflexion : les différences sociales, les apparences, les célébrités déchues parmi des personnes banales.. La plume d’Audrey Françaix est plaisante, le langage fleuri, sans sombrer dans la vulgarité même si le personnage est vulgaire. De l’humour aussi. Noir.

Mon ressenti est mitigé, je pense que ce roman n’était tout simplement pas pour moi. ça arrive parfois, c’est dommage, il avait tout pour me plaire pourtant. Vous l’avez lu ? Qu’en avez-vous pensé?

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N’oublier jamais de Michel Bussi

9782258105546

Presses de la Cité, 21,90€, 504 pages

Sortie : mai 2014

4ème de couverture

« Vous croisez au bord d’une falaise une jolie fille ?
Ne lui tendez pas la main !
On pourrait croire que vous l’avez poussée. »

Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper. A Yport, parti s’entraîner sur la plus haute falaise d’Europe, il a d’abord remarqué l’écharpe, rouge, accrochée à une clôture, puis la femme brune, incroyablement belle, la robe déchirée, le dos face au vide, les yeux rivés aux siens. Ils sont seuls au monde ; Jamal lui tend l’écharpe comme on lance une bouée.
Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, gît sous les yeux effarés de Jamal le corps inerte de l’inconnue.
A son cou, l’écharpe rouge.

C’est la version de Jamal.
Le croyez-vous ?

Résumé

Jamal travaille dans un centre psy. Il passe actuellement une semaine de congés à Yport en Normandie. Une occasion pour lui de s’entrainer à courir sur la plus haute falaise d’Europe. Car Jamal a un rêve, être le premier handicapé à participer et finir l’Ultra Trail du Mont Blanc. Sa revanche sur la vie. Un matin où il s’en va courir, il trouve accroché à un grillage une belle écharpe rouge. Etrange. Quelques mètres plus loin, une jeune femme se tient au bord de la falaise. Sa robe déchirée, en larmes, elle lui demande de la laisser et de s’en aller. Mais Jamal profite de cette écharpe pour tenter de la raisonner, il la lui lance comme on lance une bouée à la mer, façon désespérée de lui faire renoncer à sa décision plus désespérée encore. Mais la belle inconnue se jette malgré tout dans le vide. Jamal la retrouve avec deux autres témoins au pied de la falaise. La suicidée a l’écharpe autour du cou. Comment est-ce possible ?

Et ce flic, qui arrivé sur les lieux, parle de meurtres ? Que se passe-t-il ?

Mon avis

Quand Babelio m’a proposé le nouveau roman de Michel Bussi, en Masse Critique Exceptionnelle, je n’ai pas pu refuser ! J’avais été charmé et « pertroublée » par Nymphéas Noirs et j’avais envie de renouveler l’expérience et confirmer ou non, mon coup de coeur pour cet auteur! Alors ? C’EST CONFIRME !!!!

Coup de coeur !

De nouveau, Michel Bussi entraine son lecteur dans une intrigue travaillée et subtile, qui ne va pas là où on l’attend.

Jamal nous raconte son histoire. Étrange mais pourtant, il nous l’assure cette dernière malgré les apparences va bien se terminer. Il sera pourtant soupçonné d’avoir tuer la belle inconnue de la falaise. Nous lecteur, allons-nous croire le récit de Jamal ? Sommes-nous prêt à l’écouter et à lui accorder du crédit ? Et si on cherchait à nous embrouiller ?

Je me suis terriblement attachée à Jamal. Il a des défauts, il aime raconter des histoires, c’est encore plus difficile de ce fait de savoir si ce qu’il raconte est vrai ou pas. Mais Jamal est aussi quelqu’un de courageux et d’optimiste. La preuve : n’avoir qu’une jambe ne l’empêche pas d’avoir un rêve, un but dans sa vie. De vivre à fond et de se mettre des challenges ! Il a des principes et 5 choses qu’il a envie d’accomplir dans son existence. Cette histoire de suicide lui tombe dessus. Cela ne devrait pourtant pas l’inquiéter. Mais pourquoi, lors de l’enquête, les témoins n’ont pas la même version des événements que lui ? Pourquoi des preuves semblent s’accumuler contre lui ? Il n’est pourtant pas cinglé  ! La fille s’est jetée d’elle-même de la falaise ! Mais Jamal nous raconte-t-il la vérité ? Elle a été retrouvée étranglée. C’est donc un meurtre ?

Jamal découvre rapidement que cette mort, une jeune femme étranglée et violée, retrouvée avec une écharpe rouge  en rappelle d’autres qui ont eu lieu dans la région une dizaine d’années auparavant. Il y a-t-il là, un lien ? Doit-il creuser sur ces meurtres afin de prouver qu’il n’est pour rien dans celui qui vient d’avoir lieu ?

Je préfère volontairement ne pas donner de détails sur le récit, sur ce que vit Jamal pour maintenir le mystère. Juste que Jamal ne sera pas seul à chercher ce qui se passe. Il va rencontrer à Yport, Mona, une jolie rousse, intelligente et peu farouche, qui va croire sa version des faits et qui l’aidera comme elle peux.

Le lecteur suit le récit de Jamal, perd pied avec lui, essaie comme lui de dénouer les fils de ce mystère, ce suicide qui ne semble pas en être un. Est-ce que Jamal devient fou ? Est-il fou ? ou nous raconte-t-il la vérité ? Encore une fois, Michel Bussi maitrise l’art de dérouter son lecteur, de le mener là où il ne serait jamais allé. On s’interroge, on émet des hypothèses, on cherche la vérité. Michel Bussi maitrise les intrigues en toile d’araignée, tout en faux semblant, en vérité crue, en injustice, en doutes. A plus de mi-récit,  le lecteur ne sent toujours pas où tout cela va le mener. Puis les indices semés nous permettent de comprendre, de dénouer les fils du récit. Il reste alors à creuser la psychologie des personnages et découvrir le pourquoi après le comment !

Comme pour Nymphéas Noirs, je suis séduite par l’atmosphère créée par Michel Bussi. Et encore une fois, j’adore découvrir la Normandie et le caractère des gens de cette façon. Les paysages, le climat, la fausse tranquillité, les fais divers, … tout est conjugué pour immerger le lecteur dans l’histoire. On a envie de savoir, les pages se tournent « toutes seules ». Je n’ai pas réussi à lâcher le roman, que j’ai lu rapidement, avec peu de pauses. A lire d’une traite si possible ! Très fluide, très bien construit, très bien mené, c’est vraiment difficile de le poser.

Michel Bussi ne nous noie pas dans les expertises scientifiques, le gore et l’étrange mais il est indéniable que ces écrits sont travaillés pour surprendre le lecteur, maintenir le plus possible le suspense, pour perdre son lecteur au début et lui proposer les pièces d’un puzzle à remettre en place. J’adore ça ! C’est vraiment très bien fait.

J’ai adoré les personnages, surtout Jamal. Complexe et entier. Vraiment, je me suis attachée à lui. J’ai beaucoup aimé Mona aussi. Chaque personnage a sa part de mystère et cela ajoute de l’intérêt à l’intrigue. J’ai adoré l’histoire, être un peu malmenée par l’auteur, et surtout ne pas réussir à poser le livre avant d’avoir fini. J’ai même versé ma p’tite larme à la fin, pour dire comme j’ai été prise dans cette histoire, dans l’action.

Je conseille vraiment de découvrir Michel Bussi. Toute le monde devrait au moins en lire un dans sa vie ! Et plus si affinité. Moi ça sera plus, j’en ai déjà deux autres qui m’attendent dans la PAL !

Merci à Presses de la Cité et Babelio pour cette masse critique et cette super découverte !!!

tous les livres sur Babelio.com

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Avant le déluge (Les extraordinaires et fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, T2) de Raphaël Albert

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Editions Mnémos, Collection Hélios, 391 pages, 11,90€

4ème de couverture

Sylvo Sylvain est un elfe détective privé dans Panam, un Paris du XIXè siècle décalé, aux accents steampunk. Après des débuts laborieux, son agence connait maintenant succès et richesse. Tout va pour le mieux, jusqu’au jour où son ami le journaliste Jacques Londres disparaît. Sylvo et son acolyte Pixel vont mener l’enquête : précipités au coeur d’une gigantesque conspiration, ils vont côtoyer de très près la Grande Faucheuse…

Résumé

Quelques années après La Conjuration des éléments, Sylvo et Pixel ont enfin une vraie agence de détective privé, avec des employés et surtout des clients, nombreux et qui paient bien. Fini les années de disettes et de vaches maigres. Mais au lieu de surfer trop longtemps sur la vague des héros, ils décident de garder profil bas, même si la célébrité a quelques avantages. Un nouvel acolyte à rejoint les deux exilés, un jeune garçon voleur à ses heures mais débrouillard et sympathique : Broons. Il dérise plus que tout qu’on lui confie une affaire, une vraie. Et Sylvo décide de lui laisser sa chance, bientôt, très bientôt. Un matin, Sylvo et Pixel accompagnés de Broons, trouve qui les attend à l’agence, Mme Lane, la patronne du journaliste Jacques Londres, l’autre héros de la conjuration des éléments. Ce dernier a disparu depuis 3 jours déjà et cela ne lui ressemble pas. Même si Sylvo n’est pas convaincu que Londres est réellement disparu, il accepte d’enquêter… Commence alors une mission qui aura de très grosses conséquences….

Mon avis

Gros coup de cœur ! Une suite encore meilleure que le premier tome !

Je vous invite à relire mon avis sur le 1er tome, si vous n’avez pas eu l’occasion de le connaitre : Rue Farfadet

Par quoi commencer… On retrouve Sylvo et le pillywigging Pixel quelques temps après l’action du tome 1, Rue Farfadet. Leur Agence est désormais on ne peut plus officielle :  P & S, et marche plutôt bien, une vraie secrétaire et des employés sérieux et efficaces, Le Géomètre, Hobo, … et Broons. Chacun a ses petites particularités mais ce sont de bons détectives qui contribuent à la renommé de l’Agence. Le lecteur apprend vite à les connaitre ou les reconnaitre car certains membres du personnel ne lui seront pas inconnus ! Sylvo nous conte sa routine et ses habitudes nouvelles, tout bien, voire tout va mieux, jusqu’au jour où disparaît Londres, le journaliste vedette depuis la Conjuration des Éléments. De prime abord, on découvre que lui et Sylvo ne sont pas aussi amis que la presse le dit mais en soe uvenir des événements passés, l’elfe détective accepte de mener l’enquête sur cette fraiche disparition. Les investigations de P & S débutent pas fouiller le bureau de Londres au journal et son appartement. C’est lors de la fouille de ce dernier lieu que les enquêteurs vont commencer à comprendre que la disparition du journaliste est peut-être bien sérieuse et les deux acolytes vont se retrouver au coeur d’une conspiration qui les dépassent. Comment vont-ils s’en sortir ? et retrouveront-ils Londres ?

A partir de la fouille de l’appartement de Londres, le rythme ne s’essouffle pas un instant ! Une vraie enquête voit le jour, découvertes, indices … Les événements s’enchaînent. L’intrigue est superbement construite. Ce second tome est résolument plus noir que le précédent, il se passe beaucoup de choses. Et le lecteur découvre qu’il ne se passe pas que du joli, joli dans le royaume et à Panam. Dans le premier, l’humour était de mise, ici même si certains passages sont plus légers, l’atmosphère des découvertes, les drames qui se jouent, des événements, complots … ne prêtent pas à la rigolade. Sombre et dense, étrange et mystérieuse, l’intrigue est à l’image de l’univers créé par l’auteur. C’est vraiment un polar plaisant, dramatique et palpitant, on en oublierait presque que les héros sont des personnages de « fantasy ». De nouveau, Raphaël Albert réussi le coup de maître de mêler polar et fantasy avec une facilité qui semble si déconcertante, et par là même il bluffe son lecteur ! Je trouve qu’on accroche très bien aux deux univers mélangés et que les peuples, créatures, mythologie inventée se fondent complètement dans l’histoire. Ce roman allie les deux univers que j’aime le plus, ce n’est donc que du bonheur !!!

On retrouve avec plaisir Panam, ce Paris de la fin du 19ème, à la sauce steampunk. Et c’est toujours aussi bon.  Je continue de beaucoup aimé cet univers et je dirais même que c’est encore meilleur, car il y a plus de choses développées. On retrouve ce monde avec 3 lunes, des rythmes différents, des noms d’heure, de jour, de mois à la fois différent et proche des nôtres, une gestion du Royaume par 3 Ducs. Toujours original et dans le respect de certains codes. Le steampunk est toujours le plus de cet univers en lien avec le monde fantasy où l’on croise autant de magie que de science. Je loupe peut-être quelques références, n’étant pas parisienne, cependant il y a les incontournables, les références littéraires … qu’on ne peut pas les louper. Un vrai méchant se démarque un peu plus, le 4ème Duc, personnage mystérieux, qui peut bien se cacher derrière ce mythe ? Existe-t-il vraiment ? Qui tire donc les ficelles ?

On suit Sylvo à travers Panam et avec lui, on explore encore un peu plus les traditions de ce Royaume, la Danse macabre par exemple, ainsi que la composition du Petit Peuple. L’auteur a choisi cette fois, de nous faire découvrir, l’envers du décor, des lutins et des leprechauns. J’ai adoré cette balade sombre dans Panam où l’on sent poindre le souffle de la révolte…

L’univers est très travaillé, tout comme le personnage de Sylvo. On commence à découvrir des choses de son passé, la collecte d’informations continue et on a envie d’en savoir toujours plus. Il reste mystérieux sur ce passé mais sa psychologie est elle, très développée. Le lecteur sait ce qu’il pense, ce qui l’effraie, le rend heureux, le perturbe, le dérange. Il semble changé mais est-ce vraiment le cas ? Il y a encore tant de choses à découvrir. Je suis très attachée à ce personnage que j’adore de plus en plus, et la fin …. le choc, elle m’a brisé le cœur, frustrée je suis. C’est dire, il me faut absolument la suite ! Malheureusement, elle n’est pas encore publiée. Je rassure ceux qui se demandent si du coup, il y a une fin ou pas, oui, l’intrigue est résolue mais on apprend et on souhaite savoir tellement d’autres choses, que : vivement la suite !!!!

Avant le déluge, comme Rue Farfadet, est très travaillé, recherché, et très bien écrit. Je dirais aussi que je le trouve plus fluide et que l’auteur affirme encore plus son style. Il y a du renouveau, plus sombre comme je l’ai déjà dit, une vraie suite. Un coup de cœur !

Avant le déluge, c’est une véritable plongée en eaux troubles, une enquête avec son lot de révélations (et quelles révélations!), de trahison, de surprise, de suspense !!! Je le recommande vivement. A lire de préférence après le 1, même si les deux tomes peuvent se lire assez bien l’un sans l’autre, l’univers est tellement formidable que ça serait dommage de ne pas lire Rue Farfadet.

masse critique

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La forêt des ombres de Franck Thilliez

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4ème de couverture

Arthur Doffre, milliardaire énigmatique, est sur le point de réaliser un rêve vieux de vingt-cinq ans : ressusciter un tueur en série, le Bourreau 125, dans un livre. Un thriller que David Miller, embaumeur de profession et auteur d’un premier roman remarqué, a un mois pour écrire contre une forte somme d’argent.

Reclus dans un chalet en pleine Forêt-Noire, accompagné de sa femme et de sa fille, de Doffre et de sa jeune compagne, David se met aussitôt au travail. Mais il est des fantômes que l’on ne doit pas rappeler…

Résumé

Miss Hyde fracasse contre une poutre le test de grossesse. Comment David, son David a-t-il pu faire ça ! Hors de question qu’elle lui envoie sa dernière lettre amour, après cet affront, il ne mérite pas son Amour, il mérite mépris et silence. Et si c’était la femme de David, Cathy qui se servait de lui…

David Miller, embaumeur de profession, est abordé par Arthur Doffre. Ce dernier a adoré le premier roman noir de l’auteur, et il lui propose un sujet en or pour un second livre. Contre une très forte somme d’argent, Arthur lui propose de faire revivre le Bourreau 125, un célèbre tueur en série, pour ça, David doit passé 1 mois reclu avec sa famille et Arthur en plein coeur de la forêt noire…. Et si c’était le début du cauchemar ?

Mon avis

Je continue dans la lecture « dans l’ordre » des Franck Thilliez. Il s’agit de ce qu’on peut considérer comme son premier one-shot, ici pas d’Hennebelle, pas de Sharko. Et pour avoir déjà lu, un autre one-shot de l’auteur, La forêt des ombres n’est pas son meilleur. Attention, c’est toujours un grand plaisir de lire cet auteur que j’adore mais l’histoire est, je trouve moins bonne que dans les livres que j’ai déjà lu.

David Miller et sa famille se retrouve donc en plein coeur de la forêt noire en Allemagne. Il doit écrire plusieurs heures par jour, et être relu dans la foulée par Arthur Doffre qui valide ou non la façon dont l’écrivain va faire revivre le Bourreau 125. Doffre est donc présent, il a avec lui une jeune compagne, qui ne va pas s’entendre très bien avec l’épouse de David.

En tout cas, c’est très agréable de retrouver le style et l’écriture d’un auteur chouchou ❤ C’est percutant, rythmé, rapide, fluide. ça se lit très bien. L’effet huit clos angoissant est très réussi. Par contre (et oui, il y a du contre…), il y a des choses qui m’ont déplut : déjà, on voit venir l’intrigue super vite. J’ai échafaudé dans ma tête des scénarios qui m’auraient surprises mais finalement, les rebondissements que j’attendais, ne sont pas venue. Il y a de grosses ficelles, des liens qu’on percute tout de suite. Ensuite, il y a des scènes « gores » que j’ai trouvé pour une fois vraiment de trop. Elles ne servent pas vraiment l’histoire. Dommage. Il y en a d’autre heureusement qui sont nécessaires pour plonger dans la folie de l’esprit.

Dans La forêt des ombres ce n’est donc pas le « qui » et le « comment » qui est important mais bien le « pourquoi », le « dans quel but? ». Et là, ce qui compense les grosses ficelles de l’intrigue, c’est le développement de la pensée des personnages, leur psychologie. On plonge alors dans la folie, dans l’horreur de certains esprits humains.  On se laisse emporter par la spirale et on se demande jusqu’où les personnages vont aller. Comment ils vont s’en sortir, s’ils s’en sortent.

Autre point, il y a des personnages qu’on déteste, mais alors méchamment ! Il y a ceux qu’on ne peut pas aimer vu l’histoire et la démence qui les touchent mais il y en d’autres qu’on déteste à cause de leur attitude et comportement. Vraiment certains personnages m’ont horripilée et d’autres m’ont horrifiée. J’ai bien aimé aussi l’atmosphère crée par l’auteur, cet effet huit clos, le froid, la neige, l’isolement, les lynx… Ce chalet perdu au milieu de la forêt, vraiment un contexte, une ambiance qui m’a beaucoup plu.

Voilà pour moi , c’était un bon moment de lecture même si ça n’a pas été le meilleur fait avec cet auteur. Il y a du bon et du moins bon. J’espère que le prochain me plaira plus ^^ Je ne fais pas plus long, je vous laisse découvrir l’intrigue, déjà qu’il n’y a pas trop de surprise, si j’en dis trop ça ne serait plus intéressant ! Je pense du coup, il est peut-être préférable de découvrir l’auteur par ces premiers écrits, dans l’ordre quoi, parce que passer par celui-là après les plus récents, j’ai peur que ça vous déçoive beaucoup.

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Dans les bois éternels de Fred Vargas

9782878582338

Editions Viviane Hamy, 442 pages, 18,50 € (disponible en poche)

Merci à Ludivine de m’avoir prêté son Vargas préféré pour me faire découvrir cette auteure que je n’avais jamais lu.

4ème de couverture

Danglard la voyez-vous ? demanda Admasberg. L’Ombre ? Le commandant revint sur ses pas, tournant les yeux vers la fenêtre et vers la pluie qui assombrissait la pièce. Mais il était trop fin connaisseur d’Adamsberg pour se figurer que le commissaire lui parlait du temps. – Elle est là, Danglard. Elle voile le jour . Vous la sentez ? Elle nous drape, elle nous regarde. – Humeur sombre ? Suggéra le commandant. – Quelque chose comme cela . Autour de nous. Danglard passa la main sur sa nuque, se donnant le temps de la réflexion. Quelle ombre ? Quand, où, comment ? – Depuis quand ? demanda-t-il. – Peu de jours après que je suis revenu. Elle guettait peut-être avant, rôdant dans nos parages. « 

Résumé

Adamsberg vient d’acquérir une maison, il est désormais voisin d’un vieil espagnol. Ce voisin lui apprend que sa demeure est hantée. Une ombre plane sur ce lieu. Mais elle ne s’en prend qu’aux femmes, Adamsberg n’a donc rien à craindre, a priori. Un Nouveau est arrivé au sein de la Brigade : Veyrenc. Il est placé à faire de la surveillance dans un cagibi. Sa mission, surveiller Camille. Pendant ce temps-là, deux corps sont retrouvés et faute de  preuves qu’il s’agisse qu’un crime non lié à la drogue, l’enquête risque d’être transférée aux stups. En déplacement personnel en Normandie, Adamsberg se lie avec des gars du coin qui lui racontent la façon dont un cerf a été tué récemment. D’une manière qui ne se fait pas, certainement pas l’acte d’un simple chasseur. De retour à Paris, Adamsberg retrouve Ariane, la nouvelle légiste, vielle connaissance de sa jeunesse, avec qui il évoque le cas de ‘l’Ange de la mort’, une infirmière, dissociée, qui a tuée pendant 40 ans un nombre conséquent de personnes âgées avant d’être arrêtée par Adamsberg.

Qu’est qui peut relier tous ses événements et le sont-ils ? Adamsberg va devoir creuser pour le découvrir.

Mon avis

Je n’aime pas prendre une « série » en cours, c’est donc assez exceptionnel pour moi. Ici c’est le Fred Vargas préféré de Ludivine, une copine du Club de Lecture L’île aux Livres, alors, je me suis lancée ! Il fallait bien que je découvre ^^ Alors, même s’il y a bien des allusions aux livres précédents (il y a même des notes en bas de page pour dire de quel livre il s’agit),  il ne s’agit de quelques bribes, de petites choses, sans rentrer dans le détail. Du coup, même si je n’aime pas « prendre le train en marche », ça ne m’a pas trop dérangée, ça m’a même donné envie de lire Sous les vents de Neptune (histoire se passant juste avant Dans les bois éternels) !

Les chapitres sont très courts et l’auteure creuse vraiment beaucoup ses personnages et notamment Adamsberg. Ce qui est quand même, vachement bien quand il s’agit d’un héros récurrent, c’est ce qu’attendent les lecteurs, et je pense qu’ils ne doivent pas être déçus. J’ai découvert la Brigade, un personnage à part entière. C’est comme une famille où tous les membres sont différents mais complémentaires, qui s’acceptent et s’engueulent, qu’on ne peut pas séparer. J’ai passé mon temps à me demander comment elle tenait debout cette Brigade, surtout avec un commissaire comme Adamsberg mais au final, il ne pourrait en être autrement. Cette façon s’être constamment en équilibre, prête à s’effondrer, c’est ce qui fait tout son charme.

Le commissaire est spécial, il a des moments de déconnexion, un côté mélancolique très prononcé, un côté perdu. Il est terriblement attachant ! Ses bizarreries le rendent encore plus  attachant d’ailleurs. On le perçoit à travers les membres de son équipe comme le pilier fragile. Il est assurément loin d’être parfait mais il a les qualités de ses défauts. Dans l’équipe, il est essentiel même si on se rend vite compte que chaque membre est important et à son rôle à jouer même mineur. Dans la Brigade, chaque membre a sa lubie, son caractère, sa façon d’être, … plein de spécificités qu’il est si plaisant de découvrir.

L’intrigue est diablement bien construite. Sous une impression de grosses ficelles et de facilité, le lecteur est en fait embarqué dans un imbroglio et ressort finalement assez voire complètement surpris du dénouement. Rebondissements, fausses pistes … Fred Vargas a réussi à me séduire, je n’en menais souvent pas plus large qu’Adamsberg. J’aime beaucoup les différents morceaux de l’intrigue, qui s’emboitent au fur et à mesure, avec en fond de tout ça, le quotidien du commissaire et ses relations difficiles avec les autres. Je n’en dirai pas plus sur l’histoire, parce qu’il est préférable de garder de la surprise, sans aucun doute ^^

J’ai beaucoup apprécié, la façon dont le récit est construit, jusqu’aux métaphores utilisées par le commissaire (les bouquetins tout ça). On recueille des indices, on cherche vraiment, on s’inquiète pour les personnages, on essaie de trouver le lien, on réussit ou on échoue, peu importe. La trame est vraiment réussie, c’est détaillé, imagé, avec un rythme propre à l’auteure et c’est, je pense, ce qui fait le charme de ce livre et de cette série très certainement. Le gros plus de Dans les bois éternels, et de la série entière sans doute, c’est le commissaire et son monde. C’est le microcosme crée par l’auteure : la Brigade, son fonctionnement, ses membres, son chef. La psychologie des personnages est bien développée. Comme le commissaire, les membres de la Brigade sont attachants, presque tous aussi barrés et bizarres qu’Adamsberg, sans oublier le chat le plus spécial du monde :p. Et comme la brigade compte presqu’une trentaine de membres, nul doute qu’il y ait matière à se renouveler de livre en livre ! Il a ceux qu’on adore, ceux qui intriguent, ceux qu’on déteste, ceux qui ne sont pas ce qu’ils laissent transparaitre…, vraiment il y a de quoi faire ^^

Je retiendrai entre autres que Fred Vargas réussit à me faire aimer des bizarreries et des attitudes qui dans la réalité m’agaceraient très certainement ^^ Elle a une façon bien à elle se surprendre son lecteur, une manière de retranscrire « l’imaginaire du quotidien » grâce à un héros différent avec les pieds sur Terre mais la tête dans les nuages.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman, un vrai polar et j’ai envie de lire d’autres titres de l’auteure avec le commissaire Adamsberg, et si pour une fois, je ne cherchais pas à « lire dans l’ordre » ? Je pense que c’est faisable, parce que l’auteure ne spoile rien ou si peu des autres intrigues et donc, je risque de lire Sous les vents de Neptune prochainement.

Encore merci Ludivine, je comprend maintenant pourquoi ce livre et cette auteure sont un coup de coeur pour toi !

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Oscar Wilde et le jeu de la mort de Gyles Brandreth

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Édition 10/18, 460 pages, 8€10 ou d’occasion

4ème de couverture

Facétieux Oscar Wilde ! Après avoir choqué le monde par ses boutades lors de la première triomphale de L’Eventail de Lady Windermere, le voici qui propose à ses amis une curieuse activité pour les distraire : le jeu de la mort. Chacun inscrit sur une feuille le nom de la victime de son choix et aux participants de deviner qui veut tuer qui. Mais quand la Mort commence à frapper les victimes potentielles dans l’ordre exact où elles ont été tirées, le drame succède à la comédie. Flanqué de son fidèle ami Robert Sherard, et assisté par Arthur Conan Doyle et par le peintre Wat Sickert, Wilde mène l’enquête avec plus de zèle que jamais. Car son nom et surtout celui de sa femme figurent sur la liste funèbre…

Résumé

Robert Sherard écrit dans la préface qu’il est le biographe officiel d’Oscar Wilde et aussi son ami. Il arrive à une époque où il souhaite enfin conter tout ce qu’il n’a jamais écrit sur cet auteur irlandais à succès.

En 1892, Oscar organise un fois par mois, un diner dans le salon privé d’un hôtel et propose à ses invités un magnifique repas et des distractions. Cette fois là, après une réception de sa femme, Oscar réuni ses amis et leurs invités et conclue la réunion du « Club Socrate » par un jeu de sa composition. Chacun doit écrire sur une feuille vierge le nom de la personne qu’il souhaiterait voir morte. Bien sur les gentlemen s’offusquent mais pour ne pas vexer leur hôte, ils jouent « au jeu de la mort ». Sur les papiers, on retrouve un peu de tout et un nom revient plusieurs fois, celui d’un des convives. Mais celui-ci ne s’en offusque point. Quand le nom d’Oscar et celui de sa femme sont tirés, l’ambiance se refroidit considérablement. Puis le lendemain, Oscar et ses amis apprennent la mort de la première personne tirée du chapeau …. Étrange. Quand les noms et les morts s’égrainent, Oscar décide de mener l’enquête…

Mon avis

Un « policier » qui se laisse lire mais qui n’est pas dénué de défauts.

Le lecteur suit le récit à travers les yeux et les oreilles de Robert Sherard, un ami d’Oscar Wilde qui fut également son biographe. L’intrigue de base est assez plaisante, j’aime beaucoup l’idée de suivre un personnage réel, façon détective. D’Oscar Wilde je ne connais pas grand chose à part Le portrait de Dorian Grey, sa statue à Dublin (en couleur !)  et sa réputation sulfureuse. J’ai donc découvert pas mal de chose, qu’il était marié et père de deux enfants, qu’il avait des goûts vestimentaires particuliers pour l’époque, qu’il maitrise ses théories sur l’esthétisme et qu’il voue un « culte au beau » et qu’il s’y connait pas mal en littérature et sur Socrate. Bref, très certainement moultes choses que ceux qui connaissent l’écrivain et la personne savaient déjà. Autant moi, j’ai appris pas mal de choses, autant du coup, d’autres y verront, et non à tord, une quasi biographie de l’auteur. Pour preuve : au cours de ma lecture, je suis allée sur Wikipédia (qui n’est pas infaillible mais ça aide) et  j’y ai retrouvé les mêmes anecdotes que dans ma lecture. C’est donc comme si l’auteur avait voulu TOUT mettre. Pourquoi pas mais c’est prendre le risque d’ennuyer légèrement (beaucoup ?) le lecteur. Pour moi c’est plutôt bien passé, mais je préfère prévenir :p

J’ai bien aimé la présence dans les amis d’Oscar d’autres personnes célèbres : Arthur Conan Doyle et Bram Stocker. Les références à leur œuvres respectives et les clins d’œil m’ont beaucoup amusés, je suis assez bon public pour ce genre de chose ^^ Et puis l’époque, Londres fin 19ème, j’adore !!!! On a pas mal de détails de la vie mondaine à cette époque, c’est vraiment un côté que j’ai apprécié.

Ensuite, ce qui rend mon avis mitigé c’est que l’intrigue bien qu’on nous la montre embrouillée et que volontairement l’enquête traine en longueur, il y a beaucoup de choses que l’on voit venir finalement, ce n’est pas tant le « qui » mais plutôt le « pourquoi » qui sera intéressant dans l’enquête. Au final, ce n’est pas l’intrigue « policière » qui est mise en avant, mais bien Oscar Wilde, sa façon d’être, sa manière de prendre les choses, son sens de la déduction. Il est arrogant, souvent plus antipathique que sympathique, il est très spécial dans sa manière d’apparaitre en société, on comprend aisément pourquoi certains le détestent. J’ai quand même du mal à m’imaginer comment il pouvait être réellement. J’ai eu l’impression que certains traits étaient très forcés. Peut-être pas, comment être sur, Gyles Brandreth se dit « spécialiste » et est même relu par un des héritiers d’Oscar Wilde, en tout cas, c’est quand-même plutôt un éloge à Oscar que tout le monde envie, aime, rare sont ceux qui le détestent même s’il y en a, qu’un point de vue plus neutre. Un point qui m’a fatiguée, c’est que quand on est pas en pâmoison devant Oscar Wilde, c’est devant sa femme, dont tous les hommes s’éprennent. A défaut d’être avec le mari peut-être 😉

Je n’ai pas trop aimé la façon dont les relations entre les personnages sont abordées, j’ai eu du mal avec certaines choses (mais là ça tient plus de mes sensibilités). Cette manière de laisser sa femme passer ses journées avec d’autres hommes, histoire qu’elle est de la compagnie et puis, elle qui ne voit pas comment Oscar la considère… Bref, ce n’était pas ma tasse de thé.

Je ne sais pas finalement si j’ai aimé Oscar ou si j’ai détesté Wilde… Bizarre. Il est tantôt extravagant, amical, chaleureux, et tantôt cynique, taciturne et arrogant. Difficile de l’aimer ou de le détester complètement. Il a des côtés attachants et d’autres horripilants. Par contre, je sais qu’il y a des personnages que je n’ai pas supporté, à commencer par Robert Sherard, le narrateur. Sa vie est assommante, pas étonnant qu’il passe son temps à chercher la compagnie des Wilde. Les passages où il parle de lui m’ont fatiguée et très peu intéressée. J’aurai préféré un autre point de vue narratif, je pense. D’autres personnages, je vous laisse découvrir lesquels sont forts antipathiques. C’est très bien fait, on a vraiment envie de les étriper, secouer, baffer, au choix.

L’écriture n’a rien d’extraordinaire mais ça se laisse lire et ça se lit d’ailleurs plutôt bien, fluide, chapitres pas trop longs, pas trop courts. Des variations de rythme. Dommage qu’il y ait les passages de Sherard où on s’ennuie (parce que savoir que ce jour là, il faisait beau ou pluvieux, faut reconnaitre que c’est vachement essentiel…).

Dans l’ensemble, j’ai aimé l’idée de faire d’un auteur un « Grand Détective », cette collection de 10/18 est vraiment sympa, le livre se lit bien, on apprend des choses sur Oscar Wilde, c’est intéressant pour le peu qu’on le connaisse mal. C’est sur ce n’est pas de la grande littérature mais ça diverti. Pour moi, le roman a des défauts et j’ai eu du mal à certains moments. Je ne sais pas si je retenterai une aventure d’Oscar, peut-être si ce n’est pas Robert Sherard le narrateur, pour voir si c’est le style de l’auteur que je n’ai pas aimé ou vraiment la narration par ce personnage.

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Glacé de Bernard Minier

Glacé de Bernard Minier Pocket, 736 pages, 8,40€

4ème de couverture

Dans une vallée encaissée des Pyrénées, au petit matin d’une journée glaciale de décembre, les ouvriers d’une centrale hydroélectrique découvrent le corps sans tête d’un cheval, accroché à la falaise. Ce même jour une jeune psychologue prend son premier poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée. Le commandant Servaz, flic hypocondriaque et intuitif, se voit confier l’enquête la plus étrange de toute sa carrière.

Résumé

Diane Berg, une psychologue en psychologie légale quitte sa suisse natale pour l’Institut Wargnier dans les Pyrénées, sur les hauteurs de Saint-Martin de Comminges. Cet établissement garde les plus dangereux criminels d’Europe, ceux dont les hôpitaux psychiatriques ne peuvent plus s’occuper. Le moins qu’on puisse dire c’est que l’accueil qu’elle reçoit est … glaciale.

De son côté, le commandant Servaz est contacté par le parquet de Saint-Martin pour donner un coup de main à la gendarmerie sur une enquête un peu spéciale… Un corps de cheval dans sa tête a été retrouvé accroché à une falaise. Mais attention, il ne s’agit pas de n’importe quel cheval, c’est le pur sang du riche homme d’affaire Eric Lombard, c’est pourquoi le parquet souhaite que la police de Toulouse vient seconder les enquêteurs sur place et prendre au sérieux ce cas somme tout, peu banal…

Quand les analyses ADN mettent en lien l’enquête de Servaz et l’Institut où travaille Diane, le commandant et son équipe se retrouvent confrontés à une bien étrange affaire…

Mon avis

Une très bonne lecture bien que j’en attendais plus, c’est ça de voir des coups de coeur partout ^^ ou bien, je lis trop de polar 😀

Le lecteur découvre deux personnages, Diane Berg et Servaz, qu’on va suivre plus ou moins en alternance. Les passages avec Diane sont peut être ceux où j’ai le moins accroché parce que on ne voit pas bien où l’histoire veut en venir et à la fin, je me demande encore pourquoi on nous a raconté certaines choses. Puis Diane reste assez en retrait finalement, alors que je m’attendais à ce qu’elle est plus d’ampleur, d’importance. Par contre, ce qui se passe dans l’Institut m’a beaucoup intéressé, il y règne une atmosphère lugubre, glacial, oppressante. L’accueil de Diane est à l’image de cet Institut, froid et complexe. Empli de non dits et de folie. On découvre la vie dans ce bâtiment austère, au milieu des forêts, dans un hiver enneigé et froid, breuuuuuh

J’ai donc préféré les passages avec Servaz, ce flic a le mérite de changer un peu, okay sa vie sentimentale c’est pas ça du tout mais finalement, on a pour une fois un flic pas complètement désabusé, pas alcoolique ou dépressif, pas border line ou agressif. Et ça fait du bien. Il a aussi une équipe atypique à laquelle on s’attache beaucoup. Servaz est un personnage qu’on apprécie quasiment immédiatement. L’auteur se met tellement bien à sa place, qu’on croirait le récit réalisé à la première personne. On prend beaucoup de plaisir à suivre l’enquête, à accompagner Servaz dans ces impressions, intuitions, doutes, recherches,… L’enquête est vraiment menée, construite et on réfléchit autant que notre héros.

La montagne est un personnage à part entière. Elle impressionne, émerveille et désoriente. Les bâtiments massifs, les forêts, les lieux abandonnés perdus au milieu de nul part, renforce le climat, le mal aise à la lecture. C’est très réussi. La région même semble hostile et cache des choses, ou du moins les garde secrètes.

L’intrigue a de très bons côtés, un début original, du rythme, des pistes et fausses pistes, des personnages marquants et intrigants, des rebondissements… On a une véritable enquête, une mécanique bien huilée qui donne un polar crédible, la collaboration avec la gendarmerie, le parquet, les interrogatoires, les longueurs pour obtenir certaines informations, etc. J’ai vu venir certaines choses et me suit fait prendre sur une fausse piste une fois et ça j’aime beaucoup. Par contre, il y a des choses que j’ai trouvé peu être de trop, où des éléments qu’on nous donne alors qu’au final, ça n’apporte vraiment pas grand chose. J’ai trouvé la fin un peu trop rapide, un dénouement un peu trop facile… Les événements s’enchainent et « bim! » en 1h tout est plié (j’exagère mais c’est pour vous donner une idée de mes impressions). C’est un peu trop « beau ».

Les personnages sont bien creusés, pas pour le moment vraiment psychologiquement (quoique Servaz, on en est pas loin) mais du moins leur vie de famille, leur difficultés au travail ou en couple, leur passion, leur état d’âme, etc. Le gros plus de ce livre avec l’atmosphère c’est bien les personnages.

Les pages se tournent vraiment toutes seules, c’est fluide, bien écrit, entrainant, prenant, et on a vraiment pas l’impression de lire un gros pavé, pourtant on est pas loin de 750 pages ! Bernard Minier a donc le talent de nous embarquer avec lui et de réussir un page turner ! Il a su créer des personnages très attachants, outre Servaz, j’ai beaucoup aimé Irène Ziegler; et des personnages qui font bien froid dans le dos et pas besoin d’être interné pour donner la chair de poule. Je m’attendais toutefois à quelque chose d’un peu plus tordu, plus complexe, plus glauque. Certaines choses auraient méritées qu’on ne les laisse pas autant de côté. Cela dit, je ne me suis pas ennuyée une seule minute ! Et ça sera peut être repris et développer dans un prochain roman !

Glacé est donc une très bonne lecture même si j’ai trouvé la fin « trop facile ». ha si je pouvais vous dire quoi, ça serait quand même bien, mais hors de question de vous spoiler ! Parce que j’espère que vous le lirez car c’est un très bon thriller. Je n’ai pas été aussi « glacée » que je l’espérais mais j’ai quand même beaucoup aimé et je lirai avec plaisir Le cercle, où on retrouve je crois Servaz et son équipe.

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Comme son ombre de Val McDermid

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Editions Flammarion,  21€, 457 pages

Lu en partenariat avec Entrée Livre pour A l’abordage de la culture

Quatrième de couverture :

Quand la psychiatre Charlie Flint reçoit un mystérieux colis rempli de coupures de presse à propos d’un meurtre sauvage, son sang ne fait qu’un tour. Le crime a eu lieu dans l’enceinte de son ancienne université à Oxford – un jeune homme battu à mort quelques heures seulement après s’être marié. Tandis que sa jeune épouse et les invités sirotaient du champagne, on jetait son corps ensanglanté dans la rivière. Charlie ne sait pas qui lui a envoyé le colis, ni pourquoi, mais elle ne peut chasser ce crime de ses pensées. Et avec sa carrière de psychiatre clinicienne qui bat de l’aile, elle dispose de beaucoup de temps libre pour enquêter. Charlie renoue alors avec le monde mystérieux et fermé d’Oxford et comprend que cet assassinat est lié à des événements encore plus sordides. Chaque pas vers la vérité la rapproche désormais du danger…

Pas de résumé perso, la 4ème de couv’ est bien faite ^^

Mon avis :

Un bon polar !

C’est pour moi, une découverte de l’auteure dont j’ai souvent croisé le nom et les livres sans sauter le pas. Et je suis contente d’avoir enfin pu lire cet écrivain écossaise.

Le lecteur découvre Charlotte Flint, dit Charlie, dont la réputation d’expert psychiatre pour la police est mise à mal suite à son témoignage dans une affaire de meurtre. Elle reçoit un matin une enveloppe contenant des articles de presse concernant un procès en cours : Philip un homme d’affaires a été tué le soir de son mariage, à Oxford, il semble que ce soit par ses associés qui se rendaient coupable de délit d’initié. Mais pourquoi Charlie a-t-elle reçu cette enveloppe et quel est le message qu’on souhaite lui faire passer ?

Nous suivons en parallèle Jay Stewart, une femme d’affaire douée et ambitieuse qui écrit le second volet de ses mémoires. Elle a eu une enfance assez difficile, élevée par une mère junkie qui alors qu’elle n’avait que dix ans, a du jour au lendemain « trouvé » Jésus et peu de temps après un mari chrétien extrémiste.

Concernant l’histoire, l’intrigue est bien ficelée. J’ai apprécié l’alternance des points de vue entre Charlie qui progresse dans son enquête officieuse et Jay écrivant ses mémoires. Nous comprendrons vite le fin mot de cette histoire d’enveloppe et pourquoi nous suivons ces deux jeunes femmes précisément.

J’ai apprécié cette mise en abîme entre un des personnages qui écrit et l’auteur du roman. En effet, on nous explique que Jay est passée maîtresse dans l’art de tenir en haleine son lecteur et de finir ses chapitres par des révélations chocs. C’est un peu ce qu’il se passe d’ailleurs dans le récit de Val McDermid, et c’est assez amusant à comprendre.

La psychologie des personnages est bien travaillée qu’on les aime ou les déteste, nous avons suffisamment d’éléments pour les comprendre même si bien sûr, il y a une part de mystère en chacun d’eux pour faire vivre l’intrigue. C’est un bon polar, avec une intrigue progressive. J’ai commencé à avoir des doutes sur un personnage vers la moitié du livre et à comprendre ce qui nous était caché vers le dernier quart. C’est un peu frustrant de se dire que l’on a compris mais après, nous voulons savoir pourquoi et comment Charlie va se sortir de son enquête.

J’ai beaucoup apprécié Charlie, je l’ai trouvé assez juste, elle doute, elle se passionne, elle cherche, elle est parfois perdue dans sa vie sentimentale. Elle a toutes les raisons d’être découragée par ce qui lui arrive professionnellement mais elle comprend qu’elle a besoin d’un défi, d’une occupation et elle accepte de faire des recherches sur ces meurtres suspects. C’est un personnage très intéressant que nous prenons plaisir à suivre. De plus, son enquête est cohérente. J’ai beaucoup aimé que l’auteure convienne que Charlie n’est pas une enquêtrice mais bien une psychiatre et que donc elle ne peut pas avoir accès à toutes les informations qu’elle souhaite. N’étant pas flic, soit il y a des zones d’ombre et elle devra faire avec, soit elle pourra être aidée. Mais jamais, elle ne dépasse sa fonction et devient une super héroïne. J’ai vraiment beaucoup aimé cet aspect et la maîtrise de l’auteure à s’y tenir.

Nous découvrons un peu Oxford et son fonctionnement universitaire dans les années 90. C’est très intéressant, et nous apprenons des choses parfois assez hallucinantes pour quelqu’un vivant à notre époque. Nous oscillons entre tradition et ouverture d’esprit, entre personnages conservateurs, catholiques, lesbiennes, psychologue, flics… Un monde en contraste, en opposition, en nuances, … Le livre est aussi une occasion pour l’auteure de montrer qu’il n’est pas facile, dans ce contexte universitaire (et dans d’autres) d’être d’orientation sexuelle différente, surtout au sein de familles croyantes et cela, aussi bien dans les années 80/90 que de nos jours. Un message de tolérance, d’actualité.

Jay est le personnage mystérieux de l’histoire. Tout ce qu’elle raconte dans ses mémoires est-il vrai ? Pourrait-elle avoir des choses à se reprocher ? Ou bien est-elle parfois simplement au mauvais endroit, au mauvais moment ? Nous aimerions nous attacher à elle mais nous ne savons jamais sur quel pied danser et la peur de se laisser berner par l’auteure l’emporte !

Des personnages secondaires existent. Maria la compagne de Charlie, que j’ai beaucoup appréciée ; Magda, la veuve de Philip, qui subit le procès des associés de son défunt époux ; Lisa faisant carrière dans le développement personnel. Elle a rencontré Charlie quelques temps auparavant et cette dernière n’est pas insensible à son charme. Personnellement, plus je lisais, plus je détestais Lisa !

Dans l’ensemble, j’ai trouvé, le roman très bon, mais je n’ai ressenti la tension dramatique, la montée de suspense que pendant une trentaine de pages avant de comprendre les liens entre les morts suspectes et le Qui.

C’est très bien écrit, toutefois cela manquait un peu de rythme pour moi (il y avait des extraits de mails, de journaux, qui aidaient à renouveler le récit), même si l’histoire est très bien menée. J’ai juste relevé une erreur de prénom vers la fin (traduction ?). C’est dommage, cela casse un peu la fin surtout quand nous nous apercevons de la confusion…

Un dernier point : cette histoire m’a donné envie de voyager et surtout de découvrir l’île de Skye mais peut-être pas au mois de février !!! 😀 (Vous comprendrez en lisant le livre.) Nous sentons en tout cas, que l’auteure aime son pays.

J’ai donc passé un très bon moment de lecture avec Comme son ombre et il est assez probable que je tente de nouveau un roman de cet auteure.

Merci à Entrée Livres et aux éditions Flammarion pour ce partenariat ! Et au blog à l’Abordage de la Culture ^^

Pour résumer en quelques mots : Un bon polar, bien ficelé et bien écrit, prenant mais qui manque à mon avis un poil de rythme. Cependant, les personnages sont finement creusés et l’intrigue et le roman brillamment construits. Un polar qui change, des personnalités fortes, notamment la psychiatre essayant de se refaire une carrière, des fausses pistes, des rebondissements, le tout en Angleterre et en Ecosse, je recommande !