
Editions Critic, 23€, 400 pages
4ème de couverture
Ce Chicago de 1925 a tout du chaudron prêt à exploser ! Entre les Leprechauns mouillés dans la fabrication de faux billets et les gangs qui s’activent en coulisses pour s’emparer des marchés de l’alcool et des speakeasies, autant dire qu’il y a de l’orage dans l’air. Et tandis qu’Al Capone tente de retrouver son influence sur la ville, voilà que des Drys, farouches partisans de la Prohibition, sont atrocement assassinés.
Scarface devient, aux yeux des autorités, le suspect idéal. Furieux et persuadé que les Fays sont dans le coup, il charge une bande de chasseurs de Fays, les No Ears Four, de débusquer les véritables coupables.
Pour Old Odd et son équipe, les ennuis ne font que commencer. Contraints de plonger dans les entrailles d’une ville corrompue et en proie aux guerres des gangs, les quatre nettoyeurs ont intérêt à se serrer les coudes s’ils veulent survivre à la tempête qui s’annonce. Car, quand la Fayrie est impliquée, mieux vaut ne pas trop traîner dans l’oeil du cyclone !
Résumé
Les No Ears Four ont mis la main sur un Fay-Monnayeur, un lepreuchaun qui a préféré les faux billets aux chaudrons remplis d’or ! La bande de chasseurs de fays doit lui soutirer des informations, son activité nuit à celle de Capone, et ça, Capone n’apprécie pas du tout. La mission plus ou moins, moins que plus d’ailleurs, menée à bien, les No Ears Four s’en vont retrouver leur quartier général, un speakeasy tenu par Jude. Là bas, ils sont fermement inviter à rendre une petite visite à Antonio Lombardo, le consigliere. Il leur confie une nouvelle mission, à laquelle ils ne peuvent se soustraire et qui s’annonce périlleuse et compliquée….
Mon avis
Un méchant énorme coup de cœur !
C’était la lecture dont j’avais besoin au moment où je l’ai lu.
Une période qui me plait beaucoup les années 20, le mélange de réalité et de féérie (fayrie ?), de l’action et beaucoup d’humour !
Dans le chicago de 1925, la prohibition bat son plein. Capone, bien qu’exilé, a toujours, son commerce, des alliés et une grande influence. Mais son exil a poussé les Siciliens à marcher sur ses platebandes. De plus, les fays sont de plus en plus tolérés dans la société. Mélangé à la population, ils prennent de plus en plus d’importance, réussissent à Hollywood, exerce plus ou moins légalement leur magie. Certains humains auraient tendance à utiliser ou à s’en prendre à ses créatures. Une ligue de Protection fayrique a donc été créée. Dans ce décor, dans ce contexte, le lecteur découvre les No Ears Four. Des hommes de main plus ou moins liés à Capone (plus que moins), des chasseurs de fays. Qui bossent donc avec la menace de la LPF au dessus de leur tête et celle de Capone qui n’accepte vraiment l’échec. Dans une ville où tous les coups (en douce) sont permis, il n’est pas évident pour les 4 hommes de s’y retrouver, ils doivent souvent jouer des points et plus si infinité. Qui donc cherche des noises à Capone en assassinant des incorruptibles, farouches opposants à Scarface et en faisant peser les soupçons sur lui ? C’est ce que vont devoir découvrir les No Ears Four.
J’ai adoré les No Ears Four, tous dans leur genre ^^ Old Odd, vieux grincheux, qui développe de drôle de réaction à l’approche des fays. Pas étonnant qu’il soit un des meilleurs détecteurs de créatures. Bourru, old school, maladroit mais attendrissant. Sa particularité permet des moments épiques, drôles et cocasses. Cependant, ce n’est pas un personnage creux vous vous en doutez. Et le lecteur aura l’occasion d’en apprendre plus sur lui et de comprendre pourquoi il est celui qu’il est désormais.
Parmi les 4 branques (quand même si faut bien le dire, ce sont des branques mais c’est affectueux), le lecteur découvrira Vincent Demons dit Bix, charmeur, musicien, coincé chez les NEF tant qu’il est redevable à Old Odd et donc à Capone. Les fays féminines ne sont pas insensibles à son charme. Il s’intègre comme un poisson dans l’eau parmi les blacks musicos de Chicago, ces opprimés qui vouent un culte à une fay un peu spéciale. Parmi, les noirs américains, qui comme les fays, ne sont pas intégrés mais justes tolérés. Bix est celui qui cache sa sensibilité derrière une carapace de dur et aussi celui qui s’y connait le mieux des 4 en « fays ». Puis, il y a Jack The Crap, un vrai assassin celui-ci, il fait froid dans le dos. Impossible de savoir à quoi il pense celui-là. Flippant. Mais sympathique dans son genre 😀
Enfin, le dernier des 4, Bulldog, qui prend tout ce qu’on lui dit au pied de la lettre, naïf peut-être mais une véritable force de la nature. Homme à tout faire, surtout à donner des coups, il est touchant.Il n’aurait pas fallu qu’on touche à Bulldog ! C’est dire l’attachement que j’ai pour ce personnage.
Ces 4 personnages nous entraînent avec eux à la recherche de celui, celle ou ceux qui cherchent à faire accuser Capone de crimes qu’il n’a pas commis. Et de fils en aiguilles, le lecteur découvre le Chicago des années 20, ses ruelles, ses bas-fonds, ses égouts. Redécouvre la prohibition, les bordels cachés et des choses pas jolies jolies. Surtout qu’entre en jeu, des fays de tout genre qui ne sont pas particulièrement contents du traitement qui leur est réservé. Le lecteur rencontre des personnages plus ou moins sympathiques, du privé à des fays hauts en couleur. J’ai adoré la Vieille-au-tas-d’ordure <3, intermédiaire entre les hommes et les fays majeures, un personnage so « Jim Henson spirit », et ça, ça me parle carrément !
Le style des auteurs est enjoué, précis, percutant, dynamique. Parfois un chouilla familier, mais qui voudrait d’une Amérique des années 20 lisse, propre et puritaine 😉 les drys peut-être mais pas Capone, pas nous ! En tout cas, pas moi. J’ai vraiment passé un excellent moment de lecture, un « page turner » comme je les aime.J’ai eu beaucoup de mal à m’arrêter de lire pour bosser ou dormir 😀
Bref, j’ai tout aimé, les personnages, l’histoire, l’ambiance. C’est drôle, rythmé, musical. Il y a de l’action, une fin en WTF, des répliques géniales. Mais aussi de l’amour, de l’amitié, du dramatisme, le tout arrosé d’alcool (prohibé bien entendu) et de magie ^^ Je verrais bien cette histoire en BD ou sur grand écran, façon Les Incorruptibles mixé avec Dark Cristal ^^ Toute ma jeunesse. Et puis, en Amérique, tout devient possible, même croiser une nymphe circulant dans les canalisations et passant dans les robinets, un tas d’ordure qui parle ou un blanc trompettiste dans un black band ! Tout est possible sous les plumes entraînantes et fluides d’Anne Fakhouri et Xavier Dollo. Un duo qui fonctionne très très bien ^^ J’ai d’ailleurs eu la chance de rencontrer après ma lecture les 2 auteurs aux Imaginales. Discuter avec eux et faire dédicacer mon exemplaire a été un super moment lors du salon. Ecouter Anne Fakhouri parler de ses fays aussi (conférence Fées ou fays, entre tradition et modernité). Et apprendre qu’on retrouvera bientôt les No Ears Four, rien ne m’a fait plus plaisir à entendre ! Mention spéciale à la couverture de Xavier Colette, superbe et à cette édition anniversaire magnifique.
Un avis assez court parce que je pense déjà en avoir trop dit. Je le conseille, je le recommande. Vivement, le jour où je pourrais replonger dans cet univers un peu sérieux, un peu barré, tellement fayrique !