
Édition Mnémos, Collection Dédales, 272 pages, 19€
4ème de couverture
» Les héros sont presque tous morts, mais les hommes se battent encore. »
Les mondes de la Confédération sont tombés. Les armées du Neo-Mashma s’imposent, Le Livre de la Création se déchire, lui qui seul contient l’univers et sa permanence. Une apocalypse implacable étendra bientôt son aile noire sur les survivants de la Confédération des Cent Planètes.
Cependant, dans l’ombre et le secret, les Derniers Guerriers du Silence poursuivent la lutte.
Une poignée de héros fragiles et farouches sont lancés dans une quête désespérée afin d’empêcher le monde de sombrer.
Les pages du Livre s’amenuisent, sa puissance faiblit et la trame du monde s’épuise.
Le Dieu Noir sera impitoyable avec les indécis et seule la vibration sacrée du Chant Premier a le pouvoir de sauver les âmes.
Il est temps d’écrire le Destin de l’Humanité, il est temps de clore le Livre de la Création.
Après Le Chant Premier, Yoann Berjaud conclut magistralement son épopée dans l’univers des Guerriers du Silence de Pierre Bordage.
Avec son style lyrique, il ouvre une nouvelle voie dans la science-fiction avec des personnages aux destins héroïques qui puisent au plus profond d’eux-mêmes pour accomplir leur chemin de vie.
Résumé
Attention risque de spoiler du T1 de ce diptyque !
Après avoir voyager dans le temps et l’espace grâce au Grimoire Sacré, Sékhem a été arrêtée par les chevaliers du Néo-Mashma qui la traquaient notamment le Lion Noir et est livrée à l’Aigle Noir, bras armé du Dieu Noir. Cependant, elle va recevoir une aide inattendue qui lui permettra de fuir grâce au Chant Premier et de rejoindre Athénaïa sur Aguiba. Elle doit lui remettre des plans de vaisseaux, les seuls capables de défendre Terra Mater contre les armées du Néant…
Siliana, 26 ans après la Bataille du Dharma, se réveille dans une étrange contée. L’instant d’avant elle était à Vénitia en train d’étudier le Grimoire Sacré. Sans aucun doute, elle a voyagé grâce au Livre de la Création. Ce livre qu’elle doit détruire pour voir s’accomplir l’œuvre de destruction du Néant…
Quelles sont les épreuves que va rencontrer Sékhem et les autres guerriers du silence ? Parviendront-ils à sauver Terra Mater, et l’Humanité ? Que va découvrir Siliana en sondant le Livre sacré ? Arrivera-t-elle à le détruire, à mettre fin à sa souffrance et à l’Humanité toute entière ?
Mon avis
De nouveau, je tiens à remercier à Yoann Berjaud et à Mnémos Editions, pour la suite du diptyque des Derniers Guerriers du Silence ! Quand j’ai accepté de lire Le chant Premier, je ne pensais pas recevoir avec la suite, ce fût une belle surprise, merci beaucoup.
Pour lire ma chronique du tome 1 : Le chant Premier c’est >ici<
Une suite époustouflante, une magnifique conclusion de ce diptyque !
Cette fois-ci, je n’ai eu aucun mal à rentrer dans cette suite, probablement parce que je connaissais l’univers et que le 1er était encore « frais » dans ma mémoire. Et surtout j’avais envie de savoir ce qu’il allait advenir des personnages et de l’Univers !
Le lecteur retrouve les personnages là où il les avait quittés précédemment, il doit se passer quelques semaines ou mois mais pas beaucoup plus. Nous retrouvons l’univers dense et complexe, développé par l’auteur, basé sur les Guerriers du Silence de Pierre Bordage. Peu ou pas de rappel des actions précédentes en début de roman, c’est vraiment dans la continuité du 1er Tome. Parfois cependant dans le récit de rapides références aux événements passés et aux épreuves traversées par les protagonistes. Un tome à ne pas dissocier du Chant Premier. Comme dans le premier opus, les débuts de chapitre donnent des extraits de mémoires, de carnets, de traités, … comme une introduction à ce que vont vivre les personnages dans le chapitre. Cette fois, les événements sont « datés », soit nous découvrons ce qu’il s’est passé durant les 6 mois avant la Bataille du Dharma (bataille stratégique pour les deux « camps »), soit nous avons les événements se passant 26 ans après la bataille.
Avec le récit de Siliana, 26 ans après la Bataille du Dharma, nous comprenons que les Guerriers du Silence ont échoué, que le Dieu Noir domine et que le Néant va bientôt anéantir l’Humanité. Mais pour cela, il faut détruire le dernier artéfact : Le livre la Création. Et cette mission est confiée à Siliana. Pour mémoire, c’est la petite fille de Sékhem. Elle est devenue une sorte de déesse, la Grande Prêtresse de la Nuit, amante du Dieu Noir. Son âme est pourtant celle de Sri Lumpa (dont on découvre l’histoire), âme torturée, à la fois défenseur de la Vie et détenteur du Pouvoir Noir… J’ai personnellement d’abord détesté Siliana, ensuite ça s’est transformée en juste pas appréciée en effet (certaines de ses répliques, n’ont pas sonné juste à mes oreilles), comment réussir à aimer, une âme si noire, une furie, une déesse de mort ? Comment aimer son arrogance, son ton supérieur, son besoin de destruction ? Mais est-elle vraiment responsable de sa destinée ? N’est-elle pas qu’un jouet de plus entre les mains du Dieu Noir ? D’une autre force ? Pourra-t-elle changer ? ou s’amender ? Ou sera-t-elle toujours l’instrument de destruction du Néant ?
Puis, nous retrouvons avec grand plaisir, notre héroïne Sékhem. Après son passage dans le futur, elle revient avec un élément important pour combattre les forces armées du Néo-Mashma. Mais aussi avec une blessure sentimentale. Elle s’absorbe dans sa mission, en symbiose parfaite avec Athénaïa, l’intelligence artificielle qu’elle a rencontré dans Le Chant Premier. Elle a traversé quelques épreuves dans le 1er tome, et d’autres encore plus terrifiantes l’attendent dans ce second tome. Le lecteur comprend toute son importance dans la trame du récit et dans le destin qui se joue. Impossible de ne pas se sentir proche de cette femme blessée mais courageuse. Impossible de ne pas comprendre les besoins qu’elle aura et les choix qu’elle fera.
Il en est de même pour Nephtys, la sorcière rouge. Sa principale mission dans ce tome est de surveiller les armées du Néo-Mashma sur Kémya. Elle découvre l’existence du Plérôme Noir, des êtes qui vont tout faire pour gouverner toute forme de vie dans l’Univers. Dans sa surveillance, Nephtys sera amenée à prendre des risques et elle assistera à des événements traumatisants et horribles, qui l’amèneront à faire certains choix parfois limites.
Bien entendu, le roman permet aussi de retrouver les autres personnages découverts dans Le Chant Premier, Sahel, le Vitaguerrier qui va partir en mission sur la planètre Cryo et faire d’étranges rencontres, il devra faire des choix, et assumer certains actes qui auront des conséquences au travers le récit, …. Adryan, qui va combattre au côté de Sékhem, lui sera un peu plus en retrait dans le récit. Hartmon, le mage des sables (ex-mari de Sékhem), va se voir confier la mission de s’occuper de la Lance du Destin, un artéfact puissant et dangereux, voué corps et âme au Néant… Beaucoup d’événements seront liés à cette Lance, à son porteur légitime…. Le lecteur découvrira la destinée de Lydia, la soeur d’Adryan, ou encore de Lyorim, cet alpha insoumis… Aucun personnage ne sera oublié. Chacun à sa place, son rôle à jouer dans la bataille contre le Néant, même les choses qui paraissent de moindres importances, sont nécessaires à la compréhension des enjeux finaux, des destinées, … L’auteur avait finement préparé la trame de son récit, distillant les informations, les éléments nécessaires à la compréhension des événements. Dans ce second tome, les guerriers rentrent en action et le duel entre les forces du Bien et du Mal aura bien lieu.
Le récit emportera le lecteur à la rencontre des premiers peuples, de la première race à avoir évoluée dans l’Univers ; à la rencontre de lieux étranges, hors du temps et de l’espace. Le lecteur comprendra les tenants et aboutissants des agissements du Dieu Noir, découvrira ce qu’il est. Toute la lumière sera faite sur les artéfacts anciens : livre de la création, lance du destin, jeu du dharma… Et nous comprendront que dans l’Univers rien n’est laissé au hasard…
Dans toutes les épreuves traversées par les héros, par les derniers guerriers du silence, il sera question de choix, de conséquences, de remise en cause, de confiance, ils n’en restent pas des humains même extraordinaires, pris de doutes, avec des failles, des faiblesses, pouvant faire des erreurs. Ils seront parfois pantins, parfois maitres de leurs destins. Certains devront se débrouiller par eux-même; croire en eux, faire confiance aux autres. D’autres recevront des aides inattendues…
Nous retrouvons dans cette suite, les thèmes développés dans le premier tome : la dualité du monde, et des hommes, tiraillés entre le Bien et le Mal, la souffrance, la haine, les ténèbres et l‘espoir, la lutte pour survivre, la lumière, l’entre-aide, l’amour, le soutien, le dépassement de soi, … complétés par une question essentielle : jusqu’où l’être est prêt à aller pour détruire ou pour survivre?
Il y a des événements, des aspects, plus durs dans ce roman que dans le précédent, plus d’actions (combats), des chapitres plus courts qui donnent beaucoup de rythme, les pages se tournent sans les voir défiler. Le récit bien que dense reste fluide, car le texte n’est pas alourdit de vaines digressions ou descriptions. L’auteur va à l’essentiel dans son développement, en continuant à émerveiller le lecteur ou à l’horrifier parfois. J’ai apprécié les changements de point de vue permettant d’alléger certains passages, et aussi de s’attacher encore plus aux personnages, parce que cette fois, en plus des mémoires de Sékhem, on a les pensées d’Hartmon, de Nephtys, de Lydia, de Sahel ou encore de quelques personnages plus secondaires aux côtés plus sombres. J’aurai d’ailleurs bien aimé la vision des événements à travers les yeux de Markman, l’Aigle Noir.
Les révélations et actions finales notamment sur le dieu noir ou sur Yantis, l’Ange Rebelle sont assez surprenantes, il y a des choses que je n’avais pas vu venir pour ma part. Ces révélations arrivent assez vite (c’est un diptyque) mais je n’ai pas eu l’impression de déséquilibre avec le premier tome. Il y a très peu de redondance dans le récit, ce qui est très appréciable surtout quand sont développés des destins croisés comme ici, avec différents points de vue ou encore des espace temps différents.
Ce second roman est à l’image du premier, vraiment très bien écrit, riche en vocabulaire, c’est toujours très visuel. Les êtes, les lieux, l’histoire, sont sublimés par les mots de Yoann Berjaud. Et vraiment cette fois-ci je n’ai eu aucun mal à reprendre l’histoire, et même le bémol que j’avais émis sur le Chant Premier, concernant l’excès de beauté, de superbe chez les héros, je ne l’ai pas retrouvé ici, on voit plus leurs failles ou leurs doutes. Parfois on « nage » encore dans le côté merveilleux, dans l’émerveillement, dans la Lumière, mais on comprend pourquoi ces côtés sont tellement mis en avant et on accepte cette vision de l’auteur. C’est comme un message qu’il nous livre. Autant cela m’avait irritée dans le 1er tome, autant là je comprend la philosophie et les choix de l’auteur. A tel point, que la fin m’a beaucoup touchée. C’est beau et terrifiant en même temps.
Je me suis rendue compte que je me suis attachée à beaucoup de personnages même certains qu’on voit moins (Lyorim est mon coup de coeur) et qu’une fois, le livre terminé, ce fut comme un grand vide. Un grand vide, avec une étrange sensation d’apaisement et d’espoir.
Yoann Berjaud a développé dans son diptyque un univers dense, riche et complexe. On peut sentir un très gros travail (pour coller à l’univers de Pierre Bordage déjà) mais aussi pour s’en démarquer certainement, pour construire un imaginaire propre sur des bases existantes, ça doit être très difficile. Yoann Berjaud nous donne en tout cas, dans ce diptyque le développement d’un univers complet, complexe mais qui se tient de bout en bout. Avec une dimension mystique, une alliance de croyances et de technologie dans des lieux terrifiants et/ou apaisants. Avec une dimension épique et des destins hors du commun. Un diptyque de SF magnifique et maitrisé.
Même si, nous nous laissons guider par l’auteur, les personnages et le récit, que nous nous doutons de la finalité (mais peut être pas de la manière dont cela va se passer), nous apprécions grandement de découvrir les chemins pour y accéder. Parfois le lecteur sera surpris, parfois il sera juste spectateur attentif et souvent, il réfléchira aux sens à donner aux actes, aux paroles, … La globalité de ce récit nous permet d’établir un parallèle sur notre monde, sur l’évolution des mentalités, sur les choix et les conséquences des décisions, sur le fossé qui se creuse de plus en plus entre les hommes.
Le Livre de la création (et Le Chant Premier aussi) nous confie que tout est une histoire de combats intérieurs, c’est d’abord contre soi qu’on se combat avant de combattre les autres, c’est d’abord en se connaissant qu’on peut livrer bataille pour soi et les autres.
Je continue être impressionnée par la richesse des deux romans que sont Le Chant Premier et le Livre de la Création, reprenant et développant un univers magnifique et foisonnant. La plume de Yoann Berjaud est belle, lyrique et précise, c’est un auteur à suivre !
Merci encore à Yoann Berjaud et aux Editions Mménos pour ce diptyque époustouflant !