Le Nibelung – Tome 1 – Le carnaval aux corbeaux d’Anthelme Hauchecorne

carnaval

Editions du Chat Noir, 19,90€,

4ème de couverture

Ludwig grandit à Rabenheim, un petit bourg en apparence banal.
Claquemuré dans sa chambre, il s’adonne au spiritisme. À l’aide d’une radio cabossée, il lance des appels vers l’au-delà, en vue de contacter son père disparu.
Jusqu’à présent, nul ne lui a répondu… Avant ce curieux jour d’octobre.
Hasard ? Coïncidence ? La veille de la Toussaint, une inquiétante fête foraine s’installe en ville. Ses propriétaires, Alberich, le nabot bavard, et Fritz Frost, le géant gelé, en savent long au sujet du garçon. Des épreuves attendent Ludwig. Elles seront le prix à payer pour découvrir l’héritage de son père.
À la lisière du monde des esprits, l’adolescent hésite… Saura-t-il percer les mystères de l’Abracadabrantesque Carnaval ?

Mon avis

Coup de coeur  ❤

D’ailleurs comme à chaque coup de cœur, c’est super difficile pour moi d’en parler, j’ai tellement envie que les gens se ruent sur ce livre mais en même temps leur laisser la surprise de la découverte fabuleuse qu’ils ne manqueront pas de faire, que je ne sais comment aborder cette chronique.

Peut-être déjà en disant que je l’ai lu deux fois, une fois en bêta lecture à un stade assez avancée (la dernière si je me souviens bien) et j’avais adoré. Puis, une seconde fois où je l’ai reçu si gentiment par l’auteur. Et là, je m’étais dis « bon tu le lis vite comme ça fait pas un an que tu l’as lu » et … bien non, j’ai replongé dedans comme la première fois, c’était toujours aussi prenant, je voulais retrouver les détails (et les différences suite aux dernières modifications) et finalement j’ai pris mon temps pour le savourer une seconde fois. Et je crois bien que plutôt, je le relirai encore et que le plaisir sera toujours le même.

Car quelle ambiance ce carnaval,  j’en ai eu la chair de poule ! Je n’avais jamais envie de m’arrêter. Dès le début, j’ai eu envie de pousser les portes de cette semaine de Toussaint et de ses spectres. C’est vraiment une lecture pour cette saison-là mais pas que ! (On peut la lire à tout moment, pas de doute mais les soirs d’Octobre, la magie va se révéler un peu plus). L’intrigue est effrayante juste ce qu’il faut. Adapter à tous les publics et les tranches d’âge d’ailleurs. Ce n’est pas parce que l’histoire met en avant des adolescents que les adultes s’en trouveront chagrinés ou frustrés ! Parce que coté, adultes justement, forains notamment mais aussi membres de la communauté de Rabenheim, il y a de quoi faire ! Et quelle galerie de portraits ^^ On ne s’ennuie pas une minute entre les dialogues savoureux, la musicalité de l’écriture, la poésie et le joyeux macabre. Cette plongée dans l’Est et ses légendes est vraiment un petit bijou de fantastique.

Le carnaval aux corbeaux m’a fait penser aux récits et séries de mon enfance. Avec une teinte de pourritures et de sombrécumes en plus ^^  Le lecteur ressentira, à n’en pas douter, les influences artistiques d’Anthelme entre Edgar Allan Poe et Tim Burton, cet univers fantasque très imagé aux relents de pourriture saupoudré de merveilleux, très visuel et sonore pourrait facilement être adapté en conte animé ou en film pourquoi pas ^^
Encore une fois, je suis impressionnée par le style si travaillé de l’auteur. Cette façon de dépeindre les personnages, les lieux et les décors mais aussi de donner vie à ses personnages hauts en couleur, avec des joutes verbales mémorables entre les deux héros Ludwig et Gabriel et les autres personnages.  Quelle gouaille de nouveau. Il nous sert une histoire fascinante, à la fois drôle et sensible, mystérieuse et frissonnante avec un arrière gout sucré, aux odeurs fétides et nauséabondes; un mélange des genres et le gout des mots, une poésie, un conte, un imaginaire influencé certes (Poe, Grimm, Burton,…) mais qu’il réussit à rendre unique et original.

Je me suis attachée à Ludwig Poe ce garçon qui possède une sensibilité pour le paranormal mais surtout qui souffre de n’avoir pas connu son père et qui aimerait le retrouver. Sa relation avec sa mère est tendue mais on note aussi l’affection qu’ils se portent mutuellement. Le jeune garçon, régulièrement tête en l’air est aussi la tête de turc préféré des plus grands et surtout d’Otto. Heureusement, il y a Gabriel Grimm son copain, son opposé, presque aussi transparent que Ludwig est bizarre. Gabriel qui doit composer avec ses frères chahuteurs et ses parents qui traversent des difficultés financières. Parents qui voient d’un très mauvais oeil son amitié avec le fils Poe d’ailleurs. Quand un étrange carnaval s’installe en ville, Ludwig commence à recevoir des lettres de son père disparu acheminée par bien d’étranges façons. Il va tomber sur une fille encore plus bizarre et dérangée que lui. Le comportement des parents de Gabriel va changer aussi et ce dernier va fouiller un peu dans le passé familial. Ludwig et Gabriel vont vite se rendre compte que les apparences peuvent être trompeuses qu’elles concernent les étranges forains ou leur propres familles.
Je n’en dirais pas plus que l’intrigue. Mais le récit ne manquera pas de rebondissement, de révélations, de surprises et de coups bas.

J’ai beaucoup aimé les personnages secondaires également, Slike la petite peste dont la répartie est juste hallucinante ! Je n’ai pas toujours compris ses réactions mais ça fait tellement parti du personnage ^^ J’ai adoré détester Alberich, avec lui on ne sait jamais sur quel pied danser, est-il sincère ? Cherche-t-il à embrouiller Ludwig ? Est-il cruel ou juste aigri ? Dame Vala est aussi un personnage attachant dans son genre comme le géant Frost. L’Abracadabrantesque Carnaval est bien un personnage à part entière dont on découvre l’histoire qui ne manquera pas de faire frissonner les lecteurs sensibles.

Il ne faut pas avoir peur de vous lancer dans ce récit, c’est un tome 1 mais il y a bien une fin, la grande majorité des mystères sont levés et même je me demande ce que Le Nibelung nous réserve la prochaine fois ! Pas de doute pour moi, je me jetterai sur la suite A la Cour des nuits d’hiver (si je ne me trompe pas).

Cette histoire m’a donné envie d’approfondir les contes et les légendes du Nord ou de l’Est que je ne connaissais pas, le Nibelungen un peuple de nains légendaires de la mythologie germanique, l’Élivágar de la mythologie nordique ou encore le Schimmelreiter, inspiré de l’Homme au cheval blanc de Theodor Storm (mixé avec la Mort de Pratchett non ?) bref, toute une foule de légendes, de thèmes passionnants qui manquent les esprits et donne envie d’en connaitre, d’en savoir plus.

Un gros plus, pour cet ouvrage sorti dans la collection  Graphicat des Editions du Chat Noir sont les illustrations, la mise en page et la typographie très travaillée elle aussi. Pour avoir lu en béta lecture, je me demandais comment ça allait rendre et le résultat est magnifique. Je vous invite à découvrir les deux illustrateurs Loïc Canavaggia et Matthieu Coudray si ce n’est pas encore fait. Leurs illustrations rendent magnifiquement l’atmosphère du carnaval et de ses forains mais aussi de Rabenheim.

Je ne pense pas avoir dit la moitié du quart de ce que j’aimerai dire, si vous ne connaissez pas le talentueux Anthelme Hauchecorne, son écriture ciselée, précise et acérée et son univers sombre et poétique, coloré et brumeux (le joyeux macabre est un terme qui lui va si bien), Le carnaval aux corbeaux est idéal pour commencer. Le livre-objet est magnifique et vous ne verrez plus les corbeaux de la même façon après votre lecture ^^

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Noces d’éternité d’Aude Réco

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Les éditions du Petit Caveau, Collection Gothique, 80 pages, 7€90

4ème de couverture

Angleterre, année 1890…

Ellen Covert vit dans un manoir victorien sujet à d’étranges manifestations : empreintes de pas mouillés, robe de mariée qui saigne,…
L’atmosphère se charge de mystère jusqu’au jour où le corps de son futur époux est retrouvé mort au matin de ses noces.
En dépit des conventions, Ellen enquête sur le mystère de la demeure et sur celui qui entoure sa propre personne. Dépourvue de droits, elle se heurte aux secrets de son père et à la mort mystérieuse d’une esclave.
Perdue entre intimes convictions et troubles, elle s’apercevra que le plus grand danger ne vient pas d’où elle pense…

Mon avis

Très mitigée.

Ellen vit avec son père dans un manoir victorien. Elle se rend souvent au bord de la falaise, regarder la mer se fracasser sur les rochers. Mélancolique, elle savoure ces instants qui n’appartiennent qu’à elle, avant que son père ne vienne la chercher pour qu’elle rentre se repose avant le lendemain. Et cette fois, le lendemain est important puisqu’elle doit épouser un médecin réputé dans tout le Nord de l’Angleterre, un homme que lui a choisit son père. Le vieil homme souhaite qu’elle se marie, qu’un homme s’occupe d’elle, car lui ne sera bientôt plus en mesure de le faire. La nuit est difficile pour Ellen qui peine à se sentir heureuse et sereine face à sa future vie. Et tous les nuits, ce même cauchemar, qui revient, mettant en scène la falaise…

Le matin des noces, elle et sa suivante trouvent la robe de mariée trempée dans l’armoire où elle n’a pourtant pas bougé. Quand un cri retenti dans le manoir, les deux femmes se précipitent au rez-de-chaussée où elles apprennent la mort du fiancé d’Ellen. Probablement une mauvaise chute. Tout le monde est sous le choc. Après ce drame, l’ambiance dans la demeure devient pesante. Le père d’Ellen qui a toujours été si affectueux semble de plus en plus lointain et dur… Et voilà qu’Ellen assiste à des phénomènes étranges… Que se passe-t-il donc au manoir Covert ?

Autant j’ai beaucoup apprécié l’histoire, son déroulé, le dramatique de la situation d’Ellen, autant, j’ai eu du mal avec ma lecture. J’ai malheureusement trouvé que les transitions entre les parties de l’intrigue étaient un peu trop rapides, que les idées n’étaient pas assez développées et que le lecteur passe trop vite de l’une à l’autre. De ce fait, parfois, j’ai eu le sentiment de « passer du coq à l’âne ». De plus, j’ai regretté de ne pas avoir ressenti cet impression de mystère, de tension qui monte. Je pense que c’est du pour moi à ces fameuses transitions, de temporalité, d’actions, … qui manquent un peu. Je n’ai pas ressenti d’oppression, de suspicions, il m’a manqué une atmosphère même si l’ambiance gothique est présente.

Le format court n’aide pas trop non plus, c’est certain mais j’ai déjà été plus happée dans un récit de quelques pages qu’ici dans cette novella. Qui pourtant rempli parfaitement son rôle dans le récit gothique. Vieux manoir, employés qui cachent leur jeu, manifestations paranormales, apparitions, vengeance, … L’histoire est vraiment chouette et j’ai beaucoup aimé ce qui arrive à Ellen ainsi que la fin qui colle avec le reste du récit. Mais tout ce qui arrive à Ellen n’est pas assez marqué dans le récit. J’aurai bien aimé l’entendre dire ou faire des choses qui auraient accentué ce qui lui arrive. Plus de comportements bizarres de sa part et plus de réactions des autres personnages auraient contribué à me faire plus douter de ce qui allait se passer, et peut-être auraient fait monté la tension.

Le style d’écriture est simple et rapide. J’aurai bien aimé me sentir un peu plus dans un récit du 19ème siècle, quitte à avoir un style moins rapide. Le récit est trop court pour me faire vraiment un avis sur la plume de l’auteure parce qu’avec cette histoire de transition (oui, je fais sans doute un blocage là dessus, je l’avoue), je ne l’ai pas trouvé fluide. Je pense donc qu’il me faudra sans doute un second écrit pour me faire un véritable avis.

Je ressors donc mitigée de ma lecture, peut être donc trop rapide à mon goût ?

Cette chronique est assez rapide mais je ne peux pas trop en dire plus sans spoiler les 80 pages de ce récit. Je terminerai en disant que je surkiffe la couverture d’Alexandra V Bach qui est magnifique et qui va si bien avec le récit ^^

Zone d’ombres de Frédéric Livyns

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L’ivre-book, ebook : 2,99 €, environ 70 pages

4ème de couverture

Ce recueil va vous faire rencontrer, au travers de ses différentes histoires, les êtres qui se dérobent à votre regard.
Tapis dans les ténèbres, ils n’attendent que l’occasion de se jeter sur vous afin de vous souiller de leur empreinte malfaisante.
Vous y trouverez des vampires, des zombies, des démons, des Grands Anciens… tout ce qui fait la saveur particulière du fantastique d’hier et d’aujourd’hui.

Mon avis

Merci à Frédéric pour ce nouveau partenariat 🙂 Je suis ravie d’avoir découvert son dernier bébé publié chez L’ivre Book. Le lecteur aura 7 histoires intrigantes comme autant de façons de découvrir l’univers de Frédéric Livyns.  Une plongée dans le fantastique à travers 7 fenêtres ouvertes vers les ombres…

L’autre côté
C’est une nouvelle assez courte et l’auteur joue sur les symboles et les impressions. Un homme se réveille dans une pièce sans issue, pourtant dans son lit mais il n’y a personne avec lui et aucun moyen de sortir. Comment est-il arrivé là ? Pourquoi ?
L’auteur parvient à surprendre son lecteur avec une fin inattendue.

Lilith
Dans un autre style, Frédéric Livyns fait avancer son lecteur vers une des facettes de l’horreur absolue. C’est une nouvelle assez glauque où l’on rentre dans la tête d’un homme prêt à tout pour sa campagne Lilith, pour leur passion dévorante.
Je ne peux pas dire que j’ai aimé cette nouvelle mais elle a le mérite de mettre le lecteur légèrement mal à l’aise et donc réussie à l’amener dans une zone d’ombre.

Querry’s Dephts
Aux States, un ancien policier devenu détective enquête sur la soudaine et mystérieuse disparition d’une mère de famille et de ses deux enfants.  Le père de la jeune femme inquiet n’a plus de nouvelle de sa famille partie s’intaller à Querry’s Dephts, où l’activité touristique est en plein essor. Le détective va se rendre sur place, interroger les habitants du coin. Bien vite, il apprend que le passé du lieu est trouble… L’auteur amène le lecteur vers un mythe bien connu, vers un endroit maudit. Le clin d’oeil et les références sont bien amenés. La nouvelle est un peu plus longue que les précédentes ce qui aide à plonger le lecteur dans l’ambiance.

Lydia
Une main sort de terre puis le reste d’un corps. Lydia, abandonnée par son conjoint de façon peu élégante, revient à la vie et elle a soif de vengeance.
Le lecteur apprend comment la jeune femme a été traité par son homme et ensuite comment le « miracle » de sa renaissance est possible et enfin ce qu’elle compte bien faire pour se venger…
Une histoire sympathique qui permettra au lecteur de découvrir la plume de l’auteur dans un registre plus fantastique et moins horrifique. Un gros plus pour la psychologie de cette jeune femme.

Dancin’pig
Où comment vous faire faire des cauchemars la nuit, en espérant toutefois qu’ils ne soient pas similaires à ceux de Rudy… Rudy reçoit un spam dans sa messagerie, contenant une vidéo assez glauque et est invité à poursuivre une chaine comme on en reçoit tant. Mais notre homme même superstitieux, ne se voit pas transférer ce message horrible…
Le lecteur est plongé au cœur d’une légende urbaine qui prend vie… Une nouvelle avec son petit côté malsain, l’auteur joue avec les frayeurs et les superstitions.
J’avais déjà eu l’occasion de lire cette nouvelle et l’effet souhaité fonctionne encore même à la relecture ^^

Le manoir Winsart
Un jeune garçon pari avec ses copains qu’il pourra passer toute la nuit dans la vieille demeure Winsart, réputé hantée, sans prendre ses jambes à son cou. On rapporte que bien des choses horribles se seraient passées dans cette demeure. Peu rassuré, le jeune garçon s’installe tant bien que mal et parvient même à s’endormir. Quand soudain, un bruit étrange le réveille… A quoi va-t-il être confronté ?
J’ai  beaucoup aimé cette nouvelle, un peu plus longue que les deux précédentes. J’ai vraiment apprécié le thème et surtout la façon de le traiter. Une petite angoisse monte doucement et j’ai adoré la fin.

Zombie love
Une nouvelle courte, assez sympa et pourtant je ne suis pas du tout fan des zombies. A la fin du 19è, un homme ravagé par le chagrin suite à la perte de sa femme et de leur enfant, se rend toutes les nuits au cimetière. Un soir, il va y faire une mauvaise rencontre…

Zone d’ombres est un recueil très sympathique, un peu moins horrifique que les précédents de l’auteur mais qui est tout aussi efficace. Il est un peu plus abordable que Sutures par exemple si vous n’aimez pas le glauque et l’horreur. C’est une bonne façon de découvrir l’auteur en 7 nouvelles toutes différentes sur 7 registres fantastiques. Cette fois-ci, on retrouve vampire, zombie, loup-garou, monstres, créatures, …

Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, le style est efficace, agréable et le recueil se lit rapidement. On est parfois mis un peu en dehors de nos zones de confort dans ces zones d’ombre. C’est donc réussi.

Je suis un peu moins surprise que pour d’autres récits de l’auteur, sans doute parce que je m’habitue un peu à son style. J’avais déjà lu 2 ou 3 des nouvelles également, ça doit jouer. C’est toutefois toujours un plaisir de retrouver Frédéric Livyns et ses histoires.

Le placard qui chuchote – Les nouvelles aventures de Carnacki – Saison 1 de Frédéric Livyns

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L’ivre-book, ebook, 1€49

4ème de couverture

Depuis la mort de son père dans des circonstances aussi troubles que violentes, des phénomènes étranges se produisent dans l’immense demeure familiale.
La folie et l’horreur s’entremêlent dans les ténèbres.
Quel est l’effroyable secret enfoui au sein de l’aile abandonnée de ce lugubre château?
Retrouvez avec plaisir dans cette enquête le célèbre chercheur de fantômes, le roi des détectives de l’occulte sous la plume talentueuse de l’écrivain belge, Frédéric Livyns.

Mon avis

Comme pour le premier épisode, suite à une invitation de Thomas Carnacki, notre narrateur se rend au diner du célèbre détective de l’occulte pour y écouter en fin de soirée la nouvelle aventure du spécialiste du paranormal. Cette fois-ci, notre homme arrive le dernier chez Carnacki et ce dernier a particulièrement très mauvaise mine. Il semble littéralement épuisé. Au commencement du récit de sa nouvelle aventure, l’enquêteur occulte rassure son auditoire. Certes, il a failli y rester dans sa dernière aventure mais il se porte mieux.

Il rapporte donc son arrivée chez Sieur Johnson junior, qui depuis la mort de son père, avec lequel il était en froid, entend et ressent des manifestations dans la chambre de son défunt père. Manifestations qu’il doit bien admettre malgré son scepticisme, n’ont rien de naturel.
Carnacki commence alors son enquête et la première nuit, il ressent bien en effet les effets de quelque chose de très puissant, il en perd ses forces vitales ! Que se passe-t-il dans cette chambre ?

A l’attitude des personnages, le détective comprend qu’on lui cache quelque chose. Pour démêler l’affaire et comprendre les non-dits, il va devoir passer une nuit dans la chambre et risquer sa propre vie. J’ai beaucoup aimé la façon de construire le récit. On retrouve un Carnacki fortement affaibli et on se demande ce qu’il a pu vivre. La révélation de sa part du danger qu’il a vécu, intrigue immédiatement de lecture et on a envie de savoir ce qu’il a bien pu vivre. Que s’est-il passé dans la demeure des Johnson ? Quel est le mystère qui plane sur le manoir?

Le récit est angoissant juste ce qu’il faut. Ce n’est pas de l’horreur ou de la terreur mais les événements font quand même se dresser les poils sur les bras ^^ Il s’installe une sorte de routine avec le personnage, on commence à s’habituer à sa façon de procéder, les protections, les rituels, etc. On a hâte de savoir quel est le mystère, pourquoi cette manifestation qui est très violente ? La résolution de cette enquête est assez rapide mais le pourquoi est un peu glauque et pourtant pas si surprenant que ça pour l’époque. Le récit est bien dosé, le style et le vocabulaire recherchés, les impressions du personnage principal sont bien retranscrits.

J’aime beaucoup ce personnage et ses enquêtes. J’ai trouvé le personnage a la fin moins expéditif et pourtant c’est toujours le même rituel, mais son état de santé explique tellement sa façon de faire cette fois, que je n’ai pas ressenti la même frustration que la première fois. J’espère qu’un jour on en apprendra un peu plus sur son passé, comment a-t-il réagit à sa sensibilité pour le paranormal dans un monde si borné, comment a-t-il rencontré les gens qui viennent écouté ses histoires ? etc.

Le style d’histoire et de façon de faire reprise de l’auteur initial sied vraiment très bien à Frédéric Livyns, il excelle dans ce type de nouvelles. J’espère juste que les affaires ne seront pas redondantes, il ne doit pas être aisé de renouveler le genre. En tout cas, la publication espacée des histoires, finalement, convient très bien au genre. Même si on en lirait bien une ou deux de plus. On en redemande ! C’est vraiment une série sympathique et j’attends le prochain épisode avec impatience.

Le parfum du mal, T2, Fille d’Hécate de Cécile Guillot

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Editions du Chat Noir,  pages, 14,90€

4ème de couverture

«Il parait que je suis devenue une femme et une sorcière accomplie… pourtant j’ai besoin plus que jamais qu’Hécate guide mes pas. Me voilà au service de la police, à tenter d’élucider des meurtres grâce à mes pouvoirs naissants. Ajoutez à cela ma recherche de boulot et mon ex qui refait surface… Voilà de quoi être déboussolée ! »

Après la découverte de ses dons d’empathie, Maëlys est propulsée au sein d’une enquête macabre : des jeunes filles ont été retrouvées atrocement mutilées, les scènes de crime évoquant la magie noire. Elle et ses amies vont devoir explorer les côtés les plus sombres de Marseille tandis que la vie sentimentale et professionnelle de notre héroïne ne fait que se compliquer de plus en plus…

Mon avis

Une joie de retrouve Maëlys !

La lecture commence quelques instants après la fin de l’intrigue du 1er tome. On retrouve l’héroïne là où on l’avait quitté, juste après son anniversaire quand elle a été appelée par Patricia. Cette dernière sollicite son aide au plus vite. Maëlys se rend donc sur place accompagnée de  son amie Dorine. Même si elles connaissent Patricia et savent qu’elle aide la police dans ses enquêtes, les jeunes femmes sont quelque peu surprises de se trouver sur une vraie scène de crime. De quoi vous retourner même la plus courageuse des sorcières. Surtout que ce n’est vraiment pas beau à voir. Il s’agit de l’assassinat sauvage d’une jeune femme. Ce n’est pas la première victime et cela ressemble à un crime rituel. La mort a été mise en scène. Maëlys ne  peut malheureusement pas venir en aide à la police mais Dorine se rend compte que le rituel ressemble à ce qu’elle a déjà lu dans des livres de magie noire. Elle va donc faire des recherches pour aider Patricia.

Maëlys l’introvertie change peu à peu, elle s’affirme au contact de ses amies. Elle n’est plus seule, elle peut partager sa découverte de la magie avec des amies de confiance. De plus, la vie de la jeune femme est en complète évolution. En effet, Maëlys a trouvé un travail en CDD pour quelques semaines dans un centre. Elle va remplacer une psychologue en arrêt et va devoir aider des adolescents étranges et perturbés. Un véritable challenge mais Maëlys se sent prête à relever le défi, et elle peut compter sur son récent savoir magique pour affronter ses angoisses. Parmi les adolescents perturbés voire limite psychopathes, Maëlys va tomber sur Jehane qui voit et parle à des personnes décédées. Réalité ou pathologie? Jehane voit-elle réellement des fantômes ? Ou a-t-elle besoin d’une aide médicale ? La jeune sorcière est un peu coincée, l’éthique l’empêche de poser clairement la question à l’adolescente. Mais on peut compter sur Maëlys pour faire tout ce qui sera en son pouvoir pour lui venir en aide.

L’ambiance de ce tome est plus sombre. Il règne ici  une atmosphère noire avec tous ces meurtres et la magie noire.  Le lecteur apprend à nouveau plein de choses sur la magie, sur certaines célébrations païennes, notamment Lughnasad (qui je pense, est une des saisons païenne préférée de l’auteur). Personnellement, j’adore cette fête, son symbolisme et l’ambiance. L’atmosphère d’été et d’abondance. Ici le contexte est particulier, et j’ai apprécié trouvé dans le récit quelque chose différent, presque « détourné », vers de plus sombres desseins. Les informations « magiques » sur la Wicca sont parfaitement distillées dans le tome. Une nouvelle fois, on apprend des choses nouvelles de manière agréable, avec une note encore plus sombre (car ancrée dans la réalité).

J’aime beaucoup cette héroïne qui s’affirme et qui doute aussi. Sa simplicité et sa façon très cohérente de voir les choses, d’appréhender sa nature, sa magie, m’ont séduite. Cécile Guillot a également ajouté des parties rêvées qui sont chargées de symboles, et qui annoncent certainement les révélations du 3ème tome.

Pour l’héroïne, en plus de la pratique de sa magie et de son nouveau travail, il y a des événements dans sa vie amoureuse. Maëlys pense beaucoup à Alex qui est absent mais elle décide d’aller de l’avant. Elle retombe même sur son ex petit copain Anthony, le gendre idéal. Cependant, il va s’apercevoir que la vie de la jeune femme tourne désormais autrement, il voit ses lectures, son environnement et ne cherche pas à en discuter avec elle, pour lui, c’est sur, elle tourne mal ! Comme la jeune sorcière va-t-elle réagir ?
J’ai apprécié que l’héroïne soit d’une nature à ne pas se laisser abattre, qu’elle ne se jette pas non plus à corps perdu vers quelqu’un d’autre. Elle a bien sur des doutes mais elle réfléchit. Elle murit au fil des romans et j’aime vraiment sa personnalité.

J’aime toujours la douceur de l’écriture de Cécile et ses connaissances sur la Wicca, les rituels, le bien-être, les symboles, la magie. Et elle a su durcir son style pour aborder des choses plus sombres, plus noires dans ce nouveau récit.

Seul bémol dans cette lecture, la disparition d’un personnage secondaire qui n’est pas vécu par les protagonistes comme je m’y attendais. Du coup, pour moi il y a eu un manque d’émotion face à cet événement. C’est difficile d’expliquer vraiment pourquoi sans spoiler. En dehors de ce point, j’ai beaucoup aimé retrouver Maëlys, sa quête initiatique, jeune sorcière à la découverte d’elle-même, confrontée à des choix. C’est un personnage que je prends plaisir à suivre même si parfois, il faut le reconnaître, elle a le chic pour aller, avec inconscience, au-devant du danger ! Le tome 3 s’annonce particulièrement intéressant avec des révélations sur l’histoire de Maëlys. Vivement la lecture du chant de la lune !

Even dead things feel your love de Mathieu Guibé

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Editions du Chat Noir, 276 pages, 19€90, mars 2013

4ème de couverture

Au terme de votre vie, à combien estimez-vous le nombre de minutes au cours desquelles vous avez commis une erreur irréparable ? De celle dont les conséquences régissent d’une douloureuse tyrannie vos agissements futurs jusqu’au trépas. Mon acte manqué ne dura pas plus d’une fraction de seconde et pourtant ma mémoire fracturée me renvoie sans cesse à cet instant précis tandis que la course du temps poursuit son inaltérable marche, m’éloignant toujours un peu plus de ce que j’ai perdu ce jour-là. Je me demande si notre dernière heure venue, les remords s’effacent, nous délestant ainsi d’un bagage bien lourd vers l’au-delà ou le néant, peu importe. Puis je me souviens alors qu’il s’agit là d’une délivrance qui m’est interdite, condamné à porter sur mes épaules ce fardeau à travers les âges, à moi qui suis immortel.

L’amour ne devrait jamais être éternel, car nul ne pourrait endurer tant de douleur.

Mon avis

Il était franchement temps que je sorte le livre de Mathieu Guibé, dont j’avais beaucoup aimé Germinescence, de ma PAL ! J’ai beaucoup aimé ^^

Le prologue nous plonge immédiatement dans la tête de Josiah Scarcewillow à un moment de son existence qui le lecteur le comprendra plus tard, est des plus importants, moment charnière dans les événements qui vont se dérouler. Et nous comprenons bien vite que Josiah est une créature sombre, une créature de la nuit, un vampire.

1850, la science et le progrès explosent et Josiah n’apprécie guère cette explosion qui met en danger son existence, son secret. De plus en plus, les vampires sont chassés, traqués et les nouvelles techniques qui émergent ont tendance à trop venir en aide aux chasseurs. Pour l’heure, Josiah admire le bâtiment construit à Hyde Park avant de repartir vivre dans sa demeure délaissée du Gloucestershire. Il y retrouvera Rudolf, majordome. Quelques temps après son arrivée sur ses terres, Josiah tombe sur des chasseurs profitant que le domaine soit à l’abandon pour traquer le renard, braconner sur une propriété qui n’est pas la leur. Lors de cette rencontre, Josiah fait la connaissance d’une demoiselle ayant cherché, même s’il se fût trop tard, à apaiser les souffrances d’un renard touché par les gentilshommes. Abigale, différente, va toucher au plus profond de son être le vampire désabusé. Commence alors une passionnante histoire d’un amour contrarié, au romantisme torturé.

Au premier abord, complètement pas ce que j’aime comme histoire. Je suis encore novice en vampire, moi je suis plutôt sorcières et fantôme et les histoires d’amour compliquées ou à l’eau de rose… ce n’est pas franchement ma tasse de thé. Et bien, quelle surprise ! Ce qui aurait pu être mal parti c’est finalement soldé par une superbe lecture ^^ Comme quoi, il faut savoir donner sa chance à certaines histoires.

Le récit est découpé en plusieurs parties. A part la première, chacune d’entre elles m’a surprise, avançant vers l’inconnu (l’avantage de lire très peu de chroniques ou bien d’attendre deux ans pour lire un livre), le récit prend une tournure qui n’était inattendue. J’ai franchement aimé ce mélange de romantisme, de cruauté, de poésie et de noirceur. Un équilibre parfait des mélanges (comme dirait ma copine Brenda, du cœur à ses raisons, mais là je digresse.)

Even dead things feel your love est l’histoire de la rencontre entre deux êtres diamétralement opposés. Une jeune fille, Abigale, joviale, douce, spontanée curieuse  et intelligente, qui va se révéler à la fois forte et passionnée bien que subissant le devoir familial. Et un être qui n’est plus que l’ombre de lui même, Josiah, vampire désabusé, parfois cruel, à la créature sanguinaire et gentilhomme respectable en société, intelligent, mais blasé d’une si longue existence fade et monotone. Abigale va pourtant parvenir à troubler le vampire. Il est touché par la beauté de la jeune fille, par sa compassion, de sa façon de voir le monde et de la beauté en chaque chose. Josiah est un vampire comme j’aime en lire, il dispose de bons et de terrifiants côtés. L’auteur respecte la plupart des codes en la matière et y ajoute sa pâte, son grain de sel.  Les deux êtres vont être amenés à se revoir, et Abigale se relèvera plus surprenante que ce que je pouvais attendre du personnage. A son côté, le vampire oubliera même le danger qui rôde…

La première partie de transitoire est assez conventionnelle mais romantique et à la fois ni mièvre ni naïve. La psychologie de Josiah est finement travaillée, analysée et cohérente. Le récit est imprégné d’une sorte de romantisme nostalgique. L’écriture n’est pas envolée mais suffisamment poétique et imagée pour qu’elle touche le lecteur.

La présence d’Abigail fait en quelque sort revivre le mort-vivant, lui fait de nouveau ressentir un trouble, une envie, autre chose que chercher à étacher sa soif dévorante voulue par sa nature. Il se sent presque de nouveau « vivant », utile, aimé… Mais Josiah a baissé sa garde et le danger se fait de plus en plus présent. La seconde partie du récit est un maelström de sentiment : tristesse, haine, rage, dégout, rejet. La psychologie du personnage est toujours détaillée, subtile et juste. Le récit est le reflet du combat intérieur du personnage, une introspection, puis de sa douleur, de son envie de vengeance. La tournure du récit change, moins conventionnelle, plus originale. Cela continue encore dans les parties qui suivent. L’histoire bascule. Et j’ai beaucoup aimé ce changement de direction. L’envie de raconter autre chose. Le temps qui passe, la douleur, l’espoir, …. Et je n’en dirai pas plus, il faut le découvrir par soi-même mais je ne m’attendais pas aux changements opérés.

Even dead things feel your love est une histoire magnifiquement macabre, une débâcle des sentiments. Le gros plus du récit est la description de ces derniers. Ils sont forts, puissants, destructeurs. On a vraiment tout le désespoir ou l’espoir des personnages, la douleur de la perte de l’être aimé, l’insatisfaction de la condition des personnages ou leur questionnement. Par exemple, où commence l’inhumanité, qu’est-ce qui nous caractérise, etc.  ? C’est pour moi, une très belle lecture, la relation entre les deux personnages, et ce qui leur arrive m’ont surprise. Elle sort du lot. La fin est belle, un peu triste mais tellement cohérente avec tout ce qui s’est déroulé dans le récit. Mathieu Guibé a une belle plume et même si on ne trouve pas forcément à chaque phase, dans les tournures l’époque décrite, les détails et la psychologie du personnage principal font le reste.

La chambre Rouge – Les nouvelles aventures de Carnacki – Saison 1 de Frédéric Livyns

106354817L’ivre-book, ebook, gratuit

4ème de couverture

Dans cette enquête, Carnacki sera confronté à une entité mystérieuse qui sévit dans un hôtel.
Une série de morts inexpliquées, survenant toujours dans la même pièce de l’établissement, une présence inquiétante… Il n’en faut pas plus pour attiser la curiosité de notre enquêteur.
Mais, en décidant de résoudre ce mystère, Carnacki sera confronté à l’horreur qui habite dans ce que les journalistes ont appelé « La chambre rouge ».

Mon avis

Frédéric Livyns reprend les aventures de Thomas Carnacki, le détective du créé par William Hope Hodgson au début du XXe siècle. Et c’est une bien bonne idée !!!

Un ami de Thomas Carnacki reçoit une invitation à se rendre chez le fameux détective du surnaturel afin de découvrir sa dernière enquête en date. Thomas Carnacki sait recevoir et faire monter le suspense de son récit d’aventure.  Il raconte à son auditoire comment il a été amené à se rendre dans l’hôtel d’une veille connaissance pour l’aider à résoudre le mystère de la chambre rouge. Des événements bouleversants ont touché l’hôte récemment et des phénomènes des plus étranges et dramatiques surviennent dans la maison d’hôte. Que se passe-t-il ? Et pourquoi ? C’est ce que Thomas Carnacki va tenter de découvrir.

Le lecteur découvre ce personnage assez spécial et à l’esprit de déduction de tout ce qui touche le paranormal assez extraordinaire. A la façon d’un Hercule Poirot, il réunit un auditoire pour faire connaître sa façon de résoudre l’enquête. Il s’y connait en force occulte et n’hésite pas à prendre des risques pour faire toute la lumière sur ce qui se passe dans la chambre rouge.

On peut juste regretter que la façon de faire de Carnacki soit un peu expéditive avec ses amis. A peine son passionnant récit terminé, ses camarades n’ont pas le temps de l’assommer de questions et de remarques. Mais soit, le détective semble quelque peu original, on lui passera ce trait de caractère ^^

J’ai aimé cette enquête et l’ambiance qui s’en dégage. C’est une lecture courte et rapide mais bien montée et intriguante. Je pense que j’aurais apprécié pouvoir enchainer avec un ou deux autres aventures du détective. On entrevoit que peu l’ambiance du début du 20ème siècle et j’aurai été moins frustrée en passant un peu plus de temps en compagnie de Carnacki.

Cette nouvelle est différente des nouvelles plus horrifiques ou « traumagoissantes » (traumatisante et angoissante) mais elle est pourtant très adaptée à son style. J’ai beaucoup aimé. Frédéric Livyns est un excellent novelliste et les aventures de Carnacki semblent lui correspondre à merveille. Je ne connaissais pas du tout William Hope Hodgson mais je crois déceler que Frédéric est resté fidèle à son univers et à sa façon de faire. En tout cas, ça donne envie, à la fois de continuer à lire les nouvelles aventures du détective et de découvrir les originales si un jour l’occasion se présente.

En tout cas, c’est parfait pour découvrir l’écriture et le style de Frédéric Livyns, court mais dynamique et mystérieux (et gratuit) avant de passer à des nouvelles qui font peur ou qui peuvent sortir le lecteur de leur zone de confort.

Le faucheur de Terry Pratchett

9782266211918

Pocket, 313 pages, 7€30

4ème de couverture

Fantômes vampires, zombis, banshees, croque-mitaines… Les morts vivants se multiplient. Car une catastrophe frappe le Disque-Monde : la Mort est porté disparu (oui, la Mort est un mâle, un mâle nécessaire). Plus moyen de défunter correctement. Fini le repos éternel et bien mérité ! Il s’ensuit un chaos général tel qu’en provoque toujours la déficience d’un service public essentiel. Et pendant ce temps-là, dans les champs d’une ferme lointaine, un étrange et squelettique ouvrier agricole manie la faux avec une rare dextérité. La moisson n’attend pas…

Résumé

Vindelle Pounze, 130 ans, mage de son état, va bientôt disparaître. Comme tous les mages, il sait quand il rendra son dernier soupir. Et puis privilège des « grands » du Disque Monde, la Mort, lui-même viendra le chercher. Quand le moment fatidique arrive, l’esprit de Vindelle s’aperçoit qu’il n’y a rien, personne. Intrigué, il décide de regagner son corps. Alors que les autres mages de l’université de l’invisible prépare la cérémonie, son inhumation, le corps de Vindelle se lève et reprend le cours de … sa mort-vivante ?

En parallèle, d’étranges phénomènes surviennent, des objets apparaissent en ville comme… par magie ? Mais les mages s’interrogent ! Tout ça ne sent pas la magie, alors que se passe-t-il ?

Et si tout ceci était lié au fait qu’un Ancien ait donné un sablier à la Mort. Cadeau de départ à la retraite. A son tour de profiter de … la Vie ? Mais que faire pour profiter ? La Mort décide d’aller vivre sa vie comme aide de ferme… Après tout, s’il y a bien quelque chose qu’Il sait faire, c’est faucher. Et la moisson c’est sérieux !

Mon avis

Lecture commune du club de lecture, je me suis fait violence et j’ai lu ce 11eme tome, alors que je m’étais arrêté au 6 ou 7ème ! Moi qui n’aime pas lire dans le désordre, je suis maintenant convaincue qu’ils peuvent bien se lire dans l’ordre que l’on veut, même si je préfère avoir toutes les références en main ^^

Dans ce tome, on suit plusieurs personnages. La Mort a qui les envoyés d’Azraël, le Grand Ancien (le commencement et la fin des temps), ont fait comprendre que depuis qu’il a une personnalité, il doit donc comme chaque personne mourir. Un drôle cadeau de départ en retraite. Il reçoit un sablier à son nom. Il décide donc de profiter de sa vie, du temps qui lui est imparti. Puis le lecteur découvre (ou redécouvre) les mages, qui sont loin de l’image que l’on peut en avoir. Notamment, dans ce tome, on retrouve : l’archichancelier Ridculle (que l’on ne peut que lire en ajoutant un « i » entre le d et le c) , l’économe, le doyen et bien entendu Vindelle Pounze, que la Mort en retraite n’ait pas venu chercher ^^ Pourtant après plus de 100 ans de bons et loyaux services au sein de l’Université de l’Invisible, Vindelle avait fait son temps ! Les dialogues  entre les mages sont complètements barrés. Et heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon, ils ne seraient déjà plus là ! Leurs chamailleries, leurs discussions, leurs prises de bec sont à mourir de rire.

Tous les personnages sont attachants, drôles et loufoques. Encore une fois, les personnages secondaires sont bien développés et on a encore une bien belle palette de personnages ^^ Mme Cake, avec ses prémonitions, sa fille Ludmilla, le fantôme Un homme-sceau. Ce petit groupe sera d’une grande aide à Vindelle. Les membres du club du Nouveau Départ : Raymond Soulier mort vivant et ses slogans hilarants « Inhumés oui ! Inhumains non! »; le croquemitaine Crapahut et sa porte pour se cacher, les vampires : le mari qui ne veut plus se changer en chauve souris et la femme à l’accent… changeant ^^ …. Chacun a sa petite histoire, sa petite particularité,… et sert l’intrigue.

J’ai trouvé qu’il fallait s’accrocher un peu, la lecture était un peu plus ardue que pour certains des tomes que j’avais déjà lus. Mais une fois accrochée, j’ai beaucoup aimé cette histoire, les personnages, l’humour loufoque, les situations ubuesques. Avec un Vindelle errant comme une âme en peine de mettre fin à sa mort/vie et qui découvre que son cerveau fonctionne bien mieux maintenant qu’il est un « zombie ».  Et en parallèle, la Mort  qui découvre le quotidien des humains, le temps qui passe, la vie qui s’écoule, les doutes, le train-train mais aussi l’espoir, la douleur, tout ce qui fait la vie… Les passages avec ce personnage et ses conversations avec la fermière Mlle Trottemenu sont emprunts de poésie et de tendresse. L’histoire de cette vieille demoiselle est touchante et j’ai beaucoup aimé la fin.

Dans cette histoire, on peut y voir aussi des réflexions profondes et sincères sur l’existence, la vie, le temps qui passe et qui ne laisse pas la même impression sur tout le monde. Les mages qui vivent vieux mais qui il faut bien le reconnaitre ne servent pas à grand chose, les arbres qui le temps d’une conversation perdent un ou plusieurs de leurs congénères, etc. la Mort qui angoisse des secondes qui s’égrainent comme le sable du sablier. Mais également, des réflexions sur le mode de vie des gens, les apparences, sur la surconsommation. Le trop plein de force vitale qui engendre des besoins en génération spontanée ^^ Bref, beaucoup de choses futiles et de choses profondes dans ce tome. On sourit beaucoup et on rigole même parfois à la lecture de ce tome décalé, bien barré mais on peut aussi se mettre à réfléchir (mais pas trop quand même hein 😉 )

C’est de nouveau un très bon tome qui se lit vite, toujours bien écrit, mêlant à la fois le ton sérieux et l’humour, de la parodie comme je les aime. J’accroche toujours autant à l’univers du Disque-monde. J’ai beaucoup aimé l’histoire et les thèmes abordés par ce tome. J’ai, de nouveau, aimé retrouver le décalage et l’humour de Pratchett, son style. Cette façon qu’ont les personnages à prendre au pied de la lettre les expressions, notamment la Mort. J’adore vraiment ce personnage, c’est mon préféré dans les récurrents et puis j’ai enfin fait la connaissance de la Mort aux Rats « COUIIII » ^^

Je ne sais pas encore si je reprendrais dans l’ordre (au 7ème ou 8ème ?) ou si je lirai ceux qui me tentent le plus. En tout cas, ce qui est sur, c’est que je compte bien continuer d’en lire un de temps en temps. Sir Terry vivra à jamais à travers ses livres et ses histoires ❤