Métamorphoses de Samantha Bailly

metamorphosesBragelonne, 25€, 550 pages

4ème de couverture

Dans la cité de Lyneroy, les commerces éclatants cohabitent avec les plus sombres marchés noirs…

Sonax a treize ans lorsque sa vie bascule. Jeune garçon androgyne destiné à suivre une voie dans la banque, il quitte tout pour le théâtre solaire, un lieu où il se découvre une nouvelle famille. Mais derrière la scène, entre faux-semblants et jeux de pouvoir, la réalité d’Hélderion n’a rien à envier aux drames qui se jouent sur les planches. Il ignore alors à quel point il va devoir apprendre à jouer un rôle en permanence, en découvrant les dangereuses coulisses de la cité la plus riche du royaume.

Entraîné dans des intrigues politiques qui le dépassent, il sera changé en polymorphe, un être capable de modifier son apparence à volonté…

Car quel acteur n’a jamais rêvé de contrôler l’histoire au gré de ses métamorphoses ?

Mon avis

Sonax est un petit garçon qui vit avec sa sœur Perle et leur mère Uria qui tient une des banques de la ville. Uria est une femme froide et très attachée à sa fonction, à son métier. Elle ne passe pas beaucoup de temps avec ses enfants. Mais on sent qu’elle doit faire face à plus qu’un problème ou d’une contrariété. Sa fille Perle est née aveugle et en Helderion c’est très mal vu. L’Astracanisme la religion unique d’Heldérion enseigne qu’à leur mort, les gens se réincarne sur leur étoile respective. Il est alors important de lui adresser ses prières, les yeux tournés vers elle. Mais Perle ne peut pas, ce qui la met à part des autres enfants de son âge.Toutefois, elle n’en a pas conscience car le petit garçon essaie au maximum de protéger sa soeur de sa « différence ». Uria surprotège la petite fille, pour cette femme autoritaire, la petite est fragile et incapable de se débrouiller seule. Alors que  Perle réussit parfaitement a se gérer seule, à se déplacer seule dans la maison. Sonax s’oppose de plus en plus à sa mère. Et tout cela est source de conflit. Malheureusement, un jour, une dispute entre entre la mère et ses enfants va aboutir un drame. Sonax en sera si affecté qu’il ne supportera plus de rester dans la maison familiale et décidera de fuir.  Il va retourner au théâtre solaire là où avec Perle, il avait vu une pièce et trouver cet univers tellement magique. Parce que lui aussi est différent des autres enfants, il arrivera à se faire embaucher par  le directeur du théâtre avec l’appui de Jaspe, la fille de ce dernier.  Sonax se découvrira là une passion pour jouer des rôles. Une seconde famille aussi. Mais bien vite des intrigues politiques qui ne soupçonnait même pas vont changer son destin…

J’ai adoré retrouvé l’univers d’Oraisons pour lequel j’avais eu un véritable coup de coeur.

Attention, je déconseille de lire Métamorphoses avant Oraisons, il y a certes, un véritable approfondissement de l’univers créé par l’auteure : la politique, les dessous des dirigeants, le personnage de Sonaw,… Métamorphoses permet de développer ce qu’Oraisons parfois n’effleurait, cependant, on recoupe fortement sur l’intrigue d’Oraisons au risque important d’être spoiler sur les mystères de ce premier opus. A vous de décider en tout cas, moi, je pense qu’il faut d’abord sauter sur Oraisons 🙂

J’ai vraiment adoré en découvrir plus sur le personnage ambigu de Sonax Jaspe qu’on croisait dans Oraisons. C’est un personnage très intéressant. On comprend vite qu’il n’a jamais vraiment été libre. D’abord, il se fait un devoir de protéger sa soeur. Il pense peu à lui. Puis, il est « exploité » par le théâtre solaire, il a tant de succès que le directeur le sort partout pour faire de la publicité, pour gagner de l’argent. Puis, Sonax est mêlé à des enjeux politiques qui le dépasse et devient polymorphe. Il est alors, sans vraiment le vouloir mais sans se rebeller non plus, le jouet de la Grande Jadielle, l’épouse de l’Astracan, le dirigeant d’Heldérion.  Puis, il est prisonnier de son addiction pour le jeu des 4 Vents. Finalement, il a toujours été un instrument vers un autre destin. Mais quelle vie bien remplie ! Comédien le plus doué, trafiquant le plus recherché, l’ami le plus fidèle…

Il aura quand-même une phase de rébellion mais il est toujours pris dans un engrenage qui le dépasse. Ces années les plus belles sont celles du théâtre mais le récit devient vraiment intéressant quand il prend la direction des enjeux politique, des intrigues, quand Sonax devient polymorphe et découvre ce qui se cache derrière les jeux de pouvoir… Une vie remplie certes, mais que d’émotions et de sentiments il traverse. Perte, doute, pouvoir, gloire, … tout cela va le construit comme toutes ces mêmes choses pourraient le démolir.

Sonax est vraiment un personnage charnière dans l’univers de Samantha Bailly. Elle réussi en faire LE personnage le plus important de ses deux romans. Celui qui joue avec les possibles, qui créé l’Histoire, qui tire les ficelles… Métamorphoses est vraiment un approfondissement d’Oraisons.  Au début j’ai trouvé que la vie de Sonax était sympathique mais qu’il n’y avait pas assez d’ancrage avec Oraisons. Ce complément devient vraiment passionnant et permet un nouvel éclairage sur les événements d’Oraisons, sur tout ce qui est caché derrière la première histoire.

C’est à s’interroger sur le travail de l’auteure. Le rôle de Sonax est vraiment déterminant, sa place importance et la construction du récit est maitrisée, l’auteure réussit magistralement bien à faire le lien, à faire que tout soit cohérent. Il y a même des passages, des dialogues qui sont similaires dans les deux livres et j’ai vérifié ! On a tellement l’impression que Métamorphoses était déjà là quand elle a écrit Oraisons, c’est vraiment réussi !

Un autre personnage se démarque du roman et le lecteur d’Oraisons sera ravie d’en savoir plus sur elle : la grande Jadielle. Elle est réellement une énigme dans le premier livre et là, on la découvre. On apprend ce qu’elle est, ce qu’elle subit, ce qu’elle doit affronter. Ce n’est pas un personnage qu’on apprécie forcément mais elle est touchante et distante à la fois. C’est un personnage vraiment complexe. Ces actes ne sont pas toujours très cohérents. Elle a par exemple, une véritable obsession pour le jeu des 4 vents. Elle réussit à en créer un. Mais ne parvient pas à le maitriser. (d’ailleurs est-ce vrai ou non ?) et fini par s’en débarrasser.  Nous manipule-t-elle autant qu’elle manipule les protagonistes de l’histoire ?

J’ai vraiment adoré l’univers de Samantha. Et son imagination, cet univers. L’Astracan, le fanatisme religieux, le pouvoir, le côté ambivalent des personnages qui oscillent entre bien et mal.  Rien n’est jamais simple. Elle s’amuse avec ses personnages et prend des risques également. Et puis, il y a toujours un animal mignon : Dune ❤

Elle a réussi à imaginer la vie d’un personnage secondaire qui finalement est celui qui tire les ficelles. L’oeuf ou la poule vous voyez ? Qui est le premier, qui est le second? Dur de savoir quand les deux sont si habilement imbriqués !  Le récit comme Oraisons est  soigné, il y a beaucoup de détails, certains trouveront peut-être même qu’il y en a trop !  La vie, l’existence du personnage de Sonax est vraiment creusé. On découvre où il va, son destin. Mais aussi qui il est : sa sensibilité, ses fêlures, son don …  Le récit est dense, étoffé, habillement travaillé. Je n’ai pas eu le coup de coeur que j’avais eu pour Oraisons mais on en est pas loin. Il est différent et la fois similaire au premier. Il y a vraiment des réflexions sous jacente à l’histoire, un fond, des idées, des idéaux.  Des thèmes forts comme pour Oraisons, la peur des autres, le besoin de certains d’abuser des autres, les illusions, la sensation de puissance, le besoin de protéger ceux qu’on aime, la folie…

J’ai adoré le jeu des 4 Vents, comme un tarot divinatoire, il peut aider, ou perdre son utilisateur. Cela m’a même donné envie d’en acheter un. Espérons que je ne vive pas l’addiction de Sonax pour ce dernier car elle est terrifiante. J’ai apprécié Sonax et son ambiguïté. C’est un garçon simple et jovial mais qui va vivre des choses fortes, qui va devenir quelqu’un d’important tout en étant dans l’ombre. A la limite du bien et du mal parfois… Je suis toujours impressionnée par le talent de l’auteure, par sa maîtrise de son univers. Je pense vraiment lire de nouveau la plume de Samantha peut-être avec la trilogie Pluie.

N’oublier jamais de Michel Bussi

9782258105546

Presses de la Cité, 21,90€, 504 pages

Sortie : mai 2014

4ème de couverture

« Vous croisez au bord d’une falaise une jolie fille ?
Ne lui tendez pas la main !
On pourrait croire que vous l’avez poussée. »

Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper. A Yport, parti s’entraîner sur la plus haute falaise d’Europe, il a d’abord remarqué l’écharpe, rouge, accrochée à une clôture, puis la femme brune, incroyablement belle, la robe déchirée, le dos face au vide, les yeux rivés aux siens. Ils sont seuls au monde ; Jamal lui tend l’écharpe comme on lance une bouée.
Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, gît sous les yeux effarés de Jamal le corps inerte de l’inconnue.
A son cou, l’écharpe rouge.

C’est la version de Jamal.
Le croyez-vous ?

Résumé

Jamal travaille dans un centre psy. Il passe actuellement une semaine de congés à Yport en Normandie. Une occasion pour lui de s’entrainer à courir sur la plus haute falaise d’Europe. Car Jamal a un rêve, être le premier handicapé à participer et finir l’Ultra Trail du Mont Blanc. Sa revanche sur la vie. Un matin où il s’en va courir, il trouve accroché à un grillage une belle écharpe rouge. Etrange. Quelques mètres plus loin, une jeune femme se tient au bord de la falaise. Sa robe déchirée, en larmes, elle lui demande de la laisser et de s’en aller. Mais Jamal profite de cette écharpe pour tenter de la raisonner, il la lui lance comme on lance une bouée à la mer, façon désespérée de lui faire renoncer à sa décision plus désespérée encore. Mais la belle inconnue se jette malgré tout dans le vide. Jamal la retrouve avec deux autres témoins au pied de la falaise. La suicidée a l’écharpe autour du cou. Comment est-ce possible ?

Et ce flic, qui arrivé sur les lieux, parle de meurtres ? Que se passe-t-il ?

Mon avis

Quand Babelio m’a proposé le nouveau roman de Michel Bussi, en Masse Critique Exceptionnelle, je n’ai pas pu refuser ! J’avais été charmé et « pertroublée » par Nymphéas Noirs et j’avais envie de renouveler l’expérience et confirmer ou non, mon coup de coeur pour cet auteur! Alors ? C’EST CONFIRME !!!!

Coup de coeur !

De nouveau, Michel Bussi entraine son lecteur dans une intrigue travaillée et subtile, qui ne va pas là où on l’attend.

Jamal nous raconte son histoire. Étrange mais pourtant, il nous l’assure cette dernière malgré les apparences va bien se terminer. Il sera pourtant soupçonné d’avoir tuer la belle inconnue de la falaise. Nous lecteur, allons-nous croire le récit de Jamal ? Sommes-nous prêt à l’écouter et à lui accorder du crédit ? Et si on cherchait à nous embrouiller ?

Je me suis terriblement attachée à Jamal. Il a des défauts, il aime raconter des histoires, c’est encore plus difficile de ce fait de savoir si ce qu’il raconte est vrai ou pas. Mais Jamal est aussi quelqu’un de courageux et d’optimiste. La preuve : n’avoir qu’une jambe ne l’empêche pas d’avoir un rêve, un but dans sa vie. De vivre à fond et de se mettre des challenges ! Il a des principes et 5 choses qu’il a envie d’accomplir dans son existence. Cette histoire de suicide lui tombe dessus. Cela ne devrait pourtant pas l’inquiéter. Mais pourquoi, lors de l’enquête, les témoins n’ont pas la même version des événements que lui ? Pourquoi des preuves semblent s’accumuler contre lui ? Il n’est pourtant pas cinglé  ! La fille s’est jetée d’elle-même de la falaise ! Mais Jamal nous raconte-t-il la vérité ? Elle a été retrouvée étranglée. C’est donc un meurtre ?

Jamal découvre rapidement que cette mort, une jeune femme étranglée et violée, retrouvée avec une écharpe rouge  en rappelle d’autres qui ont eu lieu dans la région une dizaine d’années auparavant. Il y a-t-il là, un lien ? Doit-il creuser sur ces meurtres afin de prouver qu’il n’est pour rien dans celui qui vient d’avoir lieu ?

Je préfère volontairement ne pas donner de détails sur le récit, sur ce que vit Jamal pour maintenir le mystère. Juste que Jamal ne sera pas seul à chercher ce qui se passe. Il va rencontrer à Yport, Mona, une jolie rousse, intelligente et peu farouche, qui va croire sa version des faits et qui l’aidera comme elle peux.

Le lecteur suit le récit de Jamal, perd pied avec lui, essaie comme lui de dénouer les fils de ce mystère, ce suicide qui ne semble pas en être un. Est-ce que Jamal devient fou ? Est-il fou ? ou nous raconte-t-il la vérité ? Encore une fois, Michel Bussi maitrise l’art de dérouter son lecteur, de le mener là où il ne serait jamais allé. On s’interroge, on émet des hypothèses, on cherche la vérité. Michel Bussi maitrise les intrigues en toile d’araignée, tout en faux semblant, en vérité crue, en injustice, en doutes. A plus de mi-récit,  le lecteur ne sent toujours pas où tout cela va le mener. Puis les indices semés nous permettent de comprendre, de dénouer les fils du récit. Il reste alors à creuser la psychologie des personnages et découvrir le pourquoi après le comment !

Comme pour Nymphéas Noirs, je suis séduite par l’atmosphère créée par Michel Bussi. Et encore une fois, j’adore découvrir la Normandie et le caractère des gens de cette façon. Les paysages, le climat, la fausse tranquillité, les fais divers, … tout est conjugué pour immerger le lecteur dans l’histoire. On a envie de savoir, les pages se tournent « toutes seules ». Je n’ai pas réussi à lâcher le roman, que j’ai lu rapidement, avec peu de pauses. A lire d’une traite si possible ! Très fluide, très bien construit, très bien mené, c’est vraiment difficile de le poser.

Michel Bussi ne nous noie pas dans les expertises scientifiques, le gore et l’étrange mais il est indéniable que ces écrits sont travaillés pour surprendre le lecteur, maintenir le plus possible le suspense, pour perdre son lecteur au début et lui proposer les pièces d’un puzzle à remettre en place. J’adore ça ! C’est vraiment très bien fait.

J’ai adoré les personnages, surtout Jamal. Complexe et entier. Vraiment, je me suis attachée à lui. J’ai beaucoup aimé Mona aussi. Chaque personnage a sa part de mystère et cela ajoute de l’intérêt à l’intrigue. J’ai adoré l’histoire, être un peu malmenée par l’auteur, et surtout ne pas réussir à poser le livre avant d’avoir fini. J’ai même versé ma p’tite larme à la fin, pour dire comme j’ai été prise dans cette histoire, dans l’action.

Je conseille vraiment de découvrir Michel Bussi. Toute le monde devrait au moins en lire un dans sa vie ! Et plus si affinité. Moi ça sera plus, j’en ai déjà deux autres qui m’attendent dans la PAL !

Merci à Presses de la Cité et Babelio pour cette masse critique et cette super découverte !!!

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