Comme son ombre de Val McDermid

comme son ombre

Editions Flammarion,  21€, 457 pages

Lu en partenariat avec Entrée Livre pour A l’abordage de la culture

Quatrième de couverture :

Quand la psychiatre Charlie Flint reçoit un mystérieux colis rempli de coupures de presse à propos d’un meurtre sauvage, son sang ne fait qu’un tour. Le crime a eu lieu dans l’enceinte de son ancienne université à Oxford – un jeune homme battu à mort quelques heures seulement après s’être marié. Tandis que sa jeune épouse et les invités sirotaient du champagne, on jetait son corps ensanglanté dans la rivière. Charlie ne sait pas qui lui a envoyé le colis, ni pourquoi, mais elle ne peut chasser ce crime de ses pensées. Et avec sa carrière de psychiatre clinicienne qui bat de l’aile, elle dispose de beaucoup de temps libre pour enquêter. Charlie renoue alors avec le monde mystérieux et fermé d’Oxford et comprend que cet assassinat est lié à des événements encore plus sordides. Chaque pas vers la vérité la rapproche désormais du danger…

Pas de résumé perso, la 4ème de couv’ est bien faite ^^

Mon avis :

Un bon polar !

C’est pour moi, une découverte de l’auteure dont j’ai souvent croisé le nom et les livres sans sauter le pas. Et je suis contente d’avoir enfin pu lire cet écrivain écossaise.

Le lecteur découvre Charlotte Flint, dit Charlie, dont la réputation d’expert psychiatre pour la police est mise à mal suite à son témoignage dans une affaire de meurtre. Elle reçoit un matin une enveloppe contenant des articles de presse concernant un procès en cours : Philip un homme d’affaires a été tué le soir de son mariage, à Oxford, il semble que ce soit par ses associés qui se rendaient coupable de délit d’initié. Mais pourquoi Charlie a-t-elle reçu cette enveloppe et quel est le message qu’on souhaite lui faire passer ?

Nous suivons en parallèle Jay Stewart, une femme d’affaire douée et ambitieuse qui écrit le second volet de ses mémoires. Elle a eu une enfance assez difficile, élevée par une mère junkie qui alors qu’elle n’avait que dix ans, a du jour au lendemain « trouvé » Jésus et peu de temps après un mari chrétien extrémiste.

Concernant l’histoire, l’intrigue est bien ficelée. J’ai apprécié l’alternance des points de vue entre Charlie qui progresse dans son enquête officieuse et Jay écrivant ses mémoires. Nous comprendrons vite le fin mot de cette histoire d’enveloppe et pourquoi nous suivons ces deux jeunes femmes précisément.

J’ai apprécié cette mise en abîme entre un des personnages qui écrit et l’auteur du roman. En effet, on nous explique que Jay est passée maîtresse dans l’art de tenir en haleine son lecteur et de finir ses chapitres par des révélations chocs. C’est un peu ce qu’il se passe d’ailleurs dans le récit de Val McDermid, et c’est assez amusant à comprendre.

La psychologie des personnages est bien travaillée qu’on les aime ou les déteste, nous avons suffisamment d’éléments pour les comprendre même si bien sûr, il y a une part de mystère en chacun d’eux pour faire vivre l’intrigue. C’est un bon polar, avec une intrigue progressive. J’ai commencé à avoir des doutes sur un personnage vers la moitié du livre et à comprendre ce qui nous était caché vers le dernier quart. C’est un peu frustrant de se dire que l’on a compris mais après, nous voulons savoir pourquoi et comment Charlie va se sortir de son enquête.

J’ai beaucoup apprécié Charlie, je l’ai trouvé assez juste, elle doute, elle se passionne, elle cherche, elle est parfois perdue dans sa vie sentimentale. Elle a toutes les raisons d’être découragée par ce qui lui arrive professionnellement mais elle comprend qu’elle a besoin d’un défi, d’une occupation et elle accepte de faire des recherches sur ces meurtres suspects. C’est un personnage très intéressant que nous prenons plaisir à suivre. De plus, son enquête est cohérente. J’ai beaucoup aimé que l’auteure convienne que Charlie n’est pas une enquêtrice mais bien une psychiatre et que donc elle ne peut pas avoir accès à toutes les informations qu’elle souhaite. N’étant pas flic, soit il y a des zones d’ombre et elle devra faire avec, soit elle pourra être aidée. Mais jamais, elle ne dépasse sa fonction et devient une super héroïne. J’ai vraiment beaucoup aimé cet aspect et la maîtrise de l’auteure à s’y tenir.

Nous découvrons un peu Oxford et son fonctionnement universitaire dans les années 90. C’est très intéressant, et nous apprenons des choses parfois assez hallucinantes pour quelqu’un vivant à notre époque. Nous oscillons entre tradition et ouverture d’esprit, entre personnages conservateurs, catholiques, lesbiennes, psychologue, flics… Un monde en contraste, en opposition, en nuances, … Le livre est aussi une occasion pour l’auteure de montrer qu’il n’est pas facile, dans ce contexte universitaire (et dans d’autres) d’être d’orientation sexuelle différente, surtout au sein de familles croyantes et cela, aussi bien dans les années 80/90 que de nos jours. Un message de tolérance, d’actualité.

Jay est le personnage mystérieux de l’histoire. Tout ce qu’elle raconte dans ses mémoires est-il vrai ? Pourrait-elle avoir des choses à se reprocher ? Ou bien est-elle parfois simplement au mauvais endroit, au mauvais moment ? Nous aimerions nous attacher à elle mais nous ne savons jamais sur quel pied danser et la peur de se laisser berner par l’auteure l’emporte !

Des personnages secondaires existent. Maria la compagne de Charlie, que j’ai beaucoup appréciée ; Magda, la veuve de Philip, qui subit le procès des associés de son défunt époux ; Lisa faisant carrière dans le développement personnel. Elle a rencontré Charlie quelques temps auparavant et cette dernière n’est pas insensible à son charme. Personnellement, plus je lisais, plus je détestais Lisa !

Dans l’ensemble, j’ai trouvé, le roman très bon, mais je n’ai ressenti la tension dramatique, la montée de suspense que pendant une trentaine de pages avant de comprendre les liens entre les morts suspectes et le Qui.

C’est très bien écrit, toutefois cela manquait un peu de rythme pour moi (il y avait des extraits de mails, de journaux, qui aidaient à renouveler le récit), même si l’histoire est très bien menée. J’ai juste relevé une erreur de prénom vers la fin (traduction ?). C’est dommage, cela casse un peu la fin surtout quand nous nous apercevons de la confusion…

Un dernier point : cette histoire m’a donné envie de voyager et surtout de découvrir l’île de Skye mais peut-être pas au mois de février !!! 😀 (Vous comprendrez en lisant le livre.) Nous sentons en tout cas, que l’auteure aime son pays.

J’ai donc passé un très bon moment de lecture avec Comme son ombre et il est assez probable que je tente de nouveau un roman de cet auteure.

Merci à Entrée Livres et aux éditions Flammarion pour ce partenariat ! Et au blog à l’Abordage de la Culture ^^

Pour résumer en quelques mots : Un bon polar, bien ficelé et bien écrit, prenant mais qui manque à mon avis un poil de rythme. Cependant, les personnages sont finement creusés et l’intrigue et le roman brillamment construits. Un polar qui change, des personnalités fortes, notamment la psychiatre essayant de se refaire une carrière, des fausses pistes, des rebondissements, le tout en Angleterre et en Ecosse, je recommande !

Deuils de Miel de Franck Thilliez

9782266205009

Pocket, 7,20€, 340 pages

4ème de couverture (Spoliers non ? quand même…)

Après le décès accidentel de sa femme et de sa fille, le commissaire Sharko est un homme brisé. Insomnies, remords, chagrin… Difficile dans ces conditions de reprendre du service. Mais une macabre découverte va brutalement le ramener à la réalité : une femme est retrouvée morte, agenouillée, nue, entièrement rasée dans une église. Sans blessures apparentes, ses organes ont comme implosé. Amateur d’énigmes, le tueur est aussi un orfèvre de la souffrance. Et certainement pas prêt à s’arrêter là. Pour Sharko, déjà détruit par sa vie personnelle, cette enquête ne ressemblera à aucune autre, car elle va l’entraîner au plus profond de l’âme humaine : celle du tueur… et la sienne.

Résumé

Le commissaire Sharko après l’enquête éprouvante de l’Ange Rouge, a retrouvé son poste à Paris. Un an maintenant qu’il a traversé un drame terrible et qu’il réoccupe l’appartement parisien au milieu des trains électriques. Alors qu’il vient à peine de rentrer de ses congés en Bretagne, et qu’il lui reste une journée de repos, il est appelé par son divisionnaire. Un corps a été retrouvé dans une église. Une femme nue et attachée au niveau des pieds. La cause du décès reste à première vue un mystère. Le plus étrange est la présence de 7 papillons vivants, sur son crâne, des sphinx tête de mort… Pourquoi cette mise en scène ? Qui était la victime ?

Mon avis

Toujours aussi bien !!!!

Pour qui a lu Train d’enfer pour ange rouge, je trouve que la 4ème de couv’ dévoile un peu trop vite le contenu de cette « suite » (même bon c’est pas plus gênant que ça en fait). Bien que les affaires soient indépendantes, on trouve ici Sharko, le commissaire de Train d’enfer… et donc je trouve qu’il est quand même bien d’avoir lu le 1er pour comprendre la psychologie de Franck Sharko. Maintenant, ils peuvent très bien se lire séparément, les éléments de Deuils de Miel ne viennent pas spoiler l’histoire de Train d’Enfer pour ange rouge et quand c’est nécessaire des explications sont données pour comprendre les références.

On retrouve donc Franck Sharko, commissaire à Paris. Il a vécu un drame un an plutôt et peine à s’en remettre. On le fait enquêter sur un nouveau cas, celui d’une femme retrouvée morte dans une église. Tout indique une mise en scène. Sa position, son doigt qui semble indiquer une direction, les papillons, des sphinx à tête de mort (même si celui de l’affiche du silence des agneaux) qui sont retrouvés sur son crâne. Sans autopsie, le légiste ne peut indiquer la façon donc elle est morte. A première vue, rien n’indique comment elle a perdu la vie, pas de contusion, pas de marques de couteau ou d’arme à feu… A force de réflexion, Franck va découvrir une énigme gravée sur le toit de l’église, ce message date de quelques mois auparavant, tout était donc prémédité. Commence alors un jeu de piste macabre, qui va entrainer Franck sur la piste du tuteur.

Si vous avez la phobie des insectes, ce livre n’est pas pour vous ! Enfin essayer quand même de le lire parce que ça vaut vraiment le coup. Et il n’y a pas tant de passages qui vous perturberont je pense. Personnellement à chaque bruit bizarre dans ma maison, à chaque bourdonnement, j’avais la chair de poule ! J’adore quand une histoire me fait cet effet-là ! Il n’y a pas  un temps mort dans Deuils de Miel, de l’action, de l’action, de l’action. L’intrigue est très très bien montée, beaucoup de rythme. On suit vraiment Sharko dans cette enquête et on ne comprend pas les choses avant lui mais en même temps que lui. Les pièces du puzzle se mettent en place petit à petit. On pense avoir compris et comme Franck Sharko on est quand même surpris à la fin.

C’est un plaisir de retrouver le commissaire Sharko même si on retrouve un homme fragilisé par ce qu’il a traversé. On découvre une nouvelle facette de ce personnage, comment il surmonte le drame qui a subi, tout cela, en parallèle de l’enquête. Il a de plus en plus de mal à trouver le sommeil et cette enquête le fait basculer dans l’horreur. Dans cet opus, on découvre un monde souterrain rempli de personnes malsaines d’une part et d’aficionados des petites bébêtes en tout genre d’autre part.  L’intelligence du commissaire est mise à l’épreuve par le tuteur et il s’en sort brillamment mais cela n’est pas sans danger.
Cependant, il y a des choses qui se passe autour de Sharko qui vont perturber le lecteur, qui n’auront rien à voir avec l’enquête et on commence à comprendre certaines choses et d’autres nous surprennent complètement. Le commissaire va faire d’étranges rencontres, par exemple, une petite fille dont la mère ne s’occupe pas, va venir régulièrement  trouver Sharko pour qu’il s’occupe d’elle… Qui est-elle ? que veut-elle  ?
Franck Thilliez sait vraiment faire évoluer son personnage principal dans une direction que l’on n’attend pas.  On n’imagine pas la tournure que prend la vie du commissaire … C’est le point fort de l’intrigue, cette façon de jouer avec son personnage, de malmener ce flic doué et intelligent. Cette force de l’auteur de chercher à faire un polar différent de ses confrères avec un personnage attachant, fort mais fragilisé, complexe, simplement différent.

Comme d’habitude, on sent de la part de l’auteur, tout un travail de recherche en amont de la rédaction, cette fois, sur les insectes, les théories qui peuvent se développer autour de leur domination sur la race humaine, sur la fascination de certaines personnes pour les araignées, les poisons, etc . Tout est bien décrit, les lieux, les scènes, les collègues de Franck, … et les atmosphères sont bien posées, oppressantes quand il le faut. On est plus d’une fois en empathie avec Franck ou avec ses collègues Sibersky notamment.

Deuils de miel m’a semblé plus court que les autres romans que j’ai lu de Franck Thilliez, ça n’est pas forcément négatif, il se lit très bien, très vite, peut-être manque-t-il toutefois d’un peu de suspense, Sharko devrait peut-être piétiner un peu plus avant de trouver le pourquoi du comment del’intrigue ? Il m’a semblé moins trépidant que les précédents mais peut-être parce que je le trouve vraiment plus centré sur la physiologie de Franck Sharko ?

Ce roman est vraiment en continuité avec Train d’enfer pour ange rouge. Bien sur, il fait référence à l’enquête du premier, à sa résolution mais on retrouve les petites manies si attachantes du commissaire, les trains électriques, le voisinage excentrique, … puis on apprend plein de nouvelles choses sur sa façon de raisonner, sur sa vie, son travail.

Ce roman est donc surtout centré sur le personnage principal même si l’enquête est bien menée et que l’on prend plaisir à remonter le fil de l’intrigue. J’ai hâte de me replonger dans le style si percutant de Franck Thilliez. Le prochain sera La forêt des ombres.

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