Oscar Wilde et le jeu de la mort de Gyles Brandreth

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Édition 10/18, 460 pages, 8€10 ou d’occasion

4ème de couverture

Facétieux Oscar Wilde ! Après avoir choqué le monde par ses boutades lors de la première triomphale de L’Eventail de Lady Windermere, le voici qui propose à ses amis une curieuse activité pour les distraire : le jeu de la mort. Chacun inscrit sur une feuille le nom de la victime de son choix et aux participants de deviner qui veut tuer qui. Mais quand la Mort commence à frapper les victimes potentielles dans l’ordre exact où elles ont été tirées, le drame succède à la comédie. Flanqué de son fidèle ami Robert Sherard, et assisté par Arthur Conan Doyle et par le peintre Wat Sickert, Wilde mène l’enquête avec plus de zèle que jamais. Car son nom et surtout celui de sa femme figurent sur la liste funèbre…

Résumé

Robert Sherard écrit dans la préface qu’il est le biographe officiel d’Oscar Wilde et aussi son ami. Il arrive à une époque où il souhaite enfin conter tout ce qu’il n’a jamais écrit sur cet auteur irlandais à succès.

En 1892, Oscar organise un fois par mois, un diner dans le salon privé d’un hôtel et propose à ses invités un magnifique repas et des distractions. Cette fois là, après une réception de sa femme, Oscar réuni ses amis et leurs invités et conclue la réunion du « Club Socrate » par un jeu de sa composition. Chacun doit écrire sur une feuille vierge le nom de la personne qu’il souhaiterait voir morte. Bien sur les gentlemen s’offusquent mais pour ne pas vexer leur hôte, ils jouent « au jeu de la mort ». Sur les papiers, on retrouve un peu de tout et un nom revient plusieurs fois, celui d’un des convives. Mais celui-ci ne s’en offusque point. Quand le nom d’Oscar et celui de sa femme sont tirés, l’ambiance se refroidit considérablement. Puis le lendemain, Oscar et ses amis apprennent la mort de la première personne tirée du chapeau …. Étrange. Quand les noms et les morts s’égrainent, Oscar décide de mener l’enquête…

Mon avis

Un « policier » qui se laisse lire mais qui n’est pas dénué de défauts.

Le lecteur suit le récit à travers les yeux et les oreilles de Robert Sherard, un ami d’Oscar Wilde qui fut également son biographe. L’intrigue de base est assez plaisante, j’aime beaucoup l’idée de suivre un personnage réel, façon détective. D’Oscar Wilde je ne connais pas grand chose à part Le portrait de Dorian Grey, sa statue à Dublin (en couleur !)  et sa réputation sulfureuse. J’ai donc découvert pas mal de chose, qu’il était marié et père de deux enfants, qu’il avait des goûts vestimentaires particuliers pour l’époque, qu’il maitrise ses théories sur l’esthétisme et qu’il voue un « culte au beau » et qu’il s’y connait pas mal en littérature et sur Socrate. Bref, très certainement moultes choses que ceux qui connaissent l’écrivain et la personne savaient déjà. Autant moi, j’ai appris pas mal de choses, autant du coup, d’autres y verront, et non à tord, une quasi biographie de l’auteur. Pour preuve : au cours de ma lecture, je suis allée sur Wikipédia (qui n’est pas infaillible mais ça aide) et  j’y ai retrouvé les mêmes anecdotes que dans ma lecture. C’est donc comme si l’auteur avait voulu TOUT mettre. Pourquoi pas mais c’est prendre le risque d’ennuyer légèrement (beaucoup ?) le lecteur. Pour moi c’est plutôt bien passé, mais je préfère prévenir :p

J’ai bien aimé la présence dans les amis d’Oscar d’autres personnes célèbres : Arthur Conan Doyle et Bram Stocker. Les références à leur œuvres respectives et les clins d’œil m’ont beaucoup amusés, je suis assez bon public pour ce genre de chose ^^ Et puis l’époque, Londres fin 19ème, j’adore !!!! On a pas mal de détails de la vie mondaine à cette époque, c’est vraiment un côté que j’ai apprécié.

Ensuite, ce qui rend mon avis mitigé c’est que l’intrigue bien qu’on nous la montre embrouillée et que volontairement l’enquête traine en longueur, il y a beaucoup de choses que l’on voit venir finalement, ce n’est pas tant le « qui » mais plutôt le « pourquoi » qui sera intéressant dans l’enquête. Au final, ce n’est pas l’intrigue « policière » qui est mise en avant, mais bien Oscar Wilde, sa façon d’être, sa manière de prendre les choses, son sens de la déduction. Il est arrogant, souvent plus antipathique que sympathique, il est très spécial dans sa manière d’apparaitre en société, on comprend aisément pourquoi certains le détestent. J’ai quand même du mal à m’imaginer comment il pouvait être réellement. J’ai eu l’impression que certains traits étaient très forcés. Peut-être pas, comment être sur, Gyles Brandreth se dit « spécialiste » et est même relu par un des héritiers d’Oscar Wilde, en tout cas, c’est quand-même plutôt un éloge à Oscar que tout le monde envie, aime, rare sont ceux qui le détestent même s’il y en a, qu’un point de vue plus neutre. Un point qui m’a fatiguée, c’est que quand on est pas en pâmoison devant Oscar Wilde, c’est devant sa femme, dont tous les hommes s’éprennent. A défaut d’être avec le mari peut-être 😉

Je n’ai pas trop aimé la façon dont les relations entre les personnages sont abordées, j’ai eu du mal avec certaines choses (mais là ça tient plus de mes sensibilités). Cette manière de laisser sa femme passer ses journées avec d’autres hommes, histoire qu’elle est de la compagnie et puis, elle qui ne voit pas comment Oscar la considère… Bref, ce n’était pas ma tasse de thé.

Je ne sais pas finalement si j’ai aimé Oscar ou si j’ai détesté Wilde… Bizarre. Il est tantôt extravagant, amical, chaleureux, et tantôt cynique, taciturne et arrogant. Difficile de l’aimer ou de le détester complètement. Il a des côtés attachants et d’autres horripilants. Par contre, je sais qu’il y a des personnages que je n’ai pas supporté, à commencer par Robert Sherard, le narrateur. Sa vie est assommante, pas étonnant qu’il passe son temps à chercher la compagnie des Wilde. Les passages où il parle de lui m’ont fatiguée et très peu intéressée. J’aurai préféré un autre point de vue narratif, je pense. D’autres personnages, je vous laisse découvrir lesquels sont forts antipathiques. C’est très bien fait, on a vraiment envie de les étriper, secouer, baffer, au choix.

L’écriture n’a rien d’extraordinaire mais ça se laisse lire et ça se lit d’ailleurs plutôt bien, fluide, chapitres pas trop longs, pas trop courts. Des variations de rythme. Dommage qu’il y ait les passages de Sherard où on s’ennuie (parce que savoir que ce jour là, il faisait beau ou pluvieux, faut reconnaitre que c’est vachement essentiel…).

Dans l’ensemble, j’ai aimé l’idée de faire d’un auteur un « Grand Détective », cette collection de 10/18 est vraiment sympa, le livre se lit bien, on apprend des choses sur Oscar Wilde, c’est intéressant pour le peu qu’on le connaisse mal. C’est sur ce n’est pas de la grande littérature mais ça diverti. Pour moi, le roman a des défauts et j’ai eu du mal à certains moments. Je ne sais pas si je retenterai une aventure d’Oscar, peut-être si ce n’est pas Robert Sherard le narrateur, pour voir si c’est le style de l’auteur que je n’ai pas aimé ou vraiment la narration par ce personnage.

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