La main gauche de la nuit d’Ursula Le Guin

51OXdtrCXJL._SX308_BO1,204,203,200_Le livre de poche, 350 pages, 7€10

4ème de couverture

Sur Gethen, la planète glacée que les premiers hommes ont baptisée Hiver, il n’y a ni hommes ni femmes, seulement des êtres humains. Des androgynes qui, dans certaines circonstances, adoptent les caractères de l’un ou l’autre sexe.
Les sociétés nombreuses qui se partagent Gethen portent toutes la marque de cette indifférenciation sexuelle. L’Envoyé venu de la Terre, qui passe pour un monstre aux yeux des Géthéniens, parviendra-t-il à leur faire entendre le message de l’Ekumen ?

Ce splendide roman a obtenu le prix Hugo et a consacré Ursula Le Guin comme un des plus grands talents de la science-fiction.

Mon avis

Lu dans le cadre de mon club de lecture, j’avoue que je n’avais pas vraiment envie de me jeter sur le livre. J’ai eu du mal avec le début du récit mais finalement, c’est une bonne lecture, certes parfois un peu poussive mais  qui fait réfléchir et permet de lancer le débat sur le genre.

Genly Ai est un Envoyé. Seul, il tente de présenter sa mission et si possible convaincre les peuples des planètes qu’il visite des avantages pour ces derniers de rejoindre l’Ekumen, organisation interplanétaire qui réunit différents systèmes stellaires autour d’échanges commerciaux. Cette alliance permet les échanges culturels, économiques et techniques avec d’autres planètes éloignées de plusieurs décennies.

Dans ce monde, les humains semblent avoir  connu une évolution génétique différente des autres : ils ne sont ni homme ni femme. Ils sont asexués la majeure partie du temps ce qu’on appelle le « soma », jusqu’à ce qu’ils rentrent en « kemma » qui se produits plusieurs fois dans l’année et où ils prennent alors de façon aléatoire l’état d’homme ou de femme. Les organes sexuels deviennent alors apparents et ils peuvent se reproduire. L’absence de genre n’est pas le seul élément qui différent du monde de Genly Ai. Le décompte des années, les mois, les heures sont différentes,  les relations familiales sont différentes (voire peut-être même trop pour mon esprit étriqué), la vie politique est différente. Bref, il n’est pas évident pour l’Envoyé de s’adapter, de comprendre le fonctionnement de cette civilisation, et surtout à s’habituer à ses interlocuteurs. Surtout quand on ne sait pas si on s’adresse à des « il » ou a des « elles ». Et de l’autre côté, pour les Gethéniens, Genly Ai est bloqué dans une phase hormonale qui le maintient du côté masculin, il est donc toujours « en chaleur », il passe pour un monstre, un pervers.

J’avoue, j’ai eu un peu de mal avec le début du récit. Une sorte d’intrigue géopolitique. L’Envoyé est un prétexte pour comprendre comment se comporte politiquement les deux plus grands pays de Nivôse. Dans l’un, il n’est pas vraiment accepté, il met des mois à être reçu par le roi, mais on communique sur lui, les gens savent qui il est. Dans l’autre pays, on lui fait meilleur accueil, tout le monde veut l’avoir à sa table mais à côté de ça c’est censure, espionnage et compagnie. ça vous rappelle rien ? Genly est balloté entre non-dit, excuses et faux-semblants et nous parait soit perdu, soit naïf alors que ce sont les circonstances qui nous le font apparaitre ainsi.

Le récit est entrecoupé de légendes et de textes anciens sur le passé de la planète, rédigé par des envoyés, et il dénote avec le reste du récit. Plus intéressants, plus fluides, parfois poétiques, ils m’ont permis de m’accrocher à cette lecture. Et surtout, on finit par comprendre que c’est par ce biais que le lecteur est éclairé sur le fonctionnement des êtres de Nivôse, sur le comportement et les coutumes des habitants et sur la personnalité d’un des protagonistes.

Pour un roman écrit en 1969 (et c’est la force de la SF), on n’a pas l’impression que le récit soit daté, il est encore franchement d’actualité. D’aucuns trouveront peut-être qu’on parle plus de sexualité, du genre et autres, de nos jours et que le récit est désuet. Moi je ne trouve pas, quand on voit certaines actualités, quand on voit encore comment la moitié de la planète se comporte, je pense que les messages du livre restent d’actualité. Alors oui, peut-être qu’il n’approfondit pas encore vraiment tout ça, la place de la femme, le genre, … mais il permet de lancer la réflexion et le débat. Certaines idées ou certaines théories (du type, il n’y a pas de guerre sur ce monde en partie parce qu’il n’y a pas de sexualité, que les humains ne sont pas continuellement perverti et donc que l’homme ne désire pas prendre le dessus sur la femme ou les autres (puisqu’il peut bien être un jour l’un, l’an qui suit l’autre pendant le kemma) et donc qu’il y a beaucoup moins de lutte de pouvoir ou encore l’idée que la femme est plus molle, voire hystérique, etc.) peuvent faire bondir, mais je pense que l’auteure les utilise pour justement faire réagir son lecteur. Et d’autres idées (tolérance, dénoncer la censure et les régimes totalitaires, …) elles nous font hocher la tête en disant « oui, je comprends et je suis d’accord »).
Pour tout cela, ce roman est vraiment intéressant. Dommage que le style ne soit pas assez fluide, et qu’on ne comprenne pas plus tôt les messages que l’auteur veut faire passer, parce que le début est poussif et rebute un peu, je peux comprendre que certains lecteurs abandonnent leur lecture.

Quel dommage, parce que justement j’ai nettement préféré la seconde partie du récit dans laquelle Genly est arrêté et ensuite contraint de faire route avec Thérem. J’ai aimé cette traversé du glacier, la lutte pour survivre, pour avancer et surtout, ce huit-clos, permet d’enfin comprendre les personnages. On se rend compte qu’ils avaient des attentes et des préjugés l’un sur l’autre mais que leurs différences les empêchaient de se comprendre. Et finalement, la communication qui va s’instaurer entre les deux personnages va lever les barrières et les malentendus et franchement j’ai vraiment aimé les suivre, avoir leur point de vue respectif. Cette partie est un hymne à la tolérance, à la découverte de l’autre, à l’acceptation des différences, à la compréhension des autres, à la fusion des idées, au partage, aux échanges.

Un personnage à part entière est Nivôse, ou Gethen, cette planète aux conditions climatiques extrêmes. Le style et la plume d’Ursula Le Guin permettent de s’y croire vraiment. On n’a pas l’impression d’un monde si éloigné mais plutôt d’une contrée mystérieuse à l’autre bout de notre planète et pourtant, les lieux et les habitants ne sont pas comme nous les connaissons même si on peut retrouver certaines ressemblances. La traversée du glacier est vraiment le moment que j’ai préféré dans le récit et où on apprend encore mieux la façon dont est faite la planète, la rigueur du climat, les paysages, etc.

Un avis mitigé donc, je ne peux pas affirmer avoir adoré le roman parce que j’ai trop peiné à me plonger dedans mais je n’ai pas détesté, c’est une bonne lecture qui a plein de choses à apporter, un ouvrage de SF intéressant et qui fait référence. Je pense qu’il a su et sait encore trouver son public. Je ne continuerai pas dans la découverte des récits de l’Ekumen, mais je relirai un jour peut-être Ursula Le Guin.
Ah oui, on découvre le pourquoi du titre, et c’est assez poétique, assez joli, c’est dans ce type de passage que j’ai apprécié la plume de l’auteure.

Il est de retour de Timur Vermes

9782714456090

Belfond, 19,33€, 363 pages

4ème de couverture

Succès inouï en Allemagne, traduit dans trente-cinq langues, bientôt adapté au cinéma, Il est de retour est un véritable phénomène. Entre Chaplin, Borat et Shalom Auslander, une satire aussi hilarante que grinçante qui nous rappelle que face à la montée des extrémismes et à la démagogie, la vigilance reste plus que jamais de mise.

Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n’est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L’Allemagne ne rayonne plus sur l’Europe ? Depuis quand tous ces Turcs ont-ils pignon sur rue ? Et, surtout, c’est une FEMME qui dirige le pays ?
Il est temps d’agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour cela, il lui faut une tribune. Ça tombe bien, une équipe de télé, par l’odeur du bon client alléchée, est toute prête à lui en fournir une.
La machine médiatique s’emballe, et bientôt le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise…
Hitler est ravi, qui n’en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. Reste à porter l’estocade qui lui permettra d’achever enfin ce qu’il avait commencé…

Résumé

Par un bel après-midi ensoleillé, Hitler se réveille sur un terrain vague à Berlin. Il tombe d’abord sur la jeunesse berlinoise qui ne semble pas le reconnaitre. Hitler se dirige alors vers les rues plus animées et tombe sur un kiosque à journaux. C’est là qu’il découvre qu’il s’est réveillé en aout… 2011. 66 ans ont passé depuis ses derniers souvenirs. Le kiosquier lui propose son aide, le prenant pour un acteur qui cherche à percer et le garde quelques jours dans son kiosque. L’occasion pour le Führer de lire un peu ce qu’il se passe de nos jours et de décider que la Providence lui accord une nouvelle chance d’achever ce qu’il avait commencé.

Mon avis

Satire perturbante, exercice intéressant.

Voici donc Hitler qui se réveille 66 ans après sa disparition en avril 1945. Il n’a pas de souvenir de sa dernière soirée et c’est très surpris mais somme tout assez ravi qu’il se trouve être de nouveau là en 2011. Il découvre alors ce qu’il s’est passé depuis 1945, ce qu’est actuellement la politique allemande et c’est tout naturellement qu’il décide de reprendre s’il le peut son combat politique. Cependant, alors qu’il affirme partout s’appeler Adolf Hitler, il n’a pas la possibilité de prouver son identité, les gens qu’il rencontre opte pour le considérer comme un artiste, un acteur qui se fait passer pour le Fürher. C’est un orateur et sa façon de faire « comme le vrai » impressionne. On lui propose alors quelques minutes dans un show tv où il pourra dire ce qu’il veut, le contraste provoquant le rire. La télévision lui donne alors une vitrine inespérée.

Une première chose m’a gênée, c’est l’acceptation rapide du personnage de sa situation si inattendue. Il argumente que c’est la Providence sans finalement remettre en cause quoique ce soit. J’ai trouvé cela un peu trop simple. Il nous faut, lecteurs, accepter ce fait. Le Destin a voulu son Retour. Seconde chose, j’ai été mal à l’aise avec une narration à la première personne. Cette façon fait qu’on se sent intime avec les pensées de cet homme. Et là, vraiment ce fut compliqué pour moi. Je pense que l’auteur a fait ce choix justement pour nous faire réagir, c’est réussi. C’est perturbant de lire ce récit, en tout cas pour moi.

Il s’agit là, sinon, d’une très bonne satire. Car tout semble se passer si simplement. Comme si personne à notre époque n’allait vraiment réagir. On voit ce que l’on veut voir. Un acteur très doué. Un sosie qui se sert de sa ressemblance pour faire passer des messages. Mais le fait que les gens « marchent », ne semble pas plus intrigué, qu’ils ne réagissent pas vraiment… Fait froid dans le dos. Parce que ce n’est pas un comique burlesque, c’est vraiment le chef du Reich et les gens l’écoutent, le félicitent, s’attachent à lui, enfin à celui qu’il pense être. En fait, c’est assez compliqué à expliquer, pour le coup, il faut vraiment le lire pour le comprendre.

Il est intéressant de voir comment Hitler découvre les « nouvelles technologies et voies d’information ». La radio, la télévision, internet. Tous ses médias, qui vont lui permettre de faire entendre sa voix. Encore plus que dans les années 30. L’auteur réussit très bien à critiquer et faire réfléchir sur la télévision et les programmes. Adolf passe en revue les chaines et se rend compte qu’il n’y a pas vraiment de choses intelligentes dans les programmes de l’après-midi. Les gens veulent du divertissement. Mais finalement, le peuple regarde la vie de leurs contemporains pathétiques.

Il y pas mal d’humour noir, de quiproquos, de dialogues à double sens, du fait que les gens pensent que le Führer est un comédien. La façon de faire permet d’alléger les moments où on a les propos/ idées d’Hitler. Car lui parle le plus sérieusement du monde. Son talent oratoire lui permet de retourner toutes les situations à son avantage, derrière mon livre, ça m’a beaucoup énervée. Et j’attendais avec impatience, le moment où la situation allait se retourner. Je vous laisse découvrir si cela a été ou non le cas. J’ai eu du mal à le lire, je dois l’avouer.

Comme avec la télévision, Hitler découvre la politique nationale et internationale menée pendant les 66 dernières années grâce à Internet. En presque 70 ans, la position de l’Allemagne n’est plus la même, les préoccupations ont changées. Il en ressort atterré et il doit changer tout ça. Il rêve de retrouver l’Allemagne d’autrefois, et même si cela semble moins pressant, elle doit retrouver son envergure d’autrefois. Il doit faire quelque chose, il commence alors, le succès de ses passages à la télé grandissant, sa propagande. Jusqu’au jour où il dispose de sa propre émission…

J’ai trouvé certains passages un peu long. Peut-être parce qu’il a certaines choses historiques ou des thèmes que je ne connaissais pas. Que je n’ai pas non plus, une vision claire de la politique allemande actuelle. Mais on sent que l’auteur essaie de dénoncer des choses actuelles, le retour d’un nationalisme qui effraie, des personnages politiques peu charismatiques, des programmes inexistants. Il fait passer des messages.

Le roman et la façon de faire sont très intéressants. C’est bien écrit et servi par une réflexion poussée et intéressante. Mais j’ai besoin d’être en empathie avec un minimum de personnage pour aimer un livre. Et là, clairement ce n’était pas possible. Il y a tout le passif que l’on ne peut oublier et les idées qui me font hérisser le poil, qui me révolte. Il faut le lire parler des juifs, des femmes,… ahhhh. L’auteur réussit à faire réfléchir, réagir son lecteur, (éveiller les consciences ?) et c’est certainement ce qu’il voulait. Pour cela, je pense que ce roman est réussi. Pour le reste, c’est bien trop personnel, subjectif. Même si c’est vu le comique de contraste, de situation, l’humour noir, ça ne m’a malheureusement pas fait rire. Ce n’est pas un roman pour moi mais l’avoir lu m’a fait réfléchir et c’est déjà positif.

Projet Harmonie de Christophe Nicolas

9782918719212

Editions du Riez , 342 pages, 19,90€

4ème de couverture

Yannick Diaz, journaliste dissident, vient de perdre sa place au Républicain suite à l’écriture d’un essai sur les médias qui n’épargne personne. Depuis son malaise en direct sur le plateau d’un débat télévisé, d’étranges images se bousculent dans sa tête : l’épidémie de grippe qui s’étend en Amérique latine, le visage bouffi du ministre de l’Intérieur et le nom d’un laboratoire… LAMIPROH. D’où viennent ces souvenirs qui ne sont pas les siens ?

À peine évoque-t-il ses visions que son confident est assassiné. Accusé du meurtre, la police aux trousses, il doit trouver les preuves de son innocence. Mais il y a plus en jeu que son seul avenir. Peut-être celui de l’humanité tout entière…

Après Un Autre, Christophe Nicolas nous démontre une nouvelle fois sa grande maîtrise du suspense avec ce thriller frénétique.

Résumé

Le professeur Guiraud règle les derniers détails de sa toute dernière expérimentation. Elle lui sera fatale, il en a bien conscience, mais il a tant à se faire pardonner alors si ça fonctionne, tout le monde y gagnera.

De son côté Yannick Dias, journaliste, est invité dans une émission de TV suite à la sortie de son livre « Publi’reportage » où quand la presse écrite devient l’arme publicitaire des grands groupes qui la détiennent. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’en dénonçant le monde gangréné de la presse écrite, il ne s’est pas fait des amis… Il n’a même plus de travail. Qui voudrait encore de lui dans cet univers journalistique ? Yannick est très stressé par le passage en direct même s’il s’agit d’une chaine câblée.

Mathias, vrai ami, faux ennemi, ancien collègue, décide de regarder l’émission en direct. Quand il voit soudain Yannick s’effondrer devant les autres invités. Quand Yannick se réveille à l’hôpital, un reportage TV réveille en lui quelque chose, il appelle Mathias pour que ce dernier se renseigne pour lui sur un curieux laboratoire… Et si Yannick de façon insoupçonnée venait de mettre le doigt dans un terrible engrenage ?

Mon avis

Un très bon roman !

La 4ème de couverture parle d’un thriller frénétique et c’est bien le cas ! On ne s’ennuie pas une seconde, c’est écrit à la façon d’une course contre la montre,  d’une course poursuite, ça va vite, c’est rythmé, les pages se tournent véritablement toutes seules ! C’est dire si le lecteur est plongé dans cette histoire qui mêle thriller et anticipation, réalisme et fantastique.

Yannick Dias est journaliste. Pour lui, le métier, c’est parler, écrire, dire tout ce qui se passe même si cela blesse, dénonce, détruit. Avec son passé un brin révolutionnaire, quand il découvre que la presse écrite n’est pas la presse indépendante en laquelle il croit, il agit. Avec son collègue, il enquête, découvre des preuves et dénonce tout dans un livre. Qui n’a pas plus à ces supérieurs forcément. Contraint de partir du journal qui l’employait, Yannick se consacre à la promotion de son livre mais surtout se bat pour que la vérité éclate. Qu’est-ce qui va lier ce journaliste au Professeur Guiraud ? Cet homme qui tente son ultime expérience. Qui cherche à transmettre tout ce qu’il sait avant de disparaitre. Pour se sauver. Pour afin agir. Pour la mémoire de son fils Lucas.

On suit donc Yannick qui se retrouve pris malgré lui dans une enquête sur un laboratoire accolé à une clinique qui lui sert de couverture. Il s’y passe des choses pas très légales, horribles. Cette enquête va remontrer très vite aux oreilles des personnes qui n’ont pas du tout intérêt à ce que le monde apprenne leurs expériences. Yannick est alors en danger. Le lecteur suit aussi le Professeur Guiraud et découvre progressivement la nature de sa dernière expérience. Et enfin, quand un meurtre se produit dans l’entourage de Yannick et que celui ci est le coupable désigné par les preuves,le lecteur passe du côté de l’enquête de police. Pas le temps de s’ennuyer donc !

Christophe Nicolas laisse volontairement des éléments flous afin que son lecteur reconstitue le puzzle. La construction du récit est vraiment très bien faite. On collecte les indices, on assiste à des recoupements. Yannick met la main dans quelques choses d’énorme qui prend de l’ampleur au fur et à mesure du récit. L’auteur nous sert un mélange réussi entre thriller, récit avec une pointe de fantastique et roman d’anticipation. Les  révélations montent crescendo vers l’insoupçonné.

Le roman permet une grosse réflexion sur plusieurs thèmes de société. Jusqu’où la science et le système iront-ils sous couvert d’idéaux ? Qu’est donc vraiment le journalisme et peut-on encore être indépendant dans notre société ? Que nous cache-t-on ? Sommes nous entourés, gouvernés par des monstres ? Agissons-nous bien dans l’intérêt commun ? Faisons-nous les bons choix? Un récit que l’on peut prendre à la fois comme un thriller construit et haletant, et comme un roman qui nous fait nous interroger sur nous même, la société, la politique, … Projet Harmonie est vraiment très intéressant, oui, il se lit rapidement, mais il n’en est pas moins assez complet !

Je retrouve avec plaisir le style percutant, fluide et vivant de Christophe Nicolas. Qui comme pour Un autre, ne prend pas de gants avec ses personnages. On tremble pour eux et on a vraiment envie de savoir s’ils peuvent s’en sortir, comment ils vont s’y prendre, s’il y aura des dommages collatéraux.

La lecture est très rapide grâce au style de l’auteur et sa façon d’alterner les événements. Cela sert très bien le récit, toutefois, je n’aurai pas été contre quelques passages en plus sur le passé du professeur Guiraud et sur ce qu’il voit tout autour de lui.  Et peut être aussi un peu de développement sur l’enquêtrice ou le passé de Yannick. Peut être pas essenties pour l’histoire mais de quoi prolonger un peu le plaisir de la lecture ! En dehors de ces points, j’ai beaucoup aimé les thématiques, la façon de construire l’histoire, la critique de la société, les complots et la traque. La fin est bien vu également. L’ouverture m’a beaucoup plu.

Projet Harmonie est un très bon second roman, différent du premier. Dénonciateur des excès, espérons que Christophe Nicolas ne touchera pas juste avec le côté anticipation. Sinon gare à nous. Vite le prochain roman (comment ça, j’met la pression 😉 ) !!!!  J’ai été ravie de  rencontrer enfin Christophe Nicolas aux Imaginales, j’espère que ça ne sera pas la dernière fois qu’on se croisera sur un salon ^^

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Réseau(x) – Tome 1 de Vincent Villeminot

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Nathan, 16,50€, 446 pages

4ème de couverture

Sur les réseaux, tout le monde pense connaître tout le monde. Tout le monde aime, surveille, espionne tout le monde. Mais désormais, une guerre est déclenchée, sur le web et dans le monde réel. Et Sixie, 15 ans, est l’enjeu, le butin, le gibier de tous les combattants…

Résumé

Bruxelles. Sixtine 15 ans, souffre de troubles du sommeil assez graves. Dont une des conséquences serait de faire de rêves prémonitoires, enfin, de rêves se sont plutôt des cauchemars. Elle les publie sur le réseau Dream Katcher Book : DKB, sur sa page nocturne, la partie MyDarkPlaces, de DKB. Sixtine a été harcelée sur sa première page et a donc du s’en créer une autre. Sur cette nouvelle page, elle reçoit une vidéo où elle apparaît. Elle y commet un meurtre ; comme un de ceux qu’elle voit dans ses cauchemars. Elle se rend à la police, qui classe le fait en harcèlement.
Des mois plus tard, Jérémy rêve que Maud sa copine commet un attentat politique. Il le publie sur le sommaire des rêves, anonymement.
Vittorio et Francesca vivement ensemble. Lui travaille pour César, pour qui, il assure une sorte de police numérique, histoire que les activités de César restent intraçable et qu’aucune preuve ne puisse permette de montrer un dossier contre lui. Sur le réseau, César est Nada#1, il cherche à faire de la réalité un jeu ou l’inverse en organisant des guérillas urbaines factices qui plongent dans un chaos provisoire certaines grandes villes d’Europe.

Une succession d’événements vont survenir liant de façon surprenante ces protagonistes…

Mon avis

Un très bon thriller complexe. Certainement trop pour le public visé.

En voyant, les coups de cœur et les déceptions (voire beaucoup d’abandon) fleurirent sur le net à propos de ce roman, je me demandais ce qu’il allait en être pour moi. Contre toute attente, j’ai bien aimé mais je reste mitigée.

Le lecteur découvre beaucoup de personnages (ce qui en soit moi, ne me dérange absolument pas), qui vont se croiser ou qui seront au cours de l’histoire reliés plus ou moins les uns avec les autres. Au début, il faut quand même avouer qu’il faut s’accrocher, pour se souvenir des persos mais surtout pour comprendre la temporalité du récit. Les points de vue s’alternent dans un même chapitre, les lieux ne sont pas toujours les même non plus. Le « réseau » n’est pas non plus des plus simples à comprendre. Une fois passé tout cela, les pages défilent.

L’intrigue est bien montée, elle est assez complexe et dure. Complexe dans sa structure et les liens entre les personnages, ou les événements qui souviendront. Dur  de part certains faits. Le pari était très risqué. Moi, j’ai beaucoup aimé l’intrigue en général, mais je pense que pour jeune lecteur deux problèmes risquent de survenir : 1 / parfois la violence n’est pas entièrement justifiée et certaines descriptions risquent de freiner le lecteur « jeunesse » et 2/ la complexité n’est pas à la portée d’un lecteur débutant.

Réseau(x) est un thriller traitant d’un sujet ancré dans l’actuel : les potentielles dérives des réseaux sociaux avec un fond plus étoffé que ce simple constat, et dont deux des personnages sont ados (15/16 ans). Cependant, je trouve que le public visé serait plus les jeunes adultes qu’un simple classement en jeunesse.

A cause de cela et de deux ou trois petites choses, ce livre ne sera pas un coup de cœur, et je reste mitigée, mais c’était une lecture très intéressante et pas aussi terrible que ce que j’imaginais où vu des abandons (peut être parce que je suis déjà deux fois plus vielle que le public visé ?).

En lisant le 4ème de couverture, je ne m’attendais pas à ça. Je pensais vraiment suivre l’enfer vécu par Sixie (Sixtine). J’attendais de comprendre ce 4ème de couverture et vraiment pour ça, il faut lire les derniers chapitres. Et encore, je trouve qu’il est exagéré. Parce que l’essentiel de l’histoire ne se situe pas sur ce personnage même si elle a de l’importance. J’ai donc éprouvé une difficulté entre ce qui est « vendu » par le 4ème de couverture et ce qu’est réellement l’histoire. Malgré cela, l’intrigue m’a plu. Certainement d’ailleurs parce qu’on va au-delà de l’histoire de Sixie, il y a plusieurs axes dans le déroulement du récit.
Plusieurs parties, plus ou moins imbriquées.

Un bon point, c’est l’actualité relatée dans le livre, ce fond un peu social, un peu politique (ce qui n’intéressera peut-être pas tout le monde). Peut-on se fier à la police ? Au gouvernement ? À l’Etat ? Que faire pour obtenir la vérité ? Jusqu’où aller ? Le récit est très ancré dans notre époque et voire même plus loin, développement des réseaux sociaux, société dans laquelle chacun s’expose, souhaite son quart d’heure de gloire, sans se rendre compte que des personnes mal intentionnés rôdent tout autour et que rien ne s’efface jamais du net.

J’ai un sentiment mitigé sur la violence, au du moins, l’enchaînement de pensées ou d’actes violents. Tantôt, je pensais que le livre dénonçait de façon plus ou moins explicite, certaines formes de violence et parfois dans la façon dont c’est construit, tantôt, j’en venais à penser que ça n’était pas du tout le but de l’auteur. Du coup, je n’ai pas su où me placer et comment prendre ce fait. Au moins, il peut amener certains à réfléchir. En tout cas, l’auteur évoque (et dénonce ?) notre société qui se transforme de plus en plus en une société consommatrice ; exhibitionniste, immorale,… disparition progressive des remords, de la réflexion sur les conséquences,… Il y a quelques lueurs d’espoirs, mais resteront-elles longtemps allumées ?

Peu de personnages m’ont plut, ou plutôt, mon sentiment a souvent changé sur les personnages. Ceux que j’aimais bien au début, ne me plaisent plus autant à la fin et vice versa. J’ai aimé apprendre ce qu’il allait leur arriver mais sans toutefois réussir à m’attacher. Je m’en suis aperçu surtout quand certaines choses arrivent que ça cela ne m’a pas attristé ni réjoui.
La psychologie de certains personnages est intéressante notamment César et le policier Fanelli.

C’est un roman qui développe de bonnes idées. Personnellement,  j’ai peiné un peu sur le style de l’auteur, autant c’est percutant et parfois incisif, autant parfois c’est trop énumératif et redondant. En tout cas, une fois l’histoire cadrée et les personnages en tête, la lecture est assez facile et rapide.

Il s’agit d’un tome 1, personnellement, ça ne m’aurait pas dérangé, qu’il contienne 50 ou 100 pages de plus pour conclure le tout dans un seul livre. Je suis à la fois curieuse de savoir ce que va pouvoir imaginer l’auteur dans un ou plusieurs tomes et en même temps, je ne suis pas plus que ça, en attente d’une suite. Peut être que je la lirai quand même, par curiosité.

Merci à Lire en live et les Editions Nathan pour ce partenariat.

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Une place à prendre de J.K. Rowling

Merci à Oliver de PriceMinister, lecture dans le cadre « Les matchs de la rentrée littéraire 2012 – par les blogueurs, pour les blogueurs »

Grasset, 680 pages, 24€

4ème de couverture

Bienvenue à Pagford, petite bourgade en apparence idyllique. Un notable meurt. Sa place est à prendre… Comédie de mœurs, tragédie teintée d’humour noir, satire féroce de nos hypocrisies sociales et intimes, ce premier roman pour adultes révèle sous un jour inattendu un écrivain prodige.

Résumé

Barry Fairbrother est pressé, c’est l’anniversaire de son mariage avec Mary mais il a ce papier pour le journal à finir, qui lui tient tellement à cœur! Il doit absolument se concentrer mais une migraine épouvantable le fait souffrir depuis plusieurs longues heures. Fin de journée, papier envoyé, il part avec Mary fêter leur anniversaire. Malheureusement, avant d’entrer dans le restaurant, Barry s’effondre, les cris de Mary alertent les clients qui se pressent d’appeler les secours. La tragédie s’abat sur la famille Fairbrother, Barry les a quitté. Il était le laeder de l’opposition au Conseil Paroissial de Pagford. La nouvelle est bien vite colportée à travers la petite ville, amis et opposants au conseil auront tous une manière différente de réagir face à cette disparition…

Extrait

« Il laissa sa phrase en suspens, mais aucune importance: Maureen savait exactement ce qu’il avait voulu dire. Tandis qu’ils regardaient madame la conseillère Jawanda disparaître au coin de la rue, tous deux songeaient à la vacance fortuite du siège de Barry et tous les deux se représentaient cette place à prendre non pas comme un espace vide, mais plutôt comme un chapeau de magicien, regorgeant de possibilités. » page 59, Une place à prendre de J.K. Rowling, Grasset.

Mon avis

J’ai beaucoup aimé !!!

Voilà, je fais parti des personnes qui ont aimé, pour ce que j’en ai vu jusqu’à maintenant, les avis sont mitigés, certains ont même abandonné leur lecture. Je peux franchement comprendre, c’est assez dur, très loin d’un univers enchanteur et magique, si vous êtes hyper méga fan du petit sorcier, à mon avis ça risque de vous faire « ça passe ou ça casse ». C’est bien un livre pour un public adulte, il y a des scènes marquantes, pas mal de noirceur, je ne le conseille pas à un public jeune qui chercherait à retrouver l’univers de leur sorcier préféré.

Nous avons ici un livre très dense avec un grand nombre de personnages, on suit plusieurs familles.  Certains seront peut-être perdu par l’importance et le nombre de protagonistes, moi, j’ai l’habitude, j’ai su m’accrocher et j’étais tellement dans l’histoire que les coupures dans ma lecture ne m’ont pas perdues (en plus, il y avait beaucoup de monde aussi dans Harry Potter!)

L’histoire est hyper bien menée, les éléments se mettent en place progressivement. Et j’ai trouvé le livre très prenant. J.K Rowling a réussi à distiller suffisamment d’informations pour qu’on s’interroge et pour accrocher le lecteur. Puis à la fin, on se rend compte qu’il y a tous les éléments qu’il faut pour faire les liens entre les différents personnages, pour comprendre pourquoi ils agissent de telle ou telle façon, ou pense de telle manière. Bien que l’histoire soit dense on a toutes les clés de compréhension. Tout est en progression.

Je n’en dévoilerais pas trop sur l’histoire ou les personnages, je pense que c’est un livre qu’il faut lire sans trop d’informations pour découvrir soi-même. C’est pour ça, je pense que la 4ème de couverture est très courte. Et puis, il y a beaucoup de liens entre personnages, d’intrigues internes, qu’il est difficile de s’étendre de peur de spoiler mais aussi d’oublier pleins de choses importantes ! On suit donc plusieurs familles, alternativement plusieurs personnages nous font part de leur vie, de leur ressenti.
Dur de choisir un personnage préféré, vu ce qu’il se passe. Mais, on s’attache à certains, on peut s’identifier à d’autres, on veut savoir qui va faire quoi ou vivre quoi. Et comment ça va finir. Personnellement, je m’attendais à une fin particulière, en sentant la progression, mais je n’avais pas imaginé cette dernière.

Sachez toutefois, que l’histoire est actuelle, contemporaine et aborde un contexte social très dur. On a la confrontation entre un milieu social précaire et une sorte de petite bourgeoisie locale même si les définir comme ça est très réducteur. Parfois, ce livre se veut presque un révélateur de la noirceur de l’âme humaine, la détresse de la jeunesse qu’ils soient de bonne famille ou des cités.

J’ai beaucoup aimé la facilité qu’à J.K. Rowling à se mettre facilement dans la peau de ses personnages, qu’il s’agisse de jeunes adolescents ou d’adultes. On est complètement dans la tête à la fois des parents et des adolescents. On vit leur peine, leurs d’échec, leur sentiment d’impuissance, plus rarement les joies et les espoirs. Une plume magnifique et agréable (une excellente traduction), on se laisse guider toute le long du roman, facile à lire (même si certains passages sont plus difficiles).

On a avec Une place à prendre, une véritable immersion dans la vie du voisinage, de nombreuses réactions différentes à la mort du conseiller, parfois c’est très dur de voir comment réagissent les gens. On peut se demander quand-même si les actions ne sont pas parfois un peu excessives. Un roman dans lequel on trouve quelques traits d’humour noir  en fonction de la personne qui vit l’événement, beaucoup d’idées politiques aussi, avec des idées parfois assez carrées, parfois jusqu’à la caricature, très certainement une façon efficace de dénoncer les travers (actions et idées) de notre société. Mon avis est que l’auteure a voulu faire passer beaucoup plus qu’un seul message à travers son roman avec peut-être un peu de parti pris. En tout cas, son traiment du sujet est efficace aussi, j’en suis venue à détester une grande partie des personnages ! Enfin surtout leurs idées et leurs comportements.

En tout cas c’est pour moi une lecture qui m’a beaucoup plu et touchée. Elle nous fait réfléchir sur la passivité, l’entêtement, l’implication des gens dans une ville,… dans leur famille, dans leur vie.

Je suis ravie de découvrir un autre aspect de J.K. Rowling, j’ai vraiment beaucoup apprécié son passage dans un univers adulte. C’est assez frustrant d’en dire si peu ! Mais je ne veux pas vous gâcher la découverte. J’espère avoir bientôt l’occasion d’en discuter IRL !

Une première sur le blog mais je dois donner une note comme le demande priceminister

Note: 18 sur 20 .

Moi, je le recommande chaudement, si vous êtes mitigés, attendez peut être la sortie poche, ou faites le vous prêter. Si vous cherchez une lecture détente, légère, passez votre chemin.

Roman lu dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire

Lien vers la fiche livre Une Place à prendre

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