Punk’s not dead d’Anthelme Hauchecorne

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Midgard Editions, 461 pages, 16,50€

4ème de couverture

À quoi l’Apocalypse ressemblerait-elle, contée par un punk zombi ?
Qu’adviendrait-il si le QI des français se trouvait d’un coup démultiplié ? Un grand sursaut ? Une nouvelle Révolution, 1789 version 2.0 ?
Est-il sage pour un mortel de tomber amoureux d’un succube ?
Les gentlemen du futur pourront-ils régler leurs querelles au disrupteur à vapeur, sans manquer aux règles de l’étiquette ?
Comment se protéger des cadences infernales, de la fatigue et du stress au travail, lorsque l’on a le malheur de s’appeler « La Mort », et d’exercer un métier pour laquelle il n’est pas de congés ? 
Autant de sujets graves, traités entre ces pages avec sérieux. Ne laissez pas vos neurones s’étioler, offrez une cure de Jouvence à vos zygomatiques. Cessez de résister, accordez-vous une douce violence…De toute évidence, PUNK’S NOT DEAD a été écrit pour vous.

Mon avis

Définitivement fan du style d’Anthelme Hauchecorne !!!

Merci à Anthelme Hauchecorne et aux Editions Midgard pour ce partenariat !

J’ai vraiment beaucoup aimé ce recueil de 13 nouvelles, 13 histoires qui montrent l‘étendu de l’imagination de l’auteur, de son besoin de faire passer des messages de manière percutante et fun ! Toujours des sujets graves, traités de façon intelligente et non rébarbative. De la folie des hommes dévastant notre planète, à l’évolution engendrée par le chaos social, une palette de thèmes et de personnages habillement croqués, prennent vie sous la plume aiguisée et fluide d’Anthelme Hauchecorne. On sent parfois que des nouvelles datent un peu dans le sens où le style est peut-être plus balbutiant mais dans l’ensemble, 13 bijoux de précision, de beauté et de noirceur mêlés, de réflexion.

Le livre est magnifique ^^ La couverture est belle, je m’en lasse pas de la regarder (surtout quand on sait qui est en couv’), et les illustrations de Loïc Canavaggia sont superbes, je ne serais que trop vous conseiller de découvrir son coup de crayon. Chacun de ses dessins illustrent à la perfection les nouvelles d’Anthelme. A chaque fin de nouvelle, je revenais à l’illustration et je m’émerveillais des détails, de la justesse de l’interprétation. Vraiment bravo !

Autre élément génial dans ce recueil, les backstages, 2 ou 3 pages dans lesquelles Anthelme Hauchecorne, nous livre quelques clés sur la nouvelle, si elle est issue d’un appel à texte, le sujet devant être traité, son envie de faire passer tel ou tel message; si la nouvelle a été primée ou pas, ou encore ses influences musicales, lors de l’écriture du texte. C’est vraiment intéressant et montrent à quel point, il s’investit dans son écriture.

Difficile de dire quelle nouvelle j’ai préféré, je pense que certaines m’ont marquées plus que d’autres certainement quand le thème me touchait plus mais dans l’ensemble, j’ai passé 13 excellents moments de lecture ^^ Peut être une préférence pour la première, Décembre de cendres, où on est plongé dans le post-apo dès les premières lignes, ou La grâce du funambule qui se déroule à Roubaix ou encore La guerre des Gaules, où nos pires cauchemars deviennent réalité. Non décidément, c’est trop difficile de choisir !

Décembre de cendres, est une très belle nouvelle, mettant en scène Eva qui habite Brûle-Peste. Budapest post-apocalypse, où pour aider sa mère malade à se soigner, Eva va devenir Scropailleuse, un sort peu enviable, un « métier » où les plus fluets excellent, puisqu’il s’agit de rechercher dans les ruines de la ville des vestiges de l’ancien temps (conserves, bijoux, tableaux, alcool,…). Mais ces zones sont instables; le travail est dangereux, et les employeurs intraitables.
Quelle entrée en matière ! Cette nouvelle est très travaillée, superbement bien écrite, on est véritablement transporté dans le monde post-apo fantastico-réaliste et social ^^ Une leçon de vie pour Eva. Et pour nous ?

Sarabande mécanique est une nouvelle steampunk ^^ Dans le système planétaire Elisabeth IV, sur une planète quelque peu inhospitalière (mais ça n’a pas empêché les hommes de la coloniser ^^) Lord Patton et Edward Fleetwood attendent les témoins de leur duel… Une histoire comico-tragique, mêlant habillement les thèmes des classes sociales, du pouvoir, des conflits générationnels,… Le côté steampunk est très réussi, détails vestimentaires, vocabulaire, technomancie,… Une réussite agrémentée de références au cinéma de Kubrick.

No future. Le 25 décembre 2012, Johnny Rotten prend la plume pour écrire son témoignage, son testament. Suite à la Super Grippe, les survivants se sont faits rare mais ce n’était que la première étape de la destruction de l’Humanité par Mère Nature…. No future, ou l’apocalypse selon un zombi punk ! Nouvelle déjantée sur le retour de bâton de Mère Nature dans la face des êtes humains dépourvus de bon sens ! Tout ça est ma foi… assez juste !

C.F.D.T. Une légende existe sur un manoir hanté. Le père Gracchus, s’y rend pour l’exorciser mais au lieu d’y parvenir, il se retrouve témoin du legs du fantôme à une drôle de Confrérie…  De son côté, un viking recherche 3 jeunots jamais revenus de la chasse aux dragons…. Deux mondes qui vont se croiser… J’avoue avoir moins accrochée à cette nouvelle. J’ai bien aimé y retrouver des dragons, des fantômes. Mais je l’ai trouvé assez mal construite comparée aux autres nouvelles du recueil. Elle date de 2007, je pense que depuis Anthelme s’est doté un style plus percutant qui lui sied mieux. Ici c’est plus faible, sympa mais sans plus.

Sale petite peste, est une nouvelle tirée d’Hommage à Sir Terence ! 1349, la Mort est submergé de boulot avec l’épidémie de peste qui traverse l’Europe, la Pestilence nie y être pour quelque chose, bizarre… La Mort se rend chez M. Marasme, mort depuis 6 mois, recueillir son âme malgré le retard du à la pandémie. A sa grande surprise, il découvre que Mme Marasme est enceinte mais de moins de 6 mois, que se passe-t-il ? Qui se cache derrière ça ?
Je l’avais donc déjà lu, et c’est une nouvelle que j’adore ! Déjà le personnage de la Mort est un de mes préféré et je trouve d’Anthelme a su plus que très bien exploiter ce perso dans la lignée de Terry Pratchett ! Et on assiste à la naissance d’un personnage intéressant ! Du tout bon !

Les gentlemen à manivelle, est une nouvelle assez courte. L’histoire d’Eugénie au service de Maitre Brimborion. Maitre tête en l’air ou décarochant qui confond ses automates, les uns avec les autres. Heureusement il y a Eugénie et son sens inouï de la répartie !!! Un zeste de steampunk et une grosse dose d’humour, pour une nouvelle sur les robots un peu moins engagé que les autres nouvelles mais avec une fin très sympa ! Un gros plus pour les échanges entre Eugénie et Maitre Brimborion !

La guerre des Gaules, Énorme nouvelle ! Imaginez que le parti Nouvelle France (même si celui qui souhaite la fermeture des frontières, la sortie de l’Euro,…) gagne les élections de 2029. 5 personnalités reviennent sur cet événement qui plonger la France en guerre civile, car les pauvres sont toujours plus pauvres, les riches toujours plus riches, et  l’Europe s’en lave les mains… Et si pour s’en sortir, l’homme devait évoluer ? Sur un ton tantôt badin, tantôt hautin, tantôt beauf et tantôt aristo, à l’image des personnages interviewés , on découvre que la France devient après la victoire des extrémistes et des cons… Et nous ne sommes pas à l’abri que ça nous tombe sur le coin de la gu*ule… Sauf qu’on n’aura pas la chance d’évoluer … si ?  Une nouvelle marquée par un engagement sur un ton humoristique mais caustique et dénonciateur une série de thèmes sérieux et graves sont abordés, une excellent façon de faire passer le message (sur les différences, la société qui nous veut faire de nous des moutons, des abrutis, plus facile à manipuler). Une réussite !

Voodoo doll est une nouvelle assez courte, nous contant la nouvelle affaire d’un privé  chargé de retrouvée une jeune fille Angélique, qui a fuit son domicile. On decouvre un privé désabusé, une sorte d’anti-héros.  Anthelme Hauchecorne change de registre et se met au noir, et ça lui va plutôt bien ! A quand un polar, made in Hauchecorne ?

De profondis nous fait est une révélation, les dragons existent ! Ils vivent dans les profondeurs abyssales de nos océans. Mais leur nombre se réduit depuis peu. Que se passe-t-il ? Qui ou quoi s’en prend aux derniers géants ? Une nouvelle originale, l’accent est porté sur l’imagination qu’inspire le monde des mers et des profondeurs inexplorées. Mystères et créatures étranges. Moi aussi quand je vois les reportages sur tout ce qu’on aurait à découvrir dans le fond des océans, ça fait travailler mon imaginaire, j’ai beaucoup aimé !

La ballade d’Abrahel, une réécriture de conte lorrain. Martin, éleveur de brebis est marié à Martine. L’union n’est plus si heureuse, Martin reluque un peu trop la jeune et jolie Catherine. Mais Martin est dupé, Catherine n’est pas celle qu’il croit. La nuit, le succube reprend son apparence, et rentre dans son monde. Où il cherche à racheter un objet particulier mais là bas, tout se paie en âme… Une nouvelle qui m’a beaucoup plut! Le démon est plus qu’il n’y parait, que ce que l’on en voit. J’ai beaucoup aimé la fin.

Buto atomique, une nouvelle un peu en marge des précédentes, mélange de réel et de fantastique. C’est au lecteur de se faire son propre avis et de choisir. Un patient confie à son médecin la façon dont il a miraculeusement survécu à des radiations. Mais pour comprendre comment il a pu guérir, il lui faut raconter comment il a été contaminé. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle, belle et gracieuse comme le thème de la danse développé ici. Très originale sur des sujets qui m’ont touchée. Je recommande !

La grâce du funambule, ou quand un jeune diplômé de Roubaix, souhaite quitter la ville et son homme pour rejoindre Paris et vivre son rêve. Julian est comme un funambule, en équilibre, obligé d’avancer pour ne pas tomber, pas possible de faire demi-tour. Une quête d’idéale dans un monde corrompu. J’ai été touché par cette nouvelle. C’est la seule qui n’a pas de touche fantastique, un défi pour l’auteur, réussi. J’ai adoré, les personnages, la façon de rendre hommage à Roubaix, à son passé historique, ses écoles de mode, tourné vers l’avenir, où une certaine misère sociale évolue dans un monde de strass et de paillettes, deux mondes opposés mais pourtant soudés. Une nouvelle « blanche » très réussie.

Le roi d’Automne, quand Dawn retrouve enfin l’Univers du Sidh qu’elle a tant adoré !!! (oui je parle de moi à la 3ème personne ;p) Qui a lu Âmes de verre, retrouvera avec plaisir un des personnages charismatiques du livre et ceux qui n’ont pas lu auront un avant gout de ce livre fantastique ! L’action se passe avant Âmes de verre, et Ambre est adolescente. Elle est jeune et chiante! J’adore ❤ Ambre est issue d’une famille ayant pour mission de protéger les Dormeurs des Daedalos qui essaient de passer à la Surface. Les jeunes de ces familles particulières doivent une nuit de Samhain, descendre dans l’En-Deçà, acquérir la Vue et la preuve de leur passage là bas, une arme ou un Daedalos ! Bref, une mission périlleuse. Ambre réussira-t-elle ? Est-elle vraiment maitresse de ces choix ? Une nouvelle que j’attendais et je n’ai pas été déçue, retrouver l’En-deçà, les Daedalos, l’étrange famille d’Ambre, un régal ! J’espère que cette nouvelle vous donnera envie de vous jeter sur le Tome 1 du Sidh, ça vaut vraiment le coup !

Voilà, à part un ou deux nouvelles que j’ai trouvé en-deçà des autres, j’ai vraiment beaucoup aimé ce cercueil de nouvelles ! Je regrette de ne pas avoir Baroque’n’roll dans ma PAL mais j’attends sa réédition (si je me trompe pas, ça devrait avoir lieu un jour), histoire d’avoir un aussi joli ouvrage que ce Punk’s not dead !!!!

Ces 13 nouvelles à leur manière plus ou moins développée, font réfléchir, abordent sur le ton de l’humour, de la dérision (permit par l’Imaginaire), des sujets sérieux et graves. Je n’ai pas eu l’impression qu’on voulait me donner des leçons, mais plutôt me permettre de réfléchir, de développer ma propre opinion, de m’intéresser à des sujets importants, sur des questions sociales et environnementales. Mais surtout Punk’s not dead est un recueil qui emporte son lecteur dans plusieurs univers et qui le fait réfléchir et moi c’est ce que j’aime dans mes lectures ^^ Une écriture belle, intelligente, fluide, un style percutant, de magnifiques illustrations, je vous recommande l’auteur et l’ouvrage !

Bonne lecture 😉

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JLNN

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Au service des insectes de Cindy Van Wilder

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Editions Voy’[el], collection e-court, ebook, 0,99€

4ème de couverture

La peste a ravagé les cités-murailles. Jadis protégées derrière leur dôme, survolées de glorieux aéronefs, elles ne sont désormais plus que ruines où errent les survivants. Les Insectes ont envahi les territoires laissés vacants par les hommes. Leurs ruches s’élèvent fièrement à la conquête du ciel. Bess est l’une des femmes recrutées pour prendre soin de leurs larves, ce qui lui assure un minimum de confort. Mais en ces temps de dévastation, que peut encore attendre de l’avenir une humaine qui a tout perdu ?

Résumé

Bess vit avec Marge et Jeannie, qui sont comme elle des nourrices. Ces survivantes disposent d’un minimum de confort en échange de leur travail pour la ruche. Elles nourrissent et prennent soin des cocons des différents insectes de la Ruche. Bess se résigne à cette existence, elle aimerait en savoir plus, mais dans ce contexte, elle ne peut faire que survivre. Jusqu’au jour, où une attaque se produit..

Mon avis

Voici ma seconde lecture dans le cadre du partenariat entre le blog et la collection e-court des Editions Voy'[el]. Merci de me permettre de découvrir cette nouvelle et par la même occasion Cindy Van Wilder dont c’est le premier texte que je lis.

Une nouvelle angoissante !

Le lecteur pénètre dans un monde post-apocalyptique. Le monde était occupé par les Hommes et les Insectes (oui oui des insectes géants, terrifiant n’est-ce pas?). Protégés derrière les cités-murailles et leurs dômes, les humains cherchaient à  exterminer les Insectes considérés comme une menace. Mais la Peste a décimé les cités, les hommes luttent pour survivre et les Insectes ont envahi le monde. Rien que ce point de départ, pour une phobique des insectes, c’est l’horreur !!!! Mais comme j’adore me faire peur, j’ai lu cette nouvelle avec un plaisir mêlé d’appréhension !

Au cours de ma lecture, j’ai pensé à d’autres lectures (polars notamment) où des illuminés pensent que l’avenir appartient aux insectes, qu’ils domineront le monde et que l’homme sera anéanti par eux et la nature. Et bien, ici, ces passionnés des petites bêtes seraient enchantés, Cindy Van Wilder nous donne un aperçu de ce que serait ce monde et cela donne la chair de poule !

Nous suivons Bess, qui a un peu plus de « chance » que d’autres survivants, elle bénéficie d’un minimum de confort, car elle est Nourrice. Un poste considéré par les survivants comme humiliant et dégradant mais surtout comme une traitrise de la part de ses femmes qui ne cherchent qu’à survivre. Les autres survivants moins chanceux donc, vivent dans la rue, sans manger à leur faim, dans la misère et la pauvreté.

Bess s’occupe donc de nourrir et de prendre soin des larves des Insectes au sein de la Ruche. Elle s’efforce de faire au mieux en évitant de se remémorer son passé, dramatique. J’ai ressenti beaucoup de peine pour Bess et l’auteure nous permet de bien ressentir ses émotions, sa relative indifférence, ses questionnements, ses peurs, … La vie de Bess est loin d’être enviable, le travail est dur et la pression constante. Imaginez être inspecté, gardé, observé,… par des guêpes géantes, pas commode du tout… Bouhhhh Et encore s’il n’y avait que des guêpes … d’autres dangers rôdent, terrifiants, poilus

Bess est un personnage qu’on prend plaisir à suivre, elle qui a tout perdu, va découvrir qu’il reste peut être un peu d’espoir dans sa vie. Cette nouvelle est cependant trop courte !!! Oui, je sais c’est le principe de cette collection, mais là, quand même, j’aurais aimé suivre Bess plus longtemps, et en savoir plus sur ce monde si particulier (et oui même si les insectes et moi, on est pas copain-copain). L’auteure nous dépeint un monde qu’on aimerait découvrir plus en détails, qui ne rougirait pas d’être développer en format plus long ! 

J’ai apprécié cette nouvelle angoissante (voire même terrifiante quand on est phobique!), très bien écrite même si je dois reconnaitre que je reste sur ma faim concernant l’univers post-apo très intéressant qui mériterait un développement !!! Cindy Van Wilder a su créer une atmosphère étrange et particulière, entre courant glacé et torpeur moite, mélange d’oppression et de sérénité. Je suis contente d’avoir découvert une auteure, son écriture et je guetterais ses news concernant ses prochaines publications.

Merci encore aux Editions Voy'[el] et la collection e-court, pour ce partenariat très riche en découverte !!!

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JLNN

Le Tambour du diable de Lou Magma

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autoédition, 68 pages, ebook, 1,02€

4ème de couverture

On dit que « l’herbe est toujours plus verte chez le voisin »

Raphaël perd tragiquement sa famille à l’âge de dix-huit ans. Cette douleur restera en sommeil jusqu’à ses trente-trois ans. Son existence est depuis lors vécu de manière saccadée. Entre folie et réalité, le chaos frappe à sa porte…

Résumé

Raphaël Deschamps est un jeune cadre dynamique qui pour s’assurer un avenir se marie avec la fille de son patron Rebecca, qu’il supporte de moins en moins… Il se souvient des moments tragiques de son enfance et envisage de poursuivre sa vie dans une autre direction…

Mon avis

Une lecture en demi-tente

Il y a de très bonnes choses dans cette nouvelle mais également des aspects qui m’ont laissé perplexe.

On suit Raphaël, marié à Rebecca, une jeune femme peu avenante au yeux de son époux. On découvre les circonstances assez particulière de leur union et depuis, Raphaël passe de moins en moins de temps avec sa femme. Elle se désespère de ne pas avoir d’enfant, flique son époux et passe son temps avec ses amies.

Raphaël ne supporte plus sa condition, ce mariage malheureux et cette vie qui le pèse. En parallèle on découvre qu’il en est de même pour Rebecca. Mais il se passe des choses étranges autour de Raphaël. Il revit certains instants traumatisants de sa jeunesse, notamment les circonstances étranges de la disparition de sa famille. Et il prend conscience de la direction qu’a pris sa vie, et ça le met en rogne. Au fil du récit, le lecteur découvre que de plus en plus de choses se passent qui ne sont pas cohérentes. Raphaël a l’impression de voir sa mère, alors qu’elle n’est plus, il découvre des papiers qu’il n’a jamais reçu, Raphaël Deschamps n’existerait pas ?… Les choses qu’on apprend sur sa jeunesse restent floues, comme si même pour Raphaël tout ce qui se passe ou s’est passé n’est plus qu’un souvenir vague.

Le lecteur sent que quelque chose coince et on a envie de savoir quoi. Que fait vraiment Raphaël, est-il celui que l’on croit ? Pourquoi Rebecca semble à la fois distante et proche? Qui est vraiment la meilleure amie de Rebecca, Laura?  Ce côté troublant, perturbant dans le récit est le point que j’ai préféré, on avance à tâtons, on essaie de comprendre, on recueille des indices et la chute nous surprend. Cette nouvelle met en route notre imagination, que se passe-t-il vraiment ? Confusion ? Folie ? Errance ?

Mais tout se mélange un peu. Et c’est là que c’est dommage. Parce qu’il manque quand même certaines explications, certains liens. L’idée est intéressante, mais la structure narrative peut perdre assez vite le lecteur. Et les thèmes et les idées qui sont très forts pourtant, perdent du coup en conviction. Même si moi, ça ne me dérange pas de renouer les fils par moi même, je pense que cela posera plus de problème à d’autres lecteurs qui ne dépasseront pas le stade de certaines incompréhensions.

Le texte se lit bien, c’est rythmé, cependant, quelles coquilles trainent encore (certains mots m’ont semblé un peu mis à la place d’autres) et j’avoue avoir du mal personnellement avec les mélanges narratifs 1ère et 3ème personne. On comprend pourquoi au final mais j’ai trouvé ça, assez gênant.

Il y a donc de très bonnes idées (le confit entre Raphaël et Rebecca est super bien décrit), des thèmes intéressants (folie, souffrance, changement de vie), une intrigue assez originale et surprenante mais on sent qu’il faudrait peut-être approfondir certains passages pour fluidifier l’ensemble de l’histoire.

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JLNN

Fissures de Jess Kaan

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Editions Lokomodo, 7,30€, 336 pages

4ème de couverture

Étrange, morcelée, craquelée, notre réalité se délite et nous entraîne dans son sillage. Les certitudes vacillent, les idéaux s’estompent et l’on contemple les fissures de ce monde que l’on croyait inébranlable. Il est plus tard que vous ne pensez, votre quotidien a déjà basculé. Sauver ce monde… Ou l’accepter ? Au fil de quinze récits entre New York, Londres et Dunkerque, Jess Kaan vous convie à partager son univers, ses peurs, ses espoirs aussi. Venez…

Mon avis

Une belle découverte !

J’ai acheté ce recueil de nouvelles sur les conseils de Cindy, que je remercie, c’était une très belle découverte d’une atmosphère particulière, d’un auteur prometteur et d’une maison d’édition sérieuse qui fait des poches abordables en plus !

Ce recueil est composé de 15 nouvelles plus ou moins longues toutes empreintes de réalisme et de fantastique mêlée. Quasiment à chaque fois, j’ai été surprise de la tournure des événements dans les nouvelles. Elles commencent quasiment toute dans notre réalité, sociale, culturelle, … avec son lot de poésie et de drames, puis ça dévie de façon assez naturelle dans le surnaturel, la limite entre la folie et la perception de notre monde, est mince, un rien suffit pour basculer « de l’autre côté du miroir ».

J’ai adoré certaines nouvelles, d’autres m’ont moins plu, pas à cause de la qualité du récit ou de l’écriture mais plutôt parce qu’elles sont trop courtes pour s’attacher aux personnages et s’imprégner de l’atmosphère.

Comme pour chaque recueil, je vous ai préparé un résumé de la nouvelle et mon impression après lecture :

Rustbelt

Dans le Nord, un ouvrier de 29 ans se retrouve au chômage, sans autre bagage que 10 années passées au service de son employeur à suer sang et eau pour lui. Dans le coin, on vénère le bienfaiteur de la région qui a créé la plus grosse usine et employé beaucoup de locaux. En dépit de ses comportements personnels condamnables, tout le monde ferme les yeux; même après sa mort, il est considéré comme un Saint. Après une soirée à boire, notre ouvrier va chercher à se venger, mais tout ne va pas se passer comme prévu…

Cette nouvelle est très bien écrite, la tension monte progressivement. A la fois, sociale et fantastique, elle aborde des thèmes difficiles, la détresse sociale, la crise économique, le pouvoir des riches, les œillères des plus pauvres, … On arrive facilement à se mettre à la place de cet ouvrier et comme lui, on ne peut rester les bras ballants à ne rien faire. Le basculement dans le fantastique est vraiment bien fait, progressif et subtil.

L’intrigue

Un jeune homme doit retourner à Dunkerque pour son travail mais il déteste cette ville associée à de trop mauvais souvenirs, et plus que tout le Carnaval. Entrainé par un collègue de travail, il va devoir y participer, c’est alors qu’il aperçoit un de ceux que l’on surnomme l’Intrigue. Il y a 10 ans son père en a croisé un et n’a plus jamais été le même après…

J’ai beaucoup aimé cette nouvelle à la tournure inattendue ! J’ai aimé aussi découvrir le Carnaval sous les mots de Jess Kaan. J’avoue ne pas être attiré par ces rassemblements (trop, beaucoup trop de monde pour moi, même si j’aime l’esprit Carnaval) et après cette nouvelle… j’ai encore moins envie d’y aller ! Bouhhhhh (vous comprendrez à la lecture) ! Cette nouvelle traite des thèmes de la mort, du désespoir, des faux semblants et de l’essence même du Carnaval.

Les chats

Sébastien est une grande gueule, le genre à démarrer au quart de tour. Il a une femme, 4 gamins et 2 chiens. La famille pleine de stéréotypes qui se prend pour des bobos ! Mais surtout Sébastien déteste les chats. Un jour, il utilise son rottweiler contre un chaton. Après, ça des phénomènes étrangers vont se produire…

Alors là, c’est malheureux mais j’ai eu l’impression de retrouver certaines personnes que je connaissais quand j’étais ado, le père qui préfère ses chiens à ses enfants, qui se réjouit d’être cruel. Le genre de type qui fait froid dans le dos.  Dans cette nouvelle, j’ai aimé, ne pas arriver à déterminer ce qui est réel de ce qui est de l’ordre du délire ou du fantastique. C’est vraiment très bien fait ^^  Une question se pose : aimerez-vous toujours les chats après cette nouvelle ?

Toute la peine du monde

En 1994, Valérie, ado perturbée, voit un psychiatre, grâce à lui, elle va découvrir pourquoi elle est si mal dans sa peau. 10 ans plus tard, elle assiste aux obsèques de ce médecin qui a tant compté pour elle et se remémore les choses qui se sont passées dans la dernière décennie… 

Très belle histoire dans cette nouvelle, cependant, je ne sais pas pourquoi, j’ai moins accroché, peut-être que mon esprit aurait souhaité un traitement différent de ce qui arrive au docteur.

Épié

Un homme se sent épié chez lui, il sent une présence mais ne trouve rien d’autre qu’une boite posée sur sa table de séjour, qu’il n’avait jamais vu auparavant…

Voici un exemple de nouvelle courte, trop pour que j’arrive vraiment à accrocher. Mais elle est intrigante et crée un trouble chez le lecteur, est-ce  une nouvelle fantastique, ou la métaphore d’une maladie ?

Kenshiro’s way

On suit Kenshiro un ninja dans un « Hiroshima » aux allures futuristes mais surtout touché par un Mal étrange. Sa sœur est en danger, il doit faire quelque chose pour elle…

Une des rares nouvelles du recueil à ne pas être ancrée du départ dans la réalité que l’on connait. Je ne suis pas portée sur la culture ou les histoire asiatiques, j’ai donc eu du mal avec cette nouvelle au début et puis sa tournure change et elle devient surprenante. J’ai aimé dedans, ce qui fait un peu plus « SF », des animaux-robots notamment. Et l’art de l’illusion.  Cette nouvelle est plus longue que les précédentes, plus étoffée, finalement elle me laisse un bon souvenir alors que c’était mal parti ^^

915

Un père est au chevet de son fils à l’hôpital. On a alternativement le point de vue de ce père et de son fils. Mais le point de vue du fils n’est pas celui auquel on s’attend…

Cette nouvelle est très belle, elle met en avant des thèmes comme le pouvoir de l’amour, les rêves, l’imaginaire, la dureté de la réalité, l’espoir… J’ai beaucoup aimé cette nouvelle et son symbolisme.

Le syndrome de Midas

Grégory, diplômé dans la finance, vient d’être embauché dans une des plus grosses boites de Londres comme trader. Son comportement déjà limite, change encore, il devient égoïste, insensible, odieux, arrogant. Il va jusqu’à se mettre à la Coke pour être plus performant. Le début de la fin…

Encore une nouvelle surprenante! On n’imagine pas la fin quand on la commence ! Grégory est typiquement le genre de personnage qui m’est antipathique, à un point tel que je n’ai même pas été touchée parce qui lui arrive, après tout, il n’a que ce qu’il mérite ! En tout cas, sa description, celle de sa vie, sont une réussite, puisque je l’ai détesté et je pense que c’était le but non ? J’ai bien aimé la touche de mythologie, un changement par rapport aux autres nouvelles qui m’a surpris et qui m’a plu.

Fantasy impromptue

Marlène a été agressée sexuellement, elle n’arrive plus à faire face, elle s’enfuit de sa chambre d’étudiante et découvre un étrange bois…

Cette nouvelle est très très dure, terrible, triste et horrible. Par contre, le récit est maitrisé, pas de pathos, la façon de traiter ce thème est juste. La belle écriture de Jess Kaan, n’adoucit pas pour autant la cruauté de la vie, du malheur qui peut survenir. Parfois, il n’y a rien à faire…

Fenêtre ouverte sur (ton âme)…

A 17 ans, cet ado est le gars que tout le monde trouve un peu lourd, c’est pas le canon du lycée, et pas une fille ne veut sortir avec lui. Mais il est amoureux de Chloé. Un jour, il va par hasard, se découvrir une capacité,…

Cette nouvelle est très courte et là aussi, trop pour s’attacher à ce garçon, ou pour être marqué par le message de cette nouvelle.

Les herbes hautes

Un étudiant accepte un job d’été dans les Flandres, s’occuper des travaux d’une propriété qui accueille de septembre à mai un pensionnaire romancier, en général étranger. L’été, il est donc seul dans cette Villa, avec pour seule visite en semaine, la factrice, cette dernière va lui apprendre que son prédécesseur s’est suicidé,… Que se passe-t-il dans cette Villa ?

Une nouvelle un peu plus longue. Ce qui permet de faire monter le mystère sur les phénomènes qui se passent dans cette demeure. Cette nouvelle traite des thèmes comme l’Inspiration, l’Art, l’Écriture, la Passion, « jusqu’où peut-on aller ? » Cette nouvelle m’a beaucoup plu ^^

Le Restoroute

Audrey et Michael déjeunent dans un restoroute mais Mick trouve l’endroit louche, le proprio surtout. Pourtant Audrey le rassure, elle est armée et ne voit pas de « sale gueule » aux alentours.

On comprend assez vite ce que sont les « sales gueules » pour Audrey. Ce genre de personnages que je n’aime pas. Mais encore une fois, j’ai été surprise par la tournure des événements et cette nouvelle est une excellente surprise et pourtant comme je déteste ce thème, c’était pas gagné !

La guilde des avaleurs d’asphalte

Un ancien flic décide d’infiltrer la vie d’un VRP au comportement étrange. Il devient lui-même VRP, s’arrange pour le rencontrer et lui demander de lui montrer ses trucs. Ce qu’il va découvrir va au-delà de tout ce qu’il aurait pu imaginer…

Cette nouvelle fait un peu polar, encore un changement de style qui va bien à Jess Kaan. On reste quand même dans l’univers fantastique. Ici aussi il est difficile de faire la différence entre la folie, l’imaginaire, le fantastique, la réalité ! Encore une nouvelle où on ne voit pas venir la fin !

Kevin

La mère de Kevin est égoïste, elle le retient chez elle pour garder ses deux sœurs, pendant qu’elle passe du temps avec son nouveau petit-ami. Kevin ne se rend donc pas au voyage scolaire avec ses camarades de classe. Le soir, il guette leur retour, mais le bus a beaucoup de retard. Tout le monde s’inquiète quand soudain le bus arrive. Mais pas de chauffeur, pas de cris d’enfants, pas de joie de retrouver leurs parents. Kevin sera le premier à regarder dans le bus, ce que lui et les parents vont découvrir est inimaginable….

Cette nouvelle est assez flippante ! On se demande à quel moment on a basculé de l’autre côté du miroir ? Que se passe-t-il ? On observe aussi que les événements influent sur les personnes dont le comportement change, inévitablement. On a une drôle de sensation, d’impression à la fin de la lecture. Bouhhhh.

London Calling

La police londonienne doit rouvrir l’enquête sur la mort d’un chanteur punk. Pendant ce temps, un homme au chapeau melon va faire ses emplettes dans une épicerie du quartier, il donne l’impression d’être à la fois de notre époque et du passé dans sa façon de parler. L’épicerie se fait braquer, notre homme au chapeau melon est fortement contrarié, c’est pas tout, il a un diner important à préparer. Il « maudit » le braqueur. Ce dernier s’enfuit par le métro quand tout à coup il se retrouve dans un autre monde, à l’époque des carrioles et où tout est en noir et blanc…

Ma nouvelle préférée du recueil ! Mystère, Imaginaire, Enquête policière,… On y retrouve des références littéraires, musicales, cinématographiques, elle nous parle de rêves, de quête d’identité, de révolte,… J’ai vraiment aimé l’imaginaire développé dans cette nouvelle, découvrir qui est cet homme au chapeau melon, suivre un peu la police, découvrir un monde différent. Je vois vraiment bien ce type d’histoire dans un roman, en tout cas, moi j’aimerai beaucoup !

Voilà pour chaque nouvelle.

J’ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles, dans l’ensemble, elles m’ont toutes plu, sauf peut être les plus courtes. A chaque fois ou presque, j’ai été surprise par la tournure des événements, par la façon dont l’auteur arrive à glisser aisément de la réalité au fantastique, soit carrément, soit par touche. Certaines nouvelles sont dures, d’autres sont touchantes. Certaines font rêver et d’autres donnent la chair de poule !

Le fil rouge du recueil pour moi, c’est vraiment « les fissures », à quel moment le récit change, se transforme, à quel moment la perception change, le monde se modifie. Avec toujours cette emprise dans la réalité, qui amène à s’interroger, est-ce vraiment du récit fantastique, ou sommes-nous mis face à la folie humaine ?

Parfois, ça m’a fait penser à la série « Au delà du réel, l’aventure continue » ou à « la 4ème dimension », quand tout bascule à un moment donné !

« Ce n’est pas une défaillance de votre téléviseur. N’essayer pas de régler l’image. Nous maîtrisons, à présent, toutes les retransmissions. Nous contrôlons les horizontales et les verticales. Nous pouvons vous noyer sous un millier de chaînes ou dilater une simple image jusqu’à lui donner la clarté du cristal, et même au delà … Nous pouvons modeler votre vision pour lui fournir tout ce que votre imagination peut concevoir. Nous contrôlerons tout ce que vous aller voir et entendre. Nous partagerons les angoisses et les mystères qui gisent dans les plus profonds abysses … au delà du réel »
Oups, je m’égare !

Chaque nouvelle est vraiment bien écrite. L’écriture est soignée, fluide, vivante. Les thèmes sont bien choisis, variés, en restant en cohérence avec la dimension fantastique. ça me plairait beaucoup de lire une histoire complète de Jess Kaan (j’attends impatiemment son passage à l’Atelier Mosésu, pour un Embaumeur !). Ce recueil est une très belle découverte, n’hésitez pas à découvrir ces textes et son auteur.

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JLNN

Permafrost de Stéphane Beauverger

39955

Nouvelle paru dans le recueil Contrepoint anthologie de Laurent GIDON, Actu SF, 0,99 € la nouvelle, recueil offert pour l’achat de deux livres Actu SF

http://www.editions-actusf.fr/anthologie/contrepoint

Résumé personnel

Les différents clans de la région sont convoqués par Ogan, un vieil homme, dernier de son clan. Les clans sont en guerre depuis aussi longtemps que remonte la mémoire collective. Chaque représentant des clans, réuni au son du tambour,  défend avec véhémence son point de vue, sur la nécessité des affrontements, pour la garanti de la suivie du clan. Ogan leur annonce pourtant que le temps de la guerre est révolu, que les clans doivent s’unir pour survivre…

Mon avis

C’est ma première chronique pour une nouvelle lue seule, je m’essaie à l’exercice, ça risque d’être un peu difficile, j’espère en tout cas, vous donner envie de découvrir la nouvelle et pourquoi pas d’autres publiées par Actu SF !

Merci à Actu SF et Lune du blog Un papillon dans la Lune – Blog SFFF grâce à qui j’ai la chance d’avoir eu cette nouvelle 🙂

Permafrost nous plonge tout de suite dans une atmosphère particulière. Des vents froids et mordants, des plaines glacées et arides. Un climat dur et tranchant comme les clans des tributs vivants dans cette contrée. On a beau être dans une nouvelle, donc un format court, le champs lexical choisi, les phrases incisives et le style retranscrit du langage parlé par les tribus, le contexte est vite planté et très bien planté. On sent le poids d’un passé de souffrance, de conditions dures, de batailles, … une époque qui pourrait être lointaine, révolue, … mais pourtant on comprend que nos comportements n’ont pas vraiment changés. La lutte pour survivre, pour le pouvoir, pour le territoire, empêche l’instauration de la paix. A notre époque les moyens de se battre sont différents mais le même schéma existe chez nous.

Les clans se déchirent, se battent mais Ogan veut leur faire comprendre que pour survivre, les batailles doivent cesser, le sang arrêter de couler, … La paix qui semble impossible est nécessaire pour la survie.

S’unir oui mais le changement fait peur, engendre des doutes, peut mettre en danger, surtout que la paix nécessite des moyens radicaux pour qu’elle soit efficace. Mais qu’est-il préférable : souffrir mais vivre sa vie ou se chamailler, se battre, mourir ou tuer ? Il faudra un événement tragique pour que la vérité s’impose aux Hommes.

Cette nouvelle est assez courte mais elle véhicule des messages, une réflexion importante qui pallie le format court. Permafrost est une nouvelle un peu dure mais qu’on retient, qui marque.

On peut interpréter les messages passés, par exemple, la nécessité de communiquer, d’instaurer la paix pour la suivie à plusieurs échelles : clans, les régions, les pays, notre monde en général. Les notions abordées permettent à Permafrost de se démarquer : le sacrifice, aller au delà des apparences, l’intérêt commun, la paix, …

Je suis contente de retrouver le style si fluide et agréable de Stéphane Beauverger (Le Déchronologue). Et j’aime les idées et les messages véhiculés par ses écrits.  Je suis donc ravie d’avoir découvert cette nouvelle 🙂

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JLNN

Les contes de crimes de Pierre Dubois

Les contes de crimes

Folio, 6,95€, 304 pages

4ème de couverture

Il était une fois, au temps où les princes n’épousaient plus des bergères mais se pacsaient aux bergers, des contes de fées noirs à souhait. Cendrillon est victime des pulsions sexuelles d’un prince héritier, la Belle au bois dormant, l’otage pathétique d’un époux déséquilibré. Derrière Peter Pan se cache un dangereux innocent, derrière le Petit Chaperon rouge une machiavélique enfant. Pour résoudre une série de meurtres, Blanche-Neige fait appel à un détective spécialiste des nains de jardin… Pierre Dubois se livre à une réécriture diabolique des contes ayant bercé notre enfance. Issus du mariage improbable de personnages de Grimm avec le roman policier, ces Contes de crimes font autant rire que frissonner..

Je ne fais pas de résumé global mais un petit résumé par nouvelles.

19ème lecture du Club de Lecture Lillois:  l’île aux Livres

Mon avis

Une féérique découverte ! J’ai adoré !

Attirée par le jeu de mot du titre, par la 4ème de couverture : une réécriture des contes de fées dans lesquels s’insèrent des crimes, j’ai pris ce livre à la librairie sans en avoir entendu parler et sans connaitre Pierre Dubois.

Finalement, il ne s’agit pas de que de réécritures de contes, c’est plutôt des nouvelles prenant pour base les contes, un événement dans un conte et l’action des nouvelles est contemporaine. Mais plutôt que me contrarier, j’ai apprécié la performance de mettre le monde des contes, des princesses, des fées, des créatures imaginaires en lien avec notre monde, la réalité.

J’ai beaucoup aimé l’écriture de Pierre Dubois, ça se lit rapidement, mais peut-être pas aussi facilement que je l’aurai cru. En effet, Pierre Dubois en connait du vocabulaire, on sait qu’il maitrise à fond son sujet, et est également doué pour inventer des mots qui sonnent bien. Pas toujours facile donc, dans le sens où même si on n’arrête pas la lecture en cours, car on comprend le sens général, on se dit qu’on va devoir y revenir, pour acquérir toutes les subtilités de l’écrit. Finalement, j’ai cherché certaines références et puis j’en ai laissé tombé d’autres. Puis quand je ne comprenais pas clairement une partie, je m’imaginais ce qu’il voulait dire avec mes propres mots (quitte à être un peu à côté) et j’ai progressé dans la lecture, sans me lasser. Je comprend qu’on puisse vite décrocher de son style si particulier mais moi ça n’a pas été le cas.

Toutes les nouvelles, ne sont pas au même niveau d’intrigue mais elles sont toutes magnifiquement écrites. On ne peut nier que Pierre Dubois s’y connait en contes et en histoires, il est pas elficologue pour rien! On a là un vrai conteur, ça doit être quelque chose de l’écouter conter un récit, un univers empli de magies, de personnages féériques et pourtant aussi liés à nos époques plus ou moins passées.

Mes préférées sont celles qui font apparait le détective des fées C. Marmaduke Perthwee, un détective excentrique, qui perçoit le fabuleux et le merveilleux dans notre monde, un des rares à croire aux femmes-fées, aux gnomes, aux présences, aux fantômes, aux contes, etc. Il est accompagné de Roger Ackroyd qui l’aide dans ses investigations en lui jouant des airs de cornemuses. Marmaduke est une sorte d’Hercule Poirot fantasque fusionné avec un Sherlock Holmes mystique. C’est un personnage que j’ai adoré suivre. Ces nouvelles sont donc un peu plus policières et ce n’est pas pour me déplaire, on cherche le coupable d’un ou plusieurs crimes, et on se concentre à la fois sur ces crimes et sur les révélations faites par Marmaduke. Des intrigues parfois, oserais-je le dire ?, digne d’Agatha Christie. Ce que j’ai aimé également, c’est être surprise par la résolution de l’intrigue alors qu’on nous donne les plus flagrants des indices : le nom de la nouvelle et un extrait des contes de Grimm ! On en oublie les titres, et on est porté par l’affaire sur laquelle enquête Marmaduke.

Les autres nouvelles sont plus courtes, mélangeant divers sentiments, cynisme, humour, folie, sensualité, … Les histoires sont peut-être un peu moins originales mais toujours bien construites avec  tantôt des fins surprenantes, tantôt des fins qu’on voit quand même venir.

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Voici pour chacune des nouvelles, un petit résumé de l’action et mon ressenti :

La belle au Bois Dormant
Monsieur Pepinster cherche à se débarrasser de sa femme, mais rien de plus difficile que de faire passer ça pour un accident.
Un jour après une énième session de Luna Park, M. Pepinster a une illumination, et si sa femme devenait en quelque sort Une belle endormie comme la Belle au Bois Dormant ?

Ici, il s’agit d’une nouvelle assez courte. On y trouve beaucoup de jolis mots, de belles expressions mais parfois, je me suis retrouvée un peu bête à ne pas comprendre tout ce vocabulaire. C’est la première nouvelle, il faut un temps pour se faire au style de Pierre Dubois. Cette nouvelle criminelle, est légèrement cousue de fils blancs, j’ai vu venir finalement assez vite la fin mais une amie m’a dit elle n’avoir rien vu venir.

Riquet à la houppe
Un bébé est mis au monde, sa mère meurt en couche, il n’a pas de père et comble du malheur, il est né avec une excroissance qui le met à part des autres enfants. Riquet appelé ainsi car c’est son nom de famille, grandit en solitaire entouré d’Esprits. Il n’a qu’un ami Marc, chirurgien volage. Il est marié à Noémia, une belle jeune femme qui l’attend désespérément, chaque soir alors qu’il rentre tard. Riquet en est persuadé, Marc ne mérite pas l’amour de Noémia, mais lui si seulement,…

Avant de lire cette nouvelle, j’avoue, j’ai été voir le pitch du conte Riquet à la houppe que je ne connaissais que de nom. On ne retrouve pas ici toute la trame de ce conte mais l’idée est bien utilisée je trouve. Ici la mise en place est plus longue que dans la nouvelle précédente, l’angoisse et les interrogations montent crescendo, je ne me suis pas attendu de suite à la fin, ça m’est venu seulement juste quelques paragraphes avant la conclusion, les indices sont semés, afin de révéler le stratagème… Une nouvelle que j’ai trouvé très bien faite.

Cendrillon
Comme dans le conte, Cendrillon a perdu sa mère, puis son père et est laissée à la charge d’une belle-mère tyrannique et de deux belles-sœurs épouvantables. Cendrillon est vraiment leur bonne à tout faire et même encore plus…

On est ici presque dans la réécriture du compte tellement au début on est proche de l’original. Puis progressivement quelques détails diffèrent, et plus la nouvelle se poursuit, plus on s’écarte du conte que l’on connait. Je m’attendais à quelque chose de plus coquin, on est ici en tout en pondération, c’est un peu osé mais pas trop. J’ai beaucoup aimé la bonne marraine fée un peu étrange et loufoque. Dans cette nouvelle, le crime n’est pas si attendu que ça.

De nouveau, dans cette nouvelle, j’ai beaucoup aimé les effets et le style d’écriture, les figures de style employées, énumération, emphase, rimes, … Je l’aurai aimé un poil plus abouti quand même.

Le conte de l’amandier
Léonie Winkworth, française marié à un lord anglais, vit en Angleterre et après quelques belles années de mariage, son époux ne se préoccupe plus que du jardinage et de la croissance de son Amandier, sa passion, sa fierté. Léonie est délaissée, elle s’ennuie et ne supporte plus sa vie oisive. Déterminée à ce que cela change et à retrouver les verts paysages français, elle va se salir les mains…

Pour cette nouvelle, j’ai de nouveau cherché à quel conte faisait référence le conte de l’amandier. Je ne connaissais le conte du genévrier des frères Grimm. Et il s’agit encore une réécriture du conte qui s’approche du conte d’origine mais en gardant une trame originale. Encore une fois, pour moi, c’est superbement écrit même si y a des mots qui me sont inconnus. J’aime beaucoup la façon d’écrire sur cette dame française avec tout le champs lexical, les habitudes et les us anglais. J’aime beaucoup cette influence britannique. On ne serait vraiment cru dans une demeure britannique du début du siècle, ressentir cette lenteur, cette vie facile mais triste et longue, les odeurs, les couleurs, … C’était très visuel, ça m’a beaucoup plu.

Rapunzel
Dans les Ardennes, un vieil original fait construire un château sur le domaine du Val aux Sotais. Cet homme est fasciné par les contes de fées, les contes de Grimm, il collectionne les ouvrages et  vit comme dans ses livres. Sa femme est une très belle femme qui accepte cette douce folie et elle lui lit des contes chaque soir dans la haute tour du château. Un soir, les domestiques entendent deux cris terrifiants et découvrent Monsieur assassiné et Madame évanouie. La police ne trouve que peu d’indice voire aucun et soupçonne alors la jeune veuve. Elle fait alors appel à un détective des fées, un gentleman anglais qui perçoit ce que d’autres ne ressentent pas, C.Marmaduke Perthwee se rend alors de Londres au domaine du Val aux Sotais afin d’aider la « femme-fée » à prouver son innocence…

J’ai adoré cette nouvelle, dont je n’avais pas imaginé la fin (une de celles où j’ai oublié le titre tellement prise par la lecture!). J’ai beaucoup aimé, ce découpage en 4 actes, cette enquête paranormale policière qui termine par des faits concrets et réels. Un style très british avec une référence à Hercule Poirot pour un extravagant enquêteur qu’on pourra associé un peu à Sherlock Holmes. Une nouvelle particulièrement bien construite dans sa trame et son thème, une réussite pour moi. Une histoire qu’on pourrait aisément trouver chez Agatha Christie sans les références féériques. J’ai adoré cet un enquêteur loufoque mais attachant. On trouve également dans cette nouvelle, l’évocation d’autres contes de fée comme par exemple La Belle et la Bête ^^

Barbe de grive
Rosette est une jeune femme belle mais superficielle, elle recherche une union qui lui apporte plus qu’elle ne souhaite donner, villa, voiture, faste, etc. Elle refuse de se marier avec Barbe de Grive parce qu’il a le menton de travers. Ses parents l’obligent à épouser le premier venu. C’est alors qu’elle se met à envier ce qu’elle n’a pas, ce qui appartient à Barbe de Grive et qu’elle ne peut avoir. Elle finit par quitter son époux et se précipite chez Barbe de Grive qui l’accueille à bras ouvert. Mais la belle finit par jouer les effarouchées, ce qui ne va pas plaire à Barbe de Grive…

Une nouvelle un peu plus courte, un peu plus « gore » que les autres.  Elle fait froid dans le dos. *Pensez à ne jamais s’accoquiner avec un créateur de haute couture* ^^ J’ai bien aimé la ritournelle qui sert de fil conducteur peu importe ce qu’aurait fait la belle rousse, à mon avis, son destin était tout tracé…

Peter Pan
Des prostituées sont retrouvées égorgées, tailladées, massacrées dans les ruelles sombres de Whitechapel… Une, deux, trois, … huit catins assassinées, comme dans une comptine que chantent les mères pour effrayer leurs enfants. Marmaducke Perthwee est persuadé que le tueur ne s’arrêtera pas à 8, et qu’il cherche quelque chose de bien précis. Ce détective des fées, à deviner qui se cache derrière Jack L’éventreur…

Cette nouvelle prend comme thème Jack L’Éventreur. La comptine du début m’a fait pensé au livre 10 petits nègres d’Agatha Christie. Dans cette comptine sont évoquées les prostituées tuées par le mystérieux Jack, dont on cherche à connaitre l’identité. Encore une nouvelle pleine de références sur le thème mais également sur d’autres contes de fées. On sent toute la maitrise de Pierre Dubois sur ses sujets. Fabuleux ^^
Ce Jack est terrifiant, il entend une voix et récupère des morceaux de ces victimes. On a ici un portrait plus que concret d’un tueur en série et pourtant…  Jack cherche quelque chose et Marmaduke va nous apprendre quoi et pourquoi. Le destin de Jack se lie alors à celui de Peter Pan et au Pays Imaginaire. J’ai adoré cette nouvelle, remarquablement bien faite ^^ La nouvelle la plus réussie du recueil !

Petite table couvre-toi
Un homme s’adresse à un policier et lui raconte son malheur, une année plus tôt, ce passionné de cirque, mécenne à ses heures, s’éprend de Reptilia une contorsionniste qui est maltraitée par son partenaire de scène, lanceur de couteaux. Il en tombe amoureux et lui propose le mariage et de la sortir de son enfer quotidien. Mais cette dernière est morte désormais et notre homme est persuadé que le seul coupable ne peut être que l’ancien compagnon violent rejeté…

Encore un conte de Grimm que je ne connaissais pas. Ce livre m’aura fait connaitre trois contes parmi ceux des frères Grimm les moins connus. Je me suis laissée porter par la narration à la 1ère personne et ai été surprise de découvrir la trame de ce conte ^^ C’est une narration efficace et la nouvelle est hyper bien montée ! L’intrigue n’est pas celle qu’il y parait.

Le petit chaperon rouge
Viktor a été mis à la porte du domicile conjugal par sa femme Greta qui ne supporte plus son époux et ses petites manies un rien pervers. Il se retrouve dans sa voiture en route vers nul part, cet homme ne sait pas où aller. A l’orée d’un bois, il tombe sur une jeune fille habillée d’un chaperon rouge, il l’a prend en stop, elle lui conte se rendre chez sa mère-grand souffrante pour lui apporter un panier de galettes…

Un conte peu grivois cette fois. Un chaperon rouge un peu gourgandine, un homme jeté dehors par sa femme-fée, une cabane au fond des bois où grand-mère attend… Mais que va-t-il donc se passer ? On sent qu’un retournement de situation ne peut manquer d’arriver. Et on est pas déçu. Cette nouvelle est assez courte, je n’en dirai pas plus 😉

Blanche-Neige
Dans un club très privé de Chelsea, C.Marmaduke Perthwee passe ses vieux jours. Régulièrement, les dames présentes lui demandent le récit d’une de ses aventures, un conte de fées, … Cette fois-ci, Marmaduke va leur conter une affaire lié pourrait-on le croire au conte de Blanche Neige. Des petites filles sont retrouvées mortes grimées comme la princesse du conte et à côté de chaque cadavre, les enquêteurs découvrent un nain de jardin…

Pour mon grand plaisir on retrouve à nouveau Marmaduke ! Ici, il a vieillit et se contente de narrer une de ses aventures et non de nous embarquer avec lui au moment de son enquête. Il décide de leur raconter l’histoire de Blanche-Neige. Les dames du club de Marmaduke s’attendent à un conte de fées mais finalement on est ici dans une enquête policière qui n’a rien de féérique. Encore une nouvelle très bien écrite, une résolution de l’enquête logique. L’attrait de la nouvelle est ici de retrouver une dernière fois dans ce recueil le détective si particulier inventé par Pierre Dubois, ses réflexions et ses déductions, plutôt que l’originalité de l’intrigue policière.

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Dans l’ensemble, j’ai trouvé qu’on avait là de très belles nouvelles, bien écrites avec de très nombreuses références aux contes et contes de fées, Alice aux pays des merveilles, la Belle et la Bête, … des figures anglaises pour enfants. Certaines bien connues, d’autres un peu moins, du coup, on est souvent amené à chercher la référence. Cela permet d’apprendre pleins de choses mais dans la lecture parfois c’est gênant pour assimiler les subtilités qu’a voulu faire passer Pierre Dubois. En tout cas, on sent qu’on a affaire à quelqu’un qui s’y connait. Un conteur de talent. Depuis, je suis tombée en librairie sur des encyclopédies co-signées Pierre Dubois (Fantômes, Elfes, Fées), qui me font de l’oeil !

J’ai beaucoup aimé ce qu’a fait Pierre Dublois, des contes de fées, détourner l’image qu’on en garde. J’ai apprécié ses personnages diaboliques et les intrigues issues de son imaginaire. Un gros coup de cœur pour Peter Pan et Rapunzel !

Je pense que Pierre Dubois, on arroche ou on arroche pas, moi, c’est bon, je suis séduite.

Je pense que je lirai Les comptines assassines, la 4ème de couverture, me donne envie de continuer l’expérience :

«  » Il était une fois un assassin. Il était une fois une victime. Il était une fois une ville apparemment encline à favoriser leur rencontre.  » Que se passerait-il si le cruel Croquemitaine ressuscitait ? Et Dracula ? Et Barbe-Bleue ? Pire encore, imaginons le Chat botté, non plus au service du marquis de Carabas, mais comme un impitoyable serial killer, obsédé par l’infirmité. Et si Blanche-Neige,  » lèvres rouges comme la rose, cheveux noirs comme l’ébène, et blanche comme neige « , n’était pas l’innocente que nous présentent les frères Grimm ? Après Les contes de crimes, Pierre Dubois détourne de nouveau les contes de fées. Il nous en offre une version tour à tour drôle et terrifiante, nourrie d’un vocabulaire ensorcelant où l’extrême noirceur se combine au raffinement. »

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Hommage à Sir Terence – Collectif

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Fan 2 Fantasy, 6€, 151 pages

4ème de couverture

Hommage à Sir Terence… Sir Terence ?
Comprenez Sir Terence David John Pratchett, plus connu sous le nom de Terry Pratchett, génial créateur du Disque-Monde. Sa saga “fantastico-burlesque” est devenue un incontournable du patrimoine mondial de la littérature.
Pourquoi lui rendre hommage ? Parce que cet auteur britannique, maître du récit et véritable magicien des mots, a réussi à l’aide d’une poignée de personnages loufoques et d’aventures rocambolesques à nous faire rire et rêver depuis presque trente ans.
Le thème de cette anthologie 2011 s’est imposé naturellement. C’est avec un grand plaisir que nous saluons dans ces pages l’auteur du Disque-Monde et l’un de ses habitants emblématiques : La Mort.
Installez-vous confortablement et découvrez ou redécouvrez ce personnage aussi drôle qu’effrayant, à travers la vision de 11 jeunes auteurs francophones qui rendent à Terry ce qui appartient à Terry.

Mon avis

Si comme moi, vous avez des périodes où vous captez pas grand chose à la vie, vous serez passé à côté de ce livre 3 ou 4 fois sur le Stand de Cindy en vous disant « sympa mais bon, c’est qui ça Terence ? » Et puis la honte suprême, vous vous rendez compte que Sir Terence oui c’est Terry Pratchett, celui dont vous avez tous les ouvrages dans votre bibliothèque (même si vous n’en avez lu que 6 pour le moment) et vous vous ruez sur votre libraire préférée avec le livre à la main, l’air de rien ^^

Bref, tout ça pour dire, que je connais un peu l’univers créé par l’auteur même si je suis loin d’avoir tout lu encore. Et que j’adooooore !!!! En plus, pour le moment mon personnage préférée est la Mort, ça tombe terriblement bien non ?

Alors ce recueil me direz-vous ? J’ai beaucoup aimé ! Certaines nouvelles plus que d’autres, j’ai apprécié retrouver la Mort dans plein de situations différentes. Les nouvelles sont souvent courtes mais ça ne m’a pas dérangée, en fait, c’est même sympa de passer d’un esprit à l’autre et voir à quelle sauce IL va être mangé par les auteurs ! Et puis en général dans les Pratchett (hors Mortimer, Le Père Porcher, Le Faucheur,…), la Mort n’est pas le personnage principal et donc même s’il est récurrent, ses scènes sont courtes et elles vous marquent ! Et donc pas de problème pour la taille des nouvelles pour moi.

Et la couverture du recueil est magnifique ❤

Marie Devigne : Peur enfantine

Une enfant a peur de la Mort, depuis un carnaval dans sa plus tendre enfance. Un jour, elle voit la Mort et cette peur empêche notre « héros » de quitter la ville de la petite fille.

Une première nouvelle assez courte mais très jolie, la petite peut voir la mort parce qu’elle en a peur et croit en elle, alors que de base, les gens autres que des mages et les sorcières, ne la voit pas. Comment lui faire comprendre que la Mort cette personnification anthropomorphique ne doit pas être crainte ?

Lydie Blaizot : Happy Halloween !

En 1930, Jack Franklin est au bord du désespoir et du précipice. La Mort en avance attend qu’il se jette dans le vide. Perturbé, Jack entame la conversation avec la Mort qu’il peut voir. C’est le 1er Halloween du quartier et Jack n’est pas satisfait, cependant, la Mort ne connaissant pas cette fête, Jack va lui expliquer en l’emmenant dans les rues animées.

J’ai beaucoup aimé l’idée de prendre le thème Halloween avec la Mort, et j’ai adoré quand il se met avec les enfants pour la collecte de friandise ! La plume de Lydie Blaizot que j’ai envie de découvrir avec un de ses romans est fort agréable.

Mathieu Guibé : Taux d’écolémie mortel

La Mort s’ennuie à mourir et répond à une annonce publiée par une école, il devient squelette intérimaire et accepte même de servir d’accessoire pendant une pièce de théâtre jouée par les élèves… de quoi traumatiser les jeunes esprits non ?

Contente de retrouve la si jolie plume de Mathieu Guibé avec cette histoire d’école et d’apprentissage. De jolis jeux de mots, l’esprit du personnage de la Mort est respecté, ça pourrait être dans un des livres du « maitre ».

Anthelme Hauchecorne : Sale petite Peste

1349, la Mort est submergé de boulot avec l’épidémie de peste qui traverse l’Europe, la Pestilence nie y être pour quelque chose, bizarre… La Mort se rend chez M. Marasme, mort depuis 6 mois, recueillir son âme malgré le retard du à la pandémie. A sa grande surprise, il découvre que Mme Marasme est enceinte mais de moins de 6 mois, que se passe-t-il ? Qui se cache derrière ça ?

Une nouvelle plus complexe que les précédentes, où je découvre avec joie le style d’Anthelme Hauchecorne (dont un de ses livres m’attend dans la PAL), c’est travaillé et piquant. Comme pour la nouvelle de Mathieu Guibé, on retrouve la Mort comme on se l’imagine dans l’œuvre de Pratchett. Et on assiste à la naissance d’un personnage intéressant !

Blanche Saint-Roch : Les histoires de la Faucheuse

La Mort s’ennuie et parfois elle assiste aux lecteurs d’une mère à sa fille, les histoire que la petite préfère sont celles où apparait la Mort. Un soir, après la lecture, la Mort repart accomplir sa besogne mais il est pris d’un étrange pré-sentiment et retourne chez la mère et sa fille…

Une nouvelle très bien écrite mais qui m’a dérangée. J’ai pas accroché à la Mort qui nous parle et qui n’agit pas comme il est sensé le faire. C’est dommage.

Anthony Boulanger : Le huitième métier

Les 3 chevaliers de l’Apocalypse (Guerre, Famine et Pestilence) se rendent sur la dernière planète ayant reçu le sérum immortalité, ils cherchent leur 4ème compagnon, la Mort… qui est depuis l’invention de ce sérum… au chômage !

Encore une nouvelle dans l’esprit des romans de Pratchett ! La Mort ne manque pas d’auto-dérision et de bon sens. On retrouve des clins d’œil aux personnages des Annales du Disque-Monde et les 3 chevaliers de l’Apocalypse sont très bien croqués en peu de page ! Drôlissime.

Nicolas Saintier : Mort de Lame

En recueillant l’âme du seul forgeron du coin, la Mort casse la lame de sa faux ! Comment faire pour la remplacer ? La Mort est contraint de se rendre dans une boutique spécialisée…

Et quelle boutique ! Et quel gérant ! La Mort fidèle à lui-même, une nouvelle très sympathique avec clin d’œil, jeux de mots et références contemporaines cinématographique, décalée, j’adore !

Anne Goudour : Aux couleurs de l’Âme

Gupuck l’aide de la Mort se rend dans une pharmacie spécialisée dans les sentiments, il pense que M. Gidéon, le propriétaire, peut aider la Mort, qui cherche à devenir humain.

Malheureusement, je n’ai pas trop accroché à cette nouvelle, même si la boutique de M. Gidéon est plus que très intéressante !

Nathalie Vadinc : Dé Faux

En plein repos sur son île, la Mort est dérangé par la visite d’un représentant en outillage agricole, Zénobe. Ce dernier réussit à lui vendre une faux dernière génération mais son utilisation ne se passe pas comme prévu…

Ah Zénobe, typiquement, un personnage qu’on pourrait retrouver dans les Annales ! Un peu à la Defleur dans les deux premier tomes ! Un style d’écriture très sympa, j’ai beaucoup aimé, notamment les « dialogues » entre Nathalie et la Mort, bien vu !

Matthieu Gousseff : La Mort se marre

Où quand la Nature pense que la Vie va bien s’éteindre d’elle-même non ? Et puis rapidement surtout ! Mais que non, décidément rien ne se passe comme prévu, surtout avec l’arrivée de l’Humanité… et alors la Mort se marre.

Une nouvelle très différente des autres, philosophique. J’apprécie l’auteur et sa franchise quand il dit (dans l’interview faisant suite à la nouvelle) qu’il est un peu l’intrus du recueil, n’ayant peu voire pas du tout lu Pratchett au moment de la rédaction de sa nouvelle, ça se sent mais elle est très bien écrite, subtile, et elle fait réfléchir !

Richard Mesplède : Duel Mort-Bide

La Mort s’ennuie à mourir et décide de se reconvertir en chasseur de prime ! Arizona 1881, la Mort prend pour contrat la mort du méchant du coin, pas si facile, si ?

Univers far-west, la Mort à contre-emploi, décalé, entre SF et western, c’est drôle et inattendu, surprenant aussi, vraiment pas mal !

J’ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil qui permet à la fois de découvrir de jeunes auteurs (leur style, leur plume et puis une interview clôture chaque nouvelle) et de retrouver un personnage emblématique des Annales du Disque-Monde. Ce recueil devrait plaire aux fans de Pratchett (sauf peut-être les plus à cheval sur l’univers qui risquent de ne pas aimer certains « détournements ») mais également à ceux qui le connaissent moins. C’est un bon moyen de découvrir le personnage de la Mort et de donner envie aux lecteurs de se plonger dans les Annales du Disque-Monde. Sur 11 nouvelles, j’ai tiqué sur deux ou trois mais dans l’ensemble, c’était vraiment très bien. Contente d’avoir ce recueil dans ma bibliothèque en tout cas !

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