Montres enchantées – Collectif

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Editions du Chat Noir, 19,90€, 395 pages

4ème de couverture

Indécis entre fuite et union, le temps est un amant insaisissable. Omniprésent, dès qu’on le regarde, il s’efface pourtant, déjà évanescent. Inlassablement, il permet croissance ou use jusqu’à l’extinction. L’être humain pourchasse depuis toujours ce dieu créateur et destructeur, en quête de son asservissement. Secondes, minutes, heures… L’esprit cartésien a beau le fractionner, il n’en demeure pas moins incontrôlable.
Et si la relecture de notre passé, de notre culture, ou encore du progrès scientifique nous en accordait la maîtrise, l’Homme saurait-il mieux gérer son temps ?
Plongez-vous sans perdre une minute dans cette anthologie et peut-être, parmi ses pages, percevrez-vous le tic-tac de ces montres enchantées.

Les auteurs : Marie Angel, Marie Lucie Bougon, Esther Brassac, Fabien Clavel, Sophie Dabat, Hélène Duc, Clémence Godefroy, Cécile Guillot, Claire Stassin, Geoffrey Legrand, Lucie G. Matteoldi, Pascaline Nolot, Laurent Pendarias, Marine Sivan, Marianne Stern, Vincent Tassy, Adeline Tosello

Mon avis

Un recueil vraiment intéressant.

J’aime bien les nouvelles et les anthologies. Ici le thème est original et je suis contente de découvrir de nouvelles plumes et de voir comment elles ont traité le thème des montres enchantées. Dans l’ensemble, j’ai apprécié ce recueil même si j’ai été marqué par certaines nouvelles alors que je pense être passé un peu à côté d’autres. Voici mon avis rapide sur chacune des 17 nouvelles de l’anthologie.

Et depuis, je compte les heures de Geoffrey Legrand

Lætitia Burrows rentre chez ses parents après 3 mois en pension. Ils vivent dans le Haut Londres au dessus du smog et des quartiers emplis de brouillard. Deux mondes dans une même ville séparés par une centaine de pieds d’altitude. Sortie du monorail, elle se fait agressée. Heureusement, le contrôleur du monorail, ancien soldat, lui vient en aide. Ce dernier l’avait surprise dans le monorail en la reconnaissant et en l’appelant par son nom. Quelques temps plus tard, on les retrouve se promenant ensemble au British Museum. Le jeune homme est un peu curieux, à la fois proche et distant… Il accepte de rencontrer les parents de la jeune fille qui désirent le remercier de l’avoir sauver de l’agression du monorail. Toutefois, le comportement de l’ancien soldat reste étrange…

C’est une nouvelle bien menée entre passé et présent. Le thème est bien visible et le traitement original. Les thèmes principaux, vengeance, honneur, sont traités avec justesse le tout dans un Londres Steampunk où l’auteur n’en fait pas trop ni trop peu. Une nouvelle pas mal du tout.

Comment meurent les fantômes de Sophie Dabat

Doris possède une montre tout à fait surprenante, lègue de sa grand-mère, qui lui permet de s’évader dans le passé, de revenir sur les plus beaux souvenirs récents, pendant qu’un double d’elle, vit sa vie temporairement dans le présent. Doris reçoit un message d’un jeune homme tombé sous son charme et qui désire entretenir une correspondance avec elle. Mais Doris n’y répond pas, elle passe de plus en plus de temps dans le passé. Elle fuit la réalité, ne se sentant pas à la hauteur de sa vie… Et c’est de pire en pire quand ses parents lui imposent une doll comme dame de compagnie, un automate qui doit l’accompagner partout…

L’univers steampunk développé par Sophie Dabat est vraiment intéressant entre 19è et 21è siècle. Cette nouvelle est touchante et sensible, sur une jeune fille qui ne se voit aucun avenir, qui n’a pas reçu l’affection de ses parents qui ont fait le deuil de leurs autres enfants d’une façon assez singulière. La lecture m’a plongé dans une mélancolie et le style de l’auteur s’est accordé à cette impression.

Le Toquant de Clémence Godefroy

Lucien et Blaise, deux étudiants de 5ème année de l’Institut Supérieur d’Automatie passe leur habilitation; Lucien en mécanique soignante et Blaise en modélisation appliquée. Ils sont aussi différents que le jour et la nuit mais très amis. Lucien est sérieux et stressé alors que Blaise est calme et désinvolte. Pour son habilitation, Lucien s’est occupé toute une année de remettre « sur pieds » Léonie, un automate négligé par ses anciens propriétaires. Un lien étrange s’est créé entre les deux êtres…

On découvre ce qu’est le Toquant, les doutes et les peines de Lucien. Cette nouvelle est très bien écrite dans un univers bien posé. Cependant, je n’ai pas été transcendé par l’histoire. J’espère que j’apprécierai plus le roman de Clémence Godefroy qui fait suite, qui m’attend dans ma PAL.

Allergène de Hélène Duc

1887. Will Whitcomb est allergique au temps, allergie due à la perturbation du continuum espace-temps créée par les allées et venues d’un savant fou ayant créé une machine à remonter dans le temps. A la vue d’appareil à mesurer le temps, certaines personnes éternuent, toussent, voire ont même des allergies cutanées ou pire des « décorporations ». C’est ce mal qui touche Will Whitcomb. Licencié et ne retrouvant pas de travail, Will commence à vandaliser tout ce qui annonce l’heure… Quand des automates sont soustraient à leurs propriétaires, démolis et jetés dans la Tamise, Scotland Yard se met à enquêter. Comme ils ne mettent pas la main sur le coupable, Lestrade fait appel à un nouveau détective Sherlock Holmes…

Je n’ai pas vraiment apprécié cette nouvelle qui pour moi fait intervenir trop de références littéraires sans vraiment de lien les unes avec les autres.

Tourbillon au Trois Ponts d’Or de Fabien Clavel

L’inspecteur Ragon rejoint l’agent qui doit enquêter avec lui sur le décès d’un homme vivant dans une chambre de la pension des Trois Ponts d’Or. L’homme a été retrouvé mort dans la chambre fermée de l’intérieur une flèche dans la tête. D’autres pensionnaires ont entendu une violence chute à 8h et ont défoncé la porte. Personne n’est sorti une fois cette dernière ouverte. La montre du défunt s’est elle arrêtée à 7h50. L’agent Fredouille et l’inspecteur Ragon vont tenter de découvrir la raison et les circonstances de ce décès en chambre close.

Une pointe de fantastique, une autre de steampunk et une grosse touche d’enquête policière, héritière des Sherlock/Poirot/Carnacki. C’était pas mal du tout, j’ai beaucoup apprécié cette nouvelle et j’ai bien accroché au duo et à leur façon de déduire ce qu’il s’est passé dans cette chambre. Dommage que ça soit si court d’ailleurs ^^

The Pink Tea Time Club de Cécile Guillot

Lottie, jeune fille joviale et toujours célibataire, se prépare ainsi que son petit chien Pink Princess à rejoindre sa sœur ainée Vivian, récemment mariée, à Hyde Park. Alors que Lottie discute en marchant avec sa soeur, Pink Princess échappe à la vigilance de sa maitresse et s’enfonce dans les fourrés. Un jeune homme arrive sur ce fait. Lottie cherche son chien et voit le sol s’ouvrir. Un tentacule surgit et son chien disparait. Le jeune homme présent réussit à fermer la faille à l’aide d’une montre enchantée. Lottie est bien décidée à ce que l’homme s’explique sur ce qu’il vient de se passer….

Lottie est une jeune fille un peu écervelée alors que Vivian est beaucoup plus mature et présent plus de sang froid. Le lecture découvre la création du Pink Tal Time Club et des différents modes côtoyant le notre. Le récit est frais mais assez court. J’aurai l’occasion de lire le roman de Cécile qui suit cette nouvelle.

Je reviendrai de Laurent Pendarias

Vile de Königsberg, Prusse orientale. Un envoyé du futur doit retrouver Emmanuel Kant, son aïeul. Dans le futur, les humains sont aliénés au temps qui leur impose les horaires de travail, etc. Les montres enchantées douées de raison sont même parvenues à se reproduire. Un horodateur est envoyé du futur pour tuer le philosophe. Angela doit retrouver le professeur avant la machine missionnée pour l’éliminer.

Malheureusement, je n’ai pas trop accroché à cette nouvelle. Pourtant, il y a des éléments intéressants, de bonnes idées et la chute est bien trouvée. Mais j’ai manqué de développement pour vraiment tout saisir.

Le club des érudits hallucinés de Marie Lucie Bougon

Eusèbe d’Orleille fait partie d’un club créé par un professeur Brussière dans lequel les membres participent aux recherches du professeur et de ses assistants sur la métallurgie / la mécanique mais surtout la possibilité qu’un objet comme un automate puisse être animé : la biomutation.

Une nouvelle à laquelle j’ai bien accroché, le lecteur découvre un peu de chaque membre du club dont fait par exemple partie un certain Gustave qui a créé qui a créé une tout d’expérimentation en plein Paris. L’écriture et le style m’ont beaucoup plu, ça sonne juste.

When Time drives you insane de Lucie G. Matteoldi

Jackson est chercheur, il travaille sur une lyre qu’il a retrouvé en Italie. Daniel est un inventeur, une génie des temps modernes. Jackson fait des rêves étranges, en fait, toujours le même, depuis qu’il a découvert la lyre en chantier archéo. Il semble avoir un lien étrange avec Eurydice. Le lecteur découvre le rêve étrange de Jackson et sa relation avec Daniel.

Cette nouvelle se démarque vraiment du reste des nouvelles dans sa construction, sa structure déroutante. Le style utilisé est exigeant. Son étrangeté marquera les esprits. Elle est très originale, déroutante, travaillée. Une variation sur le mythe d’Orphée et Eurydice.

Derrière les engrenages de Marie Angel

Sylvine travaille dans une boutique horlogerie depuis 40 ans maintenant. Régulièrement, James vient lui déposer des pièces. Elle assemble alors des pièces délicates, des automates, des petits personnages dans les horloges qu’elle doit repérer. Le soir venu dans cette étrange ville, où chaque quartier ne reçoit pas la même lumière, Ambrose qui n’a pas vieillit en 40 ans, arrive. Sylvine comprend que son tour est terminé, une nouvelle Sylvine va arriver bientôt pour la remplacer….

J’ai beaucoup aimé le développement de cette nouvelle, où l’on comprend doucement où l’autrice veut en venir, où on découvre la ville, son fonctionnement. J’ai surtout apprécié la chute.

Pacte mécanique de Esther Brassac

Claytorn est un vieux vampire qui souffre de l’absence de l’être aimé. Il maudit le jour de la renaissance de Glasgow, cette ville écossaise où il vit et qu’il aimerait fuir sans le pouvoir. Quelque chose le pousse à rester là. Depuis deux siècles, il s’acharne sur un système mécanique, un coeur horloge qui pourrait le libérer de sa souffrance du moins psychique…

Une nouvelle courte qui m’a beaucoup plu, j’ai aimé l’écriture d’Esther Brassac et l’histoire si triste de Claytorn et de Glasgow. L’ambiance de cette nouvelle est une bonne surprise.

La mécamonstruosité de Monsieur Helpiquet de Adeline Tosello

M. Helpiquet est Agent d’Accueil et de Sécurité, 16h par jour et 9j sur 10, sur le téléphérique disposant de la plus grande cabine du monde. Méprisante et imbu de lui-même, il observe les gens pour s’en inspirer pour son futur livre qui ne sera probablement jamais publié comme toutes ses autres histoires. Durant le trajet, il passe au dessus du Dépotoir Public où des lubricomposteurs détruisent les déchets mécaniques, technologiques produits par les hommes. Le plus grand, un véritable monstre, se montre à chaque passage du téléphérique. Les horloges qui occupent ses yeux ne laissent pas indifférents les passagers ni M. Helpiquet. Mais un jour sera différent des autres…

Cette nouvelle est assez riche en détails, très imagées. On arrive facilement à détester M. Helpiquet, qui se semble accorder d’importance qu’à lui-même. L’univers est intéressant avec les lubricompiosteurs, une petite dénonciation de la sur-consommation et de la difficulté de traiter les déchets. On a une galerie hétéroclite de personnages dans la cabine. Il y a beaucoup d’imagination dans cette nouvelle.

L’agonie des aiguilles de Marine Sivan

Une archéologue historienne, Jeanne vient de découvrir un site pré-industriel. Elle tente de trouver des fonds pour poursuivre le chantier. Mais les mages ne semblent pas disposé à la laisser faire. Pourquoi ? Au chantier, elle retrouve son directeur qu’elle méprise un peu, il est plus politicien qu’historien. Elle est alors averti de la découverte d’un corps et pas n’importe lequel. Il présente une montre à gousset qui ne devrait pas être là, parce qu’apparue bien des années plus tard. Jeanne aurait-elle mis le doigt dans un engrenage vers une vérité qui la dépasse?

J’ai bien aimé cette nouvelle, une sorte d’enquête. C’est un mélange des genres comme la nouvelle de Fabien Clavel, Steampunk, historique, polar, intrigue politique. Très complète et très sympa à découvrir.

Da Svidaniya Rossiia ! de Marianne Stern

Anastasia se réveille dans une pièce totalement plongée dans le noir. Elle ne sait pas ce qu’elle fait là. Elle ressent un rouli, sa couche se dérobe soudain sous elle, elle est donc en mouvement. Mais où ? Comment ? Progressivement, elle se remémore le cauchemar qu’elle a vécu. Et finit par trouver une porte dans la pièce où elle est. Elle est en réalité sur le pont d’un vaisseau qui l’emmène loin de la Russie…

C’est toujours un plaisir de lire une nouvelle de Marianne Stern. C’est bien écrit, fluide. J’ai apprécié le côté historique de la nouvelle, comme souvent dans les écris de cette autrice. Ici, le lecteur retrouve la Russie, Anastasia, la triste fin des Tsars. J’ai apprécié l’usage du thème de la montre dans cette nouvelle.

Au fil du temps de Claire Stassin

Dans une cité de pierres où il n’y a plus ni animaux ni végétation, remplacés par des ersatz mécaniques, dans cette cité où les machines souterraines œuvrent à la maintenir uniforme et immuable, un jeune homme est attiré dans une horlogerie étrange. Boutique où le végétal et la mécanique sont alliés. La jeune fille qui tient cette boutique donne une montre végétale au jeune homme puis une fois ce dernier dehors, la boutique disparait. Des choses étranges arrivent à la suite de cet événement….

Une histoire d’immortalité, de temps. La montre créé le temps jusqu’à ce que tout s’effondre. C’est très bien écrit, poétique. Mais j’avoue ne pas avoir vraiment bien compris la chute…

Le cimetière des heures perdues de Pascaline Nolot

Un dragon mécanique s’empare du récit d’un jeune homme qui a perdu la vie. Il ramène ce trophée à sa maitresse.   1867, Logan Lloyd ne souhaite pas succéder à son père dans l’office notarial. Il décide donc de quitter son village et de chercher gloire et fortune à Édimbourg. Profondément attaché à cette ville, il ne parvient pourtant pas à percer. Un jour, alors que la ville est étrangement nimbée d’une atmosphère opaque et cotonneuse, où les heures ont été volées, il tombe sur une étrange boutique et la jeune fille qui la tient, affirme qu’il est le seul à pouvoir sauver la ville…

J’ai beaucoup apprécié cette nouvelle construite en plusieurs phases, la naïveté du jeune homme, la détermination d’Isobel. Il est intéressant de découvrir ce qu’il se passe à Édimbourg.

Malvina Moonlore de Vincent Tassy

Le faux excentrique Edgar Ravenswood recherche Malvina Moonlore. Il s’époumone dans les rue de Birmingham quand une vieille femme n’en pouvant plus lui conseille d’aller chercher du côté de Haze Street. Là-bas dans l’horlogerie de la rue, il découvre enfin ce qu’il recherche. Son choix se porte sur une horloge en forme de poupée, aussi fascinante que terrifiante, qu’un homme a revendu quelques jours auparavant à l’horloge. Mystère de fabrication, elle séduit de suite Edgar qui la commande au jeune horloger. S’en suivra de bien étranges phénomènes…

L’écriture de Vincent Tassy est très prenante. L’histoire est originale autant que le personnage d’Edgar. L’ambiance est étrange et beaucoup de questions se posent sur l’intérêt d’Edgar pour cette poupée horloge. La fin est particulièrement bien trouvée.

Ce recueil présente donc, pour moi, beaucoup de nouvelles qui m’ont vraiment marqué, même s’il est vrai qu’il en a quelques unes sur 17 que ne n’ai pas vraiment comprise ou dont le traitement du thème m’a moins emballée. En tout cas, il y a beaucoup de steampunk, d’univers inventifs et de personnages singuliers. Il est amusant de voir comment le thème des montres enchantées a été traité, comment la montre est indissociable du temps mais aussi des automates.

Frankia – Livre I de Jean-Luc Marcastel

frankiaEditions Mnémos, Collection Hélios, 11,90€, 565 pages

4ème de couverture

Dans une France décalée pendant la seconde guerre mondiale, où la magie se mêle à la technologie, Loïren, un jeune Frankien élevé par un orc, en zone libre, va recueillir une jeune femme elfe poursuivie par la milice… et se retrouver au cœur du conflit qui embrase Europa. Mais qui est véritablement Loïren ? Quel est son lien avec les forces obscures qui rongent le coeur des peuples libres ? Derrière l’Histoire, celle des États et des Nations, ici ou ailleurs, se cachent le combat, la haine et l’amour des hommes et des femmes emportés dans la tourmente, qu’ils soient réels ou imaginaires…

Transposition fantastique de la sombre réalité de la guerre, le monde créé par Jean-Luc Marcastel accroche le lecteur dès les premières pages grâce à un incroyable suspense et une écriture fluide et rythmée. Un roman à découvrir entre Urban Fantasy et Uchronie Steampunk.

 Résumé

Loïren est un jeune homme élevé au sein d’une famille orc. Il a été retrouvé vers l’âge de 10 ans, errant dans le maquis, sans avoir de mémoire, sans savoir d’où il vient. L’action se situe en 1940, alors que Frankia est coupée en deux par la guerre avec Teutonia. Au Nord, le pays est occupé, au sud c’est la zone libre sous le gouvernement de Noiron.

Avec son frère orc Morkhaï, Loïren aide aux champs le vieux nain Machefer. Un jour, ils assistent à une course poursuite. Les Veilleurs sont à la recherche d’une personne particulière. Mais elle parvient à leur échapper. Qui est-elle ? Quelle importance a-t-elle ? L’individu qui était avec elle est molesté par les Veilleurs. Ces derniers sensés veiller à la sécurité et à l’ordre sous le nouveau gouvernement. Loïren et  Morkhaï aimeraient venir en aide à cette personne mais le vieux nain les en empêche. Cela serait trop dangereux.

Les deux jeunes gens rentrent à Anduz, le village où ils vivent là où il existe aussi une ligne de démarcation, parce que comme un peu partout en Frankia, les orcs et ceux qui ne sont pas humains sont placés à part. On exploite leur force et leur courage mais hors de question de prôner la mixité. On déteste les orcs, les nains, les humains qui sympathisent avec eux et plus que tous les elfes. Depuis que la partie Nord de Frankia est tombée aux mains des Teutoniens, les dangers sont partout, climat de terreur et de dénonciation même en zone libre. Que destin attend Loïren et  Morkhaï ?

 Mon avis

Une très belle lecture !

J’ai vraiment apprécié ce premier livre du diptyque Frankia (qui correspond à 1,5  tomes de l’édition grand format). Deux points m’empêchent cependant d’en faire un coup de cœur. Cependant, j’ai vraiment été prise dans l’histoire (même s’il m’a fallut du temps, ça n’était pas du à la qualité du livre), j’ai même parfois été émue aux larmes.

Je précise qu’en général, je lis rarement des livres sur la guerre, parce que je ne supporte pas, les exactions qui sont commises, je suis très empathique et donc, j’ai du mal à m’en remettre après. Ici, Jean-Luc Marcastel réussi à parler de la seconde guerre mondiale et de la guerre en général, de manière différente, en créant un monde mêlant magie et steampunk, avec des héros de fantasy : humains, nains, elfes, orcs. Je me suis laissée tenter ! Je ne regrette pas.

L’auteur transcrit donc la seconde guerre mondiale dans un univers fantasy. Le Technarkonte Von Drakho, après avoir envahi une partie d’Europa, a conquis Frankia et occupe le Nord du pays alors que le Sud est sous le gouvernement de Noiron. Ici, ce ne sont pas les juifs qui sont traqués, arrêtés et déportés mais les elfes, et on va apprendre progressivement pourquoi. Dans le monde né de l’imagination de Jean-Luc Marcastel,  « les tracteurs à vapeur sont actionnés par des élémentaires de feu, les arachnopanzers et mécanovouivres déchaînent leur fureur mécanique, les protocoles technomanciens altèrent la réalité, les ores, colonisés et exploités, se sont battus aux côtés des Frankiens pendant la première guerre mondiale et les elfes sont persécutés et exploités par les Teutoniens et leur maître, le Technarkonte Von Drakho ». C’est impressionnant comment l’auteur a su transformé la réalité tout en la gardant ancrée.

Le lecteur découvre un monde proche du sien mais finalement très différent, où l’horreur de l’occupation est décuplée par les créations mécaniques des Teutoniens et la psychologie des dirigeants. Dans ce monde, on va suivre un humain, Loïren, qui est très mystérieux. On apprend vite qu’il est lié aux heures sombres de la guerre mais on n’imagine pas comment, ni comment cela est possible pour un jeune homme de 18 ans environ. C’est par les questionnements liés à ce personnage que l’auteur m’a accroché. Le début peut sembler un peu loin avant que l’action ne commence mais il correspond à un premier tome d’une trilogie, le tome de la mise en place de l’univers et des personnages.

Dans les personnages, j’ai beaucoup apprécié les orcs, leurs personnalités, leur façon d’être, de prendre les choses, leur philosophie de vie, leur sagesse et leur courage malgré les brimades, les coups. On en déteste d’autant plus ceux qui les exploitent, qui les rabaissent, les pensent inférieurs. J’ai beaucoup aimé la mythologie sur les elfes, ce qu’ils sont, ce qu’ils peuvent faire. Des descriptions belles et poétiques sont rattachées à ce peuple, j’ai adoré. On s’attache à Faëllia, une elfe, dernière de la première lignée, qui a perdu tout ce qui compter pour elle, et qui porte le destin de son peuple sur ses frêles épaules. J’ai aimé Loïren, pas tous les traits de son caractère mais cet aspect mystérieux est accrocheur, on a envie de savoir ce qu’il a oublié. Dans l’ensemble, la psychologie des personnages est très bien décrites. On s’attache aux personnages et on a envie de les suivre, de savoir ce qu’il va se passer pour eux. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, je pense à M. Fabre ou Mimile ! Bref, les personnages sont bien construits, détaillés, aboutis et attachants, de quoi ravir le lecteur.

L’univers, je l’ai adoré, le steampunk, technologie et magie mêlés est vraiment très réussi. Les créatures sont très bien décrites, effrayantes et froides, implacables comme les hauts dirigeants Teutoniens qui donnent la chair de poule. Le mélange, Histoire et Fantasy est aussi superbement bien réalisé, on a assez d’éléments pour parfois faire des parallèles mais certainement choses sont bien entendu complètement différentes. Loin de choquer ou d’être caricatural, le mélange est parfait ! L’univers est sombre, parfois pesant, cruel et froid, les ambiance sont bien retranscrites, on est happé dans l’histoire, on s’y croirait.

Ce livre, cette histoire permettent de revenir sur de nombreux thèmes : la haine, la folie, les croyances, le Bien, le Mal. Comment un jour, le monde bascule. Qui peut résister, qui seront ceux qui s’opposeront alors que tout espoir semble envolé ? Dans les ténèbres, une lueur d’espoir est encore présente, c’est ce que découvriront Loïren et son frère orc dans cette quête. Loin d’être des thèmes trop vus et revus, je pense qu’ils sont ceux qui nous permettent de réfléchir sur nos erreurs, sur le passé, sur l’avenir, etc. On retrouve également les thèmes de la différence, du rejet, de l’injustice et des préjugés. Ce qui s’applique à notre réalité, s’appliquent malheureusement au monde fantasy, rejet de ce qui est différent, facteur d’incompréhension, de peur, … Les pages nous laissent voir la noirceur de certains personnages, la détresse d’autres. L’auteur ne nous épargne pas l’horreur de la guerre, pour mieux sublimer, l’espoir, la lumière et la résistance. On retrouve aussi une série de thèmes déjà présente dans le dernier hiver : l’amour, la dévotion, l’interdit. Même si je ne suis pas une grande amatrice de ces thèmes, je dois reconnaitre, que c’est bien écrit, dans les écrits de Jean-Luc Marcastel, on se rend compte qu’il n’y a pas d’espoir sans amour. Ici il transcende tout, abat les clichés. Je dois reconnaitre que c’est beau.

Deux aspects m’ont moins plu, qui font que je passe à côté du coup de cœur, mais qui feront pour vous peut être toute la différence : le caractère « fou d’amour » de Loïren (qui est « accro’ » dès la première minute (même si on finit par comprendre pourquoi)) m’a agacé (et oui…) et puis il y a un chapitre qui m’a émue aux larmes mais je pensais trouver une justification à ce chapitre, qu’il allait y avoir un lien avec le reste, et dans ce premier livre non, rien. Donc j’ai eu l’impression d’un chapitre rédigé (en tout cas, pour le moment, peut être que cela sera différent avec le second livre) pour émouvoir, faire un peu de pathos, chapitre qui ne semble pas pour l’instant servir à expliquer certains événements (même si on apprend des choses, on n’apprend rien sur l’histoire vécue par les personnages principaux).

L’écriture de Jean-Luc Marcastel est belle, fluide et vivante. Je confirme ma première impression sur cet auteur, il a une écriture très intelligente. Les sujets choisis, les thèmes abordés ont plusieurs buts, nous faire rêver ou frémir, nous bousculer un peu et nous faire réfléchir ! On oscille entre terreur et rire, entre sourire et larmes. Encore une fois, c’est une réussite ^^ L’univers est original, le pari d’allier fantasy et Histoire est remporté haut la main.

J’ai hâte que le second livre sorte en poche, parce que j’ai envie de savoir comment va se terminer cette histoire, ce qu’il va advenir des personnages, retrouver Morkhaï <3j’ai le sentiment que tout ne fait que commencer et que la suite va nous réserver des surprises. J’en tremble d’avance.

Merci à Babelio et son opération Masse Critique grâce à laquelle j’ai pu lire ce superbe livre.

« Que vous aimiez L’Etranger. ou Nos étoiles contraires., Le choix de sophie. ou Maxime Chattam., Babelio vous invite toute l’année à explorer des bibliothèques en ligne. et découvrir des livres. en allant sur Babelio.com.

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Punk’s not dead d’Anthelme Hauchecorne

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Midgard Editions, 461 pages, 16,50€

4ème de couverture

À quoi l’Apocalypse ressemblerait-elle, contée par un punk zombi ?
Qu’adviendrait-il si le QI des français se trouvait d’un coup démultiplié ? Un grand sursaut ? Une nouvelle Révolution, 1789 version 2.0 ?
Est-il sage pour un mortel de tomber amoureux d’un succube ?
Les gentlemen du futur pourront-ils régler leurs querelles au disrupteur à vapeur, sans manquer aux règles de l’étiquette ?
Comment se protéger des cadences infernales, de la fatigue et du stress au travail, lorsque l’on a le malheur de s’appeler « La Mort », et d’exercer un métier pour laquelle il n’est pas de congés ? 
Autant de sujets graves, traités entre ces pages avec sérieux. Ne laissez pas vos neurones s’étioler, offrez une cure de Jouvence à vos zygomatiques. Cessez de résister, accordez-vous une douce violence…De toute évidence, PUNK’S NOT DEAD a été écrit pour vous.

Mon avis

Définitivement fan du style d’Anthelme Hauchecorne !!!

Merci à Anthelme Hauchecorne et aux Editions Midgard pour ce partenariat !

J’ai vraiment beaucoup aimé ce recueil de 13 nouvelles, 13 histoires qui montrent l‘étendu de l’imagination de l’auteur, de son besoin de faire passer des messages de manière percutante et fun ! Toujours des sujets graves, traités de façon intelligente et non rébarbative. De la folie des hommes dévastant notre planète, à l’évolution engendrée par le chaos social, une palette de thèmes et de personnages habillement croqués, prennent vie sous la plume aiguisée et fluide d’Anthelme Hauchecorne. On sent parfois que des nouvelles datent un peu dans le sens où le style est peut-être plus balbutiant mais dans l’ensemble, 13 bijoux de précision, de beauté et de noirceur mêlés, de réflexion.

Le livre est magnifique ^^ La couverture est belle, je m’en lasse pas de la regarder (surtout quand on sait qui est en couv’), et les illustrations de Loïc Canavaggia sont superbes, je ne serais que trop vous conseiller de découvrir son coup de crayon. Chacun de ses dessins illustrent à la perfection les nouvelles d’Anthelme. A chaque fin de nouvelle, je revenais à l’illustration et je m’émerveillais des détails, de la justesse de l’interprétation. Vraiment bravo !

Autre élément génial dans ce recueil, les backstages, 2 ou 3 pages dans lesquelles Anthelme Hauchecorne, nous livre quelques clés sur la nouvelle, si elle est issue d’un appel à texte, le sujet devant être traité, son envie de faire passer tel ou tel message; si la nouvelle a été primée ou pas, ou encore ses influences musicales, lors de l’écriture du texte. C’est vraiment intéressant et montrent à quel point, il s’investit dans son écriture.

Difficile de dire quelle nouvelle j’ai préféré, je pense que certaines m’ont marquées plus que d’autres certainement quand le thème me touchait plus mais dans l’ensemble, j’ai passé 13 excellents moments de lecture ^^ Peut être une préférence pour la première, Décembre de cendres, où on est plongé dans le post-apo dès les premières lignes, ou La grâce du funambule qui se déroule à Roubaix ou encore La guerre des Gaules, où nos pires cauchemars deviennent réalité. Non décidément, c’est trop difficile de choisir !

Décembre de cendres, est une très belle nouvelle, mettant en scène Eva qui habite Brûle-Peste. Budapest post-apocalypse, où pour aider sa mère malade à se soigner, Eva va devenir Scropailleuse, un sort peu enviable, un « métier » où les plus fluets excellent, puisqu’il s’agit de rechercher dans les ruines de la ville des vestiges de l’ancien temps (conserves, bijoux, tableaux, alcool,…). Mais ces zones sont instables; le travail est dangereux, et les employeurs intraitables.
Quelle entrée en matière ! Cette nouvelle est très travaillée, superbement bien écrite, on est véritablement transporté dans le monde post-apo fantastico-réaliste et social ^^ Une leçon de vie pour Eva. Et pour nous ?

Sarabande mécanique est une nouvelle steampunk ^^ Dans le système planétaire Elisabeth IV, sur une planète quelque peu inhospitalière (mais ça n’a pas empêché les hommes de la coloniser ^^) Lord Patton et Edward Fleetwood attendent les témoins de leur duel… Une histoire comico-tragique, mêlant habillement les thèmes des classes sociales, du pouvoir, des conflits générationnels,… Le côté steampunk est très réussi, détails vestimentaires, vocabulaire, technomancie,… Une réussite agrémentée de références au cinéma de Kubrick.

No future. Le 25 décembre 2012, Johnny Rotten prend la plume pour écrire son témoignage, son testament. Suite à la Super Grippe, les survivants se sont faits rare mais ce n’était que la première étape de la destruction de l’Humanité par Mère Nature…. No future, ou l’apocalypse selon un zombi punk ! Nouvelle déjantée sur le retour de bâton de Mère Nature dans la face des êtes humains dépourvus de bon sens ! Tout ça est ma foi… assez juste !

C.F.D.T. Une légende existe sur un manoir hanté. Le père Gracchus, s’y rend pour l’exorciser mais au lieu d’y parvenir, il se retrouve témoin du legs du fantôme à une drôle de Confrérie…  De son côté, un viking recherche 3 jeunots jamais revenus de la chasse aux dragons…. Deux mondes qui vont se croiser… J’avoue avoir moins accrochée à cette nouvelle. J’ai bien aimé y retrouver des dragons, des fantômes. Mais je l’ai trouvé assez mal construite comparée aux autres nouvelles du recueil. Elle date de 2007, je pense que depuis Anthelme s’est doté un style plus percutant qui lui sied mieux. Ici c’est plus faible, sympa mais sans plus.

Sale petite peste, est une nouvelle tirée d’Hommage à Sir Terence ! 1349, la Mort est submergé de boulot avec l’épidémie de peste qui traverse l’Europe, la Pestilence nie y être pour quelque chose, bizarre… La Mort se rend chez M. Marasme, mort depuis 6 mois, recueillir son âme malgré le retard du à la pandémie. A sa grande surprise, il découvre que Mme Marasme est enceinte mais de moins de 6 mois, que se passe-t-il ? Qui se cache derrière ça ?
Je l’avais donc déjà lu, et c’est une nouvelle que j’adore ! Déjà le personnage de la Mort est un de mes préféré et je trouve d’Anthelme a su plus que très bien exploiter ce perso dans la lignée de Terry Pratchett ! Et on assiste à la naissance d’un personnage intéressant ! Du tout bon !

Les gentlemen à manivelle, est une nouvelle assez courte. L’histoire d’Eugénie au service de Maitre Brimborion. Maitre tête en l’air ou décarochant qui confond ses automates, les uns avec les autres. Heureusement il y a Eugénie et son sens inouï de la répartie !!! Un zeste de steampunk et une grosse dose d’humour, pour une nouvelle sur les robots un peu moins engagé que les autres nouvelles mais avec une fin très sympa ! Un gros plus pour les échanges entre Eugénie et Maitre Brimborion !

La guerre des Gaules, Énorme nouvelle ! Imaginez que le parti Nouvelle France (même si celui qui souhaite la fermeture des frontières, la sortie de l’Euro,…) gagne les élections de 2029. 5 personnalités reviennent sur cet événement qui plonger la France en guerre civile, car les pauvres sont toujours plus pauvres, les riches toujours plus riches, et  l’Europe s’en lave les mains… Et si pour s’en sortir, l’homme devait évoluer ? Sur un ton tantôt badin, tantôt hautin, tantôt beauf et tantôt aristo, à l’image des personnages interviewés , on découvre que la France devient après la victoire des extrémistes et des cons… Et nous ne sommes pas à l’abri que ça nous tombe sur le coin de la gu*ule… Sauf qu’on n’aura pas la chance d’évoluer … si ?  Une nouvelle marquée par un engagement sur un ton humoristique mais caustique et dénonciateur une série de thèmes sérieux et graves sont abordés, une excellent façon de faire passer le message (sur les différences, la société qui nous veut faire de nous des moutons, des abrutis, plus facile à manipuler). Une réussite !

Voodoo doll est une nouvelle assez courte, nous contant la nouvelle affaire d’un privé  chargé de retrouvée une jeune fille Angélique, qui a fuit son domicile. On decouvre un privé désabusé, une sorte d’anti-héros.  Anthelme Hauchecorne change de registre et se met au noir, et ça lui va plutôt bien ! A quand un polar, made in Hauchecorne ?

De profondis nous fait est une révélation, les dragons existent ! Ils vivent dans les profondeurs abyssales de nos océans. Mais leur nombre se réduit depuis peu. Que se passe-t-il ? Qui ou quoi s’en prend aux derniers géants ? Une nouvelle originale, l’accent est porté sur l’imagination qu’inspire le monde des mers et des profondeurs inexplorées. Mystères et créatures étranges. Moi aussi quand je vois les reportages sur tout ce qu’on aurait à découvrir dans le fond des océans, ça fait travailler mon imaginaire, j’ai beaucoup aimé !

La ballade d’Abrahel, une réécriture de conte lorrain. Martin, éleveur de brebis est marié à Martine. L’union n’est plus si heureuse, Martin reluque un peu trop la jeune et jolie Catherine. Mais Martin est dupé, Catherine n’est pas celle qu’il croit. La nuit, le succube reprend son apparence, et rentre dans son monde. Où il cherche à racheter un objet particulier mais là bas, tout se paie en âme… Une nouvelle qui m’a beaucoup plut! Le démon est plus qu’il n’y parait, que ce que l’on en voit. J’ai beaucoup aimé la fin.

Buto atomique, une nouvelle un peu en marge des précédentes, mélange de réel et de fantastique. C’est au lecteur de se faire son propre avis et de choisir. Un patient confie à son médecin la façon dont il a miraculeusement survécu à des radiations. Mais pour comprendre comment il a pu guérir, il lui faut raconter comment il a été contaminé. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle, belle et gracieuse comme le thème de la danse développé ici. Très originale sur des sujets qui m’ont touchée. Je recommande !

La grâce du funambule, ou quand un jeune diplômé de Roubaix, souhaite quitter la ville et son homme pour rejoindre Paris et vivre son rêve. Julian est comme un funambule, en équilibre, obligé d’avancer pour ne pas tomber, pas possible de faire demi-tour. Une quête d’idéale dans un monde corrompu. J’ai été touché par cette nouvelle. C’est la seule qui n’a pas de touche fantastique, un défi pour l’auteur, réussi. J’ai adoré, les personnages, la façon de rendre hommage à Roubaix, à son passé historique, ses écoles de mode, tourné vers l’avenir, où une certaine misère sociale évolue dans un monde de strass et de paillettes, deux mondes opposés mais pourtant soudés. Une nouvelle « blanche » très réussie.

Le roi d’Automne, quand Dawn retrouve enfin l’Univers du Sidh qu’elle a tant adoré !!! (oui je parle de moi à la 3ème personne ;p) Qui a lu Âmes de verre, retrouvera avec plaisir un des personnages charismatiques du livre et ceux qui n’ont pas lu auront un avant gout de ce livre fantastique ! L’action se passe avant Âmes de verre, et Ambre est adolescente. Elle est jeune et chiante! J’adore ❤ Ambre est issue d’une famille ayant pour mission de protéger les Dormeurs des Daedalos qui essaient de passer à la Surface. Les jeunes de ces familles particulières doivent une nuit de Samhain, descendre dans l’En-Deçà, acquérir la Vue et la preuve de leur passage là bas, une arme ou un Daedalos ! Bref, une mission périlleuse. Ambre réussira-t-elle ? Est-elle vraiment maitresse de ces choix ? Une nouvelle que j’attendais et je n’ai pas été déçue, retrouver l’En-deçà, les Daedalos, l’étrange famille d’Ambre, un régal ! J’espère que cette nouvelle vous donnera envie de vous jeter sur le Tome 1 du Sidh, ça vaut vraiment le coup !

Voilà, à part un ou deux nouvelles que j’ai trouvé en-deçà des autres, j’ai vraiment beaucoup aimé ce cercueil de nouvelles ! Je regrette de ne pas avoir Baroque’n’roll dans ma PAL mais j’attends sa réédition (si je me trompe pas, ça devrait avoir lieu un jour), histoire d’avoir un aussi joli ouvrage que ce Punk’s not dead !!!!

Ces 13 nouvelles à leur manière plus ou moins développée, font réfléchir, abordent sur le ton de l’humour, de la dérision (permit par l’Imaginaire), des sujets sérieux et graves. Je n’ai pas eu l’impression qu’on voulait me donner des leçons, mais plutôt me permettre de réfléchir, de développer ma propre opinion, de m’intéresser à des sujets importants, sur des questions sociales et environnementales. Mais surtout Punk’s not dead est un recueil qui emporte son lecteur dans plusieurs univers et qui le fait réfléchir et moi c’est ce que j’aime dans mes lectures ^^ Une écriture belle, intelligente, fluide, un style percutant, de magnifiques illustrations, je vous recommande l’auteur et l’ouvrage !

Bonne lecture 😉

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JLNN

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Rue Farfadet (Les extraordinaires et fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, T1) de Raphaël Albert

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Les éditions Mnémos (collection Hélios), 281 pages, 9,90€

Lecture commune avec Ivy de La Plume d’Ivoire et Zina de Les Pipelettes en parlent

4ème de couverture

Panam, dans les années 1880 : les humains ont repris depuis longtemps la main sur les Peuples Anciens. Sylvo Sylvain a posé son havresac dans la rue Farfadet, gouailleuse à souhait. Chapeau melon vissé sur le crâne, clope au bec, en compagnie de son fidèle ami Pixel, il exerce la profession exaltante de détective privé et les affaires sont nombreuses ! Des adultères à photographier, des maris jaloux, des femmes trompées, etc. Ni très rémunérateur, ni très glorieux que tout ceci. Alors, Sylvo fréquente assidûment les bars, les cafés et les lieux de plaisir en tout genre où son charme envoûte ces dames…

Jusqu’au jour où, lors d’une banale enquête de routine, il se trouve mêlé à une machination dépassant l’entendement. Le voilà, bien malgré lui, chargé de l’affaire par l’un des trois puissants ducs de Panam. Saura-t-il tirer son épingle de ce jeu compliqué et dangereux ?

Résumé

Tout commence avec Martin le nain, vivant à Saltrouville en banlieue de Panam, avec sa femme Griselda. Martin vit son petit train train quotidien. Mais Martin a la chance de ne pas faire un métier de nain (égoutiers ou tunneliers), il travaille dans l’administration duccale. Seulement Martin en sortant de son travail, va rejoindre quelqu’un dans un hôtel en tout discrétion. Enfin, pas suffisamment, Griselda a des soupçons, elle embauche Sylvo, un détective privé, elfe de son état pour suivre son nain de mari. Un jour, Sylvo est en planque au café non loin de l’hôtel, histoire de voir sortir Martin, pendant son attente, il observe. Ce qu’il voit l’inquiète un peu mais pas le temps de pousser plus avant, Martin est déjà sorti de l’hôtel. Alors qu’il allait se remettre en route, le café est victime d’un attentat, un de plus qui secoue Panam depuis quelques mois. Personne ne sait qui est derrière toi ça. La police piétine. Sylvo va se retrouver embarqué, dans une affaire beaucoup plus complexe…

Mon avis

Un pur moment de détente !

Je me suis beaucoup amusé avec ce roman de Raphaël Albert !!! Déjà ça commence bien, la couverture d’Aurélien Police ❤ juste trop belle, une nouvelle collection, un format poche, bien pratique à emmener partout, j’adore ! Et puis…

On découvre un Paris devenu Panam des années 1880, un peu steampunk, beaucoup fantasy, pas mal polar, avec beaucoup d’humour ! Que du bon !!!  J’ai beaucoup aimé cet univers créé par Raphaël Albert, une ville qui ressemble à ce qu’on connait mais un monde avec 3 lunes, des rythmes différents, des noms d’heure, de jour, de mois à la fois différent et proche des nôtres. C’est à la fois original et dans le respect de certains codes. Le steampunk est léger mais on découvre de un Panam industrialisé, avec les premiers véhicules à moteur, la photographie, le contrôle du climat, etc. Tout reste en lien avec le monde fantasy et on croise autant de magie que de science.

Le personnage principal est Sylvo Sylvain, un elfe détective qui a dure quitter Toujours-Vert, la terre des elfes. Sylvo est un exilé, on ne sait pas pourquoi il a du quitter sa forêt, sa vie, son oxygène, … mais on comprend que c’est très difficile pour lui. Il enquête donc sur un adultère entre un nain et … une humaine! Mais quelque chose cloche, qui est le 3ème personnage qui débarque dans cette chambre d’hôtel ? Qu’est-ce qu’il n’y aurait pas autre chose là dessous ? Peu importe pour Sylvo, il a des créanciers à payer, pas le moment de se poser des tas de question dont les réponses ne serviront pas. Autant faire son rapport à Griselda et passer à autre chose. Sylvo est attachant. J’ai aimé sa façon de voir les choses, ses meurtrissures, un passé qui semble douloureux, qui lui donne une consistance mais surtout de l’autodérision, de l’humour, un peu l’antihéros. ça colle très bien avec le côté polar du livre en plus, et ce type d’enquêteur j’adore ! Vous savez, le détective qui fume comme un sapeur, aime le ouisk (ou la bière), qui trainasse, les choses lui tombent dessus comme ça mais il est loyal, avec un coeur gros comme ça. Voilà vous y êtes ! J’ai adoré Sylvo quoi 😉

On découvre que Panam est régi par un système ducal, 3 ducs. Mais tout n’est pas simple, il semble y avoir des tensions, des mystères et des secrets d’alcôves… On découvre un peu l’histoire de la ville (le libérateur Djizu, etc.). En parallèle, à l’enquête de Sylvo, on apprend donc les dessous supposés de Panam, les attentats qui se déroulent depuis quelques temps déjà, dont la spécificité est d’utiliser des élémentaux (air; feu;..). Mais qui commet ses attentats ? Pourquoi ?

Raphaël Albert croque toute une série de personnages d’espèces différentes : des orques, des gobelins, des trolls, des nains,… mais c’est tellement bien fait qu’on a pas l’impression d’une sur-enchère dans le côté fantasy. Chacun a un rôle à jouer dans l’intrigue, dans la ville et aucun n’est vraiment le bienvenu chez les humains de toute façon. J’ai beaucoup aimé Pixel, je vous laisse découvrir qui c’est, j’ai beaucoup aimé son interview par exemple.

Il y a pas mal d’effets de style dans ce roman (ce qui pourra peut être en rebuter certains mais qui moi m’ont conquise !), par exemple, on est en train de construire La Tour des Fées… Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. On retrouve ça pour les noms de rue, de monuments, de places, … J’en ai compris pas mal, mais j’avoue n’étant pas parisienne, je n’ai pas tout saisi mais ce n’est vraiment pas grave, c’est resté amusant et un plaisir jusqu’au bout! Il y a des choses vraiment très drôles ! J’ai même capté des références à des chansons ou des films. On trouve donc pas mal d’humour dans cette aventure de Sylvo. Je me suis beaucoup amusée à lire ce livre, j’ai souvent souri, et même rit parfois ! C’est bien écrit, fluide, précis. Dans un style qui colle parfaitement avec l’histoire. L’intrigue polar est très bien menée, elle est sur plusieurs niveaux, on va de découvertes en révélations. Dans l’ensemble, on ne voit pas venir les choses (sauf une, mais ça c’est mon instinct qui m’a guidé), plein d’hypothèses sont avancées, pistes, fausses pistes ?

Raphaël Albert a créé un univers dont on ne connait pas encore tout, et qu’on a envie de découvrir, qu’y a-t-il en dehors de Panam ? quel est le passé de Sylvo ? Je pense que je lirai les prochaines aventures de Sylvo, histoire de découvrir ce qu’il devient, ce qu’il a fait, et je pense que l’auteur a laissé des indices pour d’autres histoires, d’autres énigmes.

Vous retrouverez les avis d’Ivy et de Zina, en cliquant sur leur pseudo ! Une très chouette découverte et lecture commune !

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Confessions d’un automate mangeur d’opium de Fabrice Colin et Mathieu Gaborit

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Le serpent à plumes, 8,20 €, 424 pages

Merci Lilith de m’avoir prêté ton livre !

4ème de couverture

Paris, 1899… L’industrie, portée par la force de l’Éther, a révolutionné le monde. Le ciel bourdonne de machines volantes, les automates sont partout qui agissent au service des hommes, hommes qui communiquent entre eux par téléchromos d’un continent à un autre. Dans cette ville moderne où s’ouvre une éblouissante Exposition Universelle, une jeune comédienne, Margo, aidée de son frère psychiatre, enquête sur la mort mystérieuse de son ex-maîtresse et d’un singulier personnage créateur de robots… Écrites à deux mains par deux jeunes auteurs incroyablement doués, ces Confessions d’un automate mangeur d’opium sont un bonheur d’imagination et de virtuosité littéraire, à découvrir au plus vite.

Résumé

Un homme, soldat semble-t-il couche sur le papier sa folie.
En 1889, année de l’exposition universelle, à Paris, Margaret Saunders, comédienne, joue Juliette dans la pièce de Shakespeare. Un soir où elle a rendez-vous avec son frère, Théo, aliéniste, elle découvre par le journal que sa meilleure amie et confidente Aurélie est décédée, tombée d’un aérocab. Ce dernier, étrangement a continué sa route et le responsable peut-être de cette mort (Accident ? Meurtre ?)  a disparu. Margo ne veut en tout cas pas croire à la troisème hypothèse de la police, le suicide. En se rendant chez le père d’Aurélie, Monsieur Couturier, elle tombe sur deux brutes épaisses menaçantes, qui lui laissent une drôle d’impression…

Mon avis

Découverte agréable du Steampunk !

C’est mon premier vrai roman dans ce genre (le premier c’est Sans âme mais il n’effleure que le genre, et c’est voulu je pense), donc dans ce roman de Fabrice Colin et Mathieu Gaborit, c’est très très travaillé, on retrouve de nombreux éléments : machines volantes, automates, éther, machines, … Avec pas mal de détails, d’explications mais c’est savamment dosé, on n’a vraiment pas besoin d’un master en physique pour comprendre. En plus, c’est très visuel, les descriptions sont tellement bien faites que j’avais l’impression d’avoir des illustrations.

Le Paris ré-écrit est très sympathique, d’une part, on a le vrai Paris avec beaucoup de noms de rue, de places, des bâtiments, de monuments (Ah la Tour Eiffel), le métro ou le tram … et d’autre part, ce Paris historique est adapté à la technologie et aux sciences (les machines volantes, le bâtiment fictif où travail Théo,…), le tout donne un mélange très bien fait, on s’y croirait ! L’action se situe en 1889 (et non 1899, qui a fait la 4ème de couv’???) au moment de l’exposition universelle, la Tour Eiffel vient d’être créée et elle fait un très beau symbole du steampunk, je trouve, avec ses ascenseurs, son esthétisme, … et l’exposition universelle colle très bien avec les pavillons sur les technologies émergentes, les automates, etc.

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Le point de départ pour Margo et Théo est la mort d’Aurélie Couturier, Margo ne va pas accepter la mort, non de son ex-compagne (tu as lu le livre avant de faire ton 4ème de couverture ou pas ?) mais de sa meilleure amie, elle va se retrouver confronter à une histoire qui la dépasse, enjeu humain, politique, scientifique,… Pas uniquement une histoire de pouvoir ou de Progrès , ça va bien au-delà…

L’intrigue est bien construite et intéressante à suivre, même si parfois j’ai soufflé devant les réactions de certains personnages. L’écriture à 4 mains est très bien faite, comme on a un chapitre avec le point de vue de Margo alterné avec le point de vue de Théo, on ne se rend pas compte, car il parait qu’on change d’auteur à chaque chapitre. Et cette alternance donne du rythme à l’histoire. Pas de panique, ceux qui n’aiment pas ce type de narration en alternance de points de vue, les chapitres sont courts, les personnages souvent ensemble, on n’est pas frustré à la fin d’un chapitre de laisser le personnage où il en est.

Concernant les deux personnages principaux, j’ai une grosse préférence pour Théo le frère de Margo, son esprit scientifique, son caractère et ses réflexions. J’ai eu beaucoup plus de mal avec Margo. Je ne sais pas comment l’expliquer, elle est loin d’être sotte ou superficielle, elle est volontaire et c’est un personnage intéressant mais je n’ai pas réussi à m’attacher à elle et parfois ses digressions ou ses commentaires m’ont agacé.

Les deux auteurs sont vraiment talentueux et ont réussi l’exercice de l’écriture à 4 mains, c’est fluide, rythmé, précis, tout en détails sans que ça soit trop, cohérent entre les deux personnages, Fabrice Colin et Mathieu Gaborit ont tous les deux une belle écriture, ils ont réussit à retranscrire l’ambiance de Paris dans les années 1890 et réussissent à merveille la création de l’univers steampunk, on s’y croirait vraiment par moment, la présence des automates si intriguants, l’utilisation de l’éther controversée, ils ont inventé une époque à laquelle on peut aisément croire car des éléments réelles sont bien là : la Tour Eiffel, l’exposition universelle, la reine Victoria, etc.

Un petit bémol, j’aurai bien aimé explorer Metropolis, en savoir plus. Idem pour les passages sur le Cambodge, c’était frustrant de ne pas avoir plus de détails, de passages sur les événements qui se sont déroulés là-bas. J’ai repéré une seule incohérence dans les noms (suffisante pour que je m’en souvienne) et quelques coquilles mais vraiment pas grand chose, et n’enlève rien à la qualité du livre.

En tout cas, ne vous laissez pas impressionner par le prologue (très important) mais qui est assez spécial et partez à l’aventure du Paris steampunk ! Pour ma part, je découvrirai avec plaisir Mathieu Gaborit seul parce que je n’ai encore jamais lu cet auteur, si vous avez des suggestions, je suis preneuse. Pour Fabrice Colin, je fais une pause mais, je pense que je lirai de lui au moins un thriller et pourquoi pas une de ses sagas fantasy !

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