Mes impressions lectures Fin d’année 2016 #1

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Notre-Dame de Paris de Victor Hugo

Le livre de poche, 705 pages environ, 5€ environ en poche

En 1831, Victor Hugo réinvente le Moyen Âge et élève un monument littéraire aussi durable que l’œuvre de pierre qui l’a inspiré. Sous la silhouette noire et colossale de la cathédrale fourmille le Paris en haillons des truands de la Cour des Miracles. Image de grâce et de pureté surgie de ce cauchemar, la bohémienne Esméralda danse pour le capitaine Phoebus et ensorcelle le tendre et difforme Quasimodo, sonneur de cloches de son état. Pour elle, consumé d’amour, l’archidiacre magicien Claude Frollo court à la damnation.
De cette épopée hallucinée, ces monstres et ces figures s’échappent pour franchir les siècles, archétypes de notre mythologie nationale, de notre art et de notre Histoire.

Mon avis :

En 2016, j’ai enfin lu ce classique de Victor Hugo. Un roman parfois un peu long mais tellement riche..

J’avais en tête la comédie musicale, je n’ai jamais vu de films ou de dessins animés. J’ai donc découvert des personnages 100 fois plus travaillés, mais surtout un bossu beaucoup plus difforme et complexe;  une Esmeralda plus désinvolte et naïve ; un Frodo plus froid et plus torturé ; un Phoebus encore plus frivole et intéressé…

Mais aussi d’autres personnages secondaires que je n’avais pas imaginé comme ça, notamment l’auteur de pièces de théâtre plus intéressé par l’avenir de la chèvre de la gitane que par la gitane elle-même alors qu’elle a sauvé sa peau dans la cour des miracles.

Un personnage à part entière, Paris. Il y a beaucoup de descriptions, parfois on s’y perd même un peu mais c’est aussi un énorme travail de la part d’Hugo. Il brosse un portrait de la ville aussi important que ses personnages. Bien sur il va aussi rendre vivante cette cathédrale Notre-Dame de Paris.

Mais surtout ce qui m’a le plus plu ce sont les réflexions sur l’humanité, sur les apparences, sur la destinée. Il suffit de pas grand chose pour que la vie qui s’offrait à vous change du tout au tout.

On a aussi l’impression qu’une force tire les ficelles et que, bien que les personnages se démènent et luttent, rien n’y fait. Une autre forme de violence.

L’écriture est parfaite, les longues descriptions pourront peut-être perdre le lecteur parfois mais je pense qu’il faut savoir passer outre. Je garde des passages en tête plusieurs mois après ma lecture. C’est bien que l’auteur est doué pour vous imprégner de sa passion pour la ville et l’Homme.

Remarque : ma version comporte énormément de note de bas de page. J’ai pris le parti de ne pas les lire (sauf traduction de phrase en latin). Les informations données sont intéressantes mais alourdissent le récit et pas nécessaires pour le comprendre.
Une lecture que je suis vraiment contente d’avoir pris le temps de faire et que je relirai certainement un jour ^^

La voie des oracles II. Enoch d’Estelle Fayeenoch

Scrineo, 333 pages, 16€90

Parce qu’Aedon les poursuit sans relâche, Thya, Aylus, Enoch et le Sylvain minuscule fuient dans les terres barbares jusqu’aux confins de l’Asie.

Sur la route, ils vont découvrir des mondes différents, colorés, fabuleux, aux magies millénaires, aux mythologies fascinantes. un univers plus vaste et plus étrange que tout ce qu’ils auraient pu imaginer.
Leurs rares alliés sont en péril. Aedon, toujours plus menaçant et plus trouble, a conclu un pacte avec les créatures des Enfers. Pour survivre, Thya doit percer le secret des anciens Oracles, mais l’intervention d’Enoch risque de tout changer.
Car ce nouveau monde, s’il les force à se révèler, pourra aussi les perdre….

Mon avis :

J’ai aussi lu Enoch le tome II de la voie des oracles, avec sa magnifique couverture signée Aurélien Police.

On retrouve les personnages là où on les avait quittés, et la tournure des événements prend un aspect un peu plus sombre. Le récit fait la part belle aux dieux et déesses qui décidément peuvent faire des humains tout ce qu’ils veulent ou presque. La quête de réponse de l’héroïne se poursuit et elle va aller plus loin que tout autre Oracle avant elle. J’ai beaucoup apprécié l’évolution des personnages. On est pris dans l’histoire et les pages se tournent toutes seules.

La fin que je n’avais pas vu venir donne un second souffle à la trilogie et annonce un tome 3 différent, on a envie de se jeter dessus.

L’écriture est toujours fluide et très agréable.

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Le puits des mémoires 2. Le fils de la lune de Gabriel Katz

Scrineo, pages, 16,90€

Fuyant le royaume d’Helion où leur tête est mise à prix, Nils, Karib et Olen s’embarquent pour Woltan, sur les traces de leur identité. Pourquoi ont-ils assassiné le plus puissant roi du monde ? Dans leur quête de la vérité, ils vont découvrir un royaume fascinant, colossal, aux frontières des terres barbares. Mais leurs poursuivants n’ont pas abandonné la traque…
Pour les fugitifs sans mémoire, c’est l’heure des révélations, et de la plongée dans le grand nord, où leur vie ne tient qu’à un fil.

Mon avis :

Puis, je me suis attaqué au 2ème tome du Puits des mémoires de Gabriel Katz: le fils de la lune. J’avais bien aimé le 1er mais j’ai été moins emballée que mes camarades lectrices. J’avais donc un peu peur. Mais finalement, j’ai adoré cette suite, qui pour moi est meilleure que le 1. J’ai été happé par la suite des aventures de nos amnésiques. Et c’est l’heure des révélations. On découvre progressivement qui sont Karib, Olen et Nils… Et vivement le 3 pour savoir enfin pourquoi ils sont traqués sans relâche. Surtout maintenant que nous savons qui ils sont. J’avais vu venir la révélation finale mais maintenant j’ai trop envie de savoir ce qu’il s’est passé avant leur capture et leur perte de mémoire.

En plus de l’humour, ce tome à pour messages que les apparences sont parfois trompeuses. Et si on se redécouvrait, serions nous les mêmes personnes qu’avant ? C’est vraiment une excellente suite et je suis ravie de ne pas m’être arrêtée au 1er 🙂

Northanger Abbey de Jane Austen

norther 10/18 Editions, 276 pages, 7€10

4ème de couverture

Par sa gaucherie, ses rêveries naïves et son engouement pour les vieux châteaux, Catherine Morland semble loin des modèles de vertu. Mais si cette jeune Bovary délicatement british n’a rien d’une héroïne, c’est que Jane Austen s’amuse ! Et nous emporte, d’une plume malicieuse, d’un bout à l’autre du plus moderne des romans austeniens.

Résumé

Catherine Morland n’a rien d’une héroïne et pourtant… Garçon manqué pendant son enfance, elle n’excelle pas dans le jardinage, la tenue d’une maison ou dans les Arts, pas de dessins, ni de musique ou de chant…Maladroite, gauche et parfois stupide, qui aurait pu imaginer qu’elle deviendrait plutôt jolie et qu’elle serait amenée à se rendre à Bath pour accompagner les Allen et aller au devant de sa carrière d’héroïne ?

Mon avis

Lu en lecture commune avec Scarlett et Marie (Même les sorcières lisent)

Quelle écriture et quel esprit ! Jane Austen m’a complètement séduite avec ce petit Northanger Abbey

Le lecture découvre un portrait très précis et pourtant très court de Catherine Morland. L’enfance de cette jeune femme n’est rien de sensationnel, elle-même jusqu’à son adolescence ne semble n’avoir rien pour elle. Quel portrait !  On ne s’attend pas à ça pour débuter un roman !! Pas vraiment douée pour les études, un peu garçon manqué au début, Catherine n’a pas de talent particulier. Mais la jeune femme a bon et agréable caractère. Elle ne côtoie pas de jeunes gens de son âge et n’a pas vraiment l’occasion de voyager. Avec sa grande famille, le destin ne semble pas l’avoir favorisée. Mais un jour, leurs voisins, les Allen lui proposent de les suivre à Bath. Une aubaine pour la jeune fille. Elle va enfin sortir un peu en société. Bath, ses rooms, ses bals, les distractions : théâtre, boutiques, … tout ce qu’elle n’a encore jamais vécu.

Puis Jane Austen s’adresse à son lecteur dans ce roman. On comprend alors qu’elle va nous dépeindre les travers de son époque en prenant cette « pauvre » jeune Catherine qui décidément n’a rien d’une héroïne et pourtant des rencontres vont la façonner et son histoire sera digne d’être racontée.

Catherine et Mrs Allen pourtant ne connaissant personne et les premiers jours dans la ville de Bath sont loin d’être idyllique. Il leur manque une connaissance, quelqu’un qui pourrait les présenter aux gens de la société.  Même si Catherine se voit attribuer comme cavalier Mr Tilney avec qui elle sympathise aussi bien que le peu les convenances, le temps passe alors lentement. Si seulement, Miss Morland et Mrs Allen pouvaient avoir quelques connaissances à Bath. La providence étant curieuse, Mrs Allen finira par tomber sur une ancienne amie, Mrs Thorpe, elle aussi séjournant dans la ville. Catherine va alors se lier d’amitié avec Isabelle, la fille de Mrs Thorpe. Et le hasard faisant encore étrangement les choses, le frère d’Isabelle John connait le frère ainé de Catherine, James ! L’occasion d’avoir chacune un cavalier. Sauf que John n’a pas la finesse du frère de Catherine.

La plume de Jane Austen est un délice vraiment, alliant finesse et ironie. Elle manie l’ironie de façon tellement charmante, et pourtant, elle sait être féroce ou impitoyable mais toujours avec bienséance et courtoisie. Un régal vraiment ! Elle nous croque des personnages charmants et d’autres extrêmement agaçants mais semble-t-il assez fidèles de leur époque. Certains très vaniteux et imbus d’eux-mêmes, ou encore très « je fais le contraire de ce que je vous dis », d’autres par contre, charmant, adorable et attentif. Quel contraste !

Je n’ai pas supporté les Thorpe, intéressés et versatiles. Égoïstes aussi. Ils m’ont fait hérisser les poils des bras 😀 Jane Austen excelle dans l’art de leur tirer le portrait. ça fonctionne bien, j’avais envie de frapper l’un avec l’autre ! Mais ils seront utiles à Catherine, elle va ouvrir les yeux et découvrir que la nature humaine n’est pas une et unique. Jane Austen a du doser ses effets, juste quand je me disais « il ne faut pas que cette partie dure trop longtemps, parce que là, je ne les supporte plus », elle a su changer le décor de son héroïne.

J’ai aimé Catherine, sa spontanéité, son humeur agréable et sa passion pour les romans noirs et les vieux châteaux. Elle semble au premier abord très naïve, mais il faut se rappeler qu’elle vient de la campagne et donc n’a pas du tout l’habitude des convenances de cette époque. Surtout, elle n’a pas côtoyé assez de jeunes gens pour comprendre rapidement qu’elle se fait berner, abuser ou pour savoir comment se comporter. Elle est tellement nature qu’elle ne voit pas le mal. Mais attention, elle a des sursauts de réflexion et elle est honnête donc elle ne se fera pas avoir trop longtemps. Puis elle manque peut-être d’esprit mais pas d’imagination. J’ai adoré son séjour à Northanger Abbey. Elle est attachante et on a vraiment envie qu’elle ait un destin d’héroïne ^^

J’ai adoré l’ambiance dans les différents parties, celle des Rooms de Bath, très guindée; celles de balade entre jeunes gens, très controversée et celle de l’arrivée à Northanger, très gothique. Puis, le changement de caractères de certains personnages, qui finissent par s’expliquer, ah les apparences, …

J’ai adoré le fait que « Jane Austen nous parle ».  Elle dépeint si bien les caractères et les convenances, elle les dénonce à sa façon. Quelle modernité ! On est régulièrement pris à parti et puis elle évoque même ses sœurs.  Ça m’a surpris et en même temps j’ai adoré ❤

C’était vraiment une excellente lecture, un coup de coeur pour la plume envoutante et le style si parfait de Jane Austen. Pour son tact mais aussi sa façon de dépeindre la société de son époque, loin d’être parfaite mais pas la pire non plus. Travers, défauts, elle nous les montre et prend parfois des risques pour une auteur de son époque. Pas étonnant que le livre ne soit pas sorti rapidement. Il a du choquer son éditeur ?! Et ses passages sur les livres, les auteurs, les figures féminines, les a priori, les fausses idées, … Que ce livre est riche pour ses moins de 300 pages ! Je ne peux pas tout dire, tout citer mais j’en ai relevé des citations si vraies, si justes, et pourtant si opposée à la pensée de l’époque.  Résolument MODERNE. Une démonstration !

J’ai d’ailleurs commandé dans la foulée, Persuasion et Mansfield Park ^^ Ah Jane Austen ❤

L’avis de Scarlett

L’avis de Marie (Même les sorcières lisent)

Le livre de la jungle de Rudyard Kipling

le livre de la jungleLu en ebook, gratuit

4ème de couverture

Un loup et sa compagne découvrent un Petit d’Homme errant tout nu dans la forêt. Mowgli : ainsi va l’appeler Mère Louve qui l’adopte comme un de ses petits, refusant de le livrer à Shere Kahn, le tigre boiteux. Furieux, le tigre vient exiger son dû au Conseil du Clan où, selon la loi, chaque petit du Peuple Libre doit être présenté devant les autres loups. Mais l’ours Baloo et la panthère Bagheera interviennent en sa faveur. Mowgli va grandir sous leur protection. Mais Shere Kahn rôde dans l’ombre…

Résumé

Découvrir les moments forts de l’enfance de Mowgli, du conseil des loups à l’affrontement avec Shere Kahn, le rapt par le peuple Singe, découvrir la loi de la jungle et ses animaux sauvages (et d’autres domestiqués),  voyager de l’Alaska à l’Inde … 7 nouvelles qui emméneront le lecteur vers toutes ses découvertes.

Mon avis

Une déception

ça ne m’arrive pas souvent mais là, je n’ai pas aimé. Je peux trouver des choses qui m’ont plu, mais mon ressenti général est que je me suis ennuyée et que je suis passée à côté des nouvelles et de leurs « messages ». En fait, c’est en discutant de ce livre, lecture commune du Club de lecture L’île aux livres, que je me suis rendue compte qu’il y avait certainement bien plus « à en tirer » que ce que j’en ai pensé.

Voici d’abord succinctement mon avis sur les nouvelles :

  • Les Frères de Mowgli (avec Mowgli)

Le lecteur découvre, au cœur de la Jungle, un clan de loups et l’arrivée surprenante d’un petit d’homme. Il faudra toute la persuasion de membres extérieurs à la meute, pour que le petit ne soit pas abandonné à son triste sort, servir de repas au tigre Shere Kahn. Et puis 12 ans après, la stupidité et la cupidité des uns, la cruauté et la méchanceté des autres vont le forcer à quitter la jungle.

Retrouver les héros du livre de la jungle, le dessin animé, est intéressant. Mais le style de l’auteur ne pas m’a pas aidé à me plonger dans ce récit. Pourtant, on a là, beaucoup de thèmes qui devraient toucher : le rejet, l’abandon, la trahison, … mais je ne sais pas pourquoi, la « magie » n’a pas opéré.

  • La Chasse de Kaa (avec Mowgli)

Mowgli a 7 ans, il apprend les lois de la jungle avec Baloo, qui n’est pas toujours très tendre avec lui. Quand, un jour, Mowgli est enlevé par le peuple singe, les Bangar-log, peuple sans loi, sans règle; à la mémoire courte, vaniteux, sot et stupide, Baloo et Bagheera vont devoir chercher de l’aide. Ils doivent s’en remettre à Kaa, pourtant le dernier animal de la Jungle auquel ils souhaiteraient demander de l’aide.

On découvre les lois de la jungle avec Mowgli. On retrouve Kaa, l’hypnotiseur serpent et le lecteur en apprend plus sur les liens entre les peuples, ce qu’il faut faire ou ne pas faire, les codes pour survivre. Cette nouvelle traite de l’importance de respecter les lois, les codes, les règles.

Encore une fois, je n’ai pas vraiment su apprécier, je pense être passée à côté des vrais messages à la lecture. La façon de faire m’a agacée et puis les dialogues m’ont gênés, comme s’ils ne sonnaient pas vrais.

  • « Au tigre ! au tigre ! » (avec Mowgli)

On revient sur Mowgli réfugié chez les hommes, qui apprend que Sheer Khan en veut toujours à sa vie. Mowgli doit prendre les devants, quitte à tuer avant de se faire tuer.

Manipulation, combat, ruse et tactique, sont les maitres mots de cette nouvelle. Des 3 nouvelles sur Mowgli c’est celle que j’ai le moins aimé.

Certains thèmes et certains passages ne sont pas vraiment adaptés pour les enfants, je trouve. Cette 3ème nouvelle est violente dans son genre. Je pense qu’il y a de quoi vraiment faire peur à de jeunes enfants. Il y a aussi des messages pour leur apprendre à respecter les ainés, les lois, ne pas suivre ou croire n’importe qui … mais je crois que ce n’est plus un style adapté pour notre époque.

  • Le Phoque blanc

Kotick est un bébé phoque qui apprend la vie. Nager, se nourrir, suivre les courants. Cependant, il est spécial. Déjà il est tout blanc. Et puis il est curieux. Il comprend que l’homme tue et chasse les phoques. Kotick décide de ne pas « s’établir » avant d’avoir découvert un endroit où les phoques de son clan, seront en sécurité.

Une nouvelle surprenante, que viennent faire des phoques dans la Jungle 😉 ! Ici, l’auteur apprend aux jeunes qu’il faut être curieux, altruiste et défendre ses idées. Mais je n’adhère toujours au style et la façon de faire. Je me rend compte que je suis passée complètement à côté de cet ouvrage…

  • Rikki-tikki-tavi

Une mangouste est recueillie par des humains. Elle n’est pas sauvage pour un sou,  elle est même très curieuse et se fait un devoir de protéger la famille qui l’a trouvé. Quand elle comprend que la famille est menacée par un couple de cobra noir, elle passe à l’action.

Alors là, je suis passée encore plus à côté de cette histoire que des autres …. C’est intéressant de voir comment les animaux « combattent » mais à part ça…

  • Toomai des Éléphants

Le lecteur suit les Toomai qui de pères en fils travaillent à rassembler et dompter les éléphants sauvages pour qu’ils soient ensuite « domestiqués » pour la guerre ou le confort des plus riches et l’homme blanc. Un soir, un vieil éléphant quitte le campement en emmenant avec lui le jeune Toomai…. qui va assister à la ce que personne n’a jamais pu voir, la Danse des Éléphants.

Cette danse est le passage le plus « joli » du recueil, un moment suspendu, un phénomène rare qu’aucun humain n’a jamais vu. Malheureusement, l’éléphant habitué à servir les hommes ne reprend pas sa liberté. Quel dommage. C’est la nouvelle dont j’arrive le moins à parler mais qui a été la plus sympa pour découvrir une partie de ce qui se passe dans la jungle au 19e siècle.

  • Service de la Reine

A l’aube d’une parade lors d’une cérémonie officielle, un soldat est réveillé en pleine nuit par un grand brouhaha. Un chameau a pris peur et dévaste le camp où les animaux et les hommes se reposent pour la nuit. Le soldat écoute alors les animaux du camp parler entre eux : boeufs, chameaux, mulets, cheval australien, … éléphant, chacun discourt sur sa place dans l’armée. C’est à qui est le plus utile et fait le mieux les choses, connait le mieux l’art de la guerre. Ils se disputent l’honneur d’être le meilleur à servir les militaires…

C’est la nouvelle que j’ai détesté le plus. Pour moi, elle met en avant la domestication, la servilité, l’obéissance dans l’art de la guerre. C’est un éloge à l’art de la guerre britannique en pays colonisé… Je n’ai pas du tout aimé.

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Donc voilà, je me suis ennuyée, je n’ai pas réussi à m’intéresser à ses histoires. Je pensais découvrir plus de choses sur l’Inde, même si je me doutais qu’on ne ferait qu’effleurer le pays et ses coutumes. Et même si découvrir les lois de la Jungle se révèle assez intéressant, ce ne fut pas suffisant. Je pense comme ma copine Coquelicote, que nous sommes désormais éloigné du public auquel ces histoires étaient destinées. Par contre, on ressent bien la marque du colonialisme anglais. Trop même je pense, surtout dans la dernière nouvelle. Ode à l’armée britannique. Pas de doute, ça change des autres histoires contées lors de l’ère Victorienne mais je n’ai pas réussi à accrocher. Même si certaines choses, avec le recul, m’ont plu comme retrouver les « héros » du livre de la jungle de Disney, découvrir la danse des éléphants, ce ne fut pas suffisant et cela ne m’a pas donné envie de lire Le second livre de la jungle.

Avec le recul, ce n’est pas aussi horrible dans mon souvenir. Même si certains messages me sont apparus depuis, surtout en discutant avec d’autres lecteurs, ce ne m’empêche pas de m’être ennuyée. C’est dommage, car il y a certainement un fond sur la protection de l’environnement, de la nature… qui pourtant m’intéresse beaucoup; mais tout est eclipsé par la mise en avant de la présence anglaise dans ce décor.

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La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier

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Folio, 313 pages, 7,70€

4ème de couverture

La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au dix-septième siècle, l’âge d’or de la peinture hollandaise. Griet s’occupe du ménage et des six enfants de Vermeer en s’efforçant d’amadouer l’épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives.Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l’introduit dans son univers. À mesure que s’affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville…

Résumé

Griet aide sa mère à la cuisine quand elle reçoit la visite d’une femme et de son époux. L’homme ne lui adresse la parole que pour comprendre pourquoi elle trie les légumes de la soupe par couleur. On sent que cela à une importance pour lui que ne comprend pas Griet ou le lecteur. La mère de Griet lui apprend qu’elle doit entrer au service de ces personnes le lendemain. Depuis l’accident de son époux, elle a besoin d’une aide financière que lui apportera Griet. Cette dernière apprend qu’elle rentre au service du peintre Vermeer, mais surtout de son épouse et de leurs nombreux enfants. Commence alors pour la jeune fille, une vie nouvelle, différente et qui va lui réserver des surprises…

Mon avis

Une belle découverte !

Ce livre n’est pas un coup de cœur mais je l’ai beaucoup apprécié. Je l’ai lu, il y a plus d’un mois, et j’en garde un excellent souvenir.

L’action commence en 1664 et le lecteur découvre Griet, une jeune fille de 16 ans (si je ne me trompe pas). C’est elle qui nous raconte son histoire. Un matin comme un autre, sa famille reçoit la visite d’un couple, une femme grande et assez sophistiquée, au ton abrupt et un homme, plus petit, qui semble vivement intéressé par la manie de Griet pour le tri des légumes de couleur. Un couple bien singulier. La mère de Griet lui apprend qu’elle va rentrer à leur service le lendemain pour 8 florins la journée et que désormais elle logera chez eux, dans le Coin des Papistes. C’est un coup dur pour Griet mais encore plus pour sa petite soeur Agnès qui ne pensait pas être séparé de sa seule confidente si tôt. Mais Griet comprend, depuis que son père est devenu aveugle, il ne peut donc plus travailler. Et la vie est difficile, les mois sont durs. Son père lui apprend qu’elle va travailler pour le peintre Vermeer et son épouse. Elle devra principalement faire le ménage de son atelier.

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Débute alors une toute nouvelle vie pour la jeune Griet, nous apprenons quelles seront les taches qu’elle devra exécuter en tant que servante, mais surtout nous découvrons avec elle la famille Vermeer et son maigre personnel. Une galerie de portraits très bien croqués par Tracy Chevalier. De Catherine, l’épouse enceinte de son 6ème enfant à Maria Thins sa mère propriétaire de la maison, en passant par les 4 fillettes donc l’insupportable Cornélia, Tanneke fidèle servante de Maria, et bien sur, Johannes Vermeer le peintre et marchand de tableau, chef de famille. Un nouveau monde de dur labeur, de mise en garde, de sournoiserie, de méchanceté parfois, mais de lumière aussi, de couleur et de beauté.

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Griet va devoir s’adapter à ses nouvelles tâches mais aussi conjuguer avec le caractère de Tanneke, qui la voit un peu comme une ennemie et une bonniche dénichée on ne sait où; ou encore avec celui de sa maitresse assez particulier. Et puis, surtout il y a le ménage dans l’atelier du maitre, comment le faire sans rien déplacer ? Et il est tellement secret. Peu à peu, Griet va se faire une drôle de place dans l’univers de ce peintre qui peint peu et lentement. Elle est attachante. Souvent, j’éprouve des difficultés avec les récits à la première personne, mais ici, ça sonne juste, et j’ai trouvé cette petite servante loin d’être agaçante. Elle n’a pas que des qualités (un soupçon de naïveté, une dose de fausse innocence)  bien sur mais elle fait de son mieux pour éviter les ennuis. Cette société du 17ème est tellement différente de ce qu’on connait de nos jours. Tracy Chevalier parvient à nous faire ressentir le mal être des personnages et les sentiments de  Griet : la tristesse, le doute, son mal aise en la présence du peintre. Cet homme qui l’impressionne, qu’elle admire et qui pourtant, lui adresse si rarement la parole. Puis progressivement, il la fait entrer dans son univers.

J’ai beaucoup aimé être immergé dans la ville à cette époque là, jusqu’au style flamand des constructions, le marché. On s’y croirait ! L’auteure a vraiment un don pour dépeindre les lieux sans abuser de lourdes descriptions. Nous retrouvons les us et coutumes de cette région dans les années 1660, l’opposition des quartiers catholiques / protestants, la prise des repas, les constructions, les travaux manuels (différents métiers nous sont exposés), l’accouchement et les traditions associés, la peste, … Le lecteur est vraiment immergé dans cette ville des Provinces-Unies (ce qui deviendra les pays-bas).

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J’ai beaucoup apprécié cet univers et de découvrir par le récit de Griet, le monde de la peinture, du moins celui de Vermeer. Les couleurs, les détails, l’immobilité, le mouvement, … L’auteure décrit ce quotidien tellement bien, avec le vocabulaire précis et soigné. Les descriptions et leurs impressions permettent au lecteur d’imaginer les peintures de Vermeer comme la vie de Griet dans le Delft du 17ème siècle.  J’ai adoré chercher et retenir dans les descriptions des peintures ou des anecdotes les éléments pour retrouver les vraies peintures ensuite sur le net, et on en a des évocations des toiles de Vermeer (j’en ai repéré au moins 9 sans compter la jeune fille à la perle !) !!! Et puis apprendre qu’il peignait quasiment toujours dans la même pièce, avec des éléments récurrents, en utilisant ses couleurs favorites,… c’est très intéressant.

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Ce qui va se passer au sein de cette maison ne sera pas sans conséquence sur la vie de Griet, mais en lisant la 4ème de couverture, je m’attendais à du scandale, à bien pire ! Sans raconter ce qu’il se passe, on en vient à découvrir une version potentielle de l’histoire de la naissance du fameux tableau représentant une jeune fille au turban ou encore « une jeune fille à la perle ». Et j’avoue que j’ai bien accroché moi à cette vision de l’auteur. Il est fort probable que tout cela n’est que pure fiction mais c’est amené de telle manière, que cela semble assez crédible. Du fait, du récit du pont du vue de Griet et du traitement de l’histoire, le peintre et son œuvre ne sont jamais dénaturé par le récit. Peut être que pour certains du coup, l’auteure ne prend pas de risque mais à moi, ça me convient très bien.

J’ai passé un très bon moment de lecture, dans une petite partie du monde des Arts, dans une époque plutôt méconnue dans un pays dont on parle peu dans les livres que je lis (et c’est dommage). Le livre parfait pour aborder les thèmes des servants et de leurs conditions, de l’innocence, de la peinture et de l’esthétisme. Il ne me reste plus qu’à trouver le temps de voir le film avec Colin Firth (<3) mais j’avoue avoir peur d’être déçue (et puis je ne suis a priori, pas convaincue pour Scarlett dans le rôle de Griet).

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Les Hauts de Hurle-Vent d’Emily Brontë

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4ème de couverture

Les Hauts de Hurle-Vent sont des terres balayées par les vents du nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. Mr. Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l’ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, il prépare une vengeance diabolique. Il s’approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu’au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et frustre. Ce roman anglais, le plus célèbre du XIXe siècle à nos jours, a été écrit par une jeune fille qui vivait avec ses sœurs au milieu des landes de bruyère. Elle ne connut jamais cette passion violente ni cette haine destructrice. Elle imagina tout, même le fantôme de la femme aimée revenant tourmenter l’orgueilleux qui l’a tuée.

Résumé

En 1801, M. Lockwood locataire de Thrushcross Grange, se rend chez M. Heathcliff, aux Hauts de Hurle-Vent, son propriétaire, afin de faire sa connaissance, une rencontre bien singulière. M. Lockwood ne se sent pas vraiment le bienvenu même si M. Heathcliff s’est montré assez courtois, bien que bourru. Le lendemain, le locataire renouvelle sa visite aux Hauts du Hurle-Vent mais rien ne se passe comme la première fois. Le maitre des lieux n’est pas là, il est mal reçu par le vieux Joseph, les autres habitants, une jeune femme et un homme, ne semblent guère se préoccuper de sa présence. Contraint par la neige a demeuré à Hurle-Vent pour la nuit ou à rentrer dans le froid, le noir et la neige jusqu’au tronc, Lookwood reste mais ne goute point aux manières de l’assemblée. En pleine nuit, pris de visions et de cauchemar, il finira par rentrer chez lui au petit matin. Affaibli par un gros coup de froid attrapé en rentrant, Lookwood va se faire compter par sa femme de charge, Nelly Dean, l’histoire des Hauts et d’Heathcliff…

Mon avis

Difficile de donner mon avis sur ce grand classique, coup de cœur pour de très nombreux lecteurs. Moi, je suis tiraillée, entre des choses que j’ai adoré et d’autres que j’ai détesté.

Déjà, j’ai eu beaucoup de mal avec le début du roman, on commence dans le présent et puis assez vite, on bascule dans le récit de Nelly, et du coup, j’ai eu du mal avec la généalogie des personnages. Merci à ma version, qui propose un arbre généalogique, il m’a bien aidé. Ensuite, quand on avance dans le récit, plus de problème, mais le début a été dur. Du coup, ça démarre mal entre Les Hauts et moi.

Tous les personnages à de rares exceptions prés, m’ont été du début à la fin antipathiques. Heathcliff bien sur, mais aussi Catherine Earnshaw, Nelly, Joseph, Isabelle, Linton… Et quand, je n’ai pas été amené à les détester, ils m’ont fait pitié surtout Edgar Linton et sa fille Catherine,… Difficile donc, car, je ne me suis quasiment attachée à personne, le seul qui m’a toute ma sincère affection c’est Hareton qu’on suit depuis l’enfance et qui n’a vraiment pas choisi une seule fois sa destinée.

Heathcliff est un personnage que j’ai détesté mais que j’ai adoré détester ! Oui, c’est bien LE personnage qui fait l’histoire et qui est le plus marquant, le plus emblématique. Recueilli par M.Earnshaw, il est repoussé par ses enfants. On ne sait pas d’où il vient, qui il est. Ce personnage est auréolé de mystères, d’une aura malsaine et étrange. Il réagit aux sentiments de manière très extrême, impitoyable et cruel quand il hait quelqu’un, sur-protecteur et fou furieux quand il aime. Avec Heathchiff, pas de juste milieu, pas de temporisation, pas de pardon, pas de mesure, juste lui et sa vengeance. Cette noirceur, ce caractère, cette douleur est magnifiquement retranscrite par Emily Brontë.

Pour les autres personnages, là, j’ai eu beaucoup, beaucoup de mal. Nelly qui nous raconte tout, m’a suprêmement agacée, elle intervient quand il ne faut pas, n’intervient pas quand il le faudrait… Si seulement, c’était le seul personnage qui m’avait saoulé mais Catherine Earnshaw est insupportable, à ne pas savoir ce qu’elle veut, à donner l’illusion qu’elle tient aux apparences, … Isabelle Linton est stupide, on a beau la prévenir, elle saute dans la gueule du loup et revient désemparée mais genre on t’avait pas prévenu ? Son fils, mais quelle horreur, je n’ai pas réussi à le prendre en pitié… Et puis, il y a les personnages entre deux. Pour qui on a de la peine, Egard et sa fille Catherine mais qu’on aimerait secouer pour qu’ils se révoltent enfin. Alors oui, certains personnages sont plus qu’impuissants face à Heathcliff mais d’autres… Au cours, de ma lecture, j’ai été prise dans une telle révolte, un tel sentiment d’impuissance partagé avec les personnages que ma lecture s’est faite pénible, très pénible. Je n’ai pas compté le nombre de fois où j’ai soufflé, refermé le lire, voulu le jeter par la fenêtre ! Ce ne sont pas de sentiments, des situations que j’aime à vivre quand je lis un roman, peut-être avais-je mal choisi ma période ? En tout cas, même si du coup, j’ai eu beaucoup de mal, je dois reconnaitre, que le travail d’Emily Brontë est remarquable ! Parce que si j’ai trop partagé l’impuissance et la frustration des personnages, c’est qu’elle est douée ! Et là chapeau. Un marasme de sentiments, je ne vis pas ça tous les jours dans mes lectures! Quand, je vous dis que je suis tiraillée dans mon avis et ce n’est pas facile d’écrire ce que j’ai ressenti.

Je n’ai pas été fascinée par cette histoire, comme d’autres lecteurs ont pu l’être mais une chose est sure, comme tout le monde, je pense,c’est qu’on ne ressort pas de sa lecture indemne, on ne peut y rester insensible, qu’on l’ai adoré ou détesté. Il y a, qu’ils soient en bons ou en mauvais, un tel déferlement de sentiments qui prend le lecteur, qu’on ne peut pas rester de marbre. En ça, ce livre est une grande œuvre.

C’est complexe et tordu comme il faut, mystérieux, malsain, à la limite du fantastique, car parmi les personnages du roman certains croient aux revenants, aux démons,… et le doute plane toujours. Une sorte de flou artistique. Fantastique, folie ? Où est la frontière ? C’est vraiment très très bien fait. Ce roman est superbement écrit, travaillé. Toutefois, j’ai mis beaucoup de temps à le lire, à cause de mon sentiment devant l’inaction, l’impuissance des personnages, mais je ne doute pas, que pour d’autres, la lecture sera prenante, rapide, fascinante. J’ai beaucoup aimé, comme Emily Brontë a su créer une atmosphère pesante, un personnage d’une telle noirceur. Incontestablement un chef d’œuvre, même si je n’ai pas su pleinement y adhérer. Peut-être que mon édition y a fait beaucoup aussi, à croire que les classiques doivent être peu aéré et être publié dans des livres qui ne les mettent pas en valeur. ça a accentué ma sensation d’étouffement d’avoir le texte tout serré sans saut de pages, sans paragraphe découpé. Un peu pénible…
Bref, c’est un livre brillant qui vaut le coup d’être lu une fois au moins parce qu’on ne peut le dissocier de son auteure qui a su parler de choses qu’elle n’a pourtant pas connues, qui a su imaginer une histoire noire, sordide, très éloignée de son univers. Pour le talent d’Emily Brontë, il faut lire ce roman !

Une autre chose qui rend mon sentiment ambivalent sur l’histoire, c’est la fin, certains la trouvent superbe, moi, je ne l’ai pas aimé. Elle tranche trop avec le reste. Sans la livrer, moi, je fais parti de ceux qui pensent qu’Emily aurait du suivre sa ligne directrice jusqu’au bout. Par contre, j’ai apprécié la façon dont disparait Heathcliff, encore un mystère de plus. Du mystère, jusqu’au bout.

Voilà, mon avis est peut-être un peu décousu, il n’est pas facile de mettre des mots sur l’impression que j’ai eu. Je ne peux pas le cacher, j’ai eu beaucoup de mal mais en même temps, il y a de si belles choses dans ce livre ! Je pense que c’est un classique qu’il faut avoir lu, pour ce faire sa propre opinion sur tout, l’histoire, les personnages, l’écriture, l’ambiance…

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L’écume des jours de Boris Vian

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Lu en ebook

Le livre de poche (ou 10/18), d’occasion ou neuf (6,60€ actuellement), entre 190 et 350 pages selon les éditions

4ème de couverture (amazon, dernière édition)

Chick, Alise, Chloé et Colin passent leur temps à dire des choses rigolotes, à écouter Duke Ellington et à patiner. Dans ce monde où les pianos sont des mélangeurs à cocktails, la réalité semble ne pas avoir de prise. On se marie à l’église comme on va à la fête foraine et on ignore le travail, qui se réduit à une usine monstrueuse faisant tache sur le paysage.

Résumé

Colin, jeune homme charmant, qui ne travaille pas, amateur de jazz, reçoit à déjeuner son meilleur ami Chick, ce dernier est ingénieur et donc gagne mal sa vie, fan de Jean-Sol Partre,  tous les lundi et parfois d’autres jours aussi. Lors de leur dernier repas, Chick fait la connaissance du cuisinier de Colin, Nicolas, coïncidence, ce dernier est l’oncle d’Alise la fille dont Chick est amoureux. Colin est jaloux, lui aussi, il vaut être amoureux, à une soirée chez Iris, une amie commune, il rencontre Chloé…

Mon avis

Très mitigée.

Je sais que pour beaucoup ce livre a été un coup de cœur, que beaucoup l’adore, j’espère qu’ils me pardonneront mon avis. Je ne peux pas dire que j’ai détesté, comme je ne peux pas dire que j’ai aimé. Je n’ai simplement pas été touchée, même si certaines choses m’ont plu, d’autres me sont complètement passées au dessus de la tête. Il m’a manqué des clefs de compréhension, un contexte, une atmosphère particulière, je pense pour totalement accrochée. Et donc, … j’ai pas vraiment accrochée.

On découvre et on suit des personnages atypiques dans un monde « à l’envers », surréaliste. Notamment, le travail est quelque chose de mal vu et il est plus glorifiant (mieux vu, mieux payé) d’être ouvrier ou manuel comme le cuisinier de Colin qu’ingénieur. Colin ne travaille pas, il a de l’argent, il invente pour son usage personnel quelques machines comme le fameux piano-cocktail et il vit dans un grand appartement. Il jalouse Chick car Alise lui plait aussi mais ça n’est pas possible. Heureusement, il va rencontrer Chloé, belle et spontanée. En fait, il serait très facile de dépeindre les personnages (ce qu’ils portent, comment ils sont) mais il est presque impossible de dire ce qu’ils ressentent et, leurs qualités. Car le livre a été voulu comme ça, on ne sait presque rien des émotions des personnages. Ce sont les lieux, les décors, les actes qui est le reflet de ce qu’ils ressentent. Comme à l’instar de la maison de Colin qui change quand les finances de ce dernier s’amenuisent.

Et j’ai eu du mal avec cette façon de faire. Autant, j’ai apprécié les métaphores, les jeux de mots, les descriptions d’un monde complètement barré parfois, c’est très poétique et ça aime beaucoup, autant j’ai eu du mal avec les personnages, que je ne comprenais pas, auxquels je n’ai pas réussi à m’attacher parce qu’il n’avait pas assez de consistance, assez superficiels. Je pense que c’était voulu par l’auteur mais moi j’ai eu du mal. J’aurais du être triste de ce que subit Chloé mais finalement je n’ai pas été touchée. Idem, j’aurais du être révolté par la religion et sa façon de faire et être en empathie avec Colin, mais je n’ai pas su. J’ai même préféré les personnage secondaires aux héros…

J’avoue je suis allée chercher sur le net, des explications pour certaines choses, et avec ses dernières, je comprend mieux ce que voulait faire passer comme messages Boris Vian. Mais j’aurai bien aimé ne pas à avoir besoin d’éplucher les sites. Il y a des messages qu’on comprend facilement, le travail, la place de la femme, l’espoir, la souffrance, la maladie, … Mais il y avait tellement de messages qu’on ne peut tous les appréhender de la même façon, reste encore la religion, la passion, la superficialité, l’irréel, … J’adhère d’ailleurs pas mal aux idées mais au final j’ai eu comme une sensation de… fouillis. Et puis, il fallait connaitre un minimum l’auteur et ses aspirations pour comprendre certaines images, l’évocation des lieux, du jazz, etc. Et je suis certainement passée à côté de plein de choses.

Sinon, ça se lit très vite, les pages se tournent toutes seules. Le style est donc particulier, mélancolique, burlesque, surréaliste, c’est beau, c’est vrai. Pour un premier livre, c’était vraiment quelque chose, différent, interpellant, marquant.

Je suis restée sur ma faim, même si finalement, il n’était pas nécessaire de développer plus, vu la tournure des événements. Donc mitigée parce que j’ai aimé l’univers, la façon de voire les choses (émerveillement et merveilleux), l’histoire et ses messages. Mais pas les personnages, la rapidité des événements, les enchainements, les réactions,…

Voilà, donc, je suis contente de l’avoir lu, mais je ne sais toujours pas si j’ai aimé ou pas. La balance ne penche pas d’un côté ou de l’autre.

J’irai voir l’adaptation au cinéma, parce que je suis curieuse de voir la façon dont certaines choses seront montrées. Et parce que j’aime beaucoup Michel Gondry.

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Le joueur d’échec de Stefan Zweig

Le livre de poche, 3,60€, 125 pages

4ème de couverture (attention spoiler)

Qui est cet inconnu capable d’en remontrer au grand Czentovic, le champion mondial des échecs, véritable prodige aussi fruste qu’antipathique ? Peut-on croire, comme il l’affirme, qu’il n’a pas joué depuis plus de vingt ans ? Voilà un mystère que les passagers oisifs de ce paquebot de luxe aimeraient bien percer.
Le narrateur y parviendra. Les circonstances dans lesquelles l’inconnu a acquis cette science sont terribles. Elles nous reportent aux expérimentations nazies sur les effets de l’isolement absolu, lorsque, aux frontières de la folie, entre deux interrogatoires, le cerveau humain parvient à déployer ses facultés les plus étranges.
Une fable inquiétante, fantastique, qui, comme le dit le personnage avec une ironie douloureuse,  » pourrait servir d’illustration à la charmante époque où nous vivons « .

Résumé

Le narrateur effectué la traversée de l’Atlantique vers l’Argentine sur un paquebot,  quand lors d’une discussion avec un autre passager, il apprend la présence à bord du champion d’échec Czentovic. Ce dernier a un caractère bien spécial, bourru, il est quasiment inculte. Notre narrateur est intrigué et il voudrait l' »étudier », du moins pouvoir discuter avec lui mais Czentovic n’accorde aucune interview. Le narrateur se rend compte que pour l’approcher, rien de mieux que le faire jouer aux échecs, mais une partie en compagnie de ce champion est payante. Le narrateur rencontre vite un autre joueur amateur lui très arrogant qui va payer pour jouer avec le champion. Lors de leur partie, quelque chose va arriver…

Mon avis

Il sera court, car il s’agit ici d’une nouvelle écrite par Zweig, donc histoire assez courte. Zweig l’a écrite en septembre 1941 quelques mois avant son suicide en 1942. Cette nouvelle a été publiée à titre posthume en 1943 par la maison d’édition suédoise de l’auteur.

Tout d’abord si vous avez l’occasion de lire cette nouvelle évitez de lire la quatrième de couverture et la préface. Car malheureusement elles en disent beaucoup trop sur l’histoire et comme c’est très court (94 pages, 125 avec la biographie de l’auteur), et bien on est vite spoilé.

Du coup, je ne dirai pas ce qu’il se passe, juste qu’une intrigue inattendue sur ce bateau va prendre le pas sur l’histoire de Czentovic. Cette nouvelle est riche d’enseignement. Elle est courte mais forte et on est touché par les événements racontés.

Je conseille, comme c’est court, de la lire d’une traite. Parce que moi j’ai du couper à la moitié et j’ai perdu un peu cette impression d’être absorbé par l’histoire, comme ceux qui l’ont lu m’en ont parlé. Du coup, j’ai presque eu l’impression de passer à côté, alors évitez de faire comme moi je pense.

Si vous êtes curieux de l’histoire, il y a plein de chroniques sur internet qui vous raconteront tout en détail, personnellement je n’aime pas, quand il s’agit d’une nouvelle ou d’un livre court parce qu’en plus de ne plus avoir de surprise, on ne réfléchit plus sur le thème abordé par soi-même finalement.

Concernant les échecs, je vous rassure il n’est pas nécessaire d’y jouer et d’y comprendre quelques choses pour apprécier le livre. C’est l’élément porteur à un récit plus important.

C’est un livre fort, qui marque, malgré son nombre de page réduit, qui fait réfléchir et nous apprend des choses. Un parallèle peut être fait avec son auteur, la biographie accompagnant l’ouvrage est très intéressante et permet de faire la lumière sur le passé de Zweig pour mieux comprendre le livre.
Je vous conseille cette lecture. Un classique à connaitre. Je pense que je relirai avec plaisir d’autres écrits de Zweig. La traduction en tout cas laisse voir que la plume est excellente.

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Dix petits nègres d’Agatha Christie

Le livre de Poche, 5,30€, 222 pages (avec la post-face)

Quatrième de couverture

Dix personnes apparemment sans point commun se retrouvent sur l’île du Nègre, invités par un mystérieux M. Owen, malheureusement absent. Un couple de domestiques, récemment engagé, veille au confort des invités. Sur une table du salon, dix statuettes de nègres. Dans les chambres, une comptine racontant l’élimination minutieuse de dix petits nègres. Après le premier repas, une voix mystérieuse s’élève dans la maison, reprochant à chacun un ou plusieurs crimes. Un des convives s’étrangle et meurt, comme la première victime de la comptine. Une statuette disparaît. Et les morts se succèdent, suivant le texte à la lettre. La psychose monte. Le coupable se cache-t-il dans l’île, parmi les convives ?

Résumé

L’ïle du Nègre a été récemment achetée par une mystèrieuse personne dont l’identité est cachée, une star du cinéma ? M. Owen ? Un excentrique millionnaire ? L’amirauté britannique y ferait-elle des expériences ? Personne ne le sait, même pas Mr et Mrs Rogers les deux domestiques récemment embauchés pour s’occuper de l’île et des invités. Car Mr  O’Nyme (c’est comme ça que se nomme le propriétaire dans ma version), a invité 8 personnes à séjourner sur l’île :

– Emily Brent vieille demoiselle âgée de 65 ans. Elle a reçu une éducation très stricte de son père, colonel de la vieille école. Elle vient sur l’île croyant être conviée par une connaissance effectuée 2 ou 3 ans plus tôt en vacances.

– le Dr Amstrong  médecin très en vogue, d’une intégrité indiscutable et très compétent d’un point de vue professionnel, se rend sur l’île pensant que Mrs O’Nyme souffrante a besoin de ses services,

-William Henry Blore, officier de police qui dirige une agence de détectives à Plymouth. Celui-ci a pour pseudonyme Mr Davis, pour ne pas qu’on le reconnaisse en temps que policier, mais il annonce très vite sa véritable identité aux autres convives. Il est convié par Mr O’Nyme lui-même pour veillé à la sécurité du site pendant le séjour en sa qualité de détective.

– Véra Claythorne, femme assez jeune, nerveuse et rongée par le passé. Elle était la gouvernante d’un enfant nommé Cyril puis professeur de physique dans un établissement de troisième ordre. Elle pense venir pour être la secrétaire de Mme O’Nyme (en intérim).

– Philip Lombard, capitaine fort, grand et aux petites moustaches. Il part souvent à l’étranger et a été mêlé à de multiples scandales. Il vient sur l’île à la demande d’un certain Mr  Morris en échange de 100 guinées.

– le Général Macarthur qui a eu une conduite courageuse pendant la Grande Guerre. Il pense venir retrouver de vieux copains militaire comme lui.

–  A.J. Marston, jeune homme charmant au physique de jeune premier. Il conduit vite de très belle voiture de sport.  Il pense être convié sur l’île par son ami Badger Berkelery.

– le juge Wargrave, magistrat respecté, remarquable et honnête. Il pense être invité par une ancienne amie Lady Constance Culmington.

A leur arrivée sur l’île, ces 8 personnes sont surprises et perturbées par l’absence de leurs hôtes. De plus, elles commencent à se rendre compte qu’elles n’ont pas toutes été conviées par la même personne.

Lors de la première soirée sur l’île après le repas, une mystérieuse voix se fait entendre dans le salon annonçant que les 10 personnes présentes sont coupables de la mort de certaines personnes qui sont clairement identifiées (nom + date). Les 10 protagonistes commencent alors à se défendre de ces accusations et cherchent par qui elle a pu être proférée. Mrs Rogers se trouvant mal est conduite à sa chambre et le Dr Amstrong lui fait prendre un somnifère. De retour en bas, les « invités » découvrent dans la pièce voisine que le message accusateur a été diffusé par un disque sur un gramophone.  Quand soudain, après avoir bu un énième whisky, le jeune Marston s’effondre, foudroyé. Il a été empoisonné. Est-ce un suicide ou un meurtre ? Le lendemain matin, Mrs Rogers est retrouvée morte dans son lit, ayant succombé dans son sommeil. S’était-elle suicidée, coupable de l’accusation portée contre elle et rongée de remord  ? As-elle été tuée? L’angoisse monte, personne ne vient comme tous les matins apporter le courrier et les provisions. Les 8 personnes présentes semblent bel et bien piégées sur l’île. Quand le Général MacArthur est retrouvé mort, il n’y a plus de doute possible, un assassin est sur l’île. Qui peut-il être ? Les crimes sont similaires à la comptine affichée dans chaque chambre  » 10 petits nègres » … des statuettes disparaissent à chaque mort … Est-ce l’œuvre d’une personne qui se cache sur l’île, d’un des convives, d’un fou ?

Mon avis

J’ai adoré ma lecture ! J’ai encore une fois été scotchée par Agatha !!!!

L’intrigue, très bien ficelée, est centrée sur une succession de crimes, on a les pensées de chacun des personnages et on ne peut quand même pas savoir si le coupable est parmi eux ! Cela permet à la tension de monter progressivement. Même si on lit la berceuse au début du roman, que l’on fait le rapprochement dans la succession des meurtres, on est quand même surpris de la façon dont tout cela se passe. Agatha Christie réussi à faire monter la peur et l’angoisse, le lecteur se sent piégé et pris en tenaille lui aussi. C’est très efficace.

Comme d’habitude, c’est très bien écrit avec les détails qu’il faut au moment où il les faut. C’est impressionnant d’être dans la tête des protagonistes mais de na pas réussir à démêler les nœuds de l’intrigue ! A chaque fois, que l’on pense avoir trouvé, hop retournement de situation et faut tout reprendre au début. C’est excellent !

Le livre se lit vite, on est happé par l’histoire, on veut savoir ce qui va arriver à ces personnages, vont-ils tous mourir? Par qui ? Comment ?  Sont-ils coupables des crimes dont ils sont accusés? On s’attache aux personnages, pourtant tous si différents, ils sont tous brillamment dépeints par Agatha, qui vous fait passer avec brio les sentiments ressentis par les personnages présents sur l’île.

Comme Agatha Christie le dira elle même, le roman est clair, direct et déroutant, la conclusion est plausible, la personne responsable ne se devine pas en 5 minutes et la succession des morts ne tourne pas en ridicule, tout reste cohérent et possible. Si certains ont tendance à lire la fin avant le début, c’est largement déconseillé. C’est vraiment se laisser guider du début dans l’intrigue qui permet la montée d’angoisse, les questionnements et d’être bluffer par la lecture.

J’ai encore passé une excellent moment avec la reine du roman policier (même si ici c’est un polar sans policier) ! En 2007, Dix petits nègres était dans la liste des ouvrages les plus vendus au monde, le premier roman policier et le septième livre tous genres confondus. Comme quoi, les histoires, le suspens et le talent d’Agatha Christie sont encore plus que jamais d’actualité. J’ai hâte d’ouvrir un autre Agatha et encore un autre, et un autre, et un autre…. 🙂

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Sans le vouloir, j’ai vu que cette lecture rentre dans le cadre du Challenge  La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel

Plusieurs films ont été réalisés sur cette histoire.

Rebecca de Daphné du Maurier

Le livre de poche, 6,10€, 437 pages

MERCI à ma copine NyrA pour ce livre !!!!

Quatrième de couverture

Sur Manderley, superbe demeure de l’ouest de l’Angleterre, aux atours victoriens, planent l’angoisse, le doute : la nouvelle épouse de Maximilien de Winter, réussira-t-elle à se substituer à l’ancienne madame de Winter?
Rebecca, morte noyée, continue d’exercer sur tous une influence à la limite du morbide. La nouvelle Mme De Winter, timide, effacée, inexpérimentée, se débat de son mieux contre l’angoisse qui l’envahit, mais la lutte contre le fantôme de Rebecca est par trop inégale.

Résumé

La narratrice et son époux sont dans leur chambre d’hôtel, elle nous raconte qu’ils sont mieux là que dans leur domaine de Manderley, parce qu’il s’est passé trop de choses là-bas, que Manderlay n’est plus à eux, que Manderlay n’est plus. La narratrice nous raconte alors comment tout a commercé pour elle, un jour à Monte-Carlos, alors dame de compagnie de Mrs Van Hopper. Comment grâce au snobisme de celle qui l’emploie, elle va faire la connaissance de Maximilien de Winter. Ce quarantenaire charmant nous apparait sombre parce qu’il a perdu sa femme Rebecca, qui s’est noyée un peu moins d’un an plus tôt. Il a quitté l’Angleterre pour voyager et s’éloigner de ce passé douloureux. La narratrice et Mr de Winter vont être amenés à beaucoup de voir lorsque Mrs Van Hopper tombe malade et indisposée cette dernière doit rester dans son appartement à l’hôtel. Mr de Winter amène en promenade dans sa voiture notre héroïne et ils visitent les alentours de Monte-Carlo. Un jour alors que Mrs Van Hopper reçoit des nouvelles de sa famille et doit rentrée plus tôt que prévu à New-York, notre narratrice se rend compte qu’elle tient énormément à Maxim de Winter et alors qu’elle vient lui faire ses adieux, il la surprend en la demandant en mariage malgré leur vingtaine d’années d’écart, le fait qu’ils ne se connaissent que depuis peu et qu’aucun des deux n’a jamais évoqué à l’autre de sentiment amoureux particulier. Elle accepte et quitte le service de Mrs Van Hopper. Ils arrivent à Manderley (sur la côté anglaise), après leur voyage de noce en Italie,  la narratrice découvre que le domaine et la population avoisinante sont encore emprunts du vif souvenir de Rebecca, la première Mrs de Winter…

Mon avis

C’était une très bonne lecture, très agréable, j’ai beaucoup aimé même si quelques petites choses m’ont empêchés d’avoir un coup de cœur pour ce livre.

D’abord, je découvre avec plaisir Daphné du Maurier, son style et son écriture. Ce livre se lit très bien, rapidement, les descriptions des personnages ou des lieux sont savamment dosées, ni trop longues, ni trop courtes, c’est précis et très bien écrit. L’histoire est originale et très plaisante, la narratrice arrivera-t-elle à lutter contre le souvenir de Rebecca, cette femme qu’on luit décrit comme parfaite, belle et intelligente, qui savait administrer Manderley, le faisait briller aux yeux de la société et du voisinage ? Mais tout est-il aussi parfait ? Une grande partie du récit, se base sur les non-dits et les sous-entendus et comment la narratrice les interprète, car jeune, timide et très différente de Rebecca, elle n’ose questionner son époux Maxim, Franck qui s’occupe du domaine ou les domestiques. Elle se fait donc son idée sur qui était Rebecca, comme elle était et se sent progressivement inférieure à elle, gauche et insignifiante.  Le comportement des gens autour d’elle l’intrigue et l’angoisse progressivement. Influençable, elle interprète la  moindre chose, les moindres mots prononcés, se compare beaucoup à Rebecca et en vient à se sentir vaine et inutile.

Daphné du Maurier arrive parfaitement à décrire la peur, l’angoisse, les sentiments de son héroïne. Elle a également réussi à inventer des personnages très antipathiques, notamment Mrs Danvers, dont l’attitude envers la nouvelle Mrs de Winter est glaciale, plein d’animosité et parfois peut approcher la folie, elle considère la nouvelle femme de Mr de Winter comme une usurpatrice, bien en dessous de Rebecca et qui n’a rien à faire à Manderley; on peut citer également Jack Favell, personnage qui arrive vers le milieu du roman.

Le dénouement de cette histoire est brillamment trouvé, avec des retournements de situation qui tiennent le lecteur en haleine.

De plus, j’aime beaucoup, les romans (et les histoires en général) qui se passent dans les années 20 ou 30, l’ambiance, le charme et l’atmosphère des domaines et demeures anglaises, quand l’éducation prévalée sur la communication. Il était peu fréquent pour les dames de dire ce qu’elles pensaient sans peur de questionner. Les hommes ne se confiaient pas. D’où des non-dits qui accentuent les histoires et les situations.

Deux choses m’ont empêché d’avoir un coup de cœur pour ce roman. La première est que j’arrive difficilement à m’attacher à un personnage si je ne connais pas son nom, c’est bête, je sais. En effet, il n’est jamais fait mention du prénom de la narratrice. C’est voulu je pense, pour accroître le fossé séparant la nouvelle Mrs de Winter et Rebecca. En effet, le souvenir de cette dernière est tellement présent, c’est de ce personnage que né tout le drame du roman, qu’en comparaison, l’héroïne est effacée au point que le lecteur ne connaitra pas son nom.  Même si moi, cela m’a gêné pour m’attacher à la narratrice, je trouve que c’est vraiment très bien vu de la part de Daphné du Maurier. Seulement, cette difficulté à m’attacher à l’héroïne a été quelque peu renforcé par son caractère. A défaut se renseigner (ce qui est très cohérent vu sa personnalité : jeune et timide), elle  imagine souvent les choses, les pensées et les sentiments des autres et se fait ses propres scénarios. Au début de l’histoire, ça m’a agacé parce que c’était vraiment trop souvent sur trop peu de temps d’action. Une fois à Manderley, elle continue mais comme on rentre dans l’intrigue, dans cette lutte invisible avec le souvenir de Rebecca,  sa façon de voir, d’interpréter et de faire dans sa tête ses scénarios, sont beaucoup plus justifiés, utiles et intéressants.

Deuxième chose, si j’ai bien perçu que l’héroïne est progressivement effrayée et angoissée par tout ce qui se passe, je n’ai pas moi en tant que lectrice ressentie d’angoisse particulière. Maintenant, je pense que cela vient de moi, parce que le roman est très bien construit, les informations sont distillées au fur et à mesure, à juste dose pour faire de l’effet et les situations très efficacement contées. On est vraiment surpris de la tournure des événements.

Ces deux remarques, ressenti purement personnel, n’enlèvent rien au roman, qui est vraiment très bon! Je pense que je lirai, avec plaisir également, d’autres romans de Daphné du Maurier. J’aimerai bien voir maintenant l’adaptation du roman par Hitchcock sorti en 1940.

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2ème lecture réalisée dans le cadre du Challenge  La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel

Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos

GF-Flammarion, prix moyen 5€, 440 pages (ma version n’est pas celle de l’illustration)

Les notes de l’éditeur nous mettent en garde ! L’authenticité de ce recueil n’est pas garantie, il ne s’agirait que d’un roman et bien soit prenons le comme tel ! Mais sans perdre de vu alors que ces mœurs sont peut être fidèles à la réalité du 18ème siècle !

4ème de couverture de mon édition

 » Qui pourrait ne pas frémir en songeant aux malheurs que peut causer une seule liaison dangereuse ? Et quelles peines ne s’éviterait-on point en y réfléchissant davantage ! Quelle femme ne fuirait pas au premier propos d’un séducteur ? Quelle mère pourrait, sans trembler, voir une autre personne qu’elle parler à sa fille? Mais ces réflexions tardives n’arrivent jamais qu’après l’événement; et l’une des plus importantes vérités, comme aussi peut-être des plus généralement reconnues, reste étouffée et sans usage dans le tourbillon de nos mœurs inconséquentes. « 

Résumé 

La jeune Cécile de Volanges a terminé son éducation au Couvent et revient vivre chez sa mère (Mme de Volanges) dans l’attente de son mariage. Mme de Volanges a en effet promis Cécile au Comte de Gercourt.

La Marquise de Merteuil, parente éloignée de Mme de Volanges, ne peut supporter ce fait, elle est plus qu’en mauvais termes avec le Comte et écrit donc au Vicomte de Valmont pour le presser de revenir de chez sa vieille tante (Mme de Rosemonde) afin de l’aider à « se venger » de Gercourt. La Marquise de Merteuil désire en effet que le Vicomte séduise et fasse son  » éducation  » à la jeune Cécile.

Cependant, le Vicomte de Valmont est fort occupé chez sa tante, il est sous le charme de la dévote  Présidente de Tourvel et tente de la séduire et de compromettre sa vertu.

A Paris, la jeune Cécile apprend le chant et la harpe auprès du Chevalier Danceny. De tendres sentiments amoureux vont apparaitre entre ces deux jeunes gens.

Dans l’immédiat, le Vicomte de Valmont ne peut/veut aider la Marquise de Merteuil dans ses sombres desseins (trop pris qu’il est d’éprouver la vertu de la Présidente de Tourvel). Jusqu’au jour où Cécile surprise par sa mère dans une correspondance amoureuse avec le Chevalier Danceny, ces dames vont se rendre pour quelques temps chez Mme de Rosemonde afin de séparer les jeunes amoureux. Et le Vicomte ayant appris que la Présidente de Tourvel reçoit des lettres de Mme de Volanges lui indiquant quel personnage méprisant et de peu de confiance il est sensé être (à raison sans doute), il décide d’apporter son aide à la Marquise de Merteuil.

Prétextant d’apporter son aide à Danceny et Cécile afin qu’ils puissent continuer leur correspondance ou se voir, le Vicomte entreprend la jeune Cécile…

Mon avis

Les Liaisons dangereuses est un roman épistolaire, genre littéraire que j’ai découvert avec Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, c’est vraiment un genre que je découvre et qui me plait énormément. On a donc ici tout un échange de lettres entre les différents protagonistes. J’ai aimé cette alternance de lettres variées, sans ellipse importante de temps ou événements, ce qui fait qu’on comprend très bien la trame et l’histoire. Certaines lettres sont plus longues  (en général celles de la Marquise de Merteuil ou du Vicomte de Valmont) ou plus courtes  ce qui permet, je trouve, de rythmer la lecture. De plus, le style des lettres tantôt empruntées tantôt plus légères (moins sur la fin, et pour cause!) permet d’accentuer ce rythme et d’éviter de se lasser avec une trop grande quantité de détails ou d’événements à assimiler.

L’écriture de Laclos est fine et enlevée. Pas mal de lettres, sont extrêmement travaillées (certainement conformes au style de l’époque), avec beaucoup de figures de style, de phrases intero- négatives, qui rendent peut être certains passages plus ardus (il faut un peu plus de concentration pour bien comprendre) mais dans l’ensemble ça se lit très bien quand on a pris le rythme et l’habitude, on n’y prête plus attention. Ce type de tournures de phrase permet bien souvent de dire une chose d’une manière à ce qu’on comprenne son contraire. Cela sert beaucoup à la Marquise de Merteuil dans la finesse de ses raisonnements et pour manipuler ses intrigants !

Je connaissais l’histoire car le film de Stephen Frears est un de mes films préférés ! Maintenant que j’ai enfin lu le livre, je trouve le film très fidèle au roman. Et je suis contente d’avoir lu cet ouvrage car on a plus de détails, de précisions sur les actions et la durée des événements, cela m’a permis de redécouvrir l’histoire avec plus de profondeur notamment le passé de la Marquise de Merteuil (décrit par elle dans une de ses lettres), son veuvage, sa relation  avec Belleroche ou avec Valmont, cette histoire de maison de campagne, etc. La fin est plus complète que dans le film (ce  dernier laissait le spectateur deviner le destin des protagonistes) alors que là on apprend ce qu’il advient de Cécile de Volanges, de Danceny ou de la Marquise de Merteuil.

Je suis personnellement conquise par les personnages ! La Marquise de Merteuil est perfide, manipulatrice, comploteuse sous ces airs d’âme vertueuse et d’amie intime qui inspire confiance. Elle pousse les personnages dans le sens qui lui convient et pour son propre intérêt et se justifie avec une cohérence terrible qui fait qu’on en vient à être d’accord en général avec elle alors que non quoi ! La rudesse de la vie d’une femme à cette époque (en plus elle est noble par mariage quand même, il a moins « chanceuse » qu’elle) ne peut pas justifier tous ses comportements ! C’est clairement un personnage qu’on aime détester ! Elle manie avec justesse l’écriture et a l’art de perturber son lecteur et de lui faire comprendre les choses sans les nommer vraiment. C’est elle qui écrit les lettres les plus complexes car chaque passage est utile, est écrit pour servir ses desseins et elle confronte les gens avec leurs propres sentiments. Elle manipule les gens autour d’elle pour se venger ou pour se divertir. Elle fera du mal autour d’elle et ne s’en sortira pas à bon compte.

Ah le Viconte de Valmont, comme la Merteuil, il est à double visage! Attentionné, poli, serviable mais il est calculateur ! Et quelle arrogance! Quel orgueil ! Il sera amoureux sans le savoir et créera sa propre perte pour la Marquise qui se joue de lui. Son personnage est plus complexe qu’on pourrait le croire, car on ne sait vraiment s’il joue, s’il aime, s’il comprend lui-même ce qu’il fait par orgueil, il cherche à abuser, à se venger, mais il n’est pas vraiment maître de son destin puisqu’on le manipule. Il profite toutefois grandement des plaisirs de la vie et des situations. Il se jouera des sentiments de la Présidente de Tourvel mais ce qui était au départ un jeu, un défi, un caprice tournera à cause des habiles manipulations de la Marquise à ce que Laclos nomme si bien « une liaison dangereuse ». Dans un sens, il passe de « bourreau » à victime, car on le plaint de s’être laissé bouffé par l’orgueil et de pas avoir vu que son bonheur était acquis et qu’il aurait dû cesser d’entendre les propos de la Marquise de Merteuil.

La Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont sont deux personnages complexes, ambigus, manipulateurs/manipulés, abusant de leur rang. Ils sont des intrigants, qui jouent à se défier, qui se jouent des autres pour parvenir à leurs fins,… Seulement, les choses ne se passent pas toujours comme on les entend, anciens amants, ils finiront par se fâcher irrémédiablement. Ils apprendront que les actes ont des conséquences et qu’on ne s’en sort jamais à aussi bon compte quand l’orgueil fait place au sens commun.

Les autres personnages sont un peu moins charismatiques mais pas moins importants dans l’histoire et de fait, leurs actions et caractères sont également développés. On aime la naïveté de Cécile de Volanges et on la plaint beaucoup, on aime la jeunesse et l’empressement du Chevalier Danceny, on peut admirer le combat intérieur de la Présidente de Tourvel, femme vertueuse, dévote, qui sera corrompue, trahie et manipulée de bout en bout par Valmont (et Merteuil).

Comme, je le disais au début, la préface nous explique que ce récit est sans doute faux mais en est-il pour autant si différent des mœurs d’autrefois ? Et si Laclos avait réussi à dépeindre dans ses lettres les intrigues amoureuses, les liaisons dangereuses, la perfidie de certaines personnes, les comportements vertueux ou manipulateurs, qui furent de son époque ?

J’en reviens également au 4ème de couverture de mon édition. C’est extrait d’une lettre de Mme de Volanges à Mme de Rosemonde à la fin du roman et je crois que ce passage a vraiment bien été choisi ! « Qui pourrait ne pas frémir en songeant aux malheurs que peut causer une seule liaison dangereuse ? » Oui qui ? Dans ce roman, les malheurs sont Oh combien plus grands quand on pense que les protagonistes ne sont pas impliqués dans une (hormis Mme de Tourvel) mais dans 2 voire 3 liaisons dangereuses en même temps ! Que ce roman porte bien son nom !

J’ose le dire, j’ai vraiment adoré cette lecture, certains lettres sont vraiment belles et touchantes et dans d’autres, j’ai été impressionné de la façon dont sont amenés les trahisons, les manipulations notamment de la Marquise et du Vicomte. On n’est pas dans une lecture mielleuse ou à l’eau de rose pour autant et pourtant on a jamais autant parlé des sentiments (de tout genre) ou d’amour.

Je me relirai bien certaines lettres de temps en temps avec plaisir. C’est vraiment un coup de ❤

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Lecture commune pour le Club de Lecture Alille.com du mois de Mai

1ère lecture réalisée dans le cadre du Challenge  La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel