Un secret de Philippe Grimbert

Le livre de poche, 5,50€, 185 pages

Quatrième de couverture
Souvent les enfants s’inventent une famille, une autre origine, d’autres parents. Le narrateur de ce livre, lui, s’est inventé un frère. Un frère aîné, plus beau, plus fort, qu’il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas… Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque. Et c’est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu’il lui incombe de reconstituer. Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l’Holocauste, et des millions de disparus sur qui s’est abattue une chape de silence. Psychanalyste, Philippe Grimbert est venu au roman avec La Petite Robe de Paul. Avec ce nouveau livre, couronné en 2004 par le prix Goncourt des lycéens et en 2005 par le Grand Prix littéraire des lectrices de Elle, il démontre avec autant de rigueur que d’émotion combien les puissances du roman peuvent aller loin dans l’exploration des secrets à l’œuvre dans nos vies.

Résumé

Il s’agit d’une autobiographie, c’est donc très logiquement que Philippe Grimbert prend la parole et nous raconte son enfance. Garçon chétif et malade, il se sent différent au point de s’inventer un grand frère, fort, beau, parfait mais avec qui il entretient une relation conflictuelle, se battant avec lui et se sentant écrasé par sa « présence » tous les soirs. Les parents de Philippe sont d’anciens sportifs, à l’allure athlétique avec une certaine assurance, surtout son père, il grandit dans un climat étrange d’affection et de non-dits, persuadé que son père est déçu d’avoir un fils à la santé fragile. Les parents de Philippe s’occupent d’un magasin d’articles de sport, il les aident parfois, traînant surtout dans les jambes de sa mère. Il ne se confie pas beaucoup à part dans ses cahiers d’écriture et n’ose questionner ses parents ou sa famille sur leur passé. Il invente donc ce qui a du être en se basant sur ce que laisse parfois échapper les conversations des adultes (oncles, tantes, grand-père). A coté du magasin d’articles de sport, se trouve le cabinet de Louise, une vielle amie de la famille (infirmière et masseuse), confidente de Philippe. En fait, la seule personne à qui il se confie. A l’âge de 15 ans, suite à une bagarre avec un camarade de classe, la peine de Philippe amène la vielle confidente à lui révéler ce qu’elle sait sur ses parents. Sur fond de Second Guerre mondiale, avec la montée progressive du nazisme jusqu’aux horreurs exercées, il découvre alors le secret de famille caché à ses yeux depuis toujours, de la rencontre de ses parents aux raisons de son enfance solitaire.

Mon avis

J’avoue avoir eu du mal les 30 premières pages de ma lecture. Je ne voyais pas bien ce que voulait nous livrer l’auteur. Je pensais me douter du type de secret, notamment quand on apprend que le récit sur ses parents en placé dans la fin des années 30. Mais à ma surprise, ce que j’imaginais n’était pas aussi simple et j’ai ensuite été happée par la lecture voulant connaitre tous les événements, dont certains ont du être très douloureux à apprendre pour un garçon de 15 ans. On pense avoir deviné mais non pas tout à fait.

L’auteur nous livre un roman court mais fort et bouleversant. Avec pudeur et subtilité, Philippe Grimbert nous raconte le passé douloureux, les mensonges par omission qui permettent aux gens d’aller de l’avant à défaut de pouvoir se sentir mieux. Le secret délivré lui est salutaire, ce poids invisible levé lui permettre de devenir à son tour un adulte. Il ne juge rien, ni personne, pour grandir, il devait savoir, il devait en passer par là. La relation de Philippe avec ses parents sera particulière jusqu’au bout mais pas dépourvue de beauté et de liens forts.

J’ai de plus appris certaines choses que j’ignorais encore sur la 2nde guerre mondiale, lacunes concernant certaines actions, certains propos pendant le gouvernement de Vichy.

L’écriture est simple, posée, allant à l’essentiel, sans fioriture. Comme le moyen d’exorciser toutes ces choses douloureuses du passé, de laisser un témoignage marquant et sincère. Il me semble difficile de quitter cette lecture sans avoir été marqué et touché ou du moins troublé.

Je n’ai pas vu le film de Claude Miller. Si j’en ai l’occasion de suis curieuse de voir comment cela a été adapté.

Un extrait :

 » Aussi longtemps que possible, j’avais retardé le moment de savoir : je m’écorchais aux barbelés d’un enclos de silence.  » Ph. Grimbert

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3ème lecture réalisée dans le cadre du Challenge  La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel

Le prénom d’Alexandre de La Patellière et de Mathieu Delaporte

L’adaptation d’une pièce de théâtre du même nom.

avec Patrick Bruel, Charles Berling, Valérie Benguigui, …

Vincent et Anna attendent leur premier enfant. Ils sont invités à dîner chez la sœur de Vincent, Élisabeth et son mari Pierre. Ces derniers ont également invité Claude, un ami d’enfance. En attendant l’arrivée d’Anna, en retard à cause de son travail, Babou, Pierre et Claude pressent leur ami de questions sur la grossesse d’Anna, sur sa future paternité,… Ils lui demandent s’ils ont déjà décidé du prénom de l’enfant, la réponse Vincent va chambouler la famille et la soirée…

J’ai beaucoup aimé, c’est une très bonne comédie, grinçante à souhait, les réparties fusent, le débat est enflammé.

Tout part de l’annonce de Vincent sur le choix que lui et Anna ont fait pour le prénom de leur futur enfant. Le tollé est immédiat, les réactions vives et chacun expose à sa façon ses arguments. Cette amorce, plus que l’annonce du prénom en lui-même, est l »occasion de dépeindre les comportements de la société, l’importance du regard des autres, de la vision qu’on revoit sur son entourage. Comment un prénom peut être autant une charge qu’un plaisir à porter. L’occasion également de sortir tout ce que chacun a sur le cœur, de dévoiler certains secrets bien gardés. Un repas de famille avec des vannes, des piques, des engueulades et des rires,  je suis sure que certain(e)s s’y reconnaitront un peu !

L’enchainement des scènes est dynamique, qu’elles soient drôles ou plus sérieuses. Je ne connaissais pas la pièce mais je pense que l’adaptation cinématographique est réussie, il y a très peu de temps mort, la réalisation est efficace.

Les acteurs sont particulièrement bons, tous les 5, ont leur rôle à jouer entre humour et émotion. J’ai vraiment apprécié la performance de Valérie Benguigui, très touchante. Tous les acteurs (sauf Charles Berling) avaient joué la pièce sur scène, ça se ressent dans la justesse de leur interprétation. Patrick Bruel dans le gars de droite bling-bling et sur de lui est excellent, comme Charles Berling, son opposé dans les personnages : l’intellectuel de gauche.

Si vous avez envie de rire (mais aussi de réfléchir un peu sur notre société), je vous recommande cette comédie grinçante et caustique !

Et non, c’est pas ici que vous saurez le prénom 😉 pour ça, rdv dans votre salle de cinéma ou chez vous avec le DVD 😀