Trois Soeurcières de Terry Pratchett

Pocket, 6€10, 287 pages

Lecture réalisée dans le cadre de la lecture commune du Club de Lecture Alille.com d’aout 2012.

4ème de couverture

Le vent, l’orage et les éclairs… Tout cela dans l’horreur d’une profonde nuit. Une de ces nuits, peut-être, où les dieux manipulent les hommes comme des pions sur l’échiquier du destin. Au coeur des éléments déchaînés luisait un feu, telle la folle dans l’oeil d’une fouine. Il éclairait trois silhouettes voûtées. Tandis que bouillonnait le chaudron, une voix effrayante criailla :  » Quand nous revoyons-nous, toutes les trois ?  » Une autre voix, plus naturelle, répondit : « Ben, moi j’peux mardi prochain. » Rois, nains, bandits, démons, héritiers du trône, bouffons, trolls, usurpateurs, fantômes, tous sont au rendez-vous. Shakespeare n’en aurait pas rêvé autant. Ou peut-être que si ? Mais l’avantage du roman par rapport au théâtre c’est que l’on peut s’autoriser beaucoup, beaucoup plus de personnages. Et même le ravitaillement en vol d’un balai de sorcière !

Résumé du début

C’est la nuit, trois personnages sont à la fin de leur réunion autour d’un chaudron… Trois sorcières réunies en convent, histoire de partager leurs expériences, leur façon de voir et de faire les choses,… Initié par Magrat Goussedail, jeune sorcière, elle se réunit avec Nounou Ogg, qui vit marié avec une ribambelle d’enfants après du château du royaume et Mémé Ciredutemps, la doyenne des sorcières…

Quand le roi Vérence, monarque du royaume de Lancre, s’aperçoit qu’il est hors de son corps, assassiné d’une dague dans le dos, la Mort s’adresse à lui et lui explique la situation:  il ne peut l’emmener parce qu’il semble que sa destinée n’est pas terminée, il doit donc hanter le château en temps que fantôme. Quelle désolation pour Vérence qui ne peut plus rien faire et encore moins se venger du Duc qu’il sait être coupable de son assassinat ! Et en plus son fils (un bébé) a disparu, la couronne royale aussi d’ailleurs.

Ils ont été emmené par les gardes auprès de Mémé Ciredutemps, seulement cette dernière ne sait pas bien quoi en faire ! Elle ne peut garder ni le bébé, ni la couronne et encore moins s’immiscer dans les affaires du royaume…

Mon avis

J’ai lu les 5 précédents. Une chance d’ailleurs, parce que comme pas mal de mes coupines, je n’aime pas lire les séries dans le désordre. Cependant, ayant lu les 5 précédents donc, je peux dire que ce 6ème livre peut se lire indépendamment, des autres. On retrouve d’univers si particulier du Disque-Monde bien sur mais les personnages principaux de ce tome, n’ont pas été vu avant (mise à part la Mort, présente régulièrement dans les livres, et plus particulièrement dans le 4ème tome : Mortimer)

Seule une allusion à un (autre) personnage des tomes précédents est faite mais franchement elle n’a pas d’importance dans cette histoire donc pas de problème si vous devait lire ce tome avant les autres.

Autant j’ai me souviens bien des 4 premiers, autant le 5ème tome ne m’a laissé de souvenirs impérissables et autant celui-ci je pense que je m’en souviendrais ! C’est un très bon tome qui se lit facilement et vite, toujours écrit sur le ton du sérieux et de humour à la fois, de la parodie comme j’aime. Je trouve que plus j’avance dans les annales du Disque-monde, plus l’univers créé me semble familier, plus le côté parodique revient aux personnages, plus qu’à l’ensemble de l’histoire, question d’habitude certainement. En tout cas, j’ai beaucoup aimé l’histoire et les thèmes abordés par ce tome.

Les trois sorcières ont des comportements, des physiques et des caractères différents. Entre la doyenne Mémé Ciredutemps, intransigeante, qui n’aime pas franchement perdre son temps et encore moins user de la magie si elle n’y est pas forcée, Magrat, la jeunette débutante, romantique, qui aimerait tant que les sorcières utilisent tous les trucs et astuces des livres, dans les traditions et Nounou Ogg, bonne vivante, qui s’est marié, a eu une ribambelle d’enfants, qui aime bien boire un coup et chanter des chansons paillardes, on a 3 personnages hauts couleur qui ne sont pas souvent d’accord, j’adore quand elles se chamaillent et se prennent la tête,  toutes  trois différentes ça fait des étincelles mais elles ont quand même une belle complicité.

Les personnages secondaires sont bien développés je trouve entre le roi Vérence mort et fantôme de son nouvel état pédant comme il faut, le duc et la duchesse antipathiques à souhait, le fou pas si fou, le fils du défunt roi Vérence, Tomjan et ses parents adoptifs, le nain Hwel, auteur des pièces de la troupe de théâtre, on a là une belle palette de personnages également.

Cette intrigue tourne autour du théâtre et on a beaucoup de référence au théâtre tel qu’on le connait nous. J’ai adoré quand Mémé Ciredutemps découvre le théâtre et qu’elle a le sentiment qu’on lui  ment et que tout est faux, elle s’énerve et ne comprend pas! Pas de mystère Trois soeurcières fait référence aux 3 sorcières de MacBeth de Shakespeare et il y a même un passage très plaisant et librement inspiré. J’ai beaucoup aimé également l’inspiration et les rêves de Hwel, il rêve de notre théâtre, de choses qui n’existent pas dans son monde et le décalage est très drôle. Prendre le sujet du théâtre en parodie, je trouve ça très bien trouvé, les auteurs de pièce ont toujours quelques choses à dénoncer sur la société, les personnages sont rarement pure invention, les faits sont faux mais pas vraiment, etc.

On sourit beaucoup et on rigole même parfois à la lecture de ce tome joliment décalé. Les amoureux de théâtre devraient repérer plus facilement que moi les références et les clins d’œil. Moi, j’y vois aussi des références à Hamlet même si c’est moi flagrant que MacBeth. Il faut aussi avoir de l’humour, et ne pas être rebuté par certaines formes de parodie, parce que sinon, je vois déjà venir les brimades et autres remarques acerbes.

Autre point en décalage et récurent dans Les annales du Disque-Monde c’est la vision de la magie, ici par les sorcières (par les mages, les rois, les humains, la Mort, dans d’autres tomes), c’est caustique. On ne doit pas rigoler avec la magie, c’est un sujet sérieux, tellement, que c’est à peine si on en fait vraiment !

J’ai aimé retrouver le décalage et l’humour de Pratchett, cette façon qu’on les personnages à prendre au pied de la lettre les expressions, voire une retranscription de nos expressions courantes dans l’histoire même (avoir du sang sur les mains par exemple).

Parfois, il y a quelques longueurs, mais l’ensemble : les personnages, les réparties, les prises de bec, l’humour, les références, … ont su me les faire oublier.

J’ai lu que Trois soeurcières avait été adapté en film d’animation en 1997 avec la voix de Christopher Lee dans le rôle de la Mort, ça me plairait bien de tomber dessus un de ces jours mais ça ne doit pas être facile à trouver. Des années qu’on parle d’un film aussi mais verra-t-il un jour le jour ? Le prochain que je lirai sera Pyramides et après avoir zieuté la liste des personnages, je ne retrouverai ni les sorcières, ni les mages ! Voilà pourquoi j’aime cette série, on découvre dans un même univers, plein de domaines, de personnages et de lieux qui sont indépendant, mais délicatement reliés entre eux.

14 réflexions sur “Trois Soeurcières de Terry Pratchett

  1. NyrA dit :

    Bon bah… J’suis d’accord hein XD

  2. lilith dit :

    J’ai bien aimé l’expression que Roro à utilisé hier pendant la rencontre.
    Que les Pratchett c’était une lecture « plaisir », une lecture confortable dans laquelle on se bien et à l’aise. Comme dans ses pantoufles.
    On sait qu’on va passer un bon moment, qu’on va retrouver l’univers du disque monde, quelques personnages récurant, des running gages, et surtout de l’humour à la pelle.

    Comme tu l’ai dit si bien ceux sont des livres « doudous »

    • c’est vrai que ça laisse plus des impressions et dans quelques tomes on a deux/trois souvenirs marquants en fonction de ces affinités avec le thème traité.
      Des livres qu’on peut relire plusieurs fois dans une vie, il a bien réussi son coup M. Pratchett !

  3. Natiora dit :

    J’ai lu ton avis en diagonale pour ne pas en savoir trop et ça donne envie ! J’avais adoré le premier tome, il serait temps que je me mette au deuxième. Si je continue de me régaler autant je suis bien motivée pour lire toute la série ^^ (mais dans l’ordre)(maniaque, moi ? ;D)

    • Je n’ai normalement pas spoiler l’histoire pour éviter de gâcher le plaisir de ceux qui l’ont pas lu justement 🙂

      J’ai vraiment accroché celui là, les sorcières sont excellentes et le thème du théâtre bien exploité.

      Tu as raison, il faut lire la série ! Surtout qu’on en trouve pour tous les gouts dans les thèmes, intrigues et personnages. Et dans l’ordre ça va de soi ;-D

  4. Cassiopée dit :

    Tout pareil ! Super livre j’ai beaucoup rit !

  5. Jessica dit :

    Je me demandais pourquoi vous aviez choisi un tome 5 comme lecture, mais je comprends mieux étant donné qu »ils peuvent être lus indépendamment. Et, comme quasi toutes je pense, je préfère aussi lire dans l’ordre 😉
    Par contre je trouve que la 4ème de couverture indique un livre un peu « fouilli », qui part dans tous les sens. Du coup, on se dit qu’on ne va rien comprendre si on n’est pas « initié » avec les tomes précédents.
    Tu nous éclaire en disant que ce n’est pas du tout le cas, mais ça rebute quand même un peu je trouve.

    • Alors la particularité de Pratchett, c’est qu’on a pas de découpage en chapitre mais sinon, on alterne les points de vue et les situations de manière cohérente et très facilement 🙂
      Chapeau aussi à la traduction, très bien faite.
      Moi je conseille de commencer par les 2 premiers (qui se suivent) comme ça on a l’univers de planté mais même sans ça on comprend tout sans problème

      • Systia dit :

        Bonjour (oui, je commente trois ans après ^^)

        Si je peux me permettre d’apporter ma modeste pierre à l’édifice, j’ai commencé à lire Pratchett par ce tome et n’ai à aucun moment été perdue. Lire dans l’ordre permet de comprendre certains clins d’œils ou petites références, mais n’a rien d’obligatoire : on ne remarque pas forcément ces références en lisant dans le désordre, on ne se dit pas « ah, là je loupe un truc ».

        J’ajouterai que le découpage en simples paragraphes et non pas en chapitres peut être pénible, car c’est moins évident quand on veut s’arrêter ^^ (le problème du « allez, encore une page ou deux » est plus marqué).

  6. […] remarques qui résument mon avis sur cette lecture. En particulier, allez voir l’avis de Dawn (ici !), très bien fait, comme toujours je dois dire […]

une petite bafouille !