10/18, 8,10€, 365 pages
4ème de couverture
“Quand le jeune Ram Mohammad Thomas devient le grand vainqueur de ” Qui veut gagner un milliard de roupies ? “, la production soupçonne immédiatement une tricherie. Comment un serveur de dix-huit ans, pauvre et inculte, serait-il assez malin pour répondre à treize questions pernicieuses ? Accusé d’escroquerie, sommé de s’expliquer, Thomas replonge alors dans l’histoire de sa vie… Car ces réponses, il ne les a pas apprises dans les livres, mais au hasard de ses aventures mouvementées ! Du prêtre louche qui laisse trop volontiers venir à lui les petits enfants à la capricieuse diva de Bollywood, des jeunes mendiants des bidonvilles de Bombay aux touristes fortunés du Taj Mahal, au fil de ses rencontres, le jeune homme va apprendre que la fortune sourit aux audacieux…”
Résumé du début
Ram Mohammad Thomas nous raconte avoir été arrêté pour avoir gagné à un jeu télévisé. La police l’a embarqué tard dans la soirée, et il est amené dans une salle d’interrogatoire. En plus, du policier qui l’y amène, Ram découvre dans la salle le représentant de la société qui détient les droits du jeu télévisé et le producteur de Qui Va Gagner un Milliard ? Parce que Ram a correctement répondu au 12 questions du jeu lui un simple serveur indien de 18 ans et il est le plus gros gagnant de l’histoire d’une émission n’a pas encore été diffusé ! Cela semble impossible, il doit donc avoir triché. Il faut encore trouvé comment. Commence alors un interrogatoire plus que musclé où Ram est torturé pendant de nombreuses heures par la police jusqu’à l’arrivée inattendue d’une jeune femme, qui se présente comme l’avocate de Ram. Elle réussit à le sortir de là, mais pour pouvoir le défendre, il doit tout lui raconté; toute la vérité et comment il a pu réussir à répondre aux 12 questions posées au cours de l’émission…
Mon avis
ça n’est pas un billet facile à faire. J’ai beaucoup aimé mais le livre est dense en anecdotes et en aspects philo/psychologique je trouve, du coup, je ne sais pas trop par quoi commencer et j’ai bien peur d’oublier plein de choses. Déjà, pour ceux qui ne le savent pas, c’est le livre qui a inspiré le film de Danny Boyle : » Slumdog millionnaire » en 2008. Personnellement, je n’ai pas encore vu le film mais ma lecture m’a donné envie de le découvrir, en plus, il a quand même eu de bonnes critiques et depuis le temps qu’il est sorti, il serait temps de le voir!
Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire, nous plonge dans l’Inde de nos jours avec sa culture et ses inégalités sociales. On suit donc Ram Mohammad Thomas un orphelin, qui dès sa naissance manque de chance, au plutôt, chaque fois que sa vie est sur le point de s’améliorer un peu, le destin, le sort (appelez ça comme vous voulez) en décide autrement, et sa chance tourne. Toute la trame du livre est de savoir comment, lui, serveur misérable de 18 ans, a pu répondre correctement aux 12 questions de l’émission Qui Va Gagner un Milliard ? (de roupies). Et il va pour cela devoir raconter toute sa vie à la jeune avocate indienne qui est venu à son secours au poste de police. Dans le désordre, on suit Ram depuis son adoption mouvementée jusqu’à sa décision de participer à ce nouveau jeu télévisé à peine lancé. Par chapitre, on découvre d’abord le passé de Ram, une tranche de vie puis on découvre la question du jeu et donc on sait comment Ram a été capable d’y répondre. Mais cela n’est pas qu’une succession d’anecdotes, il y a bien une trame, des liens, un fil conducteur,…
Je ne rentrerai pas trop dans le détail de la vie Ram parce que c’est ce qui fait le charme de ce roman, découvrir les événements liés aux questions du jeu. Surtout, qu’on m’a dit à deux reprises, que les questions du livre sont en grande partie différentes de celles du film, donc, je ne veux pas spoiler ceux qui souhaitent le lire même en ayant déjà vu le film.
Ram est très attachant, il n’a vraiment pas une vie facile, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il parait très souvent malchanceux mais le fait d’avoir un nom avec les 3 religions (hindou, musulman et chrétien) et de parler anglais va lui permettre de se sortir de pas mal de situations. Dans son récit à son avocate, on le suit, on le voit grandir, évoluer, il se pose de plus en plus de questions et change beaucoup. Il est jeune et naïf au début puis en grandissant, il comprend de plus en plus de choses. Bien sur, il n’est pas cultivé, mais il est intelligent, débrouillard et il sait s’adapter. Son meilleur ami Salim est lui aussi un garçon touchant, encore plus optimiste que Ram mais peut être plus candide. Leur amitié est un des points forts du livre. Au cours de son chemin, Ram fera la connaissance de nombreuses personnes touchantes : une ancienne star du cinéma indien, un jeune orphelin, une jeune prostituée, … mais également des gens très antipathiques, cruels et manipulateurs. C’est toute une palette de personnages secondaires que l’on découvre, qu’on apprend à aimer ou détester. Ces personnages secondaires sont vraiment bien exploités, même s’ils ne reviennent pas forcément dans les autres récits, ils ne sont pas survolés, ni trop détaillés.
La vie en Inde est décrite assez précisément par l’auteur et on ne peut pas fermer les yeux sur les inégalités sociales qui ont cours dans ce pays. A la fois, on découvre la beauté du pays, ses villes (Mumbai, Delhi, Agra,…) et la richesse de sa culture passée et actuelle (surtout au travers du cinéma et de Bollywood, puisque le meilleur ami de Ram, Salim veut devenir acteur) mais également la misère, la pauvreté et les bidonvilles. Certains passages racontés par Ram sont emprunts de tendresse, de chance et d’espoir et d’autres sont à l’opposé, terriblement triste et noir de désespoir. Ces récits soulignent l’inégalité des Indiens, entre ceux qui issus de familles riches jettent l’argent par les fenêtres, ne traitent les autres qu’avec mépris, cruauté et condescendance, et ceux qui sont obligés de mendier, de se prostituer, de travailler dès 10 ans dans une fonderie,… Le fossé est parfois si énorme (entre les maitres et leurs employés par exemple) et parfois si petit (entre les employés aux mêmes en fonction de leurs croyances et valeurs). Mais attention le récit ne tombe pas dans le pathos. Les conditions des gens pauvres, l’état actuel, la misère ne sont pas occultés par l’auteur mais ça n’est pas un documentaire (même si on apprend plein de choses sur l’Inde, la cuisine, le Taj Mahal, la guerre, …), on voit les choses à travers Ram qui reste bien souvent optimiste et volontaire, sa vision, sa façon d’être adoucissent les choses mais elles ne sont pas cachées. Certains passages sont très forts et Ram a à chaque fois une manière différentes de les vivre, qui suivent son évolution.
La force de Vikas Swarup est d’avoir su créer un équilibre entre les différentes parties de la jeune vue de Ram, d’avoir dépeint son pays et son contexte social mais dans le cadre d’une histoire sans cacher les choses mais sans tomber dans le documentaire ou le pathos, d’avoir su créer des rebondissements, j’ai eu une véritable surprise dans les deux derniers chapitres. Plongée dans le récit, j’avoue que je n’ai pas vu venir certaines choses. En plus, c’est très bien écrit, ça se lit facilement (et un glossaire permet de découvrir la signification de pleins de mots hindi), et Ram introduit souvent l’humour pour dédramatiser certaines situations (surtout au début du récit). Pas de longueur, c’est rythmé et rapide. Par contre, c’est vrai que parfois tant de malchances, d’inégalités, de misère peuvent miner un peu le moral mais c’est toujours contrebalancé par ce que va vivre Ram. C’est ce qui fait la beauté de ce roman.
J’ai beaucoup apprécié ce livre et je suis contente d’avoir acheté Meurtre dans un jardin indien parce que j’aurai plaisir à retrouver l’Inde et l’efficacité de Vikas Swarup.
Un extrait : « Je me rends compte que j’ai changé. Et je me demande quel effet ça fait de n’avoir plus aucun désir pour les avoir tous assouvis, étouffés dans l’œuf avec de l’argent. Une existence sans désir est-elle si désirable que ça? La pauvreté du désir vaut-elle mieux que la pauvreté tout court ? »
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8ème lecture réalisée dans le cadre du Challenge La littérature fait son cinéma (2e année) via le blog Kabaret Kulturel