Frankia – Livre I de Jean-Luc Marcastel

frankiaEditions Mnémos, Collection Hélios, 11,90€, 565 pages

4ème de couverture

Dans une France décalée pendant la seconde guerre mondiale, où la magie se mêle à la technologie, Loïren, un jeune Frankien élevé par un orc, en zone libre, va recueillir une jeune femme elfe poursuivie par la milice… et se retrouver au cœur du conflit qui embrase Europa. Mais qui est véritablement Loïren ? Quel est son lien avec les forces obscures qui rongent le coeur des peuples libres ? Derrière l’Histoire, celle des États et des Nations, ici ou ailleurs, se cachent le combat, la haine et l’amour des hommes et des femmes emportés dans la tourmente, qu’ils soient réels ou imaginaires…

Transposition fantastique de la sombre réalité de la guerre, le monde créé par Jean-Luc Marcastel accroche le lecteur dès les premières pages grâce à un incroyable suspense et une écriture fluide et rythmée. Un roman à découvrir entre Urban Fantasy et Uchronie Steampunk.

 Résumé

Loïren est un jeune homme élevé au sein d’une famille orc. Il a été retrouvé vers l’âge de 10 ans, errant dans le maquis, sans avoir de mémoire, sans savoir d’où il vient. L’action se situe en 1940, alors que Frankia est coupée en deux par la guerre avec Teutonia. Au Nord, le pays est occupé, au sud c’est la zone libre sous le gouvernement de Noiron.

Avec son frère orc Morkhaï, Loïren aide aux champs le vieux nain Machefer. Un jour, ils assistent à une course poursuite. Les Veilleurs sont à la recherche d’une personne particulière. Mais elle parvient à leur échapper. Qui est-elle ? Quelle importance a-t-elle ? L’individu qui était avec elle est molesté par les Veilleurs. Ces derniers sensés veiller à la sécurité et à l’ordre sous le nouveau gouvernement. Loïren et  Morkhaï aimeraient venir en aide à cette personne mais le vieux nain les en empêche. Cela serait trop dangereux.

Les deux jeunes gens rentrent à Anduz, le village où ils vivent là où il existe aussi une ligne de démarcation, parce que comme un peu partout en Frankia, les orcs et ceux qui ne sont pas humains sont placés à part. On exploite leur force et leur courage mais hors de question de prôner la mixité. On déteste les orcs, les nains, les humains qui sympathisent avec eux et plus que tous les elfes. Depuis que la partie Nord de Frankia est tombée aux mains des Teutoniens, les dangers sont partout, climat de terreur et de dénonciation même en zone libre. Que destin attend Loïren et  Morkhaï ?

 Mon avis

Une très belle lecture !

J’ai vraiment apprécié ce premier livre du diptyque Frankia (qui correspond à 1,5  tomes de l’édition grand format). Deux points m’empêchent cependant d’en faire un coup de cœur. Cependant, j’ai vraiment été prise dans l’histoire (même s’il m’a fallut du temps, ça n’était pas du à la qualité du livre), j’ai même parfois été émue aux larmes.

Je précise qu’en général, je lis rarement des livres sur la guerre, parce que je ne supporte pas, les exactions qui sont commises, je suis très empathique et donc, j’ai du mal à m’en remettre après. Ici, Jean-Luc Marcastel réussi à parler de la seconde guerre mondiale et de la guerre en général, de manière différente, en créant un monde mêlant magie et steampunk, avec des héros de fantasy : humains, nains, elfes, orcs. Je me suis laissée tenter ! Je ne regrette pas.

L’auteur transcrit donc la seconde guerre mondiale dans un univers fantasy. Le Technarkonte Von Drakho, après avoir envahi une partie d’Europa, a conquis Frankia et occupe le Nord du pays alors que le Sud est sous le gouvernement de Noiron. Ici, ce ne sont pas les juifs qui sont traqués, arrêtés et déportés mais les elfes, et on va apprendre progressivement pourquoi. Dans le monde né de l’imagination de Jean-Luc Marcastel,  « les tracteurs à vapeur sont actionnés par des élémentaires de feu, les arachnopanzers et mécanovouivres déchaînent leur fureur mécanique, les protocoles technomanciens altèrent la réalité, les ores, colonisés et exploités, se sont battus aux côtés des Frankiens pendant la première guerre mondiale et les elfes sont persécutés et exploités par les Teutoniens et leur maître, le Technarkonte Von Drakho ». C’est impressionnant comment l’auteur a su transformé la réalité tout en la gardant ancrée.

Le lecteur découvre un monde proche du sien mais finalement très différent, où l’horreur de l’occupation est décuplée par les créations mécaniques des Teutoniens et la psychologie des dirigeants. Dans ce monde, on va suivre un humain, Loïren, qui est très mystérieux. On apprend vite qu’il est lié aux heures sombres de la guerre mais on n’imagine pas comment, ni comment cela est possible pour un jeune homme de 18 ans environ. C’est par les questionnements liés à ce personnage que l’auteur m’a accroché. Le début peut sembler un peu loin avant que l’action ne commence mais il correspond à un premier tome d’une trilogie, le tome de la mise en place de l’univers et des personnages.

Dans les personnages, j’ai beaucoup apprécié les orcs, leurs personnalités, leur façon d’être, de prendre les choses, leur philosophie de vie, leur sagesse et leur courage malgré les brimades, les coups. On en déteste d’autant plus ceux qui les exploitent, qui les rabaissent, les pensent inférieurs. J’ai beaucoup aimé la mythologie sur les elfes, ce qu’ils sont, ce qu’ils peuvent faire. Des descriptions belles et poétiques sont rattachées à ce peuple, j’ai adoré. On s’attache à Faëllia, une elfe, dernière de la première lignée, qui a perdu tout ce qui compter pour elle, et qui porte le destin de son peuple sur ses frêles épaules. J’ai aimé Loïren, pas tous les traits de son caractère mais cet aspect mystérieux est accrocheur, on a envie de savoir ce qu’il a oublié. Dans l’ensemble, la psychologie des personnages est très bien décrites. On s’attache aux personnages et on a envie de les suivre, de savoir ce qu’il va se passer pour eux. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, je pense à M. Fabre ou Mimile ! Bref, les personnages sont bien construits, détaillés, aboutis et attachants, de quoi ravir le lecteur.

L’univers, je l’ai adoré, le steampunk, technologie et magie mêlés est vraiment très réussi. Les créatures sont très bien décrites, effrayantes et froides, implacables comme les hauts dirigeants Teutoniens qui donnent la chair de poule. Le mélange, Histoire et Fantasy est aussi superbement bien réalisé, on a assez d’éléments pour parfois faire des parallèles mais certainement choses sont bien entendu complètement différentes. Loin de choquer ou d’être caricatural, le mélange est parfait ! L’univers est sombre, parfois pesant, cruel et froid, les ambiance sont bien retranscrites, on est happé dans l’histoire, on s’y croirait.

Ce livre, cette histoire permettent de revenir sur de nombreux thèmes : la haine, la folie, les croyances, le Bien, le Mal. Comment un jour, le monde bascule. Qui peut résister, qui seront ceux qui s’opposeront alors que tout espoir semble envolé ? Dans les ténèbres, une lueur d’espoir est encore présente, c’est ce que découvriront Loïren et son frère orc dans cette quête. Loin d’être des thèmes trop vus et revus, je pense qu’ils sont ceux qui nous permettent de réfléchir sur nos erreurs, sur le passé, sur l’avenir, etc. On retrouve également les thèmes de la différence, du rejet, de l’injustice et des préjugés. Ce qui s’applique à notre réalité, s’appliquent malheureusement au monde fantasy, rejet de ce qui est différent, facteur d’incompréhension, de peur, … Les pages nous laissent voir la noirceur de certains personnages, la détresse d’autres. L’auteur ne nous épargne pas l’horreur de la guerre, pour mieux sublimer, l’espoir, la lumière et la résistance. On retrouve aussi une série de thèmes déjà présente dans le dernier hiver : l’amour, la dévotion, l’interdit. Même si je ne suis pas une grande amatrice de ces thèmes, je dois reconnaitre, que c’est bien écrit, dans les écrits de Jean-Luc Marcastel, on se rend compte qu’il n’y a pas d’espoir sans amour. Ici il transcende tout, abat les clichés. Je dois reconnaitre que c’est beau.

Deux aspects m’ont moins plu, qui font que je passe à côté du coup de cœur, mais qui feront pour vous peut être toute la différence : le caractère « fou d’amour » de Loïren (qui est « accro’ » dès la première minute (même si on finit par comprendre pourquoi)) m’a agacé (et oui…) et puis il y a un chapitre qui m’a émue aux larmes mais je pensais trouver une justification à ce chapitre, qu’il allait y avoir un lien avec le reste, et dans ce premier livre non, rien. Donc j’ai eu l’impression d’un chapitre rédigé (en tout cas, pour le moment, peut être que cela sera différent avec le second livre) pour émouvoir, faire un peu de pathos, chapitre qui ne semble pas pour l’instant servir à expliquer certains événements (même si on apprend des choses, on n’apprend rien sur l’histoire vécue par les personnages principaux).

L’écriture de Jean-Luc Marcastel est belle, fluide et vivante. Je confirme ma première impression sur cet auteur, il a une écriture très intelligente. Les sujets choisis, les thèmes abordés ont plusieurs buts, nous faire rêver ou frémir, nous bousculer un peu et nous faire réfléchir ! On oscille entre terreur et rire, entre sourire et larmes. Encore une fois, c’est une réussite ^^ L’univers est original, le pari d’allier fantasy et Histoire est remporté haut la main.

J’ai hâte que le second livre sorte en poche, parce que j’ai envie de savoir comment va se terminer cette histoire, ce qu’il va advenir des personnages, retrouver Morkhaï <3j’ai le sentiment que tout ne fait que commencer et que la suite va nous réserver des surprises. J’en tremble d’avance.

Merci à Babelio et son opération Masse Critique grâce à laquelle j’ai pu lire ce superbe livre.

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une petite bafouille !