Rédemption de Bérengère Rousseau

redemption

Editions du Riez, 304 pages, 16€90

4ème de couverture

Quand un vieux médaillon et quelques documents anciens révèlent à Noâm les soupçons de collaboration qui pèsent sur son arrière-grand-père, son monde bascule. Comment accepter et vivre avec cette honte ? Il veut comprendre. Avec son meilleur ami, il se rend au Château de Noisy, là où son aïeul fut aperçu pour la dernière fois.

Sur place, ils sont victimes d’un éboulement. Ils se réveillent en 1944 à la veille de la Bataille des Ardennes. Noâm voit là l’occasion de restaurer l’honneur de sa famille, au risque de changer le cours de l’Histoire. Et si, justement, celle-ci avait déjà changé ?

Résumé

En Belgique, Noâm, pourtant passionné d’histoire, fait des études de psychologie à Mons. Il aurait pu partir étudier avec Lucas, son meilleur ami, mais il a préféré rester auprès de son père, Élie antiquaire. Un jour, ce dernier ramène, en plus des commandes pour ses clients, des papiers et documents liés à leur histoire familiale. Noâm va alors découvrir que son arrière-grand père Félicien s’appelait Noâm comme lui et qu’il a été amené à collaborer pendant la seconde guerre mondiale. Pour Noâm, c’est le choc. Il ne comprend pas qu’on puisse passer de résistant à collabo. Il a beaucoup de mal à encaisser l’information. Il en parle à Lucas et décide de se rendre au château de Noisy, là où Félicien a été vu pour la dernière fois afin de peut-être comprendre… Mais, là bas, Noâm et Lucas vont vivre un étrange phénomène…

Mon avis

Noâm est un jeune homme discret, qui a préféré faire une croix sur les études qui lui plaisait, pour rester étudier dans la ville de son père afin de l’aider et de le soutenir. Son meilleur ami Lucas lui fait souvent remarquer qu’il passe à côté de sa vie. Pourtant, Noâm ne se voit pas s’éloigner de son unique parent.

Quand Noâm découvre que son père Élie et son grand-père lui ont caché la vérité sur son arrière-grand-père Félicien, il en est profondément bouleversé. Cette figure paternelle qu’il a toujours vu comme un résistant était donc fausse? Pour des raisons, que Noâm a du mal à comprendre, Félicien s’est retrouvé à devoir collaborer avec l’ennemi pendant la seconde guerre mondiale. Avec les papiers et photos que découvre Noâm, Élie lui présente une médaille, un bijou de famille, placé dans un écrin présentant d’une croix gammée. Étrangement, depuis la découverte de ce secret de famille, Noâm ne quitte plus le médaillon. De plus en plus fréquemment, il est pris de migraine et fait d’étranges rêves où une petite fille tente d’échapper aux Allemands. Il comprend vite que ses rêves se passent dans la forêt proche du château de Noisy.

Noâm se confie à Lucas. Il lui fait part de sa décision de se rendre au château qui apparait dans ses rêves et de faire des recherches. Peut-être pourra-t-il en découvrir plus sur son aïeul ? Mais le château tombe en ruine et est dangereux. Lucas refuse de le laisser partir seul et l’accompagne donc. Mais là-bas, ils vont être victimes d’un éboulement d’une partie de la structure du château. A leur réveil, ils reconnaissent difficilement les lieux tant la demeure ne présente plus son aspect délabré. Ils tombent alors sur une jeune fille qui va les aider.  Cependant, Noâm est depuis son réveil sujet à des crises de plus en plus violent, il semble affaibli. Sur le chemin vers le village, Lucas et Noâm en découvrent suffisamment pour comprendre qu’ils ne sont plus en 2014 mais bien 70 ans en arrière. En 1944 ! Que s’est-il passé ? Que vont découvrir les deux jeunes hommes ? Et si leur présence changeait le coup des événements ?

Noâm est un personnage complexe. J’avoue avoir eu un peu de mal à le cerner. Il a l’air calme et posé mais je l’ai trouvé aussi impulsif et borné. Il a du mal à encaisser la découverte de la trahison de son arrière-grand-père. Et il veut comprendre. Savoir si les objets, indices que son père lui a montré sont authentiques ou s’ils peuvent avoir mal interpréter les apparences. Noâm est comme torturé et il doit agir. Mais que faire ? Comment avoir des réponses quand 70 ans sont passés ? Obsédé par tout ça, il se rend au château de Noisy. Et se retrouve avec Lucas propulsé 70 ans en arrière en pleine guerre. Là bas, dans une époque différente de la sienne, il va devoir faire des choix et les assumer. Lucas lui est le complémentaire de Noâm. Il est curieux et téméraire. Il est celui sur qui Noâm peut compter et lui permet un équilibre. Leur amitié est sincère et j’ai beaucoup aimé la complicité de ces deux personnages.

L’histoire est originale et prenante. J’avais vraiment envie de savoir comment ils étaient arrivés là, ce qu’ils allaient faire. L’auteur ne va pas ménager son lecteur et ses personnages. Parce que les actions de Noâm auront des conséquences. Je vous laisse en découvrir lesquelles et leur ampleur. De plus, on sent le travail de recherches de l’auteur sur le lieu, la période, l’occupation allemande. Une véritable atmosphère ressort du roman. Une crispation, une tension. Et bien sur le sujet choisi est plutôt dramatique, émotionnel. Je lis assez peu d’histoire sur cette période. Sur la guerre en général. Je suis plutôt hypersensible. Ici, il y a beaucoup d’émotions, on ressent l’horreur de la guerre mais le format, environ 300 pages, m’a convaincue que je pourrais tenir la distance. Et puis, c’est détaillé ce qu’il faut, sans pathos, sans leçon de moral mais tout en restant ancré dans la réalité de la guerre. Il y a, du reste, une véritable réflexion sur la résistance, la collaboration, le rôle de chacun. Sur les choix, sur ce qu’on pense être, ce qu’on pense pouvoir faire et sur ce qu’il en est réellement. Il n’est plus si évident de bien ou mal agir quand on est confronter à des situations épineuses, douloureuses ou désespérées.

J’ai beaucoup apprécié la théorie développée par l’auteur pour le voyage dans le temps. Elle développe une des hypothèse la plus crédible si on pouvait voyager dans le temps. Je vous laisse la découvrir. J’ai aimé aussi l’action dans le pays de l’auteur, dans les Ardennes belges. Et ce château qui fait froid dans le dos, menacer d’être rasé, en piteux état, où  des photographes prennent des risques pour des clichés empreints d’une ambiance étrange, sombre et pourtant envoutante.

Château MirandaCouloirnoisy

Malgré toutes les qualités de l’ouvrage,  j’ai quand même eu un peu de mal pendant ma lecture. Avoir des personnages qui se prénomment de la même façon, m’a parfois perdue. Je ne savais plus si j’étais avec le jeune homme ou son aïeul. J’ai aussi eu l’impression, toute personnelle, que parfois l’auteur avait des idées en tête mais que tout n’avait pas été écrit. Il m’a manqué des transitions pour rendre le récit plus fluide.  Comme une impression que ça allait trop vite et qu’on avait pas toujours tous les détails. J’ai aussi relevé de légères incohérences mais peut-être sont-elles dues à la complexité du voyage dans le temps, du coup, elles s’expliqueraient ^^

Le bilan est toutefois positif ! Le thème, l’atmosphère, les personnages sont les atouts de ce roman. La fin est surprenante, je ne m’y attendais pas. Fort par le thème et l’époque, le lecteur en sort marqué. La trame et l’histoire surpassent les petits défauts relevés. Même si c’est parfois dur, tous ces éléments font que j’ai passé un bon moment de lecture avec Rédemption. Ces éléments, et les questions que l’on se pose tout le long du roman: « qu’est-ce que j’aurais fait ? » « Comment aurais-je réagit ? » Mais aussi « vont-ils réussir à rentrer chez eux ? » Et encore « quelles sont les conséquences de nos actes ? Et si chaque parole, chaque geste, chaque action, pouvaient changer une vie ? Plusieurs ? Le Monde ? »
Je vous dirai juste que le titre du roman a été bien choisi et je vous recommande cette lecture d’une auteur à surveiller.

3 réflexions sur “Rédemption de Bérengère Rousseau

  1. Lilie lit Mais pas que dit :

    J’ai hâte de le lire celui-ci, encore plus avec cette chronique. Le sujet comme l’époque me fascinent, et j’ai tout de suite précommandé le livre… mais toujours pas eu le temps de le lire!

  2. scarlett21 dit :

    C’est très intriguant !

une petite bafouille !