Xénome de Nicolas Debandt

xenome

Editions de l’Homme Sans Nom, 397 pages – Sortie : 26 Mai 2014, 19,90€

4ème de couverture

« Je me souviens très bien du jour où je naquis à la conscience. Il y a des jours comme ça qui ne s’oublient pas. Celui-ci était un 4 février. Celui de l’année 2184. »

Yann se réveille, sans savoir qui il est ni d’où il vient. Impliqué malgré lui dans une histoire de vol d’œuvres d’art au Louvre, il débute sa vie au rythme effréné de la fuite, des rencontres, des choix et des révélations.

Nicolas Debandt, à travers la situation impossible de Yann, soulève les questions de l’être et de l’existence, et dépeint une société contrôlée et voyeuriste où la place de l’homme est définie par son ADN, et où tout s’achète, même les gènes.

Résumé

Une conscience qui s’éveille. A Paris, au Louvre. Un corps d’homme. Des machines. Cet être qui s’éveille à la conscience se redresse. Il n’a pas de passé, pas de mémoire. Tétanisé, il ne sait que faire. L’instinct le pousse à sortir de la salle où il s’est éveillé. Un technicien de surface Joseph le trouve hébété dans un couloir. Pensant que cet individu est drogué  et en difficulté, Joseph l’aide et le recueille chez lui. Il lui donne un nom Yann. Jospeh est un Operaris. Débridé. Il consomme des drogues qui lui permettent de réfléchir et comprendre plus de chose que les autres Operaris. Mais qui est Yann ? Qu’est-il ? Comment à évolué notre monde ?

Mon avis

Un gros coup de coeur ! ❤

Bravo et merci à Nicolas Debandt pour cette histoire superbe, pour ce roman SF haletant et entrainant. C’est profond. Sensible. Terrifiant. Incroyable. J’ai beaucoup aimé la découverte de soi, la quête de Yann pour avoir des réponses. J’ai adoré les idées, l’anticipation, les messages, les personnages.

L’action se déroule dans un Paris surpeuplé, très urbanisé, de nouvelles espèces ont vu le jour à la place des Homo Sapiens. 4 espèces avec des particularités différentes existent et permettent au monde de survire. Les Homo Operaris, ceux qui « opèrent », sorte de classe ouvrière. Emploi du temps sur mesure, peu de réflexions, pas de révolte. Les Homo Obediensis, ceux qui « obéissent » aux ordres, des travailleurs, fonctionnaires. Ce sont les deux espèces que Yann rencontre en premier. Le lecteur va découvrir les deux autres espèces, principalement les Nexilis, en suivant un inspecteur de police. Les Homo Nexilis sont intelligents et occupent des professions comme policier, directeur, commerciaux, chercheur,… ce sont ceux qui agissent et disposent d’un minimum d’autorité. Puis, le lecteur découvrira les Homo Aureus, au dessus des Nexilis. Ceux qui possèdent.

On découvre aussi le Websoc, sorte de réseau social géant, connecté en permanence aux esprits des Obediensis et des Nexilis. Chacun membre ayant un profil gardant en mémoire toutes les actions, pensées, localisations… permettant de disposer aussi de toutes les informations culturelles, politiques, actualités, divertissements si nécessaire. Bref, tout y est enregistré. Tout s’affiche en hologramme devant vos yeux.  Impossible ou presque de se cacher, d’avoir une vie privée. Terrifiant. L’aire des êtres connectés. Mais aussi dans ce Paris des années 2184, le génome a été complètement remanié, vous pouvez disposer de nouveaux gènes, les acheter à la TransTrad, disposer de capacités supplémentaires, améliorer vos performances, etc. etc. Incroyable.

Yann lui ne sait pas qui il est, ce qui est sur c’est qu’il apprend vite. Mais pour avoir un avenir, il faut connaitre son passé, du moins, c’est ce que ressent Yann et il va donc se mettre en quête de son histoire, déterminer pourquoi il s’est éveillé déjà adulte, de cette façon.

Certaines péripéties et circonstances vont à Yann de croiser le chemin de Naya, une voleuse de gène. Durant tout le roman ou presque, le lecteur va découvrir le monde, les espèces, le passé de ce monde, les gens à travers les yeux de Yann. D’un autre côté, le lecteur va suivre l’enquête de l’inspecteur Roussel qui recherche Naya depuis des années et a qui est confié une enquête de vol d’œuvres d’art au Louvre, bizarrement le même soir que l’éveil de Yann.On apprend à connaitre Naya. Et on se pose plein de questions De quelle espèce est-elle ? Comment réussit-elle a se cacher de ceux qui la traque ? …

Nicolas Debandt a beaucoup creusé la psychologie de ces personnages, une véritable réussite. Ce n’est pas évident, de se mettre à la place de quelqu’un qui s’éveille à la conscience et qui se découvre. Pourtant l’auteur réussi cela. Yann est différent, il apprend vite, essaie d’analyser les comportements, les événements, les émotions. Avec lui, on ressent l’envie, la jalousie, l’incompréhension, la perte. Mais aussi l’affirmation de soi, la volonté de savoir mais aussi de braver les interdits. Le lecteur passe comme Yann par une foule d’émotions et de sentiments, on se sent alors si proche de Yann. Comment ne pas s’attacher alors à ce personnage et à sa quête ?

Avec Naya, on découvre que la TransTrad a le monopole de la synthèse génétique et que l’obtention de nouveaux gènes n’est que temporaire, que les gens deviennent « dépendants ». Le monde alors nous apparait rempli de vices et de choses cachés. Plus on creuse, plus les choses nous semblent étranges, illogiques… Quel est réellement ce monde évolué ? Qu’est-ce qui a changé la société à ce point ? Naya est forte et fragile à la fois, c’est un très beau personnage. Nicolas Debandt creuse aussi la vie et le passé de l’inspecteur Roussel. J’ai alterné entre des « il m’énerve » et des « je l’aime bien ». Cet inspecteur est le reflet de la Société. Mais il va vivre des choses qui vont éveiller sa conscience. On le voit changer et je me suis aussi attachée à lui. Il y a plein de personnages à découvrir, chacun à son importance. C’est un roman dense et enrichissant.

Xénome est un livre qui marque et qui prend la peine de montrer les dérives possibles du progrès. Ce qu’on apprend est terrifiant. Les messages véhiculés par Nicolas Debandt sont puissants, profonds et forts. C’est indéniablement un livre qui fait réfléchir. Un roman de SF original et très bien fait. J’avoue qu’avoir fait une partie de mes études en biologie m’a beaucoup aidé. Mais même sans cela, je pense qu’il est très accessible. Et puis, le mélange de la SF avec un côté enquête policière permet de rythmer le récit, le fluidifie, tient le lecteur en haleine et permet quelque chose de percutant. Et on ne le lit pas forcément comme un roman de SF, c’est plus abordable même si les idées sont elles vraiment dignes de auteurs d’anticipation. Qu’est prêt à faire l’homme au nom du Bien Commun ? Que sait-on vraiment ? Quelle est la réalité que l’on nous cache ? Les questions de 2184 pourraient se poser actuellement ! Flippant !

J’aurai peut-être aimé en appendre plus sur la période charnière qui a conduit aux 4 espèces et durant laquelle a été  développer des biotechnologies. Mais même sans ça c’est excellent. Et surtout je remercie l’auteur pour la fin. Même si j’ai versé ma petite larme, et eu la gorge nouée, elle ne fait pas dans la facilité et ça c’est un gros plus. Enfin quelque chose de moins convenu. J’ai adoré. Je le lirai très certainement dans quelques années, parce qu’il m’a fait forte impression et que pense que je pourrais encore découvrir des choses en le relisant ! Mais avant je lirai le diptyque Illuvendan 🙂

Un excellent titre des Editions de l’Homme Sans Nom qui décidément dispose d’une sélection d’ouvrages qu’il faut découvrir ! ❤

10 réflexions sur “Xénome de Nicolas Debandt

  1. Cassiopée dit :

    Han ! Après avoir lu ta chronique, j’ai une terrible envie de le lire ! Je le mets sur ma wishlist ! C’est en un seul tome ?
    En tout cas, belle chro ! C’est malin, maintenant je meurs d’envie de le lire et je dois attendre pour acheter des livres. T.T

  2. A reblogué ceci sur Nicolas Debandtet a ajouté:
    Une chronique incroyable de Xénome !
    Un grand merci !

  3. Je l’ai déjà repéré avant les Imaginales. L’auteur m’a parlé de son roman pendant le salon mais j’ai résisté à la tentation. Mais une chose est sûre je craquerais surement car ce roman m’intéresse beaucoup!

une petite bafouille !